Ce n’est certainement pas le joueur le plus flashy de la Ligue, mais l’ailier des Grizzlies est un apport de poids dans une franchise NBA. Tant par son jeu que par son état d’esprit, il est un rôle player parfait pour une équipe comme Memphis qui vise les Playoffs.
La légende dit que Kyle Anderson arrive à prendre ses adversaires de lenteur. Aucun reproche ou rien de méchant ici, « SlowMo » pratique simplement un jeu qui colle parfaitement à son surnom. Son body-language traduirait presque des mouvements de papy, sans fantaisie, sans envie et sans hustle… Eh bien c’est tout le contraire. Anderson est un joueur qui brille par sa capacité à se dépêtrer de toutes les situations, et de faire avancer son équipe (ou reculer celle adverse). D’ailleurs, son côté lent et désinvolte est très trompeur pour l’adversaire qui, déboussolé, ne sait plus quoi faire.
« C’est un super surnom, je l’aime bien. C’est pour rire, mais j’imagine que ça vient de ma manière méthodologique de jouer », s’amuse à dire Anderson. Il faut dire que déjà très tôt dans sa carrière, à l’Université de UCLA, le natif de New-York se faisait remarquer. De bonnes performances et de bons résultats, et une étiquette de chouchou des fans grâce à son style de jeu particulier. « Je ne pense pas être vraiment lent, donc je ne prends pas mal ce surnom. Tout le monde l’adore, alors moi aussi. »
Facilité de management et polyvalence
Si Anderson est apprécié par les fans, il l’est aussi par les coachs. La raison est toute logique : chaque entraîneur de basket voudrait d’un Kyle Anderson dans son équipe. D’abord, il est un joueur très intelligent, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Il comprend quel est son rôle dans l’équipe, et quelles doivent être ses missions afin de faire gagner sa franchise. Humble, sobre, souriant, il facilité la vie d’un groupe, sachant se sacrifier pour laisser la place à ses coéquipiers.
Et sur le terrain… Rendez vous compte, Anderson mesure 2m06, pèse 104kg, mais est capable de couvrir tous les postes sur le terrain. Walt Perrin, alors dans le front office du Jazz, décryptait déjà le phénomène : « C’est un joueur unique. Il tient la balle comme un meneur de jeu, il passe la balle comme un meneur de jeu… Et il est long et puissant comme un ailier fort. » Cette polyvalence dans son jeu, Kyle la connaît. Il ne sait d’ailleurs pas vraiment dans quelle position il est le plus à l’aise. « Je ne pense pas avoir un positionnement fixe. Je peux jouer à plusieurs postes et c’est à mon avantage. »
« What can’t he do ? »
Pour parler d’un avantage, c’est est bien un pour les Grizzlies, qui ont récupéré Anderson en 2018, alors qui était free-agent restreint avec les Spurs. Memphis a fait une offre, San Antonio ne s’est pas aligné et le couteau-suisse file dans le Tennessee. Pourtant, dans le Texas, SlowMo avait déjà monté une partie de ses capacités. Offensivement d’abord, c’est un joueur de grande taille et aux bras longs, capable de manier et passer la balle comme bon lui semble. Un très bon gestionnaire. Souvent un peu lent c’est vrai, les dribbles ne sont pas sa spécialité. Mais qu’importe, il compense par son intelligence de jeu et comme dit plus haut, sa fausse nonchalance est très trompeuse pour l’adversaire. Il excelle dans l’art de « l’hésitation » ballon en main.
Parfois, il peut même être flashy et déborder de créativité pour faire une passe ou finir une action. L’eurostep en x0,25 est d’ailleurs sa grande spécialité. Sans être un grand shooteur, Anderson sait mettre ses tirs et progresse continuellement sur son tir extérieur. Il gagne en régularité et est de plus en plus précis. Enfin, forcément, avec sa taille, il est capable de post-up en cas de mis-match. Un vrai poison on vous dit.
Et encore, nous ne parlons ici que de la palette offensive du bonhomme. Défensivement, le 30e pick de la draft 2014 est aussi capable de suivre un Kyrie Irving à pleine vitesse pour contrer son lay-up, que de voler la balle directement dans ses mains. L’interception est un de ses grands faits d’armes. Un poil soft, il ne peut en revanche pas toujours résister à la puissance d’un vrai big man.
Les chiffres parlent pour lui
Son style de jeu complet se ressent forcément sur les feuilles de match. Kyle Anderson, cette saison, c’est déjà 35 matchs joués, tous en tant que titulaires. Personne ne fait mieux dans l’effectif des Grizzlies. Cela peut paraître anodin, mais ses 12,9 points, 5,9 rebonds et 3,3 passes traduisent une progression spectaculaire dans son apport statistique. Il marque 7,1 points de plus que la saison passée et a donc plus que doublé sa moyenne.
Cette ligne de stats est complétée par 1,1 interceptions, 0,6 contre et une efficacité de 48% au tir, dont 38% derrière l’arc. Plus en détail, à 27 ans, Anderson vis sa meilleure saison NBA. Que ce soit chez les Spurs ou les Grizzlies, jamais il n’avait autant apporté. En pleine confiance, il tente maintenant presque quatre tirs à 3pts par match. Ce qui est énorme par rapport à son rendement habituel. « Je joue au basket depuis que j’ai 3 ans, évidemment que je peux mettre des trois points », lâchait l’intéressé.
En 2020-21, SlowMo marque 33,2% de ses points derrière l’arc, contre 18,5% l’année précédents, et 7,8% en 2018-19. La plupart de ces tirs sont pris du corner droit, là où l’ailier est le plus à l’aise. Une grosse progression sur le shoot donc, dû à un travail effréné. Il a même changé sa façon de shooter pour être plus constant. « Ça m’énervait vraiment, donc j’ai changé mon jeu pour aller plus vers le panier ».
Objectif Playoffs avec Memphis
Dans sa façon d’être, dans son jeu et l’évolution de celui-ci, on pourrait reconnaître en Kyle Anderson un véritable Spur. Mais il faut constater que le fit entre SlowMo et les Grizzlies est certainement plus entraînant que celui avec les Texans qui l’ont pourtant drafté. Intégré en 2018 dans une équipe qui compte encore Mike Conley ou autre Marc Gasol, Anderson a vu le grand remue-ménage chez les Grizz.
L’arrivée de Taylor Jenkins a tout de suite été une bonne chose pour Anderson. Le coach de Memphis sait comment utiliser son ailier et l’appétence de Jenkins pour le tir extérieur a aidé Slow Mo a travailler cet aspect de son jeu. Accompagné de jeunes talents comme Jaren Jackson Jr (drafté en 2018) et Ja Morant (drafté en 2019) et de gars comme Dillon Brooks et Jonas Valanciunas, Anderson trouve son équilibre et est un parfait liant entre tous ces gars. Sa vision du jeu notamment est très intéressante pour trouver Valanciunas ou JJJ à l’intérieur. Il profite des espaces créés par Morant et Brooks pour se placer idéalement et créer du spacing grâce à sa nouvelle force, le tir.
Kyle fait donc partie de ces gars qui font de Memphis un prétendant sérieux aux Playoffs. Dans cette équipe très jeune, il est à 27 ans un joueur d’expérience, qui soit accompagner ses coéquipiers. Battus lors du Play-in l’année dernière, les gars du Tennessee vont tout faire pour accéder directement en Playoffs cette saison. Actuellement 10e, dans une lutte acharnée avec les Warriors, les Mavericks ou encore les Spurs, les Grizz vont devoir sortir les griffes en deuxième partie de saison. Pour l’instant, le bilan est négatif, mais tout peut aller si vite en NBA.