Rugby

Les talents de Pro D2, club par club (3/4)

Dans l’ombre du Top 14, terreau fertile de jeunes pépites auxquelles nous avons consacré une série d’articles, la Pro D2 s’impose comme un championnat dont le niveau moyen ne cesse de s’élever, grâce à la présence de techniciens de plus en plus compétents et d’un savant mélange de jeunesse et d’expérience. Nous allons nous attarder sur certains des talents de cette division et, après avoir fait étape dans le sud, nous grimpons en altitude et faisons escale dans les Alpes et le Massif Central. (image : fcgrugby)

Étapes précédentes :
Carcassonne, Perpignan, Béziers et Provence Rugby
Biarritz, Mont-de-Marsan, Montauban et Colomiers

VRDR : Sean Dougall, au nom du fighting spirit

Né à Perth, en Écosse, Sean Dougall a débuté en Irlande du Nord, a été révélé en D2 anglaise, a confirmé en Irlande avant de poser ses bagages en France. À Pau, dans un premier temps, il s’exile de la concurrence effrayante qui règne au Munster et retrouve Simon Mannix, qu’il a connu du côté de Limerick. De 2015 à 2019, il dispute 55 matchs de Top 14 avec la Section mais n’est pas conservé par le club béarnais à l’issue de son bail. Il choisit Valence-Romans, promu en Pro D2 pour rebondir. Pour le VRDR, l’opération est un succès. Toujours floqué du n°7, Dougall (31 ans) est la caution expérience d’un groupe dont il est déjà vice-capitaine. À son arrivée dans la Drôme, il confiait vouloir « être un des leaders du collectif ».

Sean Dougall
image : Le DL/Stéphane MARC

Il l’est devenu, avec la discrétion qui caractérise les troisièmes lignes irlandais tels que ses anciens coéquipiers Peter O’Mahony ou Tommy O’Donnell. En dépit d’un gabarit relativement modeste pour son poste (1,84 m, 100 kg), Sean Dougall est la clé de voûte du pack des Damiers. Plaqueur redoutable, combattant infatigable et exemplaire, il est une réelle plus-value pour le collectif, qu’il bonifie grâce à ses qualités mentales. En difficulté au classement, les hommes de Johann Authier sont engagés dans la lutte pour le maintien. L’Irlandais, au même titre qu’Alexis Armary, Jody Jenneker, Théo Hannoyer ou Peter Saili, doit être le fer de lance d’un paquet d’avants dont la souveraineté sera la condition sine qua non de la survie des Damiers en Pro D2.

Grenoble : Ange Capuozzo, à toute allure

Il incarne la relève du FCG. En compagnie notamment du troisième ligne Thibaut Martel et du demi d’ouverture Corentin Glénat, Ange Capuozzo (photo) représente l’avenir d’un club qui aspire à retrouver l’élite au plus vite. Guidé par ses jeunes pousses et par quelques vieux briscards comme Deon Fourie, véritable poison dans les zones de ruck, le FCG, septième, peut toujours prétendre à la qualification malgré une saison, soyons francs, en deçà des attentes. Et si le Stade des Alpes sonne désespéramment creux, Capuozzo s’affirme comme un joueur fait pour lever les foules. Dans la lignée de Gio Aplon et Gervais Cordin, ses relances du fond du terrain apportent un danger permanent. Polyvalent, le Franco-Italien a passé une grande partie de sa formation à la charnière, jouant une saison en Crabos comme 10 et intégrant le groupe pro en tant que demi de mêlée.

Si on était tatillons, on dirait qu’il tient son ballon du mauvais côté.

De ses années au centre du jeu, il a gardé l’envie de faire jouer les autres, un altruisme qu’il continue à cultiver depuis le triangle arrière (13 matchs cette saison : 8 à l’arrière, 4 à l’aile, un à l’ouverture). C’est tout de même là qu’il est le plus à l’aise, là où il y a plus d’espaces dans lesquels s’engouffrer. Relanceur racé, Ange Capuozzo sème la panique dans les défenses de Pro D2, par sa capacité à changer le rythme de sa course. Là où bon nombre de joueurs sprintent ballon en main, le Grenoblois décélère à l’approche d’un obstacle pour mieux changer d’appuis. Fougueux, imprévisible sur le terrain, Capuozzo, 21 ans, surprend par le calme et la sérénité qu’il affiche en dehors. La tête sur les épaules, l’international U20 n’oublie pas de se fixer des objectifs : découvrir le Top 14 et disputer le Mondial 2023 avec la Squadra Azzurra.

Oyonnax : Thomas Laclayat, pile électrique

On se souvient de l’Oyo de Christophe Urios, barragiste du Top 14 avec un effectif expérimenté. Relégué en Pro D2, le club haut-bugiste mise maintenant sur la formation locale. Autour de Bilel Taieb, qui fait figure d’ancien, les jeunes Loïc Credoz et Sacha Zegueur forment une troisième ligne 100 % oyonnaxienne. Un symbole de la réussite de la politique mise en place, qui profite à d’autres enfants du club comme le centre Théo Millet, l’ailier Aurélien Callandret et le pilier Thomas Laclayat. Ce dernier, originaire de Pont-de-Vaux, à un peu plus d’une heure d’Oyonnax, est un ancien membre du pôle espoirs de Villefranche-sur-Saône et des équipes de France de jeunes. Quelques mois après ses débuts en pro, Laclayat avait subi en avril 2018 une opération des cervicales, zone ô combien sensible pour les joueurs de première ligne.

Thomas Laclayat
image : oyonnaxrugby

Il n’avait donc pas participé à la fin de saison de son club, soldée par une descente en Pro D2. C’est dans ce championnat que le robuste pilier (1,75 m, 117 kg) s’est révélé. Une seule fois titulaire sur ses 30 premières apparitions, Thomas Laclayat avait tout de même convaincu ses dirigeants de lui offrir un contrat professionnel, paraphé en 2019. Cette saison, en revanche, est celle de la confirmation. 12 titularisations en 18 matchs, 2 essais contre Aurillac et Grenoble, et la signature d’une prolongation jusqu’en 2023. Une superbe nouvelle pour Oyo, quand on connaît la valeur d’un pilier droit JIFF sur le marché. Puissant en mêlée fermée, précieux lifteur en touche, Laclayat n’en reste pas moins disponible dans le jeu courant. Capable de casser la ligne de défense, sa volonté de faire jouer derrière lui est appréciée. À 23 ans, il dispose d’une marge de progression importante.

Aurillac : Thomas Salles, Artilleur d’Origine Protégée

Il a bien grandi, l’enfant du pays. Thomas Salles vient de Saint-Simon, où toute sa famille a joué et où son grand frère Bertrand joue toujours. C’est donc à quelques encablures d’Aurillac qu’il a touché ses premiers ballons, avant de rejoindre le SA en benjamins, à l’âge de 12 ans. Il fait partie d’une génération qui, après la défaite en finale d’accession en 2016, a pris le pouvoir dans le Cantal. À l’instar de Joris Segonds, désormais titulaire au Stade Français, Salles s’est installé sans faire de bruit, à force de travail. L’histoire a commencé à 20 ans, un soir de janvier 2017 à Aimé-Giral. Dans la défaite des siens, le Cantalou avait gagné la confiance du staff. Régulièrement aligné, dès lors, dans le XV de départ, il s’avérait être un joueur d’équipe appliqué doté d’un excellent jeu au pied.

Thomas Salles
image : Jérémie Fulleringer

Amené à prendre la succession de l’emblématique Maxime Petitjean dans cet exercice, Thomas Salles n’a pas failli. Face aux perches, il affiche une belle réussite et cette responsabilité ne semble en aucun cas affecter son jeu. Au contraire, il n’a jamais été aussi fort que depuis qu’il est le buteur n°1 du Stade. Avec son profil d’utility back, Salles a longtemps baladé aux différents poste de la ligne de trois-quarts avant de se fixer à l’arrière. Pièce maîtresse de l’effectif aurillacois, c’est un des meilleurs réalisateurs (7e) de Pro D2 et un atout certain pour un club qui, avec ses modestes moyens, doit plus que jamais compter sur sa formation pour subsister à ce niveau. De plus, en interne, il semblerait que Thomas Salles prenne de plus en plus d’importance. Comme l’espérait son entraîneur Romeo Gontineac, le joueur de 24 ans se comporte dorénavant comme un cadre.

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