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[Tactique] Comment Luis Alberto peut, à lui seul, mettre à mal le Bayern?

C’est, sur le papier, l’un des huitièmes de finale de Ligue des Champions les plus déséquilibrés. Dans cet affrontement inédit, le Bayern premier de Bundesliga se déplace chez le 6e de Serie A. Les allemands sont ultra favoris, cumulant 16 victoires et un match nul dans leurs 17 derniers matchs de Ligue des Champions. De leur côté, les Italiens disputent leur première phase à élimination directe depuis 99/00. Pourtant, il existe des motifs d’espoirs. Et parmi ceux-là, l’Espagnol Luis Alberto, qui est déterminé à mettre à mal les Bavarois.

L’Espagnol est sûrement le joueur le plus doué techniquement de son équipe. Installé dans l’un des deux postes de Mezzala du 3-5-2, il en est l’une des pièces essentielles. Arrivé en 2016, en même temps que son coach, il a su s’adapter à ce que Simone Inzaghi lui demande. D’abord derrière l’attaquant, il a été reculé l’an dernier afin de devenir la doublette complémentaire de Sergei Milinkovic-Savic. Et si l’on analyse son profil, son utilisation, et les problèmes défensifs du Bayern, il peut être l’une des clés du match.

Meneur à l’ancienne ?

Avant de passer au cadre collectif des joueurs de Simone Inzaghi, quelques mots sur le profil du numéro 10 des aquile. La première qualité de l’Espagnol est, sans surprise, sa qualité de passe. Il est l’un des principaux joueurs du 11 lorsqu’il s’agit de faire avancer le jeu par la passe. Plus encore, c’est sa maîtrise de la vitesse/puissance de la passe dans le bon timing dans la course de ses coéquipiers qui saute aux yeux. Par ce biais, il est réellement le meneur de son équipe, celui qui décide du tempo, celui qui accélère le jeu.

« Je pense que la position de numéro 10, c’est là ou toute l’élégance du football peut s’exprimer et se montrer. Il faut avoir de l’espace et du temps. « 

Luis Alberto dans les colonnes de France Football.

Dans le France Football du 7 Juillet, le joueur formé à Séville donnait sa définition du numéro 10 : « On nous demande de nous extirper de la densité. » Ca tombe plutôt bien, puisque c’est l’une de ses forces. Sa protection de balle et ses premières touches de balle lui permettent souvent de s’extraire de la pression. « On nous demande aussi de trouver des espaces que d’autres ne peuvent pas faire ou même voir. » Là encore, sa vision du jeu correspond à cette description. En levant toujours la tête avant et après avoir reçu le ballon, il est toujours à la recherche d’informations et dans l’analyse de la position de ses coéquipiers et des zones à attaquer. D’ailleurs, s’il cite Xavi et Iniesta comme sources d’inspirations, il est en réalité assez éloigné de ses compatriotes. Ces deux derniers étaient en effet connus pour leur rapidité de prise de décision, quand Alberto aime à prendre son temps. Un temps qu’il se donne d’ailleurs souvent lui-même en sortant de ladite pression. Plus proche, finalement du meneur des années 2000 que des années 2010, en se donnant le temps de faire le bon choix.

Mezzala et 3e homme

Au milieu du 3-5-2 biancazzurri, le numéro 10 se déplace énormément. A la relance, dans le jeu ou sur les 6 mètres, il dézone enormément afin d’ouvrir des lignes de passes pour ses centraux. En décrochant aux côtés de Lucas Leiva, il laisse la possibilité pour SMS de se placer plus haut afin de remporter un éventuel duel aérien. Cela colle parfaitement avec le jeu très vertical prôné par les hommes de Simone Inzaghi. Enormément recherché, il était par exemple le 2e joueur le plus recherché par les passes la saison dernière en Serie A. Lorsqu’il reçoit le ballon à la relance, il choisit soit de dicter le jeu soit de porter la balle très vite dans le camp adverse. En ce sens, il est 8e de Serie A en joueur passés en dribblant (40), 4e en distance parcourue avec le ballon vers l’attaque (4068m). Il a aussi la tâche d’être à la réception des seconds ballons déviés par SMS et Immobile, et de les bonifier par la suite, toujours avec cette idée de verticalité.

Le onze laziale à la relance.

En phase offensive, il se déplace beaucoup entre les lignes, afin de pouvoir apporter du surnombre centralement avec les deux buteurs et de libérer les côtés pour les ailiers et les défenseurs centraux dépassant leurs fonctions. Mais tout reste quand même structuré : il reste relativement éloigné de la surface. De loin, il distribue, dicte le jeu, sur les 5 ou 6 joueurs placés devant lui. Car la Lazio évolue en 2-3-5 en phase offensive, multipliant les possibilités dans la surface. Et même s’il a du se rapprocher de la surface cette saison en raison d’adversaires plus attentistes qu’auparavant au moment de rencontrer Luis Alberto et consorts, il s’en sort très bien. En effet, ses courses proviennent d’une zone relativement libre à 30-35 mètres du buts, et il est alors généralement ce que l’on appelle le 3e homme, celui trouvé libre qui bénéficie de temps et d’espace. En rentrant dans la surface, Alberto est donc très dangereux. Ce qui explique, entre autres, l’augmentation de son nombre de buts.

La Lazio lors des phases de domination.

Bloc compact et transition

Les biancocelesti sont l’une des équipes les plus axiales d’Italie. Les côtés ne sont utilisés que s’ils peuvent réellement faire mal à l’adversaire. Ce qui est expliqué en partie par le bloc très compact et très axial sans ballon organisé par Simone Inzaghi. Ceux-ci évoluent en zone médiane, et pressent sur certains temps assez précis: passes latérales des axiaux vers les hommes de côté par exemple. Sans aller chercher très haut l’adversaire, ils surchargent certaines zones lorsqu’ils pressent ensemble afin de piéger l’adversaire. Ce qui peut-être un problème pour un Bayern orphelin de Thiago Alcantara. Dans ces temps de pressing, si celui-ci fonctionne, Alberto a encore une fois ce rôle de bonificateur de ballons. Il est par exemple 7e de Serie A dans la stat « Action menant à un tir ».

Soudés. (Crédits : Stats Perform)

Son devoir est donc de casser les lignes et donc le bloc adverse lors des transitions. Pour cela, il peut compter sur lui même (2e de Serie A en chevauchées dans le 1/3 adverse avec ballon), mais aussi sur les nombreuses projections de ses coéquipiers. Il décide tantôt d’allonger sur les joueurs de côté, tantôt trouver Correa et Immobile à mi-longueur, ou même décider de combiner avec n’importe lequel des joueurs suscités, ou même SMS. La variété de distances et de positionnement de ses coéquipiers est essentielle.

Déterminé.

Pour revenir aux problèmes du Bayern, tout le monde sait que leur ligne haute peut être un souci. Et avec un Luis Alberto à la baguette capable de distiller les ballons derrière la défense, cela peut s’avérer problématique. D’autant que l’une des forces de la Lazio est, vous l’avez compris, les projections et transitions rapides. Et même, lors des temps où la Lazio dominera, il a l’habitude de servir Immobile dans la surface. L’Italien est un spécialiste pour s’effacer, et réapparaître avec un appel court tranchant qui pourrait laisser Boateng sur ses appuis. Enfin, le Bayern pourrait avoir des difficultés à sortir lors des 6 mètres. La Lazio est habituée à pousser haut et à laisser seulement 4 joueurs au niveau de la ligne médiane. Ces situations, s’ils elles s’avèrent perdantes pour les Bavarois, apportent un surnombre pour les laziales, que Luis Alberto se régalera d’exploiter.

Malgré tout, rien n’indique que tout se passera comme prévu. Hansi Flick reste un très bon tacticien qui aura sûrement déjà étudié tout cela. Et la différence de qualité individuelle sera -comme souvent- sûrement la variante déterminante dans le résultat finale. Et oui, ce ne sera pas la seule clé du match. La confrontation des mobylettes Davies-Lazzari peut, par exemple, être un affrontement là aussi, intéressant. Mais suite à tout ce que l’on vient d’évoquer, si Luis Alberto est dans un bon jour, il pourrait donner le sourire aux Laziales. Donc gardez un oeil sur lui, vous ne serez pas déçus.

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