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Philadelphie 76ers : l’année ou jamais pour trust The Process

Les Sixers menés par un Joël Embiid innarêtable sont premier à l’Est, au bout d’un tiers de la saison. L’équipe, qui a plutôt beaucoup déçue ces dernières années, serait-elle en train de donner un dernier coup de rein décisif avant l’implosion ?

Il y a quelques mois, nous vous livrions l’autopsie du naufrage des Sixers, franchise attendue par beaucoup mais qui déçoit d’année en année, incapable de franchir un palier en Playoffs. Une analyse justifiée pour l’époque. Les hommes de Brett Brown enchaînent les déconvenues avec à ce moment-là, un sweep durement subi face aux Celtics au premier tour des Playoffs 2020. Il faut dire que la saison 2019-20 entière des Sixers a été une catastrophe et jamais ils n’auraient pu rêver d’aller plus loin. Embiid faisait preuve de suffisance et passait sa saison à 23 points de moyenne, loin des standards attendus. Harris et Horford, enrôlés à prix d’or, ne justifiaient pas leur contrat et Ben Simmons se blessait avant même le début des Playoffs. La galère quoi.

Une refonte de l’effectif cet été

Alors durant l’intersaison, plusieurs questions venaient à nous quant au futur de cette équipe et de sa propagande « Trust The Process ». Le noyau des 76ers, le duo Embiid-Simmons, doit-il être éclaté pour donner une chance à Phili de se bâtir une équipe plus complète, capable de rivaliser pour le titre ? De qui se séparer en premier ? Des rôle-players ? En bref, quoi amener à cette équipe et quoi lui enlever ?

Les Sixers ont passé l’année passée en plein doute (crédits : Trash Talk)

Des réponses, nous en avons eues assez tôt puisque c’est Brett Brown, coach de la franchise depuis 7 ans, qui a directement été prié de faire ses bagages. Et il n’est pas le seul, Al Horford n’a jamais trouvé sa place dans l’effectif et se retrouve tradé pendant l’été. Josh Richardson, Alec Burks, Glenn Robinson III et Raul Neto ne font plus partie des plans non-plus. Avec ces départs, Elton Brand et consort veulent reconstruire cette équipe, en mieux. Reconnus défensivement et sur le secteur intérieur, les Sixers avaient du mal au shoot et en général sur le secteur extérieur. Ce qui est aussi lié au fait qu’avoir un meneur de jeu qui ne sait pas shooter est une exception dans la Ligue.

Des joueurs avec un profil correspondant au nouvel ADN dont la franchise veut s’inculquer débarquent donc en ville. En première ligne, les shooteurs Seth Curry et Danny Green amènent beaucoup. Dangereux à longue distance, Seth peut aussi jouer meneur pour soulager Ben Simmons et Danny  Green, bien que vieillissant, est toujours considéré comme un défenseur très sérieux. Terrance Fergusson arrive aussi dans l’équipe mais n’est pour l’instant que très peu utilisé.

Sur le secteur intérieur aussi, Phili a décidé de soulager Embiid en prenant des joueurs avec un profil un peu plus différents que lui. Dwight Howard et Tony Bradley notamment arrivent, accompagnés de Vincent Poirier, qui joue encore moins qu’avec les Celtics. Enfin pour encadrer tout ce beau monde, les dirigeants des 79ers ont voulu chercher une valeur sûre. Un coach qui sait gérer les egos dans un vestiaire de stars et qui peut motiver ses joueurs à tout donner sur le parquet. Et cet entraîneur, c’est Doc Rivers, fraîchement limogé de son poste chez les Clippers. En plus, le Doc connaît parfaitement Harris, ce qui n’est pas anodin….

Doc Rivers et Tobias Harris se sont côtoyés aux Clippers (crédits : Courrier Times)

Un début de saison en grande pompe

Les ajustements de l’été ont donc donné raison aux dirigeants car après 2 mois de compétition, les Sixers sont solidement attachés à la première place de la conférence Est. Avec un bilan de 18 victoires pour 9 défaites, tout n’est pas parfait, mais l’essentiel est là : la morosité s’efface et l’espoir renaît.  Cet enchaînement de victoires est d’abord dû à un homme : Joël Embiid. Le Camerounais est une bête furieuse dans la raquette et mène pour le moment, une saison de MVP. Jojo tourne à 29,4 points et 11 rebonds par match. Juste dingue lorsqu’on sait qu’il augmente donc de plus de 6pts sa moyenne de points, par rapport à la saison dernière. Comment l’expliquer ? Peut-être que le pivot s’est remotivé et a arrêté de se reposer sur ses acquis pour devenir ce qu’il doit réellement être. Un leader doit aussi savoir se remettre en question.

Et ça, Tobias Harris le sait aussi. Beaucoup critiqué pour son niveau de jeu qui ne justifiait pas un salaire aussi conséquent, le lieutenant joue parfaitement son jeu en début de saison : 20,1 points, 7,4 rebonds et 3 passes viennent garnir sa ligne de stat’. Le tout à 51% au tir et presque 42% à 3pts. Harris est propre, fait du bien à l’attaque des Sixers en apportant de l’alternance grâce à son jeu mi-range. En plus, il est clutch et fait gagner des matchs, comme celui face aux Lakers des terribles Lebron James et Anthony Davis à la fin-janvier. Peut-être que l’arrivée de Doc Rivers, qui le connaît sur le bout des doigts, a su guider Harris vers la voie de la performance.

Pour justifier le bon départ de Phili cette saison, il y a aussi la solidité défensive. Beaucoup sont appliqués à la tâche bien sûr comme Embiid et Harris, mais il y en a un autre qui apporte beaucoup. Vous l’aurez bien compris, c’est Ben Simmons. L’Australien est très actif et est peut-être le meilleur défenseur de la ligue à son poste. Le ROY 2018 tourne une nouvelle fois à 1,7 interceptions par match et à presque 1 contre, mais c’est surtout son apport global et sa compréhension du jeu qui font du bien. Ce n’est pas pour rien si les Sixers ont le 5e defensive rating de la NBA. En plus, Simmons apporte offensivement et compense son manque de shoot par son QI basket. 14pts, 8,3 rebonds et 8 passes en moyenne cette saison. Plutôt complet.

Complète, c’est un peu comme cela qu’on pourrait définir cette équipe finalement. Cités plus haut, Seth Curry et Danny Green se sont parfaitement adaptés au système des 76ers, et sont même titulaires la plupart des matchs. Un système qui permet la polyvalence de plusieurs joueurs. Seth  Curry peut jouer meneur comme arrière, Danny Green arrière comme ailier et Ben Simmons meneur comme ailier. Selon la matchup, les hommes de Doc Rivers peuvent tout à fait s’adapter pour décider d’amener de la taille, du shoot, ou simplement cibler un défenseur adverse. Pratique, d’autant plus que les titulaires ne sont pas les seuls performants.

Milton, Korkmaz, Maxey… Du potentiel à revendre

Oui, le banc aussi a son mot a donner, d’autant plus que la franchise décide parfois de reposer ses cadres afin de leur assurer le meilleur rythme possible. Au scoring, Shake Milton prend le relais dans la second-unit. Ses 14 points inscrits par match en sortie de banc font le plus grand bien. L’arrière a même planté 31 pions lors d’une victoire sur le Heat en janvier, accompagnés de 7 passes et d’un plus/minus de 24 ! Sur le banc, Milton (24 ans) est donc une valeur sûre, et ce n’est pas le seul danger. Furkan Korkmaz (23 ans), fait aussi office de menace. Le Turc brille par sa propreté au tir notamment.

Le rookie Tyrese Maxey (20 ans) progresse et fait bonne impression en sortie de banc. Il a même sorti une performance aussi rocambolesque qu’historique. Contre les Nuggets début janvier, les Sixers touchés par la  Covid-19 ne peuvent aligner que 7 joueurs sur la feuille de match. Tyrese Maxey est l’un deux et en l’absence Embiid et Simmons, il plante 39 points sur la tête de Denver, sans pour autant éviter la défaite de son équipe. Cette performance pour sa première titularisation en NBA est celle avec le plus de points pour un rookie qui débute pour la première fois un match NBA depuis 1970 ! Du potentiel donc chez les jeunes, mais aussi de l’assurance chez certains comme Matisse Thybulle (23 ans), qui à défaut d’apporter vraiment offensivement, devient un monstre défensif.

Tyrese Maxey a été pick en 21e position par les Sixers (crédits : libertyballers.com)

Encore du chemin à parcourir

Il y a donc de quoi s’enthousiasmer du côté de Philadelphie. Mais il ne faudrait pas, comme ce fut le cas l’année passée, retomber dans ses travers et céder à la facilité. La franchise et Embiid impressionnent pour l’instant, mais le chemin est encore long. 2/3 des matchs sont encore à jouer dans cette saison qui compte exceptionnellement 72 rencontres. Blessures, Covid, tout peut arriver en cette année si particulière.

D’autant plus que perdre un de leur leader pour quelconque raison serait pour l’instant vu comme une catastrophe. Les 76ers n’ont certes perdus que 9 matchs cette saison, mais près de la moitié sont intervenues lorsque Joël Embiid n’a pas joué. Une dépendance ? Sûrement, parce que même si Simmons et Harris font leurs matchs, l’impact du pivot Camerounais est déterminant dans cette équipe. Simmons qui a d’ailleurs lui aussi manqué à ses coéquipiers lors des défaites contre Denver et Portland.

Évitons donc de nous enflammer du côté de Philadelphie, surtout quand on  sait les déceptions qu’a connues cette équipe en post-season les années précédentes. Nous sommes en droit de penser que cette année, Embiid et consort son armés pour le titre et qu’un nouveau choke en phase finale pourrait faire imploser le groupe, pour essayer de créer une nouvelle dynamique. C’est le moment où jamais de Trust The Process.

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