NBA

Boston Celtics : identité, où es-tu ?

Après trois finales de conférences en quatre saisons, les Celtics faisaient, une nouvelle fois, partie des outsiders sérieux pour le titre NBA cette année. Des jeunes au pouvoir et en plein progrès, un Kemba Walker en année 2 et des recrues expérimentées. Malgré la perte de Gordon Hayward, la franchise Bostonienne semblait équipée pour s’imposer dans la cours des grands. Après une bonne vingtaine de matchs, les Celtics ont un bilan tout juste à l’équilibre. Comment expliquer ce début de saison en demi-teinte de la franchise Celte? On a sorti les statistiques avancées pour tenter d’y répondre. (image : CelticsBlog)

Des forces remises en question

Quelle semble loin cette époque où les Celtics étouffaient leurs adversaires par une défense hermétique avant de les faire tourner en bourrique de l’autre côté du terrain avec un jeu léché et propre, basé sur le mouvement du ballon. Et pourtant, cette époque, c’était il y a à peine 6 mois.

Tout d’abord défensivement. Après avoir été dans le top 7 des meilleurs defensive rating (moyenne de points encaissés sur 100 possessions) de la NBA pendant les trois dernières saisons, Boston n’affiche que le 15e meilleur defensive rating sur la saison en cours. Pourtant, les individualités sont là. Tatum progresse en défense, Brown fait d’ores et déjà partie des meilleurs défenseurs extérieurs de la ligue, sans parler de Marcus Smart et du nouveau venu Tristan Thompson. Cette nouvelle recrue devait justement permettre à Boston de verrouiller la raquette en défense. Et si on peut souligner son travail au rebond (dont on parlera plus bas), force est de constater que l’apport défensif de Thompson n’est pas à la hauteur des attentes. En atteste son Block Percentage (pourcentage de tir adverse contré par Thompson lorsqu’il est sur le terrain) qui est l’un des plus mauvais de sa carrière (1,6%), mais également son Defensive Win Share (moyenne de victoire qu’il a influencée par sa défense) qui est tout simplement sa 2e plus mauvaise marque en carrière (0,6).

Evidemment, Tristan Thompson n’est pas l’unique responsable de la mauvaise défense des Celtics puisque l’équipe était meilleure dans ce secteur la saison dernière (sans Thompson donc). On peut noter la perte de Brad Wanamaker, remplacé par Jeff Teague, qui paraît être plus problématique que ce que les fans des Celtics imaginaient. Mais pour comprendre pourquoi cette baisse de niveau, pas la peine d’aller chercher des statistiques. Il suffit de regarder les matchs : moins d’envie et d’agressivité, moins de rotations effectuées, moins de rigueur. Ajoutez à cela des replis défensifs mal assurés (quand ils le sont) et c’est toute l’identité défensive Celte qui explose.

Quant au jeu propre et léché auquel nous ont habitués les Celtics, vous pouvez également faire une croix dessus sur ce début de saison. Le ballon ne circule pas, les mouvements loin du ballon pour se démarquer sont inexistants. Résultat, les pertes de balle s’enchaînent (14e équipe à faire le plus de pertes de balle contre 8e la saison dernière) et les séquences d’isolations également, comme le prouve cette statistique effarante : pour le “big three” de l’équipe (Brown, Tatum et Walker), leur pourcentage de tirs pris après une passe est le plus faible de toute leur carrière ! A noter également que Boston est la 5e équipe à faire le plus d’isolation tout en étant la 5e équipe la moins efficace dans ce domaine (0,82pts/iso). Pour comparer, la saison dernière, l’équipe proposait moins de systèmes en isolation (6,9% contre 8,1% cette saison) tout en étant plus efficace (0,96pts/iso)
Vous n’avez pas compris ce charabia? Pour faire simple : Les Celtics abusent d’un système dans lequel ils sont inefficaces.

Tristan Thompson au rebond face à Myles Turner (Credit : BasketUSA)

Des faiblesses toujours présentes

A l’intersaison, il était facile d’identifier les faiblesses de la maison verte. De la dureté et du rebonds dans la raquette, des points et de la création en sortie de banc et de l’expérience. En signant Tristan Thompson, la franchise du Massachusetts pensait avoir résolu le problème du manque de dureté et de défense dans la raquette. C’est chose faite mais qu’à moitié. Thompson fait le boulot au rebond, notamment offensif. Son pourcentage de rebonds captés est d’ailleurs le plus élevé de sa carrière (20,5%). Mais l’équipe ne suit pas. Si Tristan a bien remplacé Kanter dans le rôle officieux de meilleur rebondeur de l’équipe, derrière, Brown, Theis et Smart ont vu leur moyenne de rebond pris par match chutée considérablement. Le départ de Gordon Hayward (et de ses 6,7rbds/match) n’ayant pas été comblé, Boston se retrouve avec seulement la 18e meilleure moyenne de rebond/match (8e la saison dernière).

Autre point faible ciblé depuis quelques temps déjà : l’expérience. Là encore, en amenant Thompson et Teague, la case semblait être cochée et le vécu des deux recrues paraissaient idéal pour permettre aux Celtics de mieux gérer leurs temps faibles et aux stars des Celtics de soufflées sereinement. Mais l’ancien meneur des Hawks est fantomatique, affichant les statistiques les plus mauvaises de sa carrière depuis sa saison rookie. Brad Stevens ne s’y trompe pas d’ailleurs, puisque le stratège de Boston n’hésite pas à faire jouer son surprenant rookie Payton Pritchard à la place de Jeff Teague qui, lui, n’a joué que 25 minutes sur les 4 derniers matchs. Quant au pivot en provenance de Cleveland, il se fait dépasser par Theis dans la rotation, notamment en fin de match, le pivot allemand apportant plus de mobilité et de capacité à tirer de loin, des qualités importantes dans le basket de Brad Stevens.

Enfin, le dernier point à améliorer était l’apport du banc. Jeff Teague, en sortie de banc, devait proposer une alternative plus intéressante et offensive que Brad Wanamaker. Or, comme on l’a dit ci-dessus, le niveau énigmatique du premier couplé aux qualités défensives sous-cotées du second désormais parti aux Warriors, n’ont pas créé l’effet escompté. On pouvait s’attendre à un apport des rookies également. Pour l’instant, Payton Pritchard fait taire les critiques en apportant du scoring et de l’énergie mais l’autre rookie Aaron Nesmith n’est clairement pas prêt pour apporter efficacement et quantitativement à l’effectif celte. Avec un Romeo Langford toujours blessé, il faut compter sur une vingtaine de minute de Semi Ojeleye et une quinzaine de Javonte Green pour tenter de combler les problèmes du banc.

Bien-sûr, dans ce genre de situation, il est toujours important de remettre les choses dans leur contexte. Kemba Walker a joué blessé durant les Playoffs et n’a donc pas pu se préparer convenablement puisqu’il est revenu sur les terrains il y a tout juste un mois. Jayson Tatum a, quant à lui, manqué 5 matchs en raison du coronavirus (peut-être une explication de son niveau inconstant depuis son retour). Son acolyte Jaylen Brown a également raté quelques rencontres sur blessure et c’est désormais au tour de Marcus Smart de manquer à l’appel depuis la fin du mois de janvier. L’absence de ce dernier se fait lourdement ressentir, notamment dans l’envie et l’agressivité pendant les matchs.
C’est donc peu dire que les Celtics n’ont pas été épargné par les blessures, la lineup finaliste de conférence la saison passée (Walker-Smart-Brown-Tatum-Theis) n’ayant joué que 20 minutes ensemble depuis le début de la saison.
Toutefois, Boston ne peut pas se reposer uniquement sur ces histoires de blessures, même si elles permettent tout de même de relativiser la méforme actuelle.

Jeff Teague sous le maillot des Celtics. (Crédit : CelticsBlog)

Après une dizaine de match positif (bilan de 8-3 après 11 matchs), les Celtics alternent le bon, comme en atteste de rares victoires face à de grosses cylindrées de la NBA (Clippers, Bucks, Pacers), et le très mauvais. Cette inconstance chronique est-elle une période délicate et passagère? Ou bien l’effectif, si proche du graal la saison dernière, est-il moins prêt que ce qu’il y paraît? Rassurez-vous la Celtics Nation, Danny Ainge ne devrait pas rester les bras croisés.

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