Le réveil est dur, ce lundi 19 avril. La victoire sur MPG n’y change rien. Sur l’écran du téléphone, les notifications football se multiplient. « Douze clubs annoncent la création d’une Super League Européenne ». Le serpent de mer vieux de plusieurs années n’était finalement pas qu’une légende.
Dans ma tête, flashback. Retour au milieu des années 2000. Un mardi soir de début d’année. Après de longues semaines, la Champions League est de retour. La trêve a été longue. Trop longue. Mais le bonheur de la retrouver n’en est que plus grand. Ce soir, la plus belle des compétitions est de retour à la télé. Mais il y a école demain. Un accord tacite conclu avec mon paternel me permet de regarder la première mi-temps.
J’ai le droit à 45 minutes de football. Et rien que ça, c’est l’euphorie. Le week-end, les championnats européens sont sur les chaînes payantes, sur Canal +, Foot +, TPS, Orange ou autres chaînes du câble auxquelles je n’ai pas accès. Alors ces 45 minutes-là, sur TF1, je les savoure pleinement. À cette époque, je n’ai que ce football-là. Mais c’est le meilleur.
J’enfile mon maillot et je m’assois devant ma télévision cathodique, une demie-heure avant le coup de sifflet, pour écouter les analyses de Thierry Gilardi et Thierry Rolland. Les compositions. La forme de chacune des équipes. Ça me permet de voir les visages aussi. Les visages de ceux que j’imite sur la cour de récréation. Car, si ce n’est mon album Panini pour la Ligue 1, je n’ai pas la chance de voir la tête de ceux qui font le football européen.
Puis vient la musique de la Champions League. La grand-messe peut commencer. Le coup d’envoi. Et c’est parti, 45 minutes de football. 45 minutes de bonheur. 45 minutes d’euphorie. 45 minutes durant lesquelles je ne détourne pas une seule fois mon regard de l’écran. Je ne veux rien louper.
La rareté de ces rendez-vous en fait quelque chose d’exceptionnel. Sur le terrain, ça joue. Vite. Et bien. On ne s’ennuie pas. L’arbitre fait une erreur ? Ça nous donne une occasion de le critiquer, mais on passe à autre chose, tout en gardant ce fait de jeu dans un coin de sa tête. Au cas où notre équipe venait à flancher. Mais c’était le football que j’ai découvert, c’est le football que j’ai suivi, des années durant. C’est le football que j’ai aimé.
On dit souvent que le football évolue avec la société, avec son temps, et qu’on ne peut pas faire grand-chose pour le contrer. Mais que laissera-t-on aux générations futures ? Va-t-on vraiment devoir se battre pour regarder un match de Champions League, avec deux équipes peut-être moins ronflantes, mais avec lesquelles nous avons grandi, au lieu d’un Liverpool-Real Madrid, vu maintes et maintes fois ces dernières années ? Devra-t-on expliquer ce qu’étaient les Coupes du monde, les championnats d’Europe avec les meilleurs joueurs de la planète, et l’importance que représentait une victoire ?
On n’a rien fait quand le football a disparu des chaînes gratuites. On n’a rien fait non plus quand le foot business a commencé à arriver, faisant gonfler les salaires, les transferts, mais surtout le prix des places dans les stades. On s’est encore tue quand l’arbitrage vidéo a fait son apparition et que l’on a commencé à signaler des hors-jeu, car l’attaquant avait chaussé du 42 et pas du 41. Mais que dira-t-on aujourd’hui face aux 12 salopards ? « L’homme est capable du meilleur comme du pire. Mais c’est dans le pire qu’il est le meilleur » disait Grégoire Lacroix. Difficile de lui donner tort.
Le football est mort. Vive le football.
(Crédit photo : Icon Sport)
Ahh oui le football paie les frais du néo liberalisme sauvage. En effet le marché ayant toujours contrôlé notre monde depuis un moment, les Etats ont abandonné leurs devoirs régaliens face à l’extrême privatisation que je trouve sauvage. La Super League n’est qu’une continuité de la logique du Tout Puissant Marché . Les clubs dépensent beaucoup et sont devenus les victimes des mafias qui cachés qui teleguident les marionnettes élues au nom de la démocratie de façade du libéralisme.
Si certains font des milliards dans les confinements injustifiés pourquoi les clubs huppés qui ont des salaires faramineux à payer ne doivent ils pas trouver des solutions concrètes à cette crise sanitaire planifiée qui appauvrit beaucoup d’entre nous. l’UEFA et la FIFA n’ayant aucune légitimité à profiter sans limites du football sans ceux qui y investissent à outrance.
La Super League est légitime et logique.
Les fédérations nationales doivent négocier et s’y mettre pour des compromis salvateurs pour le football.