Au cœur de la ville éternelle où l’Italie jouera ses matchs de groupe, la Squadra Azzura cherchera à reconquérir le cœur meurtri des tifosis. Malgré un amour envers la Nazionale aussi vieux que leur capitale, la non qualification à la coupe du monde 2018 a laissé des traces. En quête de rédemption et de gloire, l’Italie a des cartes a faire valoir pour atteindre ses objectifs.
Retrouver sa gloire d’antan
Dans n’importe quel domaine, quand il y a de la passion, la démesure ne laisse peu de place à la raison. C’est le cas des supporters italiens à l’égard de leur sélection. Plus l’amour est grand et plus les déceptions sont douloureuses. Malgré le cliché du romantisme italien, c’est bien de football dont nous parlons aujourd’hui. Cela n’empêche pas les tifosis d’avoir souffert de la non qualification de leur pays à la coupe du monde 2018 comme d’un immense chagrin d’amour. Et pour cause, cet échec est le premier depuis 1958… Même à Rome, la ville éternelle, cette désillusion parut sans fin.

Heureusement, la Squadra s’est trouvée un nouveau César en la personne de Roberto Mancini. Le résultat est sans appel : 10 matchs sans défaite dans les qualifications à l’EURO 2020 (nouveau record du pays), mieux encore, en 28 matchs à sa tête l’équipe n’a concédé que 2 défaites. Invaincue depuis fin 2018, l’Italie avance tel l’Empire Romain en son temps, sûr de ses forces et prêt à reconquérir Rome.
La Terre du Milieu
La grande force de l’Italie a souvent été son secteur défensif avec des joueurs de légendes comme Buffon, Maldini, Cannavaro, Baresi et tant d’autres… Cependant la défense italienne qui se présentera à l’EURO n’a pas la solidité de ses aïeux. Et pour cause, la charnière centrale Chiellini – Bonucci est en grande méforme. Respectivement 36 et 33 ans, les deux joueurs de la Juventus Turin aux plus de 100 sélections avec la Nazionale n’ont plus leur rayonnement d’antan. Chiellini enchaîne les pépins physiques depuis sa grave blessure aux ligaments croisés en 2019. En son absence, Bonucci semble manquer de repères et n’est pas aussi efficace quand il est associé à Acerbi ou Romagnoli par exemple.
Toutefois la Squadra Azzura s’est découvert une autre force, et non des moindres. Son milieu de terrain a de quoi être envié par les plus grandes nations du football mondial. Le trio Verratti – Jorginho – Barella est aussi complémentaire qu’il est technique et créatif. Dans des styles différents, ils sont tous les trois capables d’une très bonne vision du jeu qui s’accompagne d’une technique de passe au-dessus de la moyenne. Plutôt sentinelle, Jorginho est un distributeur reculé doté d’une grande intelligence de jeu qui compense ses lacunes physiques. Son positionnement plus bas laisse la place aux deux hommes forts du onze italien. D’un côté Marco Verratti, dont on attend enfin de grosses performances dans un tournoi important, comme au Paris Saint-Germain. A 28 ans, il a atteint l’âge de la maturité et à Paris il semble atteindre son plein potentiel depuis l’arrivée de Mauricio Pochettino. Influence dans le jeu grandissante et plus décisif des deux côtés du terrain, il doit désormais être le chef d’orchestre de sa sélection, il doit en assumer le rôle de maestro.

De l’autre côté, un jeune joueur est le patron de l’entre-jeu du leader du Calcio. A seulement 24 ans, Nicolo Barella est peut-être le joueur le plus influent (derrière le serial buteur Lukaku) dans l’Inter Milan d’Antonio Conte. Bon passeur, doué techniquement, le natif de Cagliari met son sens de l’anticipation et de l’effort au service du collectif. Élégant dans le jeu, solide malgré son mètre soixante-douze et doté d’un caractère bien affirmé, Barella hausse son niveau de jeu dans les grands rendez-vous, comme contre la Juventus ou le Real Madrid cette saison. Il peut être le facteur X de cette Squadra, celui qui fait pencher la balance en sa faveur dans les matchs couperets.
Un chemin de croix pour retrouver la terre promise
Comme toute équipe qui a ses forces, l’Italie possède aussi des faiblesses, et non des moindres. D’abord au sein de son effectif où aucun buteur ne semble donner satisfaction. Immobile de la Lazio Rome, Belotti du Torino ou encore Kean du PSG, trois joueurs aux styles différents qui ne brillent pas par leur efficacité en pointe de l’attaque transalpine. Pour gagner des matchs il faut marquer des buts, rien de surprenant. Il ne faudrait pas que l’Italie regrette son manque d’efficacité face au but, surtout dans un groupe A très homogène. Avec la Suisse, le Pays de Galles de Gareth Bale et la Turquie, les quatres nations présentent un niveau et des attentes presque similaires. L’Italie paraît néanmoins favorite mais attention à ne pas laisser passer des occasions cruciales dans la course aux huitièmes de finale. Un faux pas pourrait les conduire directement à un match éliminatoire contre la France ou la Belgique qui sont les deux grands favoris du tournoi. Assurer la première place du groupe A sera donc indispensable à la Nazionale pour essayer d’accrocher le dernier carré du tournoi.

Dans cette quête de rédemption et de gloire, la Squadra Azzura aura un allié de taille, un “douzième homme”. En effet, les trois matchs de groupe de la péninsule se joueront dans son illustre capitale, Rome. Le gouvernement italien a d’ailleurs annoncé que le Stadio Olimpico devrait pouvoir être rempli à 30% (environ 20 000 personnes). Le Colisée laisse place au Stadio Olimpico et les gladiateurs aux joueurs mais l’objectif reste le même : rendre à Rome la gloire qu’elle mérite.


Avec Mancini en Général, les joueurs de la Squadra tels des légionnaires avec Verratti et Barella en Centurions, l’Italie se place comme l’Empire Romain venant récupérer son dû dans la ville éternelle. Cependant, retrouver sa gloire d’antan passera par un combat à chaque match. Trois matchs couperets réussis pour éviter les favoris, voilà la première étape de la rédemption italienne. Pour que Rome retrouve sa lumière et les tifosis leur passion.