« C’est une très grande équipe, l’une des meilleures en Italie ». Diego Martinez, entraîneur de Granada, ne s’était pas trompé, le 14 décembre dernier, lorsque Pedro Pinto a dévoilé le nom du futur adversaire des Andalous en Europa League : le SSC Napoli. « Mais nous seront prêts » a-t-il continué. Là non plus, il ne s’était pas trompé.
Car le 18 février, à l’Estadio Nuevo de los Cármenes, ce sont bien les Espagnols qui ont fait forte impression. Très rapidement, Herrera et Kenedy ont permis à Granada de prendre un avantage qu’ils ne perdront plus. Avec deux buts d’avance avec le match retour, l’avantage est pour les hommes de Martinez. Mais en Italie, ça sera une autre paire de manche.
La défaite du Napoli, est-ce réellement une surprise ?
À vrai dire, pas vraiment. Après un début canon en championnat (8 victoires sur les 10 premiers matchs), la machine s’est un peu enrayée. Depuis le 17 janvier et leur victoire étincelante face à la Fiorentina (6-0), les Gli Azzurri n’ont remporté que 3 de leurs 9 derniers matchs (1 nul, 5 défaites). Pire encore, ils n’y arrivent plus loin de leurs bases et restent sur 5 défaites consécutives (Hellas Verone – Genoa – Atalanta – Juventus – Granada).
Une seconde explication à cette déroute peut être la gestion de l’effectif. Les blessures sont nombreuses et Gattuso devait composer sans plusieurs joueurs majeurs. Jeudi, ils étaient 9 à ne pas pouvoir prendre part à la rencontre (Demme, Ghoulam, Hysaj, Koulibaly, Lozano, Manolas, Mertens, Ospina, Petagna). Pour la 23e journée de Serie A, 34 % des joueurs absents sont Napolitains. Des forfaits en cascades qui peuvent s’expliquer par le faible turn-over effectué par le coach. Depuis le début de la saison, qui n’a débuté que fin septembre, plusieurs joueurs enchaînent.
Trop, sûrement. Di Lorenzo, Lozano, Koulibaly, Insigne. Tous ont disputé plus de 2 000 minutes depuis le début de la saison, soit une moyenne de 85 minutes par match pour le premier cité. Un problème qui est souvent revenu sur le devant de la scène depuis l’été dernier. « On va tuer les joueurs » mettait en garde Thomas Tuchel. « C’est un problème pour tous les clubs, dans tous les pays. Personne ne se soucie des joueurs » prévenait Pep Guardiola. En jouant sur 4 tableaux, les organismes ne suivent plus.

Mais Gattuso n’est pas le seul à remettre en cause. Car s’il ne peut pas faire autant de rotation qu’il pourrait le souhaiter, c’est une conséquence à la mauvaise gestion de l’effectif de la direction. Aujourd’hui, il n’y a aucune profondeur de banc au Napoli. Avec la blessure d’Hysaj, il n’y a plus d’arrière droit de métier pour suppléer Di Lorenzo. À gauche, même chose. Mário Rui était seul pendant l’absence de Ghoulam. Mais c’est devant que la situation est la plus critique. Avec les départs de Milik et de Llorente et les blessures de Petagna et Mertens, Osimhen est le seul numéro 9 de l’effectif.
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Granada n’en finit plus d’impressionner
La force de Granada réside dans le collectif, complet et complémentaire. Mais au sein de cet effectif pléthorique, deux joueurs sortent du lot : Yangel Herrera et Kenedy. Le premier est l’une des pièces maîtresse de Martinez. A 23 ans, il s’améliore à chaque match, faisant comme son quotidien ce qui devrait révéler de l’exceptionnel pour lui. Avec huit réalisations personnelles depuis le début de la saison toutes compétitions confondues, le milieu de terrain est un réel danger offensivement. Il n’est pas avare d’efforts et ses montées créent le surnombre dans la moitié de terrain adverse.
Son apport défensif est également à mettre en lumière. Avec une interception toutes les 27 minutes, il présente l’un des meilleurs bilans en Europe pour un joueur à ce poste. Il est également précieux dans les duels aériens. Sur l’année passée, il en remporte presque 5 par match. Mais malgré sa performance, il se veut prudent : « C’est une très bonne victoire à domicile, nous avons pris un certain avantage, mais ce n’est que la première partie de la confrontation. Maintenant, on doit aller à Naples pour sceller notre qualification ».

Pour ce faire, il pourra s’appuyer sur Kenedy. Le joueur prêté par Chelsea a lui aussi rendu une très bonne copie jeudi, avec une passe décisive et un but, comblant parfaitement les absences de Luis Suarez et Soldado. Ce couteau suisse, pouvant évoluer à de multiples postes, a toujours un peu de mal à concrétiser ses actions (7 buts sur ses 38 frappes cette saison), mais s’est révélé indispensable dans l’entrejeu (70 % de passes réussis, presque 300 mètres gagnés face au Napoli). En continuant sur cette lancée, il a l’occasion de s’établir durablement dans le milieu grenadin avant de prétendre pouvoir intégrer le XI de Chelsea dès la saison prochaine.
Quels sont les clefs du match retour ?
Avec cette une défaite contre Huesca à l’extérieur ce week-end, Granada voit de plus en plus ses espoirs de qualifications européennes s’éloigner. Pour le moment, 2021 est loin d’être une année réussie pour les Andalous (une seule victoire en championnat) et une qualification en 1/8e de finale pourrait égayer les beaux jours des supporters. Ils ont pu faire tourner en championnat (Duarte, Herrera, Kenedy, Machís, Molina ont débuté sur le banc) et ont obtenu un avantage certain qui leur donne l’ascendant mental. Cependant, il faudra être costaud et solidaire défensivement.
Car s’ils n’ont encaissé que 3 buts en Europa League, ils ont également concédé peu d’occasions (une moyenne de 0,63 xGA). Mais leurs carences défensives sont connues (41 buts encaissés en 24 rencontres en championnat), surtout quand, en face, il y a des joueurs de qualités (défaite 6-1 contre l’Atlético, 4-0 puis 5-3 contre Barcelone). Diego Martinez va certainement installer un bloc bas avec Yangel Herrera juste devant la défense et demander à ses joueurs d’exploser dès la récupération du ballon. Devant, Jorge Molina, seul véritable numéro 9 de l’effectif, aura un rôle important de conservation de ballon et devra être chirurgical lorsqu’une occasion de présentera.

Si le podium semble s’envoler pour le Napoli, les hommes de Gattuso peuvent encore accrocher la Champions League avec la 4e place qualificative. La seconde solution pour retrouver la plus belle des compétition est de remporter cette Europa League. Pour continuer à y croire après ce soir, il faudra en premier lieu remonter ces deux buts. Le coach italien n’aura pas l’embarras du choix pour constituer son XI et devra donc être efficace dans son management.
En panne devant (0,88 xG par match sur les six derniers matchs de championnat et d’Europa League), Osimhen et consort auront donc fort à faire. Le salut du SSC Napoli passera par une meilleure efficacité offensive. Insigne a été ménagé ce week-end en ne jouant que 37 minutes et sera donc frais. Avec deux des meilleurs ratio d’actions amenant à un tir, Politano et Fabian Ruíz (respectivement 4,54 et 4,03 SCA90) devront s’appuyer sur leurs forces et ne pas hésiter à utiliser les ailes pour apporter le danger sur le but de Rui Silva.
Avec la possession, que l’équipe devrait prendre à son compte, à l’instar du match aller, les Napolitains ne devraient être inquiétés derrière uniquement sur contre-attaque. Le retour de Kalidou Koulibaly en défense centrale permettra de retrouver une certaine stabilité dans une défense constituée alors de Rrahmani et Maksimović, qui ne compte, à eux deux, à peine plus de 1 000 minutes joués cette saison.

Malgré leur avance au score, Granada va devoir de nouveau réaliser un grand match pour se qualifier au tour suivant et continuer d’écrire la plus belle page de l’histoire du club. Le Napoli voudra, de son côté, poursuivre son retour au premier plan après une saison 2019/2020 en dents de scie pour remporter son premier et seul trophée européen depuis 1989.