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Gel des moteurs en 2022, qu’est-ce que cela implique ?

Initialement prévu à l’horizon 2023, ce fameux gel des moteurs a été l’objet de nombreuses spéculations depuis près d’un an. En effet, avec la crise sanitaire et les problèmes financiers engendrés, certaines écuries comme Renault ont voulu avancer d’un an la décision. Cela dit, d’autres écuries comme Red Bull étaient, à l’époque, totalement contre. Seulement, c’était sans compter un autre événement majeur imprévu : le départ de la Formule 1 de Honda (motoriste de Red Bull).

Après plusieurs semaines de discussions au sein de chaque écurie et surtout après plusieurs coups de pressions de la part de Red Bull, les trois motoristes actuels (Ferrari, Mercedes et Renault) ainsi que les autres écuries, la FIA et la FOM ont acté ce jeudi la décision de geler les moteurs dès la saison prochaine. En quoi cela consiste concrètement ? À qui cette décision sera la plus avantageuse ? À quoi devront nous nous attendre après ce gel (2025) ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre !

Gel des moteurs, mode d’emploi

Instaurés en 2014, les moteurs V6 turbo-hybrides ont entre autres permis à Mercedes d’asseoir leur suprématie sur la discipline en remportant tout simplement les sept titres de champion du monde des constructeurs mis en jeu depuis. Mais au-delà des innovations techniques apportées, ce moteur a également eu son lot de controverses, notamment par rapport au bruit (loin d’être aussi impressionnant et vrombissant que celui du V8), de la complexité de l’unité de puissance, mais aussi et surtout vis-à-vis des coûts de production, beaucoup trop élevé par rapport aux résultats obtenus.

Voici à quoi ressemble ce fameux moteur V6 turbo-hybrides. (Crédit : Renault Sport)

C’est donc en partie pourquoi tous les décideurs de la F1 ainsi que les écuries s’étaient mis d’accord pour geler le développement desdits moteurs en 2023, jusqu’à l’instauration du futur bloc moteur, prévu pour 2025. Cela étant plusieurs événements ont rebattu les cartes (crise sanitaire, report des réglementations, départ de la F1 de Honda). Red Bull, initialement contre un gel dès 2022, s’est alors joint à Renault et Ferrari… mais ces derniers avaient alors changé d’avis. L’écurie autrichienne a alors fait pression (menaçant même de quitter la discipline) sur la Formule 1 et a finalement eu gain de cause jeudi dernier. Les écuries ont donc jusqu’aux essais hivernaux du prochain exercice pour développer leur moteur 2022. La course contre-la-montre est d’ores et déjà lancée.

Red Bull réellement seul bénéficiaire ?

Condition sine qua non, ce gel des moteurs va enfin permettre à Red Bull de racheter la propriété intellectuelle du bloc moteur Honda et d’ainsi développer de leur propre chef le moteur de la monoplace 2022 sans pour autant perdre la course au développement face à Mercedes, Renault et Ferrari.

« Cette entité s’appellera Red Bull Powertrains »

Helmut Marko

L’écurie autrichienne est d’ailleurs déjà prête et a tout anticipé : « Cette entité s’appellera Red Bull Powertrains » […] « Le bâtiment 8, qui est l’un de nos bâtiments existants, va être adapté pour devenir un atelier moteur. Tout va se faire, maintenant ça commence. Les pelleteuses peuvent débuter. » Déclarait Helmut Marko, à Motorsport-Magazin, peu après les annonces de jeudi.

Malgré tout, si les dix écuries (et surtout Alpine, Mercedes et Ferrari) ont accepté ces mesures et ont voté à l’unanimité pour le gel, c’est qu’elles ont de bonnes raisons de le faire. En effet, pour Ferrari, les derniers échos évoquent un concept moteur « révolutionnaire » pour 2022 ainsi que plusieurs changements concernant l’intégration de celui-ci dès 2021, l’écurie italienne fait tout ce qui est possible pour faire oublier à ses fans un exercice 2020 cauchemardesque. Pour Mercedes, quelques difficultés semblent se dresser devant les ingénieurs de Brackley pour 2021 comme l’a révélé celui à la tête du département moteur, Hywel Thomas, récemment : « Nous avons quelques problèmes avec les unités de puissance ». Cela étant, on ne se fait pas trop de soucis pour l’écurie allemande, qui a toujours su surmonter le moindre événement contraire depuis 2014.

Du côté de chez Alpine, la situation est un peu plus floue. Renault est le seul motoriste à ne s’être jamais exprimé en faveur du gel ces dernières semaines et s’est donc résigné à voter pour ces mesures, étant en infériorité numérique sur ce dossier et ne possédant plus d’écuries clientes. On imagine tout de même que les équipes de R&D et d’ingénieurs d’Enstone et de Viry-Châtillon tournent déjà à plein régime pour concevoir un moteur à la hauteur pour 2022. D’autant qu’il n’y aura pas de système d’équilibrage des performances ou de « balancier », un temps envisagé… un motoriste en retard en 2022 pourra alors difficilement rattraper l’écart avec ses concurrents.

Et après ?

Ce gel des moteurs va donc nous emmener jusqu’à l’orée de la saison 2025 et la Formule 1 le sait, le virage pris en 2014 avec le moteur V6 turbo-hybrides était nécessaire, mais a été accompagné de plusieurs controverses (évoqué dans la première partie). Actuellement déjà en réflexion pour la « F1 de demain », toutes les instances gravitant autour de la catégorie reine espèrent faire taire les critiques nées après 2014. Pour ce faire, les objectifs voulus pour les unités de puissance de 2025 ont été dévoilés en même temps que l’annonce du gel des moteurs, ce jeudi :

  • Durabilité de l’environnement et pertinence sociale et automobile
  • Carburant entièrement durable
  • Création d’une unité d’alimentation puissante et « émotionnelle »
  • Réduction significative des coûts
  • Plus d’attractivité pour de potentiels nouveaux motoristes

En d’autres termes, le but pour 2025 est de réinventer une formule qui commence sérieusement à s’essouffler et qui est devenue presque obsolète. C’est donc un travail gargantuesque qui attend les ingénieurs dans les années à venir, mais qui sera probablement facilité par l’unanimité des mesures annoncés (ce qui était loin d’être le cas en 2014). En revanche, même si tout le monde tire dans le même sens, cette mise en place ne se fera pas non sans mal (et c’est normal), en fonction des attentes des uns et des autres, mais la F1 met tout en oeuvre pour ne pas reproduire les erreurs du passé.

Avec cette décision de geler les moteurs pour 2022, la Formule 1 s’est probablement évité un casse-tête infernal à court terme (Red Bull et AlphaTauri auraient pu quitter la discipline). Cela dit, d’un point de vue purement sportif et éthique, les mesures peuvent interroger (bien qu’elles étaient déjà prévues pour 2023). L’avenir nous dira si la F1 a fait le bon choix. Quoiqu’il en soit si l’avenir à court terme de la F1 est encore un peu floue, les mesures imaginées pour le long terme semblent aller dans la bonne direction.

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