On n’en parle pas souvent, ils sont peu médiatisés contrairement aux tournois ATP, mais ce sont bien les Challengers qui occupent la majorité du temps des joueurs qui n’ont pas la chance d’être dans le top 100 mondial. En France et dans le monde, la médiatisation des Challengers manque cruellement, les rares fois où ils sont mis en avant, c’est lors d’une victoire française ou d’une belle performance. Mais quel est l’intérêt pour certains joueurs de privilégier ce genre de tournoi au lieu de viser les tournois ATP ?
Il faut savoir qu’avant les Challengers, il y a ce qu’on appelle les Futures, ce sont les tournois positionnés au plus bas de l’échelle professionnelle. Pour un début, c’est un bon lancement, mais les conditions ne sont pas faciles. Peu de choses sont prises en charge et si le joueur y va avec son coach, il sera en déficit, car le prize money n’est pas élevé. Il est donc difficile d’arriver et de se focaliser à 100 % sur son tennis à cause de cette très faible prise en charge et d’une organisation très loin des standards des Challengers, surtout à l’étranger.
« Tu ne gagnes pas d’argent sur les futures »
Grégoire Barrère
Pour en venir aux Challengers, comme a pu nous le confier Grégoire Barrère, il y a de nombreux atouts comme celui de ne pas payer d’hôtel et les installations sont meilleures. Le niveau y est bon, certes il y a un fossé avec les joueurs du top 50, mais entre les 50 et 200e mondiaux, le niveau est assez proche et ce sont principalement ces joueurs-là qui disputent les Challengers.
« C’est un circuit important à ne pas négliger où il y a souvent de très bons jeunes qui disputent ces tournois »
Grégoire Barrère, pour le Café Crème Sport

Un circuit très ouvert
Pour les vainqueurs ou les semis finalistes, ils prendront un bon nombre de points alors qu’une élimination au premier tour des qualifications d’un ATP 250 ou 500 ne rapporte pas de points. En fonction du Challenger, le gagnant peut remporter entre 80 et 125 points selon la catégorie. À titre d’exemple, le vainqueur du Play in Challenger de Lille 2021, Zizou Bergs a glané 90 points pour son classement ATP.
Beaucoup de joueurs autour du top 100 vont venir emmagasiner le maximum de points à l’approche des grandes échéances comme les Grands Chelems afin d’intégrer le tableau final sans devoir batailler aux qualifications pour se frayer une place pour le tableau final. Rappelons qu’être membre du top 100 mondial assure alors un gain conséquent lorsqu’on dispute le premier tour, qui se situe aux alentours de 5 000 $.
Cela joue beaucoup pour ces types de joueurs, mais venir disputer un tournoi ATP 250 ou ATP 500 pour se faire éliminer dès le premier tour des qualifications ne leur permet pas d’engranger une confiance et d’avoir la possibilité d’enchaîner sur plusieurs tours. Bien sûr, d’un point de vue économique cela est intéressant. Lors des qualifications de l’ATP 500 de Rotterdam, le premier tour rapporte 3 370 €, le second 6 360 € plus 10 points.
De l’autre côté, les Challengers sont plus abordables sportivement même si le gain ne leur fait pas faire des folies et remboursera tout juste le coup de déplacement. L’autre atout non négligeable, c’est qu’il y a pas moins de 158 tournois Challenger dans le monde entier, cela offre un large panel et permet à beaucoup de joueurs de les jouer. Cette tournée Challenger se déroule parallèlement à la tournée ATP régulière. Donc, lors de leur planification des tournois, les joueurs vont tenter de combiner les frais de voyages, d’hébergement quand ils disputent des tournois sur le même continent.
L’intérêt financier
L’assurance pour le vainqueur et le finaliste de toucher une somme convenable comprise entre 6 000 et 15 000 $. En Challenger, le prize money varie entre 40 000 dollars et 250 000 dollars. En prenant pour exemple les dotations de l’édition 2021 du Play In Challenger de Lille, le prize money s’élevait à 66 400 €. Pour comprendre le fonctionnement et les détails du partage du prize money, le premier tour rapporte 450 € et 0 point, le 2nd tour rapporte 730€ et 7 points, les quart de finales 1260€ et 15 points, les demi-finales 2 160 € et 29 points, le finaliste empoche 3650€ et 48 points et le vainqueur de cette édition 2021 a gagné 6 190 € et 80 points. (Source : tennistemple.com)
Un enchaînement de matchs pour rester sur une bonne dynamique
Pour un joueur qui se lance et qui a envie de progresser, le circuit des Challengers est l’endroit idéal pour faire des grands progrès dans le classement ATP. S’il s’épanouit dans ce circuit et qu’il gagne un nombre de points conséquent, son classement sera bien meilleur et il pourra plus facilement monter sur les ATP 250 et ATP 500. Les tournois Challenger sont de très bons moyens d’acquérir une bonne expérience, car les joueurs sont opposés à beaucoup de styles différents et ce circuit voit passer un nombre incalculable de joueurs.
Cela peut être des joueurs d’un niveau top 50, top 100 qui viennent chercher de la confiance, qui sont en phase de retour après une blessure ou alors pour se remettre en jambe à l’aube du début de la saison sur une surface différente. Cela en fait un parfait retour à la compétition, car tous jouent crânement leur chance. Même si ce circuit leur offre un niveau de compétition légèrement inférieur, il leur permet de retrouver la forme physique qu’ils souhaitent obtenir, tout en accumulant des points au classement et une rentrée d’argent. En temps normal, ces événements du Challenger Tour attirent des joueurs classés entre le top 100 et le top 500.
Il y a aussi la possibilité pour certains joueurs qui ne sont pas adepte de telles surfaces qui choisissent de faire l’impasse sur terre battue par exemple et vont descendre en Challenger pour jouer sur d’autres surfaces ou alors s’il y a une coupure assez longue et qu’ils veulent rester en compétition, ils s’inscrivent pour disputer ces tournois.
Pour les jeunes joueurs, le circuit Challenger est vraiment intéressant, car l’opportunité de se confronter à des joueurs d’expériences qui se remettent d’une blessure ou autre est excitant et apporte une bonne expérience. Pour les jeunes joueurs, le circuit Challenger est vraiment intéressant, car l’opportunité de se confronter à des joueurs d’expériences qui se remettent d’une blessure ou autre est excitant et apporte une bonne expérience. Ce circuit Challenger est une phase très importante pour tout joueur professionnel, car chacun passe par cette étape et cela leur permet de développer leurs compétences. Il est perçu pour beaucoup comme un tremplin important dans le développement de leur carrière.
Un manque de médiatisation
Cela se développe de plus en plus grâce aux lancements de nombreuses chaînes des clubs où se déroulent les tournois, mais durant de nombreuses années, les Challengers n’étaient pas ou peu diffusés. Aujourd’hui il y a la possibilité de suivre les matchs sur le site officiel de l’ATP : dans la rubrique Challenger TV. En fonction des endroits, d’autres possibilités existent pour visionner ces tournois comme sur les pages Facebook des Challengers. Lors du Play In Challenger de Lille, le tournoi remporté par Z. Bergs a été couvert tout du long en direct sur leur page Facebook, le site Play in Challenger et aussi le site de la Fédération française de Tennis. Une exception a été faite pour les finalistes cette année, beIN Sports avait choisi de diffuser la finale.
Cette faible médiatisation et diffusion ont plusieurs effets directs sur les joueurs dont celui sur leur revenu qui en pâtit à côté des tournois ATP 250 et 500, mais pour les vainqueurs, la dotation reste non négligeable.
La covid a relancé l’attractivité des Challengers
Sportivement, beaucoup de joueurs sont venus se relancer sur les Challengers, car ils ont été les premiers tournois à rouvrir, ainsi le circuit a pu voir de nombreux grands joueurs. Malheureusement, sur le papier, cela le rendait plus attractif, mais l’absence de spectateurs reste douloureuse pour ces tournois. En février 2021, le Challenger de Biella en Italie a eu la chance d’accueillir Andy Murray. Malheureusement pour le Britannique, il a perdu sévèrement en finale contre Illya Marchenko, 212e mondial.
Quelque Français présents sur ce circuit
Parmi les plus connus, nous avons :
Grégoire Barrère, Benjamin Bonzi, Arthur Rinderknech, Antoine Hoang, Hugo Gaston, Enzo Couacaud, Alexandre Muller, Quentin Halys, Mathias Bourgue, Maxime Janvier, Constant Lestienne, Nicolas Mahut, Tristan Lamasine, Hugo Grenier, Harold Mayot, Arthur Cazaux.
Les 3 derniers titres en simple de nos Tricolores acquis en 2021 : Enzo Couacaud qui a remporté le 28 février 2021 le Challenger de Gran Canaria contre le Canadien Steven Diez. Benjamin Bonzi, vainqueur mi-février 2021 de son premier titre en Challenger à Potchefstroom, en Afrique du Sud contre le Britannique Liam Broady. Arthur Rinderknech, qui a gagné le Challenger d’Istanbul fin janvier 2021 en battant un autre Tricolore, Benjamin Bonzi.
Les Challengers deviennent plus attractifs qu’avant et sont en proie à se développer de plus en plus. Ils représentent une très bonne opportunité pour certains joueurs qui ont du mal à confirmer sur l’ITF World Tennis Tour. Alors que pour d’autre, c’est la dernière marche d’un envol assuré dans l’élite du tennis mondial.
Bel article.