Le frenchie d’OKC se prend de plus en plus confiance et se révèle lors de son année rookie. Un constat loin d’être surprenant pour ceux qui le connaissent, malgré les accrocs passés.
Tout le monde est bien d’accord pour le dire, Théo Maledon a largement sa place en NBA. Le Français de 19 ans seulement s’impose désormais comme un titulaire dans l’Oklahoma et se révèle comme étant un steal de draft. Pourtant annoncé haut à la découverte de cette cuvée 2020, sa côté a baissé et il n’a été choisi que lors du second tour, en 34e position, par Sam Presti et les siens.
Et le GM ne l’a pas regretté. Son rookie montre de plus en plus d’aptitudes et surtout affiche déjà une aisance et un calme monstre dans la grande ligue. Certains le comparent même déjà à Chris Paul ! Certes, il y a encore beaucoup de chemin pour suivre les traces d’un des meilleurs meneurs de l’histoire NBA, mais Maledon a tout pour devenir un grand.
Gestion et fondamentaux, recette gagnante
Son jeu très complet fait de lui un coéquipier parfait, capable de tout faire sur le parquet. Intelligent et possesseur d’un QI basket au-dessus de la moyenne, il analyse les situations pour que son équipe en tire le meilleur. Créateur, il sait parfaitement se placer et dans quel sens le jeu doit aller. Sa qualité de passe fait le reste lorsqu’il s’agit de distribuer à ses coéquipiers. Shooteur très fiable, il sanctionne aussi quand il trouve de l’espace, que ce soit en mid-range après pénétration ou derrière l’arc après s’être démarqué. Un gars avec du QI et sûr de ses fondamentaux. Un très bon gestionnaire en somme.
En défense, même s’il doit encore largement travailler, il utilise son 1m93 et surtout ses plus de 2m d’envergure pour poser des soucis aux attaquants adverses. Malgré ses qualités athlétiques encore trop frêles, au niveau de la détente et de la masse musculaire notamment (79kg), ses longs bras gênent considérablement. S’il n’est pas un contreur, son match à six interceptions face aux Rockets début février peut témoigner de l’impact qu’il peut avoir de l’autre côté du terrain.
Des stats, parlons-en justement. Maledon tourne cette saison à 9,4 points, 3,5 rebonds et 3,3 passes en 44 matchs joués. Si la victoire n’est pas la priorité d’OKC cette saison, ces stats restent intéressantes pour le Français. D’ailleurs, c’est aussi parce que la franchise de l’Oklahoma est en reconstruction qu’il a de plus en plus sa chance. Bien qu’il commence sur le banc les premiers matchs, le meneur start son premier match dans le 5 majeur contre Portland, lors de la 16e rencontre de la saison, le 25 janvier. À seulement 19 ans, comme un certain Tony Parker, l’ancien de l’ASVEL, débute un match NBA. Depuis ? Il est titulaire sur la quasi-totalité des matchs qu’il a pu jouer avec le Thunder (seule une rencontre débutée sur le banc).
Quatre jours seulement après sa première titularisation, il plante 24 points sur la tête des Nets. Mais sont plus gros coup d’éclat intervient en avril, lorsqu’il sort un match à 33 pts face à Phoenix. Dans un blow-out subit par sa franchise, il est quasiment le seul joueur des siens à rentrer ses shoots. Il termine la partie à 10/18 au tir (56%) et surtout 8/10 à trois points (80%).
Une côte en chute libre avant la draft
Ces performances, et le fait que Mark Daigneault lui fasse confiance, n’ont rien de surprenantes quand on connaît les qualités du garçon. Pourtant, il lui a fallu un concours de circonstances pour qu’il puisse montrer son talent en NBA. Annoncé haut à la draft, il n’a donc été choisi qu’au second tour. Les raisons ? Sa dernière saison avec l’ASVEL sûrement, où plusieurs choses ont joué contre lui. D’abord, le fait qu’il ne soit pas un meneur scoreur, ce qui est le profil le plus recherché en NBA. N’ayant pas le profil d’un meneur star, sa projection a vite baissé.
Tony Parker, président de l’ASVEL, là où évoluait Maldedon, a aussi trouvé une autre raison. Son temps de jeu trop faible pour se faire voir outre-Atlantique. TP avait lui-même, à l’époque, critiqué de vive-voix le choix de son entraîneur Zvezdan Mitrović de ne pas faire plus jouer Maledon, annoncé comme un des ambassadeurs d’une génération dorée.
“Mitrovic a clairement tué Théo Maledon. Théo et sa famille lui en veulent. Il l’a mis sous l’éteignoir pendant énormément de matches où des GM de NBA étaient là et partaient avant la fin après être venus du bout du monde pour voir Théo. À cette époque, la cote de Théo est dans le top 10, et ce n’est pas normal qu’un joueur comme ça ne soit pas drafté au premier tour.”
Tony Parker, président de l’ASVEL
OKC en sauveur
Il n’empêche que Maledon, sélectionné finalement en 34e position par le Thunder, a trouvé du bonheur dans son malheur. Il est peut-être tombé dans une des franchises qui lui correspond le plus et qui est le plus à même de lui donner un temps de jeu adéquat. Killian Hayes, drafté en 7e position, est lui aussi titulaire mais a par exemple plus de mal du côté de Detroit. C’est aussi lié au fait que comme dit précédemment, le Thunder est en pleine reconstruction et donne sa chance aux jeunes.
De nombreux joueurs sont testés et le starting-five bouge sans cesse. Parmi les eux, seuls Shai Gilgeous-Alexander, Luguentz Dort et Al Horford semblent indiscutables. Et comme on fait beaucoup tourner du côté de Daigneault, on se retrouve parfois avec un 5 majeur… déroutant. Mark Daigneault de son côté, se satisfait de l’apport de Maledon : « Il progresse avec régularité depuis le début de la saison et c’est très intéressant parce qu’il était très en avance pour un joueur de 19 ans qui arrive en NBA. Ce qui est encourageant avec lui récemment c’est l’agressivité avec laquelle il joue et à quel point il attaque, appuie sur la pédale d’accélérateur. Et c’est quelque chose sur lequel nous essayions vraiment de l’aider en début de saison pour en faire un peu plus, malgré les petites erreurs que cela peut générer. »

La franchise d’Oklahoma n’a, en plus, pas pour projet d’arrêter de donner sa chance aux jeunes. Sur les sept prochaines années Sam Presti et les siens possèdent le nombre astronomique de 34 picks. Si tous ne seront probablement pas utilisés pour un choix à proprement parler (trade ou autre), beaucoup permettront à OKC d’accueillir une jeune garde pour un roster on ne peut plus jeune. C’est donc aussi pour cela qu’une certaine pression reste sur Maledon.
Pour le Français, il s’agit de performer maintenant que le temps d’adaptation est passé et que la confiance du coach est présente. Gagner sa place maintenant pour que la franchise bâtisse son plan autour de joueurs comme lui, à côté de Shai et de Dort. Après plusieurs mois dans l’incertitude, son objectif est désormais clair : tout est entre ses mains pour faire partie du plan du Thunder, qui en est encore à ses prémices. « Théo est un élément très important de ce que nous faisons à l’heure actuelle et nous sommes très optimistes à son sujet », conclut Daigneault.