Cette deuxième journée du VI Nations se terminait sur un match où il ne fallait mieux pas être cardiaque. Avec beaucoup d’absents côté irlandais, la France partait favorite. Mais on le sait revenir de Dublin avec des points n’est jamais chose simple. Les Bleus ont donc réussi un petit exploit dans ce match lent, fermé sur un rythme dicté par le XV du Trèfle. La France avec cette victoire prend une réelle option pour espérer quelque chose à l’issue du tournoi.
Les XV de départ
Côté bleu après la victoire sans forcer la semaine dernière face à l’Italie, Fabien Galthié reconduisait son groupe pratiquement inchangé. Seul Teddy Thomas auteur d’une prestation remarquable et Dylan Cretin lui aussi très en vue, laissaient leur place à, respectivement Damian Penaud et Anthony Jelonch. Les raisons de ces changements étaient purement tactiques pour un Fabien Galthié avec de la suite dans les idées, décrétant Penaud comme un meilleur joueur sous les ballons hauts et Jelonch un homme fort dans les taches les plus obscurs. Intéressant face à des Irlandais qui n’hésitent pas à jouer au pied et bien sûr, comme à l’accoutumé, s’appuyer sur un paquet d’avant conquérant.
Les Irlandais, eux, devaient faire avec des changements plus conséquents, découlant de succession de blessures et de carton. Exit donc Ryan et Sexton tous deux commotionnés lors de la défaite subit au Millenium Stadium de Cardiff, deux hommes forts remplaçés par Henderson et Billy Burns. Les changements à la charnière continuèrent puisque Connor Murray cédait lui aussi sa place à Gibson Park au coup d’envoi. Enfin, O’Mahony sorti après un carton rouge la semaine dernière était remplacé numériquement par Ruddock au poste de 6. Andy Farrell pouvait tout de même compter sur l’essentiel de son groupe et a reconduit les excellents Lowe et Keenan sur le triangle arrière accompagné de Earls qui lui semblait plus en difficulté alors qu’un Larmour patientait encore sur le banc.
Victoire dans la douleur et sous une pluie de ballon haut
On sentait les deux équipes sur les talons, pas vraiment dans le match dans les 20 premières minutes. Les Bleus ne touchant que très peu (et c’est un euphémisme) le ballon pendant que les Irlandais avaient installé le campement dans la partie de terrain française, sans pour autant réussir à marquer quelques points. Le reste : Fautes, en-avant et multitude de chandelle de part et d’autre du terrain. Pas franchement emballant. Au terme de ces phases molles, l’Irlande parvint tout de même à ouvrir la marque par la botte de Billy Burns (3-0, 21’).
Cette ouverture du score ne changea pas grand-chose au cours du jeu il ne faut pas le cacher. Les Verts continuant d’arroser Brice Dulin dans le fond du terrain, toujours impérial dans ce registre. Sur une touche pourtant anodine au milieu du terrain (29’) les bleus arrivèrent à construire un premier lancement de jeu propre, un point de fixation, et trois duels gagnés en un contre un plus tard, Fickou envoyait Ollivon alors décalé en bout de ligne pour conclure une action dans le désordre. Complétement contre le cours du jeu la France prenait alors l’avantage (3-7).
Enfin les bleus avait réussi à inverser la pression. C’est une équipe de France plus libérée qui opéra alors pendant les 30 minutes suivantes menée par un Grégory Aldritt des grands jours. Les Bleues rajoutèrent une pénalité avant la mi-temps (3-10) et s’appuyèrent sur les hommes forts du match notamment Marchand, arrêté devant la ligne à la reprise, mais aussi Jalibert, créant souvent l’incertitude. C’est d’ailleurs après une de ses inspirations que le second essai français arriva, dans un retour côté fermé joué à la perfection par Dulin et Penaud (3-15). Mais la France aime à se faire peur et 2 minutes après l’essai de Damian (57’), Ollivon contra le ballon directement dans les mains de Kelleher. Le talonneur remplaçant ne se fie pas prier pour aller marquer seul sur une course de 20m (10-15). Une pénalité de plus amenait ensuite la marque au score tendu de 13-15 (65’).
C’est avec abnégation, mental et une grosse défense que la France du donc finir ce match stressant. Et au bout de la 81ème minute c’est Antoine Dupont qui délivra les Bleus avec un ballon gratté salvateur synonyme de victoire. Face à une vaillante équipe irlandaise encore touchée par les blessures, les Français se la sont pelée.
L’homme du match
Encore une fois, Brice Dulin a montré que c’était bien lui le nouvel arrière numéro 1 de ce XV de France. Les Irlandais avaient prévu d’envoyer des chandelles toute la partie pour gagner le combat territoriale. Ils sont tombés sur un os d’envergure avec Brice qui hormis sur son premier ballon haut a absolument réalisé une masterclass. Allant jusqu’à dégouter les solides ailiers Lowe et Earls qui ne pouvait rien faire face à lui dans les airs. Mais réduire le match de Dulin à ces quelques réceptions serait lui faire un affront. Encore une fois il a apporté le déséquilibre dans la ligne de trois-quarts, gagner des duels dans le jeu courant, bref il a été précieux dans tous les compartiments du jeu. C’est d’ailleurs lui qui sert sur un plateau d’argent Damian Penaud pour son essai.
Certes ce XV de France n’était pas le plus dominateur, pas le plus excitant non plus que l’on ait vu sous l’ère Galthié. On a retrouvé les problèmes en conquête, un manque de discipline et des décisions un peu aléatoires qui montrent que cette équipe est encore un peu jeune. En contrepartie, c’est aussi avec beaucoup d’envie, un gros mental et avec des leaders solides que cette équipe a gagné son match comme une grande. Il y’a le résultat et la manière. Aujourd’hui, le résultat était là avec la première victoire sur le sol irlandais depuis 10 ans pour le XV de France. Pour la manière on attendra encore deux semaines contre les Écossais. (Dimanche 28 Février 16h)