Notre histoire commence le 30 avril 1956. La dynastie des Minneapolis Lakers de George Mikan est révolue, ce dernier ayant pris sa retraite un an auparavant, les challengers au titre se multiplient. Ce soir de draft 1956, les Boston Celtics envoient le pivot Ed Macauley et Cliff Hagan aux St. Louis Hawks au côté de Bob Pettit en échange d’un premier tour de draft qui s’avère être le jeune pivot de San Francisco University et double champion NCAA : Bill Russell.
1956-1957 : Boston Celtics, le premier titre d’une dynastie historique
La saison 1956/1957 marque le début d’une domination sans pareil dans l’histoire du sport. Les Celtics sont déjà une équipe reconnue dans la ligue avec Bob Cousy et Bill Sharman mais les parcours en playoffs sont frustrants car l’équipe échoue à chaque fois à se qualifier pour les Finales NBA. Les secteurs pointés du doigt ? La défense et le rebond. La solution envisagée ? Ce mouvement de joueurs lors de la draft et le pick de Bill Russell. Les Celtics vont également choisir un scoreur ailier du nom de Tom Heinsohn provenant de la même université du meneur Bob Cousy, Holy Cross. Les pièces se mettent en place sur l’échiquier de la victoire. Avec l’apport de Frank Ramsey en sixième homme, Boston termine à la première place de la ligue avec un bilan de 44-28.
Après avoir éliminé tranquillement les Syracuse Nationals de Dolph Schayes, ce sont les St. Louis Hawks de Bob Pettit mais aussi de Cliff Hagan et Ed Macauley (tien tiens) qui se dressent en face d’eux. Une bataille entre les deux formations s’engagent et c’est avec une victoire 125-123 au bout de deux prolongations au septième match décisif que l’équipe du Massachusetts. Heinsohn enregistre 37 points et 23 rebonds, Russell 19 points et 32 rebonds (!). Les deux rookies ont réussi à élever leur niveau de jeu d’une manière exceptionnelle ce qui ravit leur entraîneur. Red Auerbach déclarera plus tard : « Le premier (titre) est toujours le plus dur, et aussi le plus satisfaisant. Partout où je suis allé l’été qui a suivi je me disais que j’étais le coach des champions du monde. »
1957-1958 : Bob Pettit et les Hawks prennent leur revanche
Au début de cette saison, deux changements majeurs apparaissent et ce sont deux déménagements, les Pistons quittent Fort Wayne et s’installent à Detroit et les Royals passent de Rochester à Cincinnati. Il n’y a dorénavant que Syracuse qui se reflète être une ville de moins d’un million d’habitants. Bis repetita en finale où les St. Louis Hawks, revanchards, retrouvent les Boston Celtics après avoir toutes deux fini en tête de leur conférence (41-31 pour les Hawks et 49-23 pour les Celtics) et remporté leurs séries assez facilement face respectivement aux Detroit Pistons de George Yardley et aux Philadelphia Warriors de Paul Arizin et Neil Johnston, champions en 1956.
L’heure de la revanche a donc sonné et Bob Pettit après son titre de MVP en 1956 souhaite remporter le titre pour compléter son armoire à trophées. Une victoire 104-102 au Boston Garden dès le match 1 pose les bases de la série. En égalisant à une victoire partout, Bill Russell MVP de la saison, se fait une entorse qu’il traînera lors des autre rencontres. Le match 6 est celui de Pettit, en effet, l’ailier-fort réalise une performance exceptionnelle en compilant 50 points et 19 rebonds. Son dernier panier est marqué à 15 secondes de la fin du match pour donner 3 points d’avance, la victoire se termine avec un score de 110-109 et ces 50 points marqués permettent au Hawks de remporter le premier (et seul) titre de leur histoire.
1958-1959 : Russell vs Baylor, le début de la rivalité Celtics-Lakers
La saison 1958/1959 voit arriver deux futurs Hall of Famers : Elgin Baylor aux Minneapolis Lakers et Hal Greer aux Syracuse Nationals. Elgin Baylor, en provenance de Seattle University, est élu rookie de l’année en compilant 24,9 points et 15 rebonds par match. Il est le premier de l’histoire à jouer avec un style de pur scoreur, dribbleur, machine à marquer mais surtout à utiliser un espace dont personne n’avait emprunté : les airs. Joueur très vertical Baylor est le « père » de joueurs tels que Julius Erving, Michael Jordan ou bien Kobe Bryant. Dès le début de saison une nouvelle finale Celtics-Hawks est attendue, la « belle » entre les deux franchises qui dominent la ligue depuis trois saisons. De nouvelles règles vont donner l’avantage à l’attaque et les scores s’envolent ainsi que le rythme du jeu. Par exemple les Celtics battent les Lakers sur un score de 173-139 (!) et Bob Cousy établit le record NBA de passes décisives à l’époque avec 28 offrandes.
La finale oppose donc les Minneapolis Lakers aux Boston Celtics. Ces derniers se sont sorti du piège des Syracuse Nationals au tour précédent. Il faut un septième match et une victoire 130-125 pour permettre aux coéquipiers de Bob Cousy et Bill Russell d’enchaîner une troisième finale de suite. De finale il n’y en a que le nom car les Lakers sont balayés 4-0 par des Celtics trop forts et expérimentés. Le monde ne le sait pas encore mais c’est le début d’une série de 8 titres consécutifs pour les hommes en vert.
1959-1960 : Un ovni athlétique nommé Wilt Chamberlain
A l’orée de cette saison qui nous fait rentrer dans les Sixties, un jeune pivot du nom de Wilt Chamberlain sorti tout droit de deux années à Kansas University et d’une année aux Harlem Globetrotters éclabousse de son talent les parquets américains. Il considère au bout de deux ans avec Kansas que ce n’est pas le meilleur apprentissage pour lui et fera partie de l’équipe des Globetrotters en tournée en URSS en tant que meneur ! Capable de courir un 400m en 48,8 secondes et de passer 2,08m à la hauteur, « The Stilt » (l’échassier) est un monstre athlétique d’une taille de 2,16m et d’une envergure de 2,38m qui est drafté par les Philadelphia Warriors.
Lors de sa saison rookie, Chamberlain enregistre une moyenne de 37,9 points et 27 rebonds ! Aucun joueur n’avait réussi à dépasser les 30 points par match jusque là, le record étant détenu depuis la saison d’avant par Bob Pettit avec 29,2 points par match. Il améliore également le record de Bill Russell au rebond qui tenait le record avec 23 prises de moyenne. Le record de points sur un match pour un rookie est battu avec 58 points (il le fera deux fois) contre les 55 points d’Elgin Baylor l’année précédente. C’est le tout premier joueur à être élu MVP lors de sa première année en NBA. Un phénomène est arrivé en NBA et les premiers duels avec Bill Russell s’inscrivent déjà dans la légende.
Les Boston Celtics ne sont pas en reste et établissent un nouveau bilan record de 59 victoires et terminent devant Philadelphie dans la Division Est. A l’ouest les St. Louis Hawks sont toujours les plus dominants (46-29) et doivent néanmoins aller jusqu’au match 7 pour se débarrasser des Minneapolis Lakers (25-50). L’autre finale de division, comme annoncé par les spécialistes de l’époque, voit s’affronter les Celtics et les Warriors, Russell versus Chamberlain. C’est le Celtic qui sort vainqueur de cette série 4 victoires à 2 malgré une pointe à 50 points et 35 rebonds du grand Wilt lors de la victoire de Philly au match 5. Bill Russell fini cette série avec 20,7 points et 27 rebonds de moyenne, Chamberlain quant à lui avec 30,5 points et 27,5 rebonds. Stratosphérique ! Pour la troisième fois en quatre ans c’est donc une finale Hawks-Celtics qui a lieu et cette fois ci c’est Boston qui prend l’avantage sur St. Louis et remporte la finale 4-3 sans aucun suspense sur le match 7. Bill Russell inscrit 22 points et prend 35 rebonds sur ce match décisif et l’équipe de Red Auerbach réalise le back-to-back.
1960-1961 : Les Celtics réalisent le deuxième three-peat de l’histoire
A l’été 1960 la franchise des Lakers déménage de Minneapolis vers Los Angeles et sa Memorial Sports Arena, ils s’installeront sept ans plus tard au légendaire Forum d’Inglewood. C’est la première fois de l’histoire que la ligue est implantée sur la Côte Ouest. Deux futurs superstars et Hall of Famers du nom de Jerry West, arrière scoreur filiforme, et Oscar Robertson, meneur athlétique, arrivent dans la ligue après avoir remporté la médaille d’or ensemble aux Jeux Olympiques de 1960. Le premier est drafté par les Los Angeles Lakers et le deuxième par les Cincinnati Royals. Robertson a un impact immédiat sur la ligue en compilant 30,5 points, 10,1 rebonds et 9,7 passes de moyenne. Elgin Baylor marque 71 points lors d’une victoire contre les New York Knicks à la dérive depuis quelques saisons. Wilt Chamberlain bat son record de la saison précédente et marque 38,4 points par match. C’est la première fois que trois joueurs dépassent les 30 points de moyenne et confirme la tendance offensive du jeu des Sixties. Chamberlain, tant qu’à faire, bat également son propre record au rebond avec 27,2 par match et établit également un match à 55 rebonds (!), record toujours d’actualité.
Encore une fois ce sont les Celtics et les Hawks qui terminent en tête de leur division avec respectivement 57 et 51 victoires. Les Philadelphia Warriors sont éliminés sèchement 3-0 dès le premier tour par les Syracuse Nationals de Dolph Schayes et Hal Greer qui eux-mêmes ne font pas le poids face aux Boston Celtics 4-1. A l’ouest et pour la deuxième année de suite les St. Louis Hawks doivent aller jusqu’au match 7 face aux Los Angeles Lakers. En finale et pour la quatrième fois en cinq ans nous retrouvons encore et toujours Hawks et Celtics mais Boston remporte assez facilement la série 4-1 malgré un Cliff Hagan de feu et un Bob Pettit dans ses standards d’excellence. Les Celtics, complémentaires, comptent six joueurs à plus de 10 points de moyenne sur cette série : Tom Heinsohn, Bob Cousy, Bill Russell, Frank Ramsey, Sam Jones et Bill Sharman pour sa dernière saison. Ils réalisent le deuxième three-peat de l’histoire après celui des Minneapolis Lakers de Mikan entre 1952 et 1954.
La saison « records » 1961-1962 : la plus belle de l’histoire de la NBA ?
Comment expliquer l’engouement qu’a suscité cette saison. Pour commencer le pivot Walt Bellamy est drafté par les Chicago Packers, futurs Baltimore/Washington Bullets et est élu Rookie de l’année avec des statistiques impressionnantes de 31,6 points et 19 rebonds. La ligue compte désormais 9 franchises et commence très tranquillement son expansion. Oscar « Big O » Robertson devient le premier joueur de l’histoire à plus de 10 passes décisives de moyenne mais pour couronner le tout il devient le premier joueur à tourner à un triple-double de moyenne sur une saison : 30,8 points, 12,5 rebonds et 11,4 passes ! Elgin Baylor enregistre sa meilleure moyenne de points en carrière avec 38,3 dont s’ajoutent 18,6 rebonds ! Bill Russell réalise sa meilleure saison statistique avec 18,9 points et 23,6 rebonds mais c’est son éternel rival qui explose tous les records cette année là. Wilt Chamberlain marque 78 points et bat le record NBA lors d’une défaite en triple prolongations face aux Lakers sur le score de 151-147. Un mois plus tard il marque 73 points dans une victoire face aux Chicago Packers inscrivant le plus grand total de points dans un match sans prolongation. Puis vient le match de légende quelques temps plus tard.
Le 2 mars 1962 « The Stilt » inscrit l’incroyable record de 100 points dans une victoire 169-147 face aux New York Knicks ! Il rentre 36 paniers sur 63 tentatives et inscrit 28 de ses 32 lancers-francs, le tout assorti de 25 rebonds. Ce match se déroule à Hershey en Pennsylvanie devant seulement 4124 spectateurs et sans retransmission télévisuelle. Les Philadelphia Warriors jouent quelques fois dans cette ville afin d’augmenter sa fanbase. Après être à 23 points en premier quart-temps, 41 à la mi-temps et 69 points à la fin du troisième quart-temps, les spectateurs commencent à chanter : « Give it to Wilt ! Give it to Wilt !Give it to Wilt ! », finalement Chamberlain marque son centième point à 46 secondes de la fin du match et le terrain se retrouve envahi de spectateurs en transe. L’enregistrement radio du match est sous scellé au Musée National en tant que prouesse sportive. La légende raconte que le match ne fût jamais terminé pour quelques secondes car Chamberlain dû rentrer au vestiaire pour contenir l’euphorie présente dans la salle. Présent dans ce vestiaire, le journaliste Harvey Pollack écrit le chiffre 100 sur un bout de papier et le transmet au héros du jour. La photo prise par un photographe à ce moment là est restée dans la légende du basketball.
Pendant que Wilt Chamberlain bat des records individuels et termine à 50.4 points de moyenne par match (!), les Celtics en battent collectivement et deviennent la première équipe à totaliser 60 victoires sur une saison. Un véritable combat s’engagent entre Boston et Philadelphie en finale de Division Est pendant qu’à l’ouest les Lakers éliminent les Detroit Pistons. Bill Russell est encore et toujours un compétiteur acharné et « Big Bill » par sa défense mais aussi par la cohésion collective qu’il transmet fait baisser drastiquement les performances offensives de Chamberlain le faisant passer de 50 points en saison à « seulement » 33 points lors de cette série. Cela sera suffisant pour passer l’obstacle Warriors au match 7 grâce à un shoot de Sam Jones à 2 secondes de la fin pour l’emporter 109-107.
Ces Finales NBA sont à l’image de la saison et des playoffs : des records et du suspense. Les Lakers prennent l’avantage 3 victoires à 2 sur le parquet des Celtics grâce à 61 points d’Elgin Baylor (et 22 rebonds) lors d’une victoire 126-121. Record NBA pour un match des Finales toujours d’actualité. Baylor dira ce jour là : « Tout ce que je me souviens c’est que nous avons gagné le match. Je n’ai jamais pensé à combien de points j’étais ». Sanders, qui fût sa victime du soir, déclarera : « Elgin était juste une machine dans ce match ». Malheureusement pour Los Angeles, Boston remporte le match 6 à L.A. et le match 7 se joue au Boston Garden. A 100 partout à quelques secondes de la fin, l’angelino Frank Selvy a le shoot du titre mais le ballon rebondit sur l’arceau. Les Celtics remportent la prolongation et conservent leur titre pour la quatrième fois de suite !
1962-1963 : Les C’s disent « au revoir » à Bob Cousy
Un nouveau déménagement a lieu à l’été 1962 et une deuxième ville californienne accueille une franchise NBA. Les Philadelphia Warriors deviennent les San Francisco Warriors. Les Chicago Packers se renomment également cette saison là les Chicago Zephyrs. Le magasine Sports Illustrated avait publié en début de saison que « les Boston Celtics sont une vieille équipe. Du sang fatigué coule dans leurs varices ». C’est une année spéciale pour les Boston Celtics qui voient leur génial meneur Bob Cousy jouer sa dernière saison en carrière et accueillent dans leur effectif un rookie du nom de John Havlicek. La franchise du Massachussets réalise encore une fois un exercice solide avec 58 victoires, 5 de plus que les Los Angeles Lakers. Chamberlain remporte encore une fois le titre de meilleur marqueur, dont une pointe à 73 points, et rebondeur avec respectivement 44,8 points par match et 24,3 rebonds mais les Warriors pour leur première saison dans la Baie n’iront pas plus loin que la saison régulière.
Les deux finales de Division se voient aller jusqu’au match 7. Les Celtics éliminent les Cincinnati Royals d’Oscar Robertson et les Lakers se déjouent du piège des St. Louis Hawks d’un Bob Pettit vieillissant. La finale est pour une deuxième année consécutive entre Boston et Los Angeles mais elle n’aura pas le même dénouement car il suffira d’un match 6 maîtrisé pour permettre à Bob Cousy de remporter sa sixième bague lors de sa dernière rencontre sur le parquet des Lakers. Avec un cinquième titre de suite et six en sept ans, les nombreux adversaires se frustrent et déplorent l’attitude de Red Auerbach qui, lorsqu’un match était plié d’avance, s’allumait un cigare sur le banc qu’on appelait « le cigare de la victoire ». Ce dernier leur répond : « A chaque fois que tu gagnes, tu reçois des critiques. Rien ne créer plus de jalousie que la victoire ». Ambiance.
1963-1964 : Les Celtics devant les Yankees (MLB) et les Canadiens (NHL)
Le 1er mai 1963, J. Walter Kennedy remplace Maurice Podoloff à la présidence de la NBA et devient le deuxième commissaire de l’histoire de la ligue. Une de ses premières actions est d’approuver la relocalisation des Syracuse Nationals vers Philadelphie, orpheline des Warriors depuis une saison, afin de devenir les Philadelphia 76ers. Les Chicago Zephyrs déménagent à Baltimore pour devenir les Baltimore Bullets. Deux joueurs font leur apparition au sein de la ligue : Jerry Lucas aux Royals et Nate Thurmond aux Warriors. L’association de ce dernier avec Chamberlain permet à San Francisco de terminer en tête de la Division Ouest. De l’autre côté les Celtics, encore et toujours, finissent avec le meilleur bilan de toute la ligue (59-21).
Alex Hannum le nouveau coach des San Francisco Warriors inculque une manière de jouer très défensive et son équipe n’encaisse que 102,6 points par match de moyenne. Il leur faut néanmoins un match 7 pour passer l’obstacle des St. Louis Hawks de Bob Pettit et de Lenny Wilkens, jeune meneur de plus en plus en vue. Les Celtics de leur côté balayent les Cincinnati Royals 4-1 et infligent le même sort aux Warriors en finale. La profondeur de banc des hommes en vert est monstrueuse et remportent un sixième titre de suite. Ce titre est un des plus faciles à obtenir et les questions commencent à se poser sur le moment où les Celtics vont perdre, ou pas d’ailleurs ! Ce sixième trophée d’affilée leur permet de battre le record de cinq détenu par les New York Yankees en baseball entre 1949 et 1953 ainsi que les Canadiens de Montréal en hockey entre 1956 et 1960.
1964-1965 : « Havlicek stole the ball ! »
En ce début de saison, la NBA décide de reculer la ligne de lancer-franc de 3,6m à 4,6m afin de limiter l’impact sur le jeu de Bill Russell et Wilt Chamberlain. Pas à sa place dans la ville de San Francisco, ce dernier est transféré aux Philadelphia Sixers en cours de saison ce qui fait chuter drastiquement le bilan des Warriors de 48-32 à 17-63 ! Son association avec Hal Greer ne change rien à d’habitude et ce sont bien les Boston Celtics qui battent le record de victoires dans une saison avec 62 succès. Les Lakers remportent la Division Ouest avec un Jerry West à 31 points de moyenne et Baylor à 27,1. Willis Reed fait son arrivée dans la ligue au sein des New York Knicks et Bob Pettit joue sa dernière saison en devenant le premier joueur à dépasser les 20.000 points en carrière.
Les finales de Division voient Los Angeles éliminer les Baltimore Bullets de Walt Bellamy en six matchs soit autant de matchs à plus de 40 points pour West qui enregistre une moyenne de 46,3 points dans la série, record NBA. Les Boston Celtics éliminent une énième fois Wilt Chamberlain et ses coéquipiers lors d’un match 7 épique où John Havlicek devient le héros en interceptant un ballon dans les dernières secondes pour permettre aux C’s de gagner d’un petit point. Un instant de radio est depuis rentré dans les mémoires avec le fameux : « Havlicek stole the ball! It’s all over! Johnny Havlicek stole the ball! ». La finale entre Boston et Los Angeles n’est pas d’un grand intérêt car Elgin Baylor se blesse au genou dès le match 1 et pour le reste des Finales. Sans son ailier les choses se corsent pour les angelinos. Jerry West ne pourra pas sauver la franchise californienne, malgré des pointes à 49 et 52 points, et les Celtics obtiennent un septième succès d’affilée qui récompense une carrière parfaite de Tom Heinsohn qui annonce sa retraite.
1965-1966 : Huit d’affilée
Un nouvel arrière scoreur est drafté par les San Francisco Warriors en la personne de Rick Barry qui forme un duo intéressant avec Nate Thurmond. Billy Cunningham arrive au sein des Philadelphia 76ers pour son année rookie aux côtés d’un Wilt Chamberlain qui devient au cours de la saison le meilleur marqueur de l’histoire en dépassant les 20.880 points de Bob Pettit. Les Sixers remportent six fois sur dix les rencontres face aux Celtics et les rumeurs de fin de règne vont bon train dans la ligue, d’autant plus que ce sont bien les joueurs de Pennsylvanie qui remportent 55 victoires et terminent premiers de la Division Est pour la première fois depuis 10 ans !
Boston doit s’employer pour remonter un déficit de 2-1 face à Cincinnati pour l’emporter 3-2 et les rumeurs d’un passage de relai sont de plus en plus redondantes dans les médias. Malgré tout un pays voué aux Sixers ce sont les Celtics qui sont le plus en rythme et clôturent la série de Finale de Division 4-1. Cette défaite vaudra la place de Dolph Schayes sur le banc. A l’ouest les Lakers doivent s’extirper d’un match 7 face aux St. Louis Hawks de Lenny Wilkens et Richie Guerin afin de rencontrer une nouvelle fois Boston en finale. Après avoir perdu le match 1 Red Auerbach annonce sa retraite à la fin de la saison ce qui donne un coup de boost à son effectif. Les Celtics, emmenés par Bill Russell, John Havlicek, Sam Jones et K.C. Jones, gagnent cette série encore une fois au match 7 et reçoivent leur neuvième (!) trophée en dix ans, un huitième de suite ! Légendaire !
1966-1967 : Wilt Chamberlain enfin couronné
Après le départ de Red Auerbach du banc des Celtics, Bill Russell devient le premier entraîneur afro-américain de l’histoire de la ligue. Personnalité politiquement engagée, il soutient Mohammed Ali dans sa lutte contre le gouvernement et la guerre au Vietnam, et marque l’histoire tant au point de vue sportif que social. Les Chicago Bulls font leur apparition au sein de la NBA et réussiront à remporter 33 victoires. Un nouveau record est établit par… les Philadelphia 76ers qui eux finissent avec un des meilleurs bilans de l’histoire (68-13), devant les Celtics et leurs 60 victoires. A l’ouest les Warriors d’un Rick Barry à 35,6 points de moyenne et meilleur marqueur de la saison accrochent la première place (44-37) devant les Hawks.
Pour les Lakers la saison est à oublier car ils sont balayés 3-0 par les Warriors au premier tour après une saison régulière entachée de blessures. Des Warriors qui se débarrassent ensuite de St. Louis en six matchs et qui accèdent pour la première fois depuis leur titre en 1956 aux Finales NBA. A l’est les Sixers et les Celtics éliminent respectivement les Royals de Robertson et les Knicks de Reed et Bellamy afin de s’affronter pour une énième fois en Finale de Division. C’est un Wilt Chamberlain en triple-double de moyenne sur la série (21,6 pts-32 rbds-10 passes) et un Hal Greer en feu qui réussissent l’exploit d’éliminer en 5 matchs Boston et de stopper cette série de victoires légendaires. Les Sixers voyant enfin la lumière au bout du tunnel ne se loupent pas en Finales et remportent la série face aux Warriors en six rencontres malgré une pointe à 55 points de Rick Barry lors du match 3. Wilt Chamberlain, dans la ligue depuis 8 saisons et éliminé 5 fois par les Celtics, obtient enfin sa bague de champion ! K.C. Jones déclarera cette année là : « Ils jouent le même jeu que nous jouons depuis neuf ans. En d’autres mots, un jeu d’équipe ».
1967-1968 : Bill Russell, entraîneur-joueur, dorénavant vainqueur
Les Seattle SuperSonics et les San Diego Rockets arrivent dans la ligue avec toujours cette volonté de la NBA de s’étendre vers l’ouest et de se rendre plus compétitive face à sa nouvelle concurrente la ABA qui réussit à attirer en son sein des villes telles que Dallas, Denver, Houston ou Oakland. Walt Frazier fait ses débuts avec les New York Knicks ainsi que Earl « The Pearl » Monroe avec les Baltimore Bullets. Au cours de cette saison Wilt Chamberlain devient le premier pivot de l’histoire de la ligue à obtenir le titre de meilleur passeur avec 8,6 passes par match, il expliquera que c’est un des titres dont il est le plus fier.
Arrivés en playoffs les Boston Celtics obtiennent leur revanche en Finale de Division face aux Philadelphia Sixers, champions en titre, et les éliminent au bout d’un match 7 où le trio Russell-Havlicek-Jones fait des merveilles face au trio Chamberlain-Greer-Walker. De retour en Finales NBA seulement après une année de purgatoire, les Celtics voient un autre trio, qui vient de balayer les Warriors 4-0, se dresser devant eux : West-Baylor-Goodrich. Le surplus de motivation cultivé tout au long de la saison permet à Boston de remporter une nouvelle fois une série de Finales face aux Los Angeles Lakers. Baily Howell expliquera ce pourquoi de rage supplémentaire qui leur permirent de reprendre le trône : « Partout où nous allions, et spécialement à Philadelphie, ils avaient un chant : Boston’s dead, Boston’s dead, the dynasty is over. Partout où nous allions les fans étaient vraiment bruyants. Mais ça nous a juste déterminé encore plus. Ca nous a aidé à jouer. Quand tu obtiens de l’aide comme ça des fans adverses c’est réellement un remontant ».
1968-1969 : Bill Russell, fin d’un règne sur un dernier titre
Les Phoenix Suns et les Milwaukee Bucks sont intégrés dans la ligue en ce début de saison 1968/1969. Annoncés comme trop vieux pour regagner une nouvelle fois le titre, les Celtics ne finissent qu’à la quatrième place de la Division Est avec un bilan de 48-34 derrière les Bullets, les 76ers et les Knicks. Wes Unseld fait ses débuts avec les Baltimore Bullets et est élu MVP de la saison pour la première fois depuis 1960 et un certain Wilt Chamberlain. Elvin Hayes effectue ses débuts quant à lui sous le maillot des San Diego Rockets et devient meilleur marqueur de la ligue avec 28,4 points par match. Le transfert de l’année est celui de Chamberlain qui passe des Philadelphia Sixers aux Los Angeles Lakers pour former un trio létal avec Elgin Baylor et Jerry West.
Ces Lakers se qualifient pour les Finales NBA après avoir éliminés les San Francisco Warriors et les Atlanta Hawks, première année pour eux en Géorgie, sans trop de souci particulier. Les Celtics, après avoir été poussifs en régulière, sont arrivés déterminés en playoffs et ont éliminé les Philadelphia Sixers et les New York Knicks de Walt Frazier, Willis Reed, Dave Debusschere et Walt Bellamy. Une performance en tant que telle déjà. Et pour la septième fois en onze saisons c’est un nouvel affrontement Boston-Los Angeles. Jerry West marque 53 points au match 1 et Havlicek lui répond avec 43 points au match 2. La série, une nouvelle fois, se décide lors d’un match 7 où les Celtics remportent le match sur le score de 108 à 106 malgré un triple-double de Jerry West (42 points, 13 rebonds, 12 passes). Ce dernier est élu MVP des Finales et est toujours le seul joueur à avoir obtenu ce titre dans une équipe perdante. Des ballons étaient accrochés au plafond du Forum d’Inglewood pour ce match décisif en prévision de la victoire. Les Celtics ayant vu cet affront, il n’en fallait pas plus pour les surmotiver et effectuer à nouveau un back-to-back.
A l’issu de cette victoire, le grand Bill Russell annonce sa retraite. Pour Russell sa carrière se résume à 11 titres en 13 saisons. Il est élu en 1980 « Greatest Player in the History of NBA ». Contemporain d’un monstre athlétique en la personne de Wilt Chamberlain, scoreur et rebondeur inarrêtable, Russell et ses Celtics ne se sont inclinés qu’une seule fois en 1967 face à lui et aucune fois face à Elgin Baylor qui aura cette étiquette de magnifique perdant jusqu’à son décès cette année. L’impact de Bill Russell ne s’est pas fait que dans les chiffres mais dans une nouvelle manière de comprendre et d’analyser les attaques, de prendre les rebonds etc. Le fait d’avoir eu un supporting cast 5 étoiles a permis également à « Big Bill » de fonder cette dynastie sportive historique car avec Bob Cousy, Bill Sharman, Tom Heinsohn, Sam Jones, John Havlicek ou bien K.C. Jones, les Celtics avaient des cinq complémentaires et une profondeur de banc conséquente, ce que n’a jamais eu Wilt Chamberlain il faut le préciser. Pour plusieurs raisons, Bill Russell a transformé un sport de la rue en un sport tactique ce qui a été une étape énorme dans l’évolution de la NBA. Dorénavant c’est à la génération des 70’s de prendre le relai et de jeunes joueurs font déjà parler d’eux mais ça, c’est une autre histoire !
Du « Pok-ta-pok » à la NBA : les origines du basket professionnel américain