Jeudi 15 avril à 16h45 heure française, LaMarcus Aldridge annonce la fin de sa carrière sur ses réseaux sociaux. Retour sur les 15 ans de l’épatant intérieur dans la grande ligue.
“Lors de mon dernier match, j’ai joué avec un battement de cœur irrégulier. C’est une des choses les plus effrayantes que je n’ai jamais vécues.” C’est dans une lettre postée sur ses réseaux sociaux que l’intérieur des Brooklyn Nets LaMarcus Aldridge annonce qu’il a pris “la décision difficile d’arrêter ma carrière NBA.” Après 15 ans passés à sillonner les parquets de la grande ligue, le grand Aldridge s’en va, à cause d’un problème cardiaque qui lui a fait prendre conscience de la fragilité de la vie.
Ce match qui lui a valu ce problème de battement cardiaque, c’est d’ailleurs un des seuls qu’il a joué avec les Brooklyn Nets. À 35 ans, il disputait sa 5e rencontre sous le maillot de la franchise du quartier de New York, après avoir rejoint une superteam pour avoir une chance d’être un jour bagué. Parce que oui, malgré ses 15 ans dans la ligue et ses 1029 matchs disputés en carrière avec très souvent un haut niveau, LA n’a jamais réussi à ne serait-ce que rallier les finales NBA.
Débuts contrastés
Pourtant, Aldridge s’est construit une légende. Drafté en deuxième choix de la peu mémorable draft 2006, il est pick par les Bulls qui le tradent directement à Portland, en échange de Tyrus Thomas et Viktor Khryapa. Un trade que l’on s’abstiendra de commenter mais qui envoie le natif de Dallas au Nord-ouest des États-Unis en même temps que Brandon Roy, drafté la même année en 6e position.
Au sein d’une équipe plutôt très solide, Aldridge est à son aise avec Roy et les deux s’affirment comme un tandem de feu. Roy est explosif, Aldridge montre certaines de ses qualités mais est limité en minutes à cause de la présence d’un certain Zach Randolph dans l’effectif. Mais lors de son année de sophomore, les minutes de LaMarcus augmentent sensiblement étant donné que Randolph est tradé aux Knicks avec Dan Dickau, Fred Jones et un pick de draft contre Steve Francis et Channing Frye.

Aldridge est maintenant un candidat au MIP. Il améliore de presque neuf points sa moyenne de points marqués par match, passant de 9 à 17,8. Mais c’est finalement l’ailier d’Orlando Hedo Türkoğlu qui est élu. Malgré leur bonne équipe, les Blazers traversent des années dites maudites, où les qualifications en playoffs se soldent par des défaites lors des premiers tours. En novembre 2010, c’est même la catastrophe : Brandon Roy annonce sa fin de carrière à cause d’une d’arthrite dégénérative du genou.
Aldridge devient alors le franchise player de ces Blazers. Celui qui doit les porter jusqu’à un second tour de playoffs au minimum, pour les faire passer un cap. Il vit ici ses années les plus fastes. Offensivement, Aldridge est un joueur doté d’une régularité monstre. Sa spécialité ? Le jeu mid-range. Il se sert de sa taille et de ses larges épaules pour travailler le défenseur avec des feintes et un jeu de jambes parfait. Son shoot mi-distance est quasi-indéfendable, aussi fiable qu’un lay-up. Son mouvement est rapide et son shoot est très haut, ce qui rend la tâche du défenseur presque impossible. De près ses mains de velours font la différence malgré une faible détente.
Joueur étoilé
Très puissant, il sait aussi passer en force pour coller des gros dunks. Au final, dans ses meilleures années, et sans tirer à trois points, l’intérieur capable de jouer ailier-fort et pivot, tourne à 23,2 points, 11,1 rebonds et 2,6 passes. En défense, même s’il n’est pas extrêmement mobile, il a su utiliser une science du placement pour être un protecteur plus qu’honnête à l’intérieur. Il est d’ailleurs à plus d’un contre de moyenne par match en carrière, avec une pointe à 1,6 sous le maillot des Spurs, alors qu’il était vieillissant.
Ces performances ont bien entendu été récompensées. Durant sa carrière, LaMarcus Aldridge a forcé le respect de ses pairs, mais aussi de tous les fans NBA. Au final, il a été sept fois all-star, et élu deux fois dans la All-NBA second team et trois fois dans la All-NBA third team. Toujours placé, LA se démarque par sa constance. Il est un des joueurs les plus réguliers dans la performance dans les années 2010.

Icône de Portland
Au début de celle-ci, l’intérieur est toujours en quête de sa première qualification en second tour des playoffs. Il lui faut attendre finalement l’éclosion d’un jeune meneur nommé Damian Lillard pour y arriver. En 2013-14, Aldridge est le patron d’une équipe séduisante qui défie les Houston Rockets en playoffs. LA est stratosphérique et envoie notamment 46 points accompagnés de 18 rebonds lors du premier match de la série.
C’est grâce à un tir mémorable de Lillard que les Blazers s’imposent 4-2 et brisent enfin la malédiction. Mais ils sont défaits au second tour par les Spurs, futurs vainqueurs. Une équipe que LaMarcus va retrouver très vite. Le temps pour lui de peaufiner ses statistiques pour devenir le meilleur rebondeur de l’histoire de Portland et le deuxième meilleur scoreur (dépassé par Lillard depuis).

Damian Lillard en tout cas, ne manque pas de rappeler l’empreinte énorme qu’a laissée son ex-coéquipier sous le maillot des Blazers. “Il a eu une carrière incroyable avec les Blazers. Je pense que le respect que la franchise lui doit, c’est de retirer son maillot par rapport à qui il a été et ce qu’il a fait pour la franchise.”
Dans l’histoire des Spurs
Il rejoint donc en 2015 son Texas natal pour jouer avec les Spurs qui font partie des prétendants au titre NBA. Dans l’effectif des éperons, de beaux noms, même si vieillissants. Tim Duncan est toujours là, tout comme Manu Ginobili et Tony Parker. Les reines de l’équipe sont confiées à Kawhi Leonard. Mais encore une fois avec Aldridge, malgré les espoirs et les très bonnes performances, une sorte de malédiction refait surface. En 2016, les hommes de Gregg Popovich sont bien partis et affrontent les Warriors en finale de conférence.
Mais les Texans perdent très tôt leur franchise player Leonard et ne s’en relèvent pas. Kawhi est d’ailleurs absent l’année suivante et Aldridge devient donc le leader de l’équipe sur le parquet. Il réalise sa meilleure année statistique et son passage aux Spurs est marqué par de belles performances. Son plus beau coup d’éclat arrive en janvier 2019. L’intérieur plante 56 points sur la tête du Thunder impuissant pour donner la victoire au sien et le plus marquant dans cette performance, c’est qu’elle ressemble à Aldridge. 20/33 au tir et 16/16 sur la ligne, LA aura donc marqué 56 points sans tirs primés. Un comble dans cette époque.
Mais tout n’est pas éternel et Aldridge commence à prendre de l’âge. Encore très sérieux à 33 ans, la fin d’année 2019-20 marque un tournant. Le natif de Dallas n’est plus capable de vraiment porter l’équipe, est devenu assez lent et inefficace en défense. Il tient toujours ce tir mid-range mais il semble maintenant être son seul fait d’armes. Dans une équipe en reconstruction désormais, Aldridge trouve de moins en moins sa place. Pas épargné par les blessures non plus, il a de moins en moins de minutes.
Les Nets comme dernière danse
Finalement, il convient d’un buy out avec les Spurs en mars 2021 et devient free agent. Tenté par Miami, il rejoint finalement Brooklyn où il est accueilli par Kyrie Irving, Kevin Durant ou autre James Harden. C’est l’année où jamais pour la bague… avant que l’annonce de son départ à la retraite ne vienne éteindre les dernières espérances, après seulement 5 matchs joués sous le maillot noir.
Dans sa lettre, Aldridge conclut : “Vous ne savez jamais lorsque la fin de quelque chose arrive, donc soyez sûrs de profiter tous les jours de cette chose. Et je peux vraiment dire que c’est ce que j’ai fait.” Quinze années passées sur les parquets NBA, à donner autant de plaisir qu’à en prendre. LA a marqué l’histoire du jeu et à inscrit son nom dans le marbre chez les Blazers et chez les Spurs. Il restera un des meilleurs joueurs des années 2010. Son maillot pourrait peut-être même être retiré chez les Blazers. Bah oui, pourquoi pas ?