NBA

Jalen Brunson, un shoot diversifié qui fait du bien aux Mavs

Sans faire de bruit, tout en efficacité, le meneur remplaçant des Mavs Jalen Brunson fait son trou. Au-delà de statistiques en hausse qui font de lui l’un des “MIP de l’ombre” de la NBA, l’ex de Villanova a un réel apport dans le jeu de Dallas. Focus sur le shoot d’un joueur qui prend du galon dans la Grande Ligue…

Rester dans l’ombre, comme ci cela faisait partie du deal. Il faut dire, comment attirer un projecteur sur soi quand l’omniprésent Luka Doncic attire toute la lumière ? Jalen Brunson semble lui se fondre à merveille dans ce rôle d’efficace lieutenant. Ses statistiques sont en hausse : 11,2 pts – 3,2 rbd – 3,2 ast. Pas le plus grand, pas le plus talentueux, le n°13 de la franchise texane a développé cette saison des ressorts qui lui permettent d’être plus performant.

Analyse du tir : une posture de gaucher, des fondamentaux respectés

Dans une équipe de Dallas qui shoote très mal longue distance (25e), Jalen Brunson est souvent une bouffée d’air sur des fins de possession. Son pourcentage à trois points, très correct (38,2%) dans une densité de shoot qui a augmenté cette année (quasi 3 tirs par match), fait de lui un danger lorsqu’il est trouvé. Son tirs sont souvent pris après pénétration d’un des attaquants privilégiés des Mavs, à savoir Luka Doncic bien sûr, mais aussi un joueur comme Tim Hardaway Jr. qui prend ses tirs à chaque rencontre. Par sa capacité à se mettre en rythme après une passe, et par sa qualité dans la gestuelle et le positionnement des appuis, Brunson est un joueur qui est une addition fort utile pour des joueurs forts dans l’attaque du cercle.

La gestuelle, justement, parlons-en. Prenons un petit exemple vidéo lors d’une rencontre face aux Bulls, où après une passe très moyenne (au-dessus du corps + sur l’extérieur), Jalen Brunson reprend ses appuis, arme et shoote.

Regard sur la gestuelle de tir de Jalen Brunson (crédit : NBA / Café Crème Sport)

Par ce simple exemple, on voit un joueur fort sur les fondamentaux du tir. Malgré cette passe qui l’empêche d’avoir un enchaînement fluide – l’idéal étant de réceptionner un ballon à mi-hauteur, entre les hanches et le buste -, le meneur des Mavs arrive rapidement à retrouver un contexte favorable. Son positionnement général est on ne peut plus conventionnel pour un gaucher. Les appuis sont légèrement décalés et n’ont donc pas pour direction le cercle, et la jambe qui dirige la direction du tir est la gauche.

Pour ce qui est du haut du corps, on équilibre le décalage avec un placement parfait du buste. Un peu plus centré sur le cercle, toujours avec une mise en avant de la partie gauche du corps. Grâce à l’impulsion des jambes, le buste ne part pas en arrière (l’un des gros problèmes du tir d’un Ben Simmons), ce qui permet à Brunson de ne pas avoir à trop forcer sur le bras avant lors du shoot.
Le shoot de Jalen Brunson est donc assez classique pour un gaucher, mais toutes les cases fondamentales sont cochées. De plus, avec la trajectoire haute du tir, il est plus difficile à contrer.

Analyse statistique : une efficacité off-ball, mais pas que

Au niveau des statistiques, Jalen Brunson a prouvé depuis plusieurs années qu’il est un shooter “capable” voire “bon” sur les trois zones préférentielles des meneurs de jeu, à savoir 90° (face au cercle) et 60° (aile gauche comme droite). Un porteur de balle comme lui n’est pas amené à shooter sur les zones à 0°, d’où la difficulté d’évaluer son réel potentiel ligne de fond. En tous cas, sur sa dernière année à Villanova, ses pourcentages parlent pour lui :

Crédit : Tim Froehlig (Twitter)

Jalen Brunson semble être excellent sur l’aile gauche et sur le jeu dans l’axe panier-panier. La tendance s’est-elle confirmée sur ses trois premières années dans la Grande Ligue ?

Shot chart de Jalen Brunson en carrière. Explications : Café Crème Sport. Map : nbashotcharts

En NBA, Jalen Brunson est plus efficace sur le côté droit de l’attaque. Sur l’attaque qui vient dans la continuité d’un pick, roll ou pop, un gaucher peut avoir tendance à préférer l’axe droit pour enclencher son appui fort – le gauche – en premier après un dribble. Pour l’autre zone du terrain, à 0°, un gaucher est assurément plus à l’aise à droite sur les shoots ligne de fond (plus de visibilité pour les repères visuels).

Un autre argument qui justifie le bon pourcentage de Jalen Brunson sur la partie droite de l’attaque des Mavs, un argument off-ball cette fois-ci, vient de Luka Doncic. Le génie slovène prend quasiment 6 shoots sur 10 sur le côté gauche de l’attaque. Vu l’attraction défensive qu’il génère, la défense doublée, le resserrement des adversaires vers le coeur du jeu, il y a toujours des espaces à exploiter pour les partenaires de Doncic. Brunson a donc plus de liberté sur le côté droit, après une passe de Doncic, pour armer et profiter du retard défensif pour shooter dans un fauteuil. Pourquoi la théorie est vérifiable ? Jalen Brunson shoote à 42% en catch and shoot, comprenez “réceptionner-shooter”. Quand il est mis dans un fauteuil, le gaucher punit.

Cette saison, le meneur des Mavs réalise sa meilleure saison au tir. Il est d’ailleurs très proche de l’élite, du fameux club des “50-40-90”. Voici sa shot chart derrière la ligne sur l’exercice en cours.

Stats au tir extérieur de Jalen Brunson, saison 2020/2021. Explications : Café Crème Sport. Map : nbashotcharts

Analyse on-ball : amplitude limitée mais la malice des petits

Jalen Brunson aime porter le ballon. C’est un joueur collectif, qui n’attaque pas beaucoup le cercle sur du pick&roll, et qui a le regard levé pour servir ses coéquipiers. Un “facilitateur de jeu” comme on aime les appeler. On-ball, Brunson a tout de même des qualités offensives assez naturelles dans l’attaque du cercle, au shoot comme à la finition de près.

Sa lecture du jeu lui permet de bien exploiter les espaces et de compenser ainsi une vitesse average. Il arrive à créer des différences pour scorer aussi au près ou à mi-distance. Deux exemples mettent ses qualités en exergue, contre Chicago toujours lors de son meilleur match en carrière : 31 pts, 7 ast en 37 minutes.

Brunson plus solide que White, le joue à la Gary Payton. Vidéo : NBA. Montage : Café Crème Sport
One-leg fadeway, une forte distance crée par son physique avant le tir : ça, c’est travaillé et maîtrisé. Crédit : NBA.

Costaud sur les appuis et assez physique, Jalen Brunson arrive à tirer profit de différentes situations pour qu’elle soit à son avantage. Sur les deux actions, face à un Coby White plus rapide dans la vitesse pure et dans la latéralité, il compense son déficit par des aptitudes physiques pour créer le décalage.

Souvent oublié par les défenses adverses, Jalen Brunson est une sorte de catalyseur de confiance pour Dallas, qui semble se perdre dans sa Doncic-dépendance. Le meneur drafté la même année que le slovène a passé un cap cette saison, c’est incontestable. Son tir, analysé dans les grandes largeurs ici, est l’une des raisons de son temps de jeu grandissant, autour des 24 min/match (+6 min par rapport à l’an passé). Très régulier sur ses stats, que ce soit derrière l’arc ou sur la ligne des lancers francs (89%), Jalen Brunson s’impose comme l’un des meneurs backup les plus fiables de la Ligue cette année. Le plafond ? Limité, certes, mais tout de même bien utile pour la NBA.

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