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Les Français se frottent aux pavés : et si le maillot arc-en-ciel restait dans l’hexagone une année de plus ?

Très "élégants" les deux français du Wolfpack

Anthony Turgis, Florian Sénéchal, Christophe Laporte, mais aussi l’inévitable Julian Alaphilippe, tous ces coureurs français se sont montrés à leur avantage durant cette campagne de classiques flandriennes 2021 et notamment durant le Tour des Flandres remporté par Kasper Asgreen. De quoi donner des idées et nourrir beaucoup d’ambitions pour le sélectionneur Thomas Voeckler qui va pouvoir aligner une équipe compétitive le 26 septembre prochain lors du championnat du monde qui aura lieu (si tout se passe bien, on croise les doigts) au beau milieu de ces mêmes monts des Flandres.

Une campagne 2021 réussie et pleine d’espoir

On vous a déjà parlé de l’excellente campagne d’Anthony Turgis et de son incroyable régularité sur les classiques belges il y a une dizaine de jours, mais le cadet de la fratrie Turgis n’est pas le seul Français à avoir brillé. En effet, comment passer à côté de Florian Sénéchal durant ce printemps 2021 ? L’homme de Cambrai est lui aussi impressionnant de régularité, et Dieu sait que ce n’est pas chose aisée dans l’armada Deceuninck, souvent obligé de jouer l’équipier, que ce soit pour son copain Julian, Kasper Asgreen ou encore Davide Ballerini qu’il a déposé dans un fauteuil lors de l’Omloop, fin février dernier, pour la course d’ouverture de la campagne de classiques. Tellement dans un fauteuil que Florian se permet d’aller chercher une petite septième place quasiment en roue libre. Mais encore mieux, lors du GP E3 et derrière l’incroyable numéro de son coéquipier danois Asgreen, Sénech’ va accrocher à son tableau de chasse Mathieu Van Der Poel, Oliver Naesen, Zdenek Stybar, le champion olympique en titre (plus pour longtemps) Greg Van Avermaet et Dylan Van Baarle , dans le sprint pour la seconde place. Rien que ça. Florian est redoutable cette saison, et si il a manqué de chance lors de la Flèche Brabançonne avec une chute dans le final, le membre du Wolfpack a su confirmer qu’il est l’un des meilleurs coureurs de classiques du monde. Oui oui, l’un des meilleurs.

Comme dit l’adage, jamais deux sans trois, en ce printemps 2021 cela se prête parfaitement aux coureurs français qu’on a vu presque systématiquement jouer les premiers rôles dans ces classiques. Le troisième larron se nomme Laporte, mais ne porte pas de lunettes, n’est pas chauve et surtout n’est pas un magouilleur notoire ; non il ne s’appelle pas Bernard mais bien Christophe. Et quel plaisir de voir le sprinteur de la Cofidis à ce niveau ! Toujours là au moment des explications entre grands favoris, il lui manque encore quelque chose pour pouvoir réellement jouer la gagne face aux meilleurs. Même si sa deuxième place où il règle le sprint du peloton d’A Travers la Flandre, derrière le numéro de Dylan Van Baarle, peut laisser envisager des victoires sur ce genre de terrain. Mais la véritable performance de Christophe c’est sur le Tour des Flandres en finissant dans le groupe des gros favoris à la onzième place, juste derrière ses deux compatriotes cités plus haut (respectivement huitième et neuvième), et dans le même temps que Wout Van Aert, ce n’est pas de l’ordre de l’anodin !

Mais nos trois costauds qui ont régalé lors du Ronde n’était pourtant pas les plus attendus des tricolores. Le grand favori des Français était bien Julian Alaphilippe qui après avoir dynamité la course n’a pas pu suivre l’attaque de son coéquipier et du batave Van Der Poel, a sûrement préféré finir la course tranquillement plutôt que de forcer pour une petite place d’honneur. Finissant 42ème à deux minutes et trente-cinq secondes du vainqueur avec un certain Thomas Pidcock (dont on risque de parler plus bas), il ne fait tout de même aucun doute que s’il s’aligne sur le parcours le 26 septembre prochain, Julian sera l’un des favoris ! Il pourra également être aidé par un Valentin Madouas et un Warren Barguil dont on connaît les qualités lorsque les pourcentages s’élèvent mais qui ont montré pouvoir être performant sur des monts pavés, tout comme Benoît Cosnefroy qui a semblé très à l’aise lors de la Flèche Brabançonne dont le parcours va ressembler aux prochains mondiaux. Ces trois-là pourraient avoir un beau rôle à jouer.

Anthony et Christophe déjà en reconnaissance pour septembre (Photo by Luc Claessen/Getty Images)

Le plateau des Mondiaux s’annonce relevé !

Pourtant, nos Frenchies ne seront pas les seuls à aller jouer la gagne à Leuven, et s’ils ont les moyens de se présenter avec un groupe homogène, costaud et peut-être même avec une des têtes d’affiches de la course, les Tricolores ne feront pas figure de favoris au milieu d’un plateau qui sera sûrement pléthorique.

Et comment ne pas évoquer le Danemark ? Avec bien évidemment Kasper Asgreen vainqueur du Ronde et de l’E3 qui pourra être accompagné d’une foule de rouleurs puissants et parfaits pour se genre d’effort très long (on rappelle que la course va faire plus de 260 kilomètres). Soren Kragh Andersen, Casper et Mads Pedersen (attention : ils ne sont pas frères aux dernières nouvelles), Magnus Cort Nielsen mais aussi Michael Valgren ou Mikkel Bjerg. Les Danois peuvent faire figure d’épouvantail. Autant de grands gabarits nordiques, qui semblent infatigables et qui paraissent capables de rouler sur l’Europe entière ? Non l’époque des Vikings n’est pas revenue, mais si Ragnar est bien mort, Kasper et ses copains pourraient bien reprendre les razzias et les pillages sur les routes du monde entier et même ravir l’une des tuniques les plus convoitée du cyclisme, le maillot arc-en-ciel, ou du moins le récupérer après l’exploit de Mads à Harrogate en 2019.

Kasper et ses amis ne seront pas les seuls, et leur plus gros adversaire sera sûrement le petit-fils de notre Poupou national : Mathieu Van Der Poel. Lui connaît la tunique convoitée mieux que quiconque certainement : quadruple champion du monde de cyclo-cross, on sait que le néerlandais va concentrer la suite de sa saison sur le VTT et les Jeux Olympiques mais on peut légitimement penser qu’il sera présent sur les routes belges en septembre pour aller chercher l’exploit d’être champion du monde dans deux disciplines en même temps, voire trois s’il réussit à s’imposer en VTT. En tout cas, même avec un supporting-cast moins bon sur le papier que les Danois (il pourrait avoir tout de même le renfort de Van Baarle par exemple), VDP reste un ultra-favori tant on sait qu’il est capable de se débrouiller seul, même lorsqu’il est contre tous comme ce sera le cas en septembre. Mathieu est un épouvantail à lui tout seul.

Les derniers favoris de cette course sont sans aucun doute les Belges, épouvantail sur presque tous les terrains grâce à son triple champion du monde de cyclo-cross Wout Van Aert, qui sera certainement le leader de l’équipe, la Belgique paraît comme l’équipe la mieux armée sur ses propres terres. Il n’y a qu’à regarder le top 10 du dernier Ronde pour comprendre : 5 Belges des places 3 à 7, tout simplement trop forts s’ils roulent en équipe. Cependant attention, empiler les talents ne suffit pas toujours et certains, comme Greg Van Avermaet, pourraient réclamer le leadership ou du moins une carte personnelle à jouer au lieu de se contenter d’être le porte bidon de Wout. On surveillera donc la sélection belge mais nul ne doute que nos voisins seront là pour animer la course comme des fous.

Enfin, ils seront beaucoup d’autres à bien évidemment jouer un rôle prépondérant, on pense aux Italiens de Trentin et Moscon, ce dernier semblant revenir à un bon niveau, mais aussi et surtout aux Anglais qui seront peut-être emmenés par le jeune Pidcock.

A quelle sélection peut-on s’attendre ?

Attention tout de même pour nos Français, si Florian Sénéchal a d’ores et déjà annoncé que sa deuxième partie de saison allait être axée autour de cette épreuve et qu’il fera même l’impasse sur le Tour de France pour la préparer, tous ne sont pas assurés d’y participer. En effet Julian aura sûrement à cœur de défendre son titre mais avec sa participation au Tour et aux Jeux Olympiques (attention sa présence n’est pas encore confirmée), le puncheur français risque d’arriver émoussé aux Mondiaux. De quoi faire basculer le leadership ? N’allons pas jusque là, mais au vu du profil de la course (à retrouver juste en dessous) on pourrait bien retrouver une stratégie différente de celle d’Imola en septembre dernier. On se souvient bien que sur les routes italiennes, tout le monde s’était mis à la planche pour Juju, avec notamment un énorme boulot de Guillaume Martin dans le final avant l’attaque fatale.

Cette fois-ci on pourrait assister bien plus à une course de mouvement des Français, qui vont se présenter avec de belles cartes à jouer mais pas de pancartes de favoris absolus. Notre sélectionneur devra attendre de connaître les forces en présence sur lesquels il pourra compter pour dessiner sur le tableau noir, mais on peut aisément imaginer un feu d’artifice entre Anvers et Leuven et notamment sur le Moskesstraat qui sera sans doute l’un des juges de paix de cette édition 2021.

Casse-pattes un peu non ?

Alléchant n’est-ce pas ? On s’est régalé devant les Flandriennes édition 2021, on va se régaler devant les Mondiaux 2021 ça c’est une certitude. Nos compatriotes ont largement les moyens d’y briller et on suivra avec attention la course de Julian, Florian, Arthur, Christophe et les autres. Affaire à suivre…

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