Le combat principal de la Fight Night de ce week-end oppose les Poids Lourds Curtis « Razor » Blaydes et Derrick « Black Beast » Lewis. Confrontation qui, on ne va pas se mentir, s’avère moins excitante pour ce qu’elle propose que pour les implications qu’elle promet en cas de victoire de l’un ou (surtout) de l’autre.
Puisqu’on ne peut que constater que la catégorie dite reine de l’UFC est, actuellement, l’une des plus pauvres en matière de talents. Pouvant même estimer qu’existe un gap entre le haut de la division et le reste. Comme s’il y avait deux groupes : celui qui renferme les combattants se battant pour la ceinture (Miocic, Ngannou, DC avant sa retraite). Et celui qui accueille le reste du roster – ces fighters qui se rencontrent dans l’espoir d’un jour, peut-être, se voir élus à un title-shot.
De tous, Curtis Blaydes se montre, à la fois, le plus proche du Graal et le moins susceptible de l’obtenir. Le plus proche car il est simplement l’un des Heavyweights les plus doués du moment. Excellent lutteur, très technique, robuste, endurant et doté du fameux Fight IQ, il pose des problèmes auxquels quasiment aucun de ses adversaires n’a su apporter de solutions. On dit « quasiment »… Car, en dépit d’un palmarès fort envieux, il arbore deux tâches indélébiles : ces brutales défaites contre sa Némésis Francis Ngannou. Lesquelles l’empêchent, pour l’instant, d’être considéré comme mieux qu’un second couteau au sein de la catégorie. Un second couteau de luxe, de loin le meilleur de tous, mais outsider malgré tout. Ce qui peut paraître aussi étrange qu’injuste, tant il se montre, au strict niveau des compétences, meilleur que le Predator. Mais les styles font les combats. Et le MMA n’étant (bienheureusement) pas une science exacte, force est de constater que le franco-camerounais possède le code à même de faire dérailler la machinerie d’ordinaire si bien huilée de Blaydes.
Razor présente également comme lacune d’offrir un style de lutte efficace mais fort peu spectaculaire. Qui engendre des events rarement émoustillants à suivre. Livrant régulièrement le genre de prestation qu’on regarde avec déférence mais sans pour autant parvenir à vraiment vibrer. Cerise d’ennui sur le gâteau déjà fade, sa personnalité effacée n’aide en rien à le faire briller sur le plan médiatique. Pouvant dès lors comprendre que l’UFC, au mépris de toute logique sportive, préfère promouvoir l’arrivée d’un Jon Jones chez les 265 lbs. Un Bones dont on peut être certain que n’importe lequel de son premier combat chez les Lourds fera l’événement, même s’il n’a encore rien montré dans la division et qu’aucune logique sportive ne devrait lui permettre d’obtenir le title-shot auquel il semble promis.
Néanmoins et aussi unilatérale s’annonce la soirée (puisque, sans faire injure à Lewis, on ne le voit guère s’imposer tant, force de frappe exceptée, Blaydes lui est supérieur en tout), nous français serons particulièrement attentifs au combat. Dans la mesure où il semble être l’un des éléments majeurs du mini-tournoi non-officiel qu’organise l’UFC afin de désigner le prochain contender des Lourds. Pouvant parier qu’il sera celui qui sortira triomphant de la partie de billard à trois bandes qui, dans les mois à venir, va opposer Volkov (qui s’est récemment brillamment débarrassé de Overeem), le vainqueur du Rozenstruik vs Gane et, donc, celui qui verra sa main levée à l’issue du main event de ce week-end. Ce qui ne pourra que réjouir le fan désireux de voir les choses bouger au sein de la catégorie. De façon à enfin sortir des mêmes sempiternelles oppositions. Parce que Miocic vs Cormier ou Miocic vs Ngannou, c’est bien. Mais un peu de nouveauté ne fera de mal à personne, bien au contraire.
Sauf surprise (toujours possible en MMA. Surtout quand on considère le punch foudroyant de Lewis), Blaydes devrait donc tranquillement s’imposer. Soit en maîtrisant son adversaire cinq rounds durant, soit en martyrisant son cardio et le finalisant au sol. Pour le reste, nos regards seront tournés vers le combat principal de la carte du week-end prochain, dont on reparle très bientôt.