NBA

Jooks, clap de fin d’une carrière intense et pleine

Ce 1er mars 2021, Joakim Noah a tiré sa révérence. Après 13 saisons NBA et une armoire à trophée bien garnie pour un basketteur français outre-Atlantique, l’ancien pivot des Bulls a mis un terme à sa carrière. Drafté en 9ème position par les Bulls de Chicago après un cursus de trois saisons chez les Gators de Florida, il devient le Français drafté le plus haut de l’Histoire, il a été détrôné depuis par Franck Ntlikina puis Killian Hayes.

Pivot robuste, défensif et bon rebondeur, le Stickman, souvent raillé pour son shoot n’en était pas moins un joueur plus qu’utile. Par sa présence au rebond offensif, son jeu de passe très développé pour un pivot et une efficacité dans les rôles de poseur d’écran et de finisseur de pick and roll très appréciés par ses coachs. Ses qualités, le New-yorkais d’adoption les a essentiellement montré lors de ses 9 saisons sous le maillot des Bulls.

Avec Chicago, ils étaient faits l’un pour l’autre

Quand Joakim Noah est drafté en 9ème position par Chicago, les Bulls sont une équipe solide qui viennent de finir 5ème de la conférence EST et qui se sont hissés en demi finale de conférence après avoir battu le Miami Heat au premier tour. Cette équipe correspondait parfaitement au Stick de par son efficacité défensive monstrueuse et la priorité portée sur le rebond. En effet lors du premier tour des Playoffs, Miami n’a pas inscrit une seule fois plus de 96 points et n’a marqué que 93 points de moyennes sur les 4 petits matchs d’une série conclue par un sweap autoritaire. Sauf qu’à l’été 2007 l’effectif chicagoan coaché par Scott Skiles est chamboulé. Exit Ben Wallace, leader défensif de l’équipe, et Ben Gordon leader offensif de l’équipe. La saison 2007-2008 s’annonce plus compliqué que la précédente dans l’Illinois. Cependant, Noah y voit une réelle opportunité de jouer, dès la trêve du All-Star Game passée, il devient titulaire et il ne quittera quasiment pas ce rôle jusqu’à sa dernière saison complète avec les Bulls en 2014-2015.

Jooks restera 9 saisons sur les bords du lac Michigan, il sera une des pièces maîtresses de l’équipe qui se hissera en Finale de Conférence en 2011, mais battu 4-1 par le Heat du Big-Three Bosh, James, Wade, Jooks ne goûtera jamais aux finales de conférence. Cette équipe des Bulls construite autour du Français en défense et du MVP Derrick Rose fut l’un des plus sérieux rival de cette équipe de Miami du début des années 2010. Malheureusement, la rupture des ligaments croisés de Derrick Rose au premier tour des Playoffs 2012 mit un sacré coup à cette équipe. Cependant, elle n’en reste pas une des équipes les plus emblématiques grâce à son identité forte et des joueurs marquants dont Joakim Noah fait assurément parti. Dans cette franchise, le Français y réalisera d’incroyable performance. Un triple double lunaire avec 23 points, 20 rebonds et 11 contres (son record en carrière) contre Philadelphie le 28 février 2013. Surtout, si une seule performance devait être retenu du passage de Noah aux Bulls, ce serait sûrement son Game 7 contre Brooklyn en 2013. Malgré une blessure au pied, Noah porte son équipe avec 24 points, 14 rebonds et 6 contres et il fera dire au commentateur Reggie Miller “Si je devais choisir un joueur pour jouer un Game 7 je prendrais Joakim Noah”.

Les highlights du monstrueux Game 7 de Joakim Noah contre Brooklyn en 2013 (crédit : Allen Wang)

Pièce maîtresse de la deuxième meilleure équipe de l’Histoire de la franchise au taureau, il n’aura manqué qu’un titre au Français pour rentrer pleinement dans la légende des Bulls. Cependant, il y laissera la trace d’un guerrier, la trace du leader morale d’une équipe tout aussi courageuse que lui. Chouchou du public de l’United Center, Noah le Stickman était un joueur respecté dans la Grande Ligue, ce qui lui permit de se constituer une armoire à trophée enviable.

Une armoire à trophée bien garnie

Joakim Noah a sûrement l’un des plus beaux palmarès parmi les basketteur français expatriés aux États-Unis. Le Stickman n’a pas attendu d’être drafté pour remplir son armoire à trophée. En 2006 il est meilleur joueur et meilleur marqueur du Final Four de la March Madness qu’il remportera avec les Gators de Florida. En NBA les distinctions individuelles de Joakim Noah se concentrent sur les années 2011, 2013 et 2014. En 2011 après une saison réussie collectivement par les Bulls, le Français est sélectionné dans la All-Defensive Second Team pour la première fois de sa carrière. Cependant à l’époque cette sélection est vue comme la récompense de la bonne défense collective des Chicagoan. Si en 2011 Noah pouvait être vu comme un représentant des Bulls, en 2013, Jooks explose aux quelques uns qui ne l’avait pas encore remarqué. Second Français de l’Histoire sélectionné au All-Star Game, premier Français à apparaître dans la All-Defensive First Team, Joakim Noah s’impose comme un nom qui compte dans la Grande Ligue. Si sa saison 2012-2013 est impressionnante, la saison suivante, il prend encore une autre dimension, toujours All-Star et membre de la All-Defensive First Team, le Français finit 4ème de la course du MVP, meilleur classement d’un Français, et surtout, il remporte le titre de meilleur défenseur de la Ligue. La consécration de sa carrière.

Joakim Noah reçoit son trophée de Défenseur de l’Année des mains du grand Dikembe Mutombo (crédit : ChicagoTribune)

Sur le plan collectif, il manque clairement un titre avec les Bulls, cependant Noah n’a pas un placard collectif vide. Son armoire à trophée est même unique car il est l’un des seuls à avoir gagné deux fois le tournoi NCAA. Après ces deux titres en 2006 et 2007, le Français ne gagnera plus grand chose mis à part une médaille d’argent avec l’équipe de France à l’EuroBasket 2011.

Noah et l’Equipe de France, une histoire heureuse, compliquée et toujours sous le regard paternel pas toujours facile à porter (crédit : Boursorama)

Cette médaille a un goût amer tellement les espoirs furent grands sur sa carrière en équipe de France. Ces ratés successifs avec les Bleus font partie des points noirs d’une carrière fait de très hauts mais aussi de très bas.

Une carrière entre ombre et lumière

Joakim Noah a traversé difficultés et polémiques à partir du milieu de sa carrière. Les premières polémiques furent liées à ses absences répétées en équipe de France. Après deux apparitions sous le maillot bleu lors de l’EuroBasket 2011 et les Jeux Olympiques 2012, le Chicagoan refuse la convocation de Vincent Collet pour l’Euro 2013. Il justifie cette absence par une blessure à l’épaule. Cependant, la véracité de cette excuse est remise en cause par plusieurs médias et membres du staff des bleus. Le Jooks ne reviendra jamais sous le maillot bleu laissant un goût amer aux dirigeants de la Fédération Française de Basket.

De l’autre coté de l’Atlantique, le principal point noir de sa carrière est sa sanction de 20 matchs en février 2017 pour un contrôle anti-dopage positif à la substance LGD-4033. Cette sanction arrive lors de son passage catastrophique de deux saisons dans sa franchise de cœur. Aux Knicks le Français été arrivé avec la volonté de faire rugir le Madison Square Garden. Les deux saisons dans la franchise New-yorkaise de Noah ne comprendront pas une seule éclaircie. Coach Hornacek ne le fait que très peu jouer, le Français arrive à chaque fois hors de forme aux camps d’entraînement et sa relation avec le management est compliquée. Son expérience dans sa franchise de cœur se termine sur une rupture de son contrat, la fin de son histoire avec New-York est à l’image de son passage dans la Big Apple, raté.

Le passage de Jooks aux Knicks fut frustrant et décevant tellement son arrivée pouvait paraître excitante (crédit : New York Times)

Pour la saison 2018-2019, le Français réalise une saison encourageante dans une jeune équipe des Grizzlies mais elle ne durera pas. Son expérience avec les Clippers lors de la bulle d’Orlando fut courte et le Français aurait aimé rempiler mais le manque de motivation, d’opportunité et un corps miné par les blessures ont eu raison de la volonté du Français.

Joakim Noah, restera un grand nom du basket français. Il est le premier d’une génération doré d’intérieur français réussissant en NBA dont Rudy Gobert est aujourd’hui l’héritier. S’il est possible d’avoir des regrets quand à sa carrière en bleu, il est impossible de ne pas être attaché à ce joueur qui donnait tout sur un terrain. Homme curieux et cultivé Joakim Noah doit sûrement déjà penser à une reconversion. Et comme chez les Noah, la famille est un modèle, il est fort probable de retrouver Joakim embrasser une carrière… d’artiste.

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