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Yari Verschaeren, attraper le train de l’Euro

Titulaire et auteur de deux buts et une passe décisive lors des trois derniers matchs d’Anderlecht, Yari Verschaeren semble amorcer son retour sur le devant de la scène après des mois de galère. Une bonne nouvelle pour son club dans la course aux playoffs, mais aussi pour la Belgique à quelques mois de l’Euro.

Son nom ne vous dit peut-être pas grand chose mais il est considéré comme un des plus grands espoirs Belges. Du haut de son mètre 72, le natif de Saint Nicolas nourrit des ambitions très élevées. Embêté par un physique fragile, le meilleur espoir de l’année 2019 en Jupiler Pro League a manqué de nombreux mois de compétition. La pépite belge de 19 ans possède malgré tout des atouts pour s’imposer au haut niveau.

Un talent déjà reconnu

Yari Verschaeren fait partie de ces jeunes joueurs pressés d’atteindre les sommets. Produit de la formation d’Anderlecht, son club lui offre son premier contrat professionnel en 2017. Il fait ses débuts avec l’équipe première en novembre 2018 à seulement 17 ans face à Saint Trond. Titularisé au milieu de terrain, il ne peut pas empêcher la défaite de son équipe 4 buts à 2. Pourtant, ce revers n’a pas empêché le numéro 51 de se faire une place dans l’effectif d’Anderlecht.

Lors de sa première saison dans l’élite, il joue 21 matchs pour un total de 2 buts et 4 passes décisives. Cet exercice abouti le conduit à être élu meilleur espoir de la saison. Il rejoint ainsi des noms comme Alex Witsel, Youri Tielemans, Leon Bailey ou encore Vincent Kompany, son actuel entraîneur. De plus, il s’illustre lors de l’Euro espoir, en venant illuminer le triste parcours des Belges avec un superbe but face à l’Italie (défaite 3-1).C’est donc tout naturellement que le monde du football s’emballe pour ce prodige de 17 ans. 

Lors de la saison 2019-2020, il joue à nouveau 21 matchs et inscrit 2 buts et 1 passe décisive. Cependant, il voit sa progression freinée par une blessure qui l’éloigne des terrains pendant deux mois. Malgré tout, cette saison reste celle de sa première sélection avec l’équipe A de Belgique. Roberto Martinez lui offre sa chance lors d’une victoire 4-0 face à l’Écosse en novembre 2019, où il remplace Tielemans à quelques minutes du terme. Lors du rassemblement suivant, il participe à la large victoire des Diables Rouges sur Saint-Marin (9-0) en inscrivant son premier but et sa première passe décisive. Malgré cette parenthèse dorée, le jeune belge ne peut pas empêcher Anderlecht de finir à une triste 8e place.

La saison 2020-2021 est celle du coup de frein. Avec l’arrivée de Vincent Kompany au poste d’entraîneur et un effectif très jeune (22 ans de moyenne d’âge), Yari Verschaeren connaît un début de saison mitigé tout comme son équipe. Il alterne titularisations et débuts sur le banc, mais parvient tout de même à inscrire deux buts et deux passes décisives sur cette entame de championnat.

Alors que son équipe commence à caler en championnat, il se blesse assez gravement à la malléole et manque 15 matchs entre décembre et février. Pendant son absence, Anderlecht s’est repris et occupe désormais la quatrième place synonyme de qualification en playoff. Il signe tout de même un retour remarqué face à Waregem (victoire 4-1) où il joue 70 minutes et inscrit son premier depuis de longs mois. Le weekend suivant il récidive en marquant le quatrième but de son équipe face au Royal Antwerp d’une frappe du gauche pleine de sang froid.

“Un mix entre Hazard et Mertens”

Ce sont les mots de Roberto Martinez pour qualifier le numéro 51 de RSC Anderlecht. Si le sélectionneur de la Belgique ne tarit pas d’éloges sur son joueur c’est parce qu’il a su déceler ce petit quelque chose en plus chez lui. “C’est un peu un mix entre Hazard et Mertens. Eden va recevoir le ballon, se retourner, s’arrêter et dribbler. Dries est plutôt concentré sur la recherche de l’espace et se retourne vraiment bien. Yari est un peu entre les deux. Il se retrouve dans des situations similaires à Eden, mais exploite les espaces avec la connaissance de Dries.”

Quand on observe le meneur de jeu, il est difficile de lui donner tort. Petit, mobile et dynamique, Verschaeren est un poison entre les lignes. Si son poste de prédilection est numéro 10, il se retrouve souvent aligné au poste d’ailier droit. Un positionnement qui ne lui convient pas forcément, puisqu’il a tendance à revenir dans l’axe proche de ses attaquants.

Le joueur vient chercher le ballon entre les lignes
Contrôle orienté pour se mettre face au jeu et servir tout de suite Nmecha dans la profondeur

Le profil de Verschaeren se rapproche un peu de celui d’un 10 à l’ancienne qui a besoin d’évoluer au cœur du jeu pour gagner en influence sur le jeu de son équipe. Dotée d’une technique soyeuse avec une appétence particulière pour les extérieurs du pied, beaucoup d’équipes auraient besoin d’un tel joueur pour fluidifier le jeu et ajouter du liant entre milieu et attaque. Preuve de sa dangerosité dans les 30 derniers mètres, le jeune belge délivre en moyenne 1,5 passe clé par match. A titre de comparaison, Jonathan Bamba, meilleur passeur de Ligue 1, en délivre 1,7 par match.

Même cas de figure, Verschaeren identifie l’espace libre et demande le ballon au coeur du jeu
Prise de balle immédiate vers l’avant et il profite de l’appel de Nmecha pour servir El Hadj qui s’en ira inscrire le but du 3-0.

Il ne semble d’ailleurs pas anodin de le voir s’épanouir sur le terrain pour son retour, puisque Vincent Kompany, au fil des mois, a instauré un jeu de position qui sied parfaitement au numéro 51. Car malgré sa mobilité dans les petits espaces, Verschaeren n’est pas non plus un monstre de vitesse, une équipe qui mise donc sur la possession semble être plus propice au développement de l’espoir belge.

Même si le droitier est un vrai diamant, il reste encore à polir. Le plus important pour le moment sera de retrouver confiance en son jeu en enchaînant les rencontres. Sur ses trois matchs de reprise, on a pu sentir que le mauve et blanc jouait encore avec le frein à main. Pourtant capable de très belles choses, le prodige belge semble encore un peu tendre lorsque l’intensité monte. Son gabarit ne l’avantageant pas dans les duels, le numéro 51 a travaillé dur pour prendre en épaisseur et gagner en solidité sur ses appuis. Le meneur de jeu devra également gagner en explosivité afin de pouvoir aussi déstabiliser les défenses par le dribble. Cette saison il a tenté moins d’un dribble par match en moyenne. Associer une capacité d’élimination en 1v1 à sa qualité de passe ferait de lui une arme redoutable.

Une prolongation qui tarde à arriver

Si beaucoup s’accordent à dire que Verschaeren est un grand espoir d’Anderlecht et du football belge, sa situation contractuelle n’est pas évidente à gérer pour le joueur tout comme pour le club. Avec encore un an de contrat, le milieu offensif n’est pas pressé de prolonger avec le club de la région de Bruxelles. Refroidi par le peu de temps de jeu qui lui a été accordé en début de saison, Verschaeren attendrait un signe de Vincent Kompany. Lui qu’on annonçait proche d’une prolongation en décembre dernier, a vu sa blessure à la malléole considérablement ralentir les négociations, si bien que le spectre d’un départ libre en 2022 hante les dirigeants anderlechtois. Avec une valeur évaluée autour de 11 millions d’euros, la perte du Diable Rouge serait un gâchis énorme pour le club.

Le joueur de son côté a toujours dit vouloir gagner avec Anderlecht avant de mettre les voiles. “Si je quitte Anderlecht un jour, je veux que ça soit par la grande porte, avec un trophée. Et si ça prend trois ou quatre ans? Espérons que ça ne prenne pas autant de temps”, déclarait-il en décembre dernier. Quoi qu’il en soit, s’il venait à choisir de partir, nos clubs de Ligue 1 seraient bien inspirés de se pencher sur cet énorme talent.

Euro en ligne de mire

L’Euro 2021 est également dans un coin de la tête du jeune international. Régulièrement appelé par Roberto Martinez, qui est un grand fan du joueur, Yari Verschaeren a une carte à jouer pour accrocher le train de l’Euro. S’il venait à continuer sur sa lancée et à porter son équipe en playoff du championnat belge, nul doute que son nom reviendra avec insistance pour intégrer la liste du sélectionneur. De plus, il pourrait profiter de la saison mitigée de joueurs comme Januzaj ou Doku et de la probable absence d’Eden Hazard.

Il est sûr que cela fait beaucoup de conditions à remplir pour participer à l’Euro, mais sa présence n’est certainement pas à exclure. Puisqu’il est possible que l’UEFA autorise exceptionnellement les pays à sélectionner 28 joueurs au lieu de 23. Pour l’instant, Yari Verschaeren ne se met pas de pression sur sa place en sélection, où il n’a d’ailleurs pas joué lors du dernier rassemblement “Si je voulais faire mes preuves, en fonction du championnat d’Europe? Je ne pense pas, non. Le fait que je n’ai pas joué pour les Diables Rouges n’est pas une déception. On y apprend beaucoup de choses.”

Quoi qu’il en soit, la belle série du RSC Anderlecht avec la récente victoire au forceps sur le Club de Brugge, leader du championnat, devrait peser dans la décision de Roberto Martinez au moment de coucher sa liste pour l’Euro.

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