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Preview Whittaker vs Gastelum : finally

Le destin sait se montrer facétieux et, patiemment, attendre son heure. Témoin en est le main event de la Fight Night de ce week-end qui oppose Robert Whittaker à Kelvin Gastelum. Confrontation dont on se souvient qu’elle aurait du avoir lieu il y a un peu plus de deux ans, lors de l’UFC 234. Mais tombée à l’eau au dernier moment, en raison d’une soudaine hernie abdominale contractée par le champion – qui avait du se faire opérer en urgence à défaut de pouvoir performer dans la cage.

Annulation d’autant plus chagrine que le combat était, non seulement, un title-shot. Mais qu’il constituait aussi (et surtout) peut-être le must de ce que la catégorie des Moyens avait, alors, à offrir. Une excitante opposition entre un champion incontesté (qui sortait de deux guerres victorieuses contre Yoel Romero) et un challenger affamé, dont le style et les compétences techniques pouvaient, de l’avis de tous, poser des problèmes à son adversaire. Un affrontement dont on pensa, de reports en nouveaux matchups, qu’il n’aurait jamais lieu – surtout vu la vitesse à laquelle avance la catégorie. Mais qu’un inattendu tour de passe-passe permet, finalement, d’enfin proposer. En cause : la tenace grippe chopée par Paulo Costa (que Whittaker devait rencontrer ce 17 avril) l’empêchant de normalement s’entraîner, jusqu’à le forcer à renoncer. Malencontreuse tuile résolue grâce à l’opportune arrivée d’un Gastelum tout content de prendre le short-notice. Y voyant l’occasion d’enfin solder les comptes et apporter réponses à quelques questions depuis longtemps en attente de résolutions. En même temps qu’il bénéficie d’un inattendu (et inespéré) coup de pouce, tant les trajectoires des deux combattants ont épousé courbes pour le moins opposées depuis leur rendez-vous manqué de février 2019.

En effet, la suivante apparition de l’américain, lors de l’UFC 236, offrit sans doute au monde sa meilleure version. On parle de cette épique bataille face à Israel Adesanya (titre intérim en jeu) : cinq reprises d’une féroce bataille qui vit le nigérian frôler l’abysse comme jamais et Gastelum livrer ce qui reste, sans doute, la meilleure performance de sa carrière. Puisqu’ensuite et alors qu’on attendait de lui qu’il confirme ce qu’il avait montré ce soir-là contre le futur champion, il enchaîna avec une morne prestation contre Darren Till puis une défaite-éclair face à Jack Hermansson. Ne renouant avec la victoire que contre le modeste Ian Heinisch – et encore, sans particulièrement briller. Comme si sa prestation quatre étoiles contre le Stylebender avait, en un même élan, constitué le climax de son parcours à l’UFC en même temps qu’elle lui avait fait toucher son plafond de verre. L’américain se voyant dans l’incapacité d’à nouveau atteindre le niveau entrevu, comme s’il avait tout donné et ne manifestait plus l’envie ni n’avait les moyens de déployer une partie de son énergie à jamais dissipée.

Du côté de Whittaker, c’est un peu le contraire. Il a ensuite, certes, perdu sa ceinture, proprement exécuté par un Adesanya des grands soirs. Avant de prendre le large, de son propre aveu lassé par le cirque constant de l’UFC. Une période qu’il évoque aujourd’hui comme celle de la “grosse fatigue” : qui l’avait laissé vidé, exsangue, exténué après trop de durs combats, corps meurtri et motivation en berne. Ce qui, sans l’excuser, peut (au moins en partie) expliquer sa morne prestation contre Izzy : combat au cours duquel on ne l’avait pas reconnu, ne proposant rien, comme s’il était éteint et sans feu intérieur.

Or, Rob semble, depuis, s’être refait la cerise. Revenant, après un break salvateur, remonté à bloc, animé d’une motivation retrouvée, à nouveau sur de bons rails. Joignant le geste aux intentions affichées, on l’a vu l’emporter sur deux des épouvantails de sa division. Soit Darren Till (au terme d’un combat sérieux et appliqué) puis Jared Cannonier, terreur logiquement dominée. Et alors qu’il aurait légitimement pu prétendre à une revanche contre Adesanya, ce fut rien moins que le brésilien Borrachinha qu’on lui refourgua dans les pattes. Puisque faut-il croire qu’en dépit d’un talent, d’un parcours, d’un palmarès et d’une légitimité n’étant plus à prouver, la discrétion et le caeactère effacé de Whittaker l’empêchent à tout jamais d’obtenir les passe-droits dont bénéficient certains (étant conscient que l’UFC préfèrerait largement possesseurs de la ceinture un Adesanya, un Costa ou un Till. Tous affichant flamboyante personnalité, ô combien, plus vendeuse sur le plan médiatique).

On a, du coup, le sentiment que la confrontation arrive un peu trop tard. Tant on voit mal comment, au vu de leurs dernières prestations respectives, Gastelum serait en mesure d’inquiéter The Reaper. Ce dernier semblant revenu proche de son meilleur niveau. Confiant, fort, motivé. Il est meilleur striker, affiche fight IQ plus développé et son mental d’airain retrouvé n’a, jusqu’à présent, jamais été pris en défaut. Soit presque l’inverse d’un Gastelum, qui ressemble de plus en plus à l’exemple-type du talent n’ayant jamais totalement confirmé les espoirs placés en lui. Lui qui offre immense potentiel, surprenante vitesse de bras pour son gabarit (particulièrement redoutable lors des coups rapprochés) et technique hors-pair, surtout lorsque les hostilités vont au sol. Mais pèche aussi par manque d’envie, à l’image de ses pesées régulièrement foirées. Lesquelles prouvent, par défaut, que motivation et discipline ne constituent en rien ses premières priorités – Kelvin n’ayant, par ailleurs, jamais fait mystère de largement préférer festoyer en bonne compagnie plutôt que suer au sein d’un gymnase. Chacun ses priorités, en somme, même si elles ne sont guères compatibles avec le plus haut niveau.

Il est, ainsi, permis de penser que le combat s’annonce moins décisif quant à son déroulé (imaginant Whittaker largement s’imposer aux points) qu’en ce que son vainqueur pourrait être désigné en tant que prochain prétendant au title-shot. Histoire, si besoin était, d’un peu plus motiver un Bobby Knuckles en pleine reconquête de son bien. Un affrontement dont on parie qu’il sera tout particulièrement suivi par l’actuel détenteur du titre des 185 lbs

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