Le 28 mars prochain débutera la nouvelle saison du championnat du monde de Formule 1, sur le circuit international de Sakhir à Bahreïn. Pour mieux vous préparer au retour en piste, le CCS a décidé de publier une série d’articles portant sur les 10 écuries qui composent la grille cette saison. Aujourd’hui, nous continuons notre tour d’horizon avec l’écurie dont la marque fête son retour dans le paddock après 60 ans d’absence : Aston Martin Cognizant F1 Team.
Une nouvelle grande marque automobile en Formule 1 ? Un vrai plaisir assurément. Ferrari, Mercedes, Renault, Alfa Romeo, McLaren et maintenant Aston Martin. McLaren est un cas à part, mais est, depuis 1989, un constructeur automobile. Toujours basée à Silverstone – depuis l’ère Spyker -, la marque britannique fait donc son retour en Formule 1. Lawrence Stroll, qui a racheté les parts majoritaires en 2020, a de grandes ambitions : faire de nouveau rayonner Aston Martin mondialement. Mais en s’investissant ainsi en F1, a-t-il conscience qu’il aura un héritage à porter ? Peut-être même à faire perdurer ?

Alors oui, l’histoire d’Aston Martin en Formule 1 est minime. Deux petites saisons en 1959 et 1960, puis plus rien. Aucuns points inscrits en cinq courses et le constructeur britannique décida de s’en aller, car les objectifs étaient ailleurs, en endurance plus précisément. Dès 1931, Aston Martin s’engage en endurance et participe aux 24 Heures du Mans. Après de nombreux podiums, l’écurie remporte l’épreuve mythique en 1959 grâce à Carroll Shelby et Roy Salvadori. Ce sera le seul succès jusqu’au retour en 2005. En 2007 et 2008, deux nouveaux succès en GT1 (catégorie “Grand Tourisme”) viennent s’ajouter à l’armoire à trophée. En 2014, Aston Martin Racing remporte la catégorie LMGTE Am (catégorie anciennement appelée “GT2”) puis en 2017, 2020, l’écurie récidive en LMGTE Pro.
In fine, il faut comprendre qu’Aston Martin est un grand nom du sport automobile et que le défi F1 s’annonce immense pour Lawrence Stroll et Otmar Szafnauer. Néanmoins, il ne faut évidemment pas voir cet héritage comme un fardeau, mais plutôt comme une continuité sportive, car les plans du manufacturier britannique sont très ambitieux et surtout réalisables. En tout cas, c’est un plaisir de revoir ce nom en Formule 1 et on se met à rêver quant à d’éventuels retours d’autres grandes marques automobiles comme Porsche par exemple.
Une saison 2020 en demi-teinte
Deux tendances sont à dégager si l’on doit évoquer la dernière saison de l’écurie britannique sous le nom de Racing Point. Premièrement, un scandale répondant au nom de “Mercedes rose”, deuxièmement, des résultats probants qui ont abouti au plus grand nombre de points au classement constructeur de l’histoire de l’équipe : 195.
Commençons par ce qui est à oublier. N’épiloguons pas, mais tentons de revenir en arrière. Nous sommes en février 2020, aux essais de pré-saison plus exactement, sur le circuit de Catalunya à Barcelone. La Racing Point RP20 se distingue par ses très bonnes performances et provoque l’étonnement au sein du paddock. En effet, la nouvelle monoplace pilotée par Pérez et Stroll ressemble étrangement à la Mercedes W10 championne du monde 2019. La saison commence et des rumeurs selon lesquelles certains teams songeraient à poser une réclamation, émergent. Dans le même temps, Racing Point dément d’éventuelles triches. Pourtant, cela n’empêche pas la FIA de sanctionner l’écurie britannique début août avec un retrait de 15 points au championnat constructeur et une amende de 400 000€. L’histoire ne s’arrête pas là, car la punition est jugée trop clémente par bon nombre d’observateurs et le team Renault demande un nouveau recours à la FIA. Cela n’ira pas plus loin qu’une simple réprimande et l’affaire sera close.

Il semblerait que ces déboires n’aient pas laissé trop de traces chez Racing Point jusqu’à la fin de la saison, puisque lorsqu’on regarde les résultats, cela n’a pas empêché les deux pilotes d’engranger beaucoup de points et surtout de se montrer très réguliers à chaque week-end de course. Sergio Pérez s’est montré davantage que son coéquipier canadien, en décrochant une deuxième place au GP de Turquie puis sa première victoire en carrière sur le circuit de Sakhir lors du Grand Prix de Sakhir. Outre ses deux très belles courses, Checo s’est distingué par sa régularité, rentrant dans les points treize fois sur dix-sept. Quant à Lance Stroll, il faut souligner son bon début de saison où entre la première et la huitième manche – podium et troisième place à Monza – rentra 7 fois dans les points. La suite a été un peu plus difficile avec quatre entrées dans les points sur le reste de la saison. Toutefois, Stroll Jr. s’est offert un autre podium, à Sakhir et permit à son écurie de faire 1 et 3. Finalement, Sergio Pérez termine la saison 2020 à la quatrième place du championnat avec 125 points et obtient le meilleur résultat de sa carrière, tout comme Lance Stroll qui finit à la onzième place avec 75 points.
L’Aston Martin AMR21 : des réactions mitigées
Nous nous attendions à un vert plus “Aston Martin” ou même, nous n’imaginions pas d’autres couleurs. C’est en cela que la nouvelle monoplace aux couleurs de la marque légendaire a déçu. Pourtant, elle a plu également à un grand nombre d’observateurs et de fans – dont l’auteur de cet article. Il fallait bien caler la couleur du sponsor BWT : le rose. Il y en a tout le long de la voiture, ainsi que sur l’aileron avant, décevant pour certains, séduisant pour les autres.

Côté technique, ne nous voilons pas la face, cette voiture ressemble à la Mercedes 2020 et les prochaines semaines risquent d’être pimentées. Espérons qu’il n’y ait pas de scandale d’écopes de freins comme la saison dernière. Cette saison, Aston Martin – tout comme Alpha Tauri et Haas – avaient le droit à deux jetons de développement afin de ne pas se retrouver avec des composants vieux de deux ans. Le staff technique et son manager Andrew Green ont décidé de les utiliser dans le châssis. Pour plus de détails, n’hésitez pas à aller lire cet article très détaillé de f1only.fr.
Un Sebastian Vettel en patron ?
Cette nouvelle line-up, grâce au recrutement du quadruple champion du monde allemand, est très séduisante sur le papier et correspond aux ambitions de Lawrence Stroll. L’alliage entre la jeunesse et l’expérience peut faire la différence et on a hâte d’être à Sakhir. Peut-on s’attendre à une prise du pouvoir de Vettel ? Peut-être. Est-ce le but ? Sûrement. Lui en tout cas est venu pour gagner.
“J’ai beaucoup de choses à apprendre, c’est donc difficile de se fixer un objectif. Mais il est certain que mon but est toujours de gagner des courses. C’est pour cela que je suis ici. Je trouve que cette équipe est très enthousiaste, tout le monde veut bien faire. Nous ne sommes pas les favoris, c’est vrai, mais il s’agit d’une nouvelle aventure et tout le monde est très excité. J’ai hâte de voir comment la voiture se conduit. Elle a une belle allure, elle est chic et élégante.”
Sebastian Vettel, lors de la présentation de l’AMR21 le 4 mars dernier.
Vettel a donc la possibilité et surtout le niveau pour répondre et incarner les ambitions de Lawrence Stroll, c’est-à-dire, grimper dans la hiérarchie. De plus, cette line-up est évidemment intéressante, car elle devrait permettre à Lance Stroll de progresser aux côtés d’un des plus grands pilotes de l’histoire. L’équipe devrait donc se tirer vers le haut et c’est exactement ce qu’il faut pour progresser. De l’extérieur, il semble qu’Aston Martin Cognizant F1 Team soit confiant et que ses pilotes le soient aussi. Au vu des différentes déclarations, les deux pilotes sont excités à l’idée de retrouver la piste avec cette nouvelle voiture et ce nouveau nom. C’est un nouveau grand départ et voir la marque Aston Martin revenir sur la grille est un évènement important pour tous les fans de F1. Stroll et Vettel l’ont compris et vont tout faire pour honorer leurs couleurs.
“La troisième place au championnat constructeurs est un objectif important, qu’on a manqué de très peu l’an dernier, a appuyé Lance Stroll. Moi, je veux progresser après les deux podiums et la pole position de l’an dernier.”
Lance Stroll, lors de la présentation de l’AMR21, le 4 mars dernier.
Aux côtés de Sebastian Vettel, qui devra s’assumer en tant que numéro un, nous avons Lance Stroll qui va débuter sa cinquième saison en Formule 1, la troisième sous les couleurs de son écurie actuelle. Il est temps pour lui de prendre son destin en mains et de montrer une bonne fois pour toutes qu’il n’est pas là seulement grâce à son papa. Il en a les capacités, on l’a aperçu quelques fois l’an dernier. Si lui et son team veulent viser la troisième place, Stroll va devoir se montrer très régulier. Rendez-vous donc le 26 mars.
4e en 2020, 3e en 2021 ?
L’objectif est clair : passer devant McLaren. C’est possible et surtout très ambitieux. Logique lorsqu’on connaît les desseins de Lawrence Stroll. Lui qui n’a jamais perdu, se fixe le but de gagner en F1. Cette saison 2021 semble idoine. Il y a quelque chose à faire durant cette année particulière, celle de la transition. Les compteurs seront remis à zéro la saison prochaine et il est temps de capitaliser sur les progrès faits ces deux dernières années. L’écurie en est capable et surtout, elle semble s’en être donnée les moyens.
“On ne veut pas faire de surplace, quatrième (le classement 2020), c’est bien mais on veut avancer. Si on peut reprendre les choses où on les avait laissées, en étant constant, on aura l’opportunité de réussir.”
Otmar Szafnauer, lors de la présentation de l’AMR21, le 4 mars dernier.
Les essais de pré-saison ont aider l’écurie en ce sens. C’est-à-dire se préparer au mieux pour le début du championnat et la confiance règne chez Aston Martin.
“Lance a pu mener notre programme comme prévu ce matin, en récoltant des données utiles sur les longs runs, les simulations de course et des relais plus courts également. Cela nous laisse bien placés pour la course à venir plus tard ce mois-ci.“
Otmar Szafnauer, après les tests de pré-saison sur le circuit de Sakhir, lieu du premier affrontement en ouverture du champonnat du monde.
Concrètement, la troisième place au constructeur semble réalisable pour Aston Martin. En 2020, sept petits points les ont séparé de McLaren, tout en sachant leur pénalité. L’espoir est donc forcément au rendez-vous chez l’écurie résidant à Silverstone. En dessous de Mercedes et RedBull, nous risquons de voir un plateau très serré, tout comme en 2020, pour notre plus grand bonheur. Il faudra donc compter sur Aston Martin Cognizant F1 Team pour mettre à mal les projets de McLaren F1 Team et de la Scuderia Ferrari Mission Winnow.

Nos prédictions :
Il est difficile de savoir ce que Lawrence Stroll nous a réservé pour 2021, mais tout porte à croire qu’ils puissent surfer sur leur dynamique et on ne devrait pas les voir dégringoler au classement constructeur. Néanmoins, les avis divergent au sein de notre rédaction et cela doit être le cas de nombreux observateurs.
Guillaume : 3e
Jimmy : 5e
Paul : 5e
Pierre : 4e
Eliott : 3e
Nouveau nom, nouvelles ambitions ? Oui, la continuité est surtout de mise. L’idée est de continuer de progresser. Lawrence Stroll l’a dit, le Graal doit être atteint d’ici cinq ans. En attendant, tout le monde se contentera de la troisième place constructeur en décembre prochain.