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Draft NFL 2021 : Trevor Lawrence, le rayon de soleil

La draft, cet événement annuel qui permet aux franchises du sport américain de se renouveler. La NFL ne déroge pas à la règle. Le 29 avril prochain, une nouvelle classe de joueurs sortant de l’université sera repêchée et entrera dans la grande ligue. Entre, choix judicieux, coups du sort, déceptions, le tout saupoudré d’un soupçon de chance, cette année sera encore une fois l’apogée de l’intersaison. Le CCS se mobilise pour vous préparer au mieux à la prochaine draft avec la présentation de profils détaillés des plus gros espoirs, mais aussi des bons coups que l’on pourrait trouver plus tard dans l’événement. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire les futures stars de la NFL.

Trevor Lawrence

Bilan :

Statistiques 2020 : 10 matches, 69,2% passes complétées, 3 153 yards, 9,4 yards par tentative, 24 touchdowns, 5 interceptions, 203 yards et 8 touchdowns à la course

Lorsque Trevor Lawrence s’est engagé à jouer pour Clemson au détriment de Georgia, Dabo Swinney imaginait certainement pouvoir gagner un titre national avec lui. Que cela arrive dès sa première saison relevait plutôt d’une douce utopie. Lawrence est arrivé en Caroline du Sud comme un boulet de canon en 2018, reléguant Kelly Bryant sur le banc après quatre petits matches et guidant les Tigers vers leur troisième championnat universitaire. Seulement le deuxième quarterback true freshman à réaliser la prouesse. Une saison parfaite avec 15 victoires en autant de rencontres, dont la plus large défaite concédée par Alabama sous l’ère Nick Saban en finale.

Évidemment, il n’était pas seul et a bénéficié d’une pléthore de futurs professionnels, dont la plupart se sont présentés à la draft 2019. Moins bien entouré, Lawrence a pourtant été encore meilleur. 36 touchdowns à la passe, neuf à la course, 65,8% de passes complétées et une saison presque parfaite conclue par un revers contre l’une des plus grandes collections de talents de tous les temps. Des phases finales à oublier, mais certainement pas de quoi rougir. 

Lors de cette dernière saison on ne peut plus particulière, qui n’aurait sûrement pas eu lieu sans une protestation des joueurs menée par Lawrence en personne, il a une nouvelle fois élevé les standards d’excellence et prouvé qu’il était le meilleur quarterback amateur du pays. Des statistiques à couper le souffle, malgré une absence de deux matches due à la Covid, une demi-finale malheureuse, où il n’avait cette fois rien à se reprocher et l’infrangible image d’un passeur au-dessus du lot, maîtrisant son sujet sur le bout des doigts…

Ses forces :

Non, les victoires ne sont toujours pas une statistique pour évaluer un quaterback. Le football est un sport d’équipe où une multitude de paramètres constituent les jalons d’un résultat positif. Il n’empêche qu’aucun autre joueur influe plus sur ces paramètres que le quarterback. Et bordel, celui-là ne fait que gagner. Avant de rejoindre Clemson, Trevor Lawrence a débuté 54 matches au lycée. 52 victoires. Avec les Tigers, il a débuté 36 matches. 34 victoires, plus que n’importe quel autre quarterback dans l’histoire de l’université, Deshaun Watson compris. 

(C’est le moment de l’article où il convient de se mouiller la nuque).

Le bonhomme a joué 90 matches de football ces sept dernières années et en a perdu quatre. Quatre ! 86 victoires, dont une série de 41 consécutives au lycée et 29 à l’université. Il n’a pas connu la défaite entre le 17 novembre 2017 et le 13 janvier 2020. Le plus remarquable est qu’outre la défaite contre LSU, contre qui Clemson n’avait de toute façon aucune chance de l’emporter, les défaites ne lui sont pas directement imputables. Jusqu’ici, Lawrence a toujours donné l’opportunité à son équipe de gagner. 

Quatre championnats régionaux et deux d’État de Géorgie au lycée, trois titres de conférence ACC, trois qualifications en playoffs et un titre national à l’université… S’il y a une potion magique de la victoire, Trevor Lawrence est tombé dedans quand il était petit.

On peut jauger la puissance du bras d’un quaterback de deux manières : sur la longueur de ses passes en profondeur et sur la vélocité de ses lancers courts et intermédiaires. Justin Fields a le plus gros bras de cette classe de passeurs et excelle dans les deux catégories. Zach Wilson, lui, peut lancer la balle à plus de 60 yards sans sourciller, mais ses passes sur plus petites distances sont parfois flottantes. Trevor Lawrence est l’exact inverse. Non pas qu’il soit incapable de lancer des bombes, au contraire…

…Mais c’est sur des passes banales qu’on voit l’étendue de sa puissance. Cela tombe bien, ce sont celles qu’il sera le plus souvent amené à faire. Sa mécanique de lancer est fluide et terriblement rapide, sans aucun mouvement superflu. Alliée à son bras qui semble pouvoir s’étendre à l’infini, il parvient à générer une énergie incroyable dans ses passes. Avec lui, les receveurs n’attrapent pas les ballons, les ballons viennent les chercher. Des cordes raides que même Evan Engram ne pourrait pas dropper. 

À quoi bon lancer la balle fort si elle n’arrive pas à destination ? Il y a ceux qui peuvent viser une porte, ceux qui peuvent viser la poignée et ceux qui peuvent viser la serrure. Trevor Lawrence est un serrurier. Et s’il n’a pas la puissance pure en profondeur de certains, sa précision lui permet de punir tout écart défensif. Quelques centimètres de trop laissés à un receveur et la sanction tombe.

Au-delà de la proposition risquée pour les coordinateurs défensifs d’écraser la poche avec plus de quatre rushers, cela impose une concentration de tous les instants pour les defensive backs. Une pression mentale qui, au fil d’une rencontre, peut conduire à des erreurs. Vous voyez le cercle vicieux ?

Son bras et sa précision font qu’il peut s’autoriser des passes dans des petites fenêtres de tir. En NFL, tout va plus vite et ces qualités ne seront pas en trop, mais Trevor Lawrence se démarque de toute façon par son intelligence. Rares sont les occasions où il tente des passes qui n’ont pas lieu d’être. Une infime partie de ses interceptions sont le résultat de mauvaises décisions. Il possède une vision du terrain avancée, de par sa taille et sa lecture du jeu, et prend extrêmement soin du ballon.  

Sans être l’OVNI qu’est Justin Fields, Trevor Lawrence a une pointe de vitesse bien au-dessus de la moyenne pour un quarterback. Dans l’espace, il peut très bien se charger lui-même de faire bouger les chaînes, et plus si affinités. 

À aucun moment peut-on se douter sur cette action qu’il mesure 1,98m. Ses deux changements de direction soudains témoignent d’une agilité et d’une souplesse étonnante pour un tel gabarit. Sur la read option, il ne se montre pas non plus avare d’aplomb pour mettre plonger la tête au milieu du terrain. Une vertu qui peut par ailleurs être utile sur la goal line ou courtes distances.

Mais sa mobilité ne s’arrête pas là. Il est exceptionnel dans sa poche. Citez tous les maîtres en la matière : Tom Brady, Tony Romo, Drew Brees ou Joe Burrow… Lawrence est de cette trempe-là. Il est en total contrôle, toujours au fait de la position des rushers et capable de les éviter avec un jeu de jambes immaculé. Et puis, ce n’est pas le dernier pour lancer en mouvement.

Tous ces atouts, les uns ajoutés aux autres, se complètent. Confiant dans sa capacité à éviter les défenseurs et à lancer des balles véloces en une fraction de seconde, Trevor Lawrence sait faire preuve de patience. Il ne panique pas à mesure que sa poche se resserre et ne se débarrasse pas du cuir quand sa première option n’est pas disponible. Il ne cherche pas non plus à crapahuter à la vue du danger.

De là où nous sommes, les apparences peuvent être trompeuses – preuve en est le dernier quarterback star à sortir de Clemson -, mais le caractère de Trevor Lawrence semble être impeccable. Pas une vague, ni même une flaque d’eau. Il sera légitime dans un vestiaire professionnel la seconde où il y mettra les pieds. 

Comme mentionné plus tôt, il était la figure de proue du mouvement des joueurs pour reprendre la saison universitaire, malgré la pandémie. Bonne ou mauvaise décision, à chacun son avis, mais sa faculté à fédérer au-delà même de son université est notable. Tous les joueurs souhaitant disputer la saison se sont ralliés derrière Lawrence, sans que son statut de leader ne soit sujet à débat. Il fait l’unanimité.

Ses faiblesses :

Il a fallu bien fouiller pour lui trouver des défauts. Genre vraiment bien.

Le pendant négatif de son calme. Il attend parfois trop longtemps que son option préférentielle se démarque au lieu de continuer sa lecture du jeu. Une attente trop longue qui engendre une pression inutile et donne trop d’indications aux defensive backs. Il a tous les atouts pour s’en sortir, mais peut se compliquer la vie sans que cela soit nécessaire.

Non, je n’ai pas été frappé par Alzheimer pendant la rédaction de cet article. Ses mouvements dans la poches et son jeu de jambes sont d’une pureté divine, cliniques, à montrer dans toutes les écoles de foot. Mais comme personne n’est parfait, il lui arrive de se reposer sur ses autres qualités et précipiter ses drop backs, ce qui lui cause de lancer le ballon trop haut et/ou trop loin.

Aucune raison de paniquer toutefois. S’il lui arrive de faire cela une ou deux fois chez les pros, il s’adaptera très rapidement au niveau d’exigence. Il sait le faire et il le fera, sans aucun doute.

En parlant d’adaptation… Il s’agit là plus d’une interrogation que d’une faiblesse à proprement parler. Le système offensif de Clemson n’est pas d’une grande complexité. Peu de mouvements avant le snap, peu de snaps pris sous le centre, peu de changements de protection. Il n’a jamais été aussi facile de jouer quarterback en NFL, mais quarterback en NFL reste le poste qui demande le plus de réflexion et de vivacité intellectuelle, tous sports confondus. 

Spoilons un peu la catégorie suivante. Darrell Bevell sera son coordinateur offensif et Brian Schottenheimer son coach des quarterbacks. Ils cumulent à eux deux plus de 40 ans d’expérience en NFL, aux côtés de Brett Favre, Aaron Rodgers, Russell Wilson, Philip Rivers ou Andrew Luck, entre autres. Une telle expérience sera bénéfique à Trevor Lawrence, mais ils ne vont pas lui mâcher le travail. Urban Meyer, lui aussi, est réputé pour en demander beaucoup à ses quarterbacks. Lawrence va devoir ingérer et appliquer beaucoup de concepts en très peu de temps. Fini les Run-pass option à foison, bienvenue dans le monde des grands.

Prédiction draft : Top 1

Amour, argent, travail. Vous voulez savoir ce que l’avenir vous réserve, envoyez CCS au 3616.

Une équipe intéressée : l’équipe avec le premier choix

Trevor Lawrence sera un Jacksonville Jaguar. On sait depuis deux ans qu’il sera le premier joueur choisi lors de la draft. Certains diront même depuis plus longtemps. Ses qualités font de lui un quarterback idéal pour n’importe quel système : Air raid, West coast, Spread, Power run… Il sait tout faire.

La Note du CCS : Tier S

Tier S : All Pro, Tier A : Excellent titulaire, Tier B : Titulaire, Tier C : Joueur de rotation, Tier D : Practice Squad

Justin Fields et Zach Wilson auraient été les choix numéro 1 incontestables de quasiment n’importe quelle autre draft. Trey Lance aurait aussi été le premier joueur choisi d’une draft un peu plus faible. Cette classe de quarterback est peut-être la plus relevée du millénaire et pourtant… le meilleur ne fait pas l’ombre d’un doute. 

Trevor Lawrence est le prospect rêvé. Il a la taille, le bras, les jambes et la tête. Il est l’un des plus grands talents à jamais s’être présenté à la draft, tout simplement. Le quarterback le plus doué à entrer dans la ligue depuis Andrew Luck. Le genre de joueur qui transforme une franchise et élève le niveau de tous autour de lui. Des coéquipiers aux coaches, jusqu’à la direction. 

Les Colts et Ryan Grigson ont abandonné Luck, sans quoi il jouerait encore aujourd’hui, avec une ou deux bagues sur les doigts. Les attentes seront similaires pour Trevor Lawrence et même pas un tantinet saugrenues. Dire qu’il concurrencera le statut de Patrick Mahomes d’ici deux ou trois ans est audacieux. Qu’il échoue à devenir le quarterback le plus talentueux de l’histoire ne serait bien sûr pas une déception, mais qu’il y parvienne ne serait pas une énorme surprise non plus. Tel est son pedigree. Les Jaguars et Trent Baalke n’ont pas à réinventer la roue, être moyen suffira amplement. Un receveur par ci, un lineman par là, et Sunshine se chargera du reste. 

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