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La Norvège, le pays à la Molde

Molde FK est en huitième de finale d’Europa League. Ce club norvégien réalise là sa plus belle épopée européenne. Mais pour cela, il a dû braver les nombreux obstacles qui se sont mis sur son chemin.

Nous vous présentons avec l’aide de Nordisk Norvège (@Eliteserienfr sur twitter), le club de Molde. Celui-ci est toujours en lice pour les quarts de finale d’Europa League, à quelques semaines de sa reprise de championnat.

30 000. comme le nombre d’habitants de la ville de Molde

Molde est une ville située au Centre Ouest de la Norvège dans les fjords. Centre de tourisme au début du vingtième siècle, cette ville détruite pendant la deuxième guerre mondiale est aujourd’hui une ville industrielle, mais aussi touristique et étudiante. C’est là que se trouve le Molde FK, créé sous le nom d’International Molde au début du siècle dernier. L’équipe était alors composée en majorité de joueurs étrangers issus d’équipages s’arrêtant dans la ville.

Localisation de Molde, en bordure de mer au centre-ouest de Norvège

Ce n’est pourtant plus le cas. De nos jours, la quasi-totalité de l’effectif est norvégien. Et pour les joueurs restants ils sont pour la plupart issus des pays scandinaves : Suède et Islande. Comme uniques non-scandinaves, on trouve un belge, deux ivoiriens et un gambien. Auparavant, ce sont les sénégalais qui ont fait les beaux jours du club, notamment à la pointe de l’attaque. En effet, en étant situé à 500 km d’Oslo, dans la région des fjords et dans une petite ville, le recrutement n’est pas forcément facile. Le secteur n’a pas un vivier de jeunes suffisamment grand pour son équipe. De plus, Molde ne possédait pas une force de persuasion suffisante par rapport à un club comme Rosenborg il y a quelques années. Face à son budget peu conséquent, c’est donc vers l’Afrique que se tournent régulièrement les recruteurs. Cela a pour effet qu’il faut un temps d’adaptation conséquent des joueurs au climat. L’une des deux dernières recrues David Datro Fofana vient d’ailleurs de Cote d’Ivoire.

Désormais plus sur le devant de la scène nationale, il devrait être plus facile pour ce club de récupérer des joueurs norvégiens.

7. comme le nombre de fois où ils ont été champions ou vice-champions ces 10 dernières années

Dans un championnat dominé depuis une trentaine d’années par le Rosenborg BK, Molde fait figure de principal concurrent depuis quelques saisons. Depuis le début des années 2010, ils ont été absents du top 2 à uniquement 3 reprises, ce qui en fait un concurrent régulier pour le titre.

Sur cette même période, il y a toujours un de ces deux clubs dans les 2 premières places. Le titre ne leur échappe qu’à 2 reprises (2013 et 2020), en faisant les mastodontes de l’Eliteserien.

4. comme le nombre de titres de champion de Norvège acquis depuis 2010

Molde champion d’Eliteserien 2019 (Photo : Svein Ove Ekornesvåg/NTB scanpix)

Avant 2010, Molde était un club oscillant entre la 1ère et la 2ème division (dernière descente pour la saison 2007). Malgré tout, il ne possédait pas un palmarès vierge. Il avait gagné par deux fois la coupe de Norvège en 1994 et 2005. Il s’était également plusieurs fois retrouvé sur la deuxième marche du podium en championnat. Il avait aussi participé à des épopées européennes, notamment une phase de poule de League des Champions en 1999-2000.

Si le premier titre en coupe avait été gagné avec Ole Gunnar Solskjær en tant que joueur, son arrivée en tant qu’entraineur coïncide avec la période de faste pour Molde. Ole prend la tête de l’équipe pour la saison 2010. Entre 2010 et fin 2013, où il est entraineur, le club fait 2 fois champion (2011 & 2012) et une fois vainqueur de la coupe en 2013. Avec Tor Ole Skullerud à la tête de l’équipe lors de la saison 2014, le club remporte son 3ème titre et sa 4ème coupe, faisant son premier doublé coupe-championnat.

Après une saison 2015 moyenne, Solskjær revient. Il ne parviendra pas à refaire champion, mais fera 2 fois vice-champion. Il sera en parallèle l’un des artisans de la qualification du club en 16ème de finale de la Ligue Europa lors de la saison 2015-2016. Depuis son départ pour rejoindre Manchester United fin 2018, le club reste dans le haut du tableau du foot norvégien. En effet, il ne quitte pas les deux premières places et remporte un nouveau titre en 2019.

Ole Gunnar Solskjær avec ses joueurs alors qu’il était entraineur de Molde FK

41. comme le nombre de matchs joués entre mi-juin et fin décembre

L’exploit de Molde ne réside peut-être pas dans ce qu’il va faire ce soir en huitième de finale retour, mais peut-être dans celui d’être arrivé à ce stade de la compétition. En effet, l’Eliteserien a vu son organisation être complètement chamboulée à cause du covid. En conséquence de cela, le nombre de matchs qu’a dû jouer Molde entre mi-juin, date de reprise du championnat norvégien, et fin décembre, fin des phases de poule d’Europa League et du championnat, est extrêmement élevé. Malgré la suppression de la coupe nationale qui ne pouvait plus rentrer dans le calendrier, le club norvégien a joué 41 matchs sur la période, soit environ 6.3 par mois. A titre de comparaison, sur la même période, le TSG Hoffenheim a joué 21 matchs et le FC Granada 37.

En parallèle des 30 matchs de championnat (à 16 équipes), l’équipe a d’abord joué la phase préliminaire de la League des Champions. Ils ont éliminé les 3 premières équipes lors des tours de qualification avant de se faire sortir par le club hongrois Ferencvárosi TC suite à 2 matchs nuls (3-3 et 0-0) grâce à la règle du but à l’extérieur.

A la suite de ce parcours de 5 matchs, ils sont renversés dans la phase de poule d’Europa League. De leurs 6 matchs face à Arsenal, aux autrichiens du Rapid Vienne et aux irlandais du Dundalk FC, ils ne perdront que les deux face aux anglais (4-1 & 0-3).

Mais l’enchainement de matchs les aura peut-être desservis en championnat, où ils finissent malgré tout 2ème, mais à 19 points de la première place récupérée par Bodø/Glimt.

2. comme le nombre de matchs de préparation entre fin décembre et le 16ème de finale face à Hoffenheim

Pour la préparation de ses matchs d’Europa League, Molde FK s’est retrouvé face à deux problématiques. Tout d’abord, à cause de leur climat hivernal, ils se retrouvent en inter-saison, étant dans l’obligation de se préparer uniquement grâce à des matchs amicaux. Un problème qui se pose pour l’ensemble des équipes scandinaves engagées dans les compétitions européennes chaque année. Pour leur reprise, ils étaient d’ailleurs en Espagne, là où le climat clément leur permet de s’entrainer en extérieur.

Tromsø est situé bien plus au Nord, avec un climat moins clément que celui de Molde

Le second problème a été lié à la situation sanitaire globale. La fin de la saison a été en décembre et non en novembre comme c’est le cas d’ordinaire. C’est dû à une reprise plus tardive du championnat. Cela est un avantage par rapport aux autres années avec une pause plus courte. Néanmoins, les décisions du gouvernement norvégien vis-à-vis du sport ont empêché le club de faire autant de matchs amicaux qu’il l’aurait souhaité. Ils en ont donc effectué uniquement deux sur la période : 1 face à une équipe de 2ème division (équivalent National en France) le Brattvåg IL et 1 autre face au SK Brann en Eliteserein.

Cette problématique n’est pas dirigée uniquement contre le football mais contre l’ensemble des événements sportifs norvégiens. Les épreuves de coupe du monde de ski prévues de longue date ont subi les mêmes annulations par exemple. Et les matchs de Molde doivent tous se jouer à l’étranger, les entrées dans le territoire étant filtrées.

Néanmoins, il est compliqué pour une équipe d’affronter des adversaires lancés dans leur 2nde partie de saison. Lorsqu’ils ont affronté Hoffenheim, ceux-ci avaient déjà joué 8 matchs depuis début janvier, pour Grenade 17 (contre 4 pour Molde). La différence de préparation physique est donc évidente.

Eirik Ulland Andersen, lors du match Hoffenheim-Molde (victoire 0-2), le 25/02/2021 (Photo : Reuters)

1. comme le nombre de joueur « nouveau » dans le onze de départ

Lors du match retour face à Hoffenheim, seul un joueur du onze de départ était nouveau dans le club : Bjorn Sigurdarsson, un international islandais arrivé cet hiver. Tous les autres jouent ensemble depuis minimum une saison. Un avantage non négligeable lorsque l’on prend en compte le contexte. Malgré l’absence de matchs de préparation, le départ de plusieurs joueurs importants pour l’équipe comme Leke James ou Henry Wingo et la période d’arrêt importante, l’équipe norvégienne peut compter sur un  collectif bien huilé et se connaissant à la perfection.

C’est certainement, avec le niveau de leur gardien sur cette double-confrontation, ce qui leur a permis de tenir alors qu’ils étaient assiégés par le club allemand lors des seizièmes de finale (25 et 27 tirs sur les matchs).

Pour le match retour face à Grenade, ils devront néanmoins faire sans Martin Ellingsen, sorti suite à un double jaune et suspendu pour le retour. Le milieu de terrain est l’un des titulaires indiscutables du club, avec titularisation lors de 13 des 14 matchs internationaux cette saison, 1185 minutes jouées sur les 1290 disponibles, soit 92% du temps de jeu.  

2. comme le nombre de buts minimum à inscrire sans en encaisser pour passer à l’étape suivante

En perdant le match aller à Grenade 2-0, Molde se voit dans l’obligation de gagner celui retour sur le même score. Une tâche qui pourrait s’avérer ardue. Celle-ci n’est pourtant pas forcément impossible. Face à Hoffenheim, les hommes en bleu et blanc avaient réussi à marquer 2 buts sur leurs trois tirs du match, scellant le destin du club allemand qui lui n’avait pas réussi à marquer sur ses 27 occasions. Cela avait été permis grâce notamment à l’organisation défensive en équipe des norvégiens. Face à Grenade, le jeu était plus équilibré, les occasions ont été nombreuses des deux côtés mais les norvégiens n’ont pas réussi à concrétiser.

Si Molde FK réussit à se qualifier ce soir, ils auront défié tous les éléments pour faire leur meilleur résultat en compétition européenne, mais également l’un des plus beaux de l’histoire du pays depuis le quart de finale de League des Champions de Rosenborg en 1997. Avec les éléments et le contexte contre eux, ils sont à deux buts de l’exploit. Mission impossible ou non, l’expérience face à Hoffenheim prouve que tout, ou presque, peut être attendu de la part de ce club à la saison atypique.

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