C’est la grande nouvelle du côté de la capitale en ce lundi 26 Avril. Arrivé au Paris Saint-Germain en 2019 en provenance du Real Madrid, Keylor Navas n’est pas près de quitter le nonuple champion de France. Le gardien costaricien, véritable ange gardien du club parisien depuis un an et demi, a en effet prolongé son bail d’un an avec le PSG, soit jusqu’en 2024. Une juste récompense pour celui qui s’est imposé comme le véritable remède au syndrome Remontada dans la capitale.
Profession : Ange gardien en C1
Avant de porter le PSG, Keylor Navas était l’assurance tous risques d’un Real Madrid qui est resté au sommet de l’Europe pendant trois saisons. En 2017-2018, date du dernier sacre européen du club espagnol, le Tico avait été élu meilleur gardien de la compétition. Un trophée qui en dit long sur ses performances dans la compétition reine. Depuis ses premiers pas en C1 contre Bâle en novembre 2014, il a encaissé 52 buts en 58 matchs mais a surtout réussi des exploits dans les moments importants. En Ligue des Champions, le natif de San Isidro de El General a réussi 8 de ses 22 clean-sheets lors de la phase à élimination directe et n’a donc jamais perdu une double-confrontation à ce niveau de la compétition. Le gardien de 34 ans a aussi remporté les deux séances de tirs au but auxquelles il a participé.
Plus encore cette saison, il s’est imposé au fil des matchs comme le joueur le plus important du PSG, puisqu’il a déjà effectué 47 arrêts. Il faut remonter à la campagne 2011/12 et Petr Cech avec Chelsea pour voir un gardien faire mieux sur une même édition (58). Lors du huitième de finale retour contre Barcelone, le portier a stoppé neuf tirs avant de faire encore mieux, avec dix, pendant le quart de finale aller sur la pelouse du Bayern Munich. Un record que seul Neuer codétient avec lui. Dans l’effectif parisien, personne n’a remporté autant de Ligue des Champions que lui (3). Il a surtout un incroyable bilan de 40 victoires, 9 nuls et seulement 9 défaites en C1. Enfin, l’ancien joueur de Levante a évité, cette saison, 4,5 buts cette saison dans la phase à élimination directe de la Coupe aux grandes oreilles. Trois fois plus que ses premiers poursuivants, Edouard Mendy (1,6) et Alisson (1,5).
Un style classique mais efficace
De façon globale, Navas affiche un niveau impressionnant dans les grandes rencontres, un constat qui se retrouve sans surprise sur le plan statistique. Il a encaissé peu de buts en championnat et C1 cette saison (28) et a l’un pourcentage d’arrêts les plus élevés d’Europe (81,9% de tirs stoppés : 84 arrêts pour 105 tirs cadrés), comme en carrière (75% environ). Avec 17 clean sheets, il est là aussi nettement dans le haut du panier. Il n’est donc pas étranger au fait que le PSG ait la deuxième meilleure défense de Ligue 1 avec seulement 26 buts encaissés en 34 rencontres. Surtout, si l’on se fie aux expected goals, l’équipe de la capitale aurait dû encaisser 34,1 buts, soit un quart de plus. Cet écart entre les buts attendus et les buts réellement encaissés est le plus important de toutes les équipes de Ligue 1. La saison dernière, le PSG avait fini l’exercice de Ligue 1 avec un nombre de buts encaissés légèrement supérieur aux expected goals against (24 contre 22.4), signe d’une défense plus poreuse.
Et pour pousser plus loin l’analyse chiffrée, les stats avancées confirment ce premier bilan. En tenant compte des «post-shot expected goals» (expected goals après tir), le portier «aurait dû» encaisser plus de buts qu’il n’en a réellement concédé : En mars, il comptait 23 buts encaissés contre 29 PSxG. Ces six buts encaissés de moins que les prédictions, font que l’ancien Merengue a donc évité au PSG, à ce stade de la saison, d’encaisser 20,7% de buts supplémentaires. En Europe, en dehors de Jan Oblak, aucun gardien n’affiche un pourcentage de buts évités comparable avec celui du Costaricien.

En élargissant son rôle, il apparaît vite que, malgré son niveau de performance sur sa ligne, le joueur du PSG se montre peu “multifonctions”. Pour cet exercice, il cumule seulement 15 actions défensives en dehors de sa surface de réparation. En phase de possession, le parisien ne totalise que 959 ballons touchés (32,4 par match) et 892 passes. Et si Navas n’a pas à rougir de son jeu au pied court, il gagnerait néanmoins à travailler son jeu long puisqu’il n’a réussi que 377 passes longues pour un total de 59,7 %. Navas se cantonne donc à sa fonction première, celle d’un gardien de but classique.
Le chaînon manquant ?
Cette spécificité a contribué à la physionomie des deux rencontres contre le Barça (au retour) et contre le Bayern (à l’aller). Dans les deux cas, le PSG s’est montré fébrile à la relance et à subit le pressing agressif et les assauts des joueurs des Bavarois et Catalans. Contre ces derniers, Navas a été en grande difficulté au pied : 8 ballons rendus aux Catalans dans ses dégagements, qui tombaient souvent sur Busquets, seul dans un no man’s land créé entre les milieux et les attaquants parisiens. Le Barça a pu converser librement entre les lignes (98 passes tentées par le Barça dans le dernier tiers adverse, 88% de réussies) et Paris a encaissé 16 tirs en première période, dont neuf cadrés.
Ainsi, les Parisiens ont subi 52 tirs au total, dont 31 lors du quart de finale aller, le plus haut total dans un match de Ligue des Champions depuis qu’Opta analyse la compétition (2003/04). Les Allemands ont totalisé 3.79 Expected Goals, le plus haut total pour une équipe sur une rencontre dans la compétition cette saison (penalties exclus). Heureusement, avec seulement 12 tirs cadrés, les Bavarois se sont montrés maladroits.
Quoi qu’il en soit, Navas est l’un des éléments qui manquaient au PSG ces dernières années. Si l’on s’en tient au nombre d’arrêts, il a effectué les trois plus grandes performances d’un gardien du club en Ligue des champions depuis la saison 2011-2012. Sur cette période, si on excepte Sergio Rico, il est celui qui compte le plus haut pourcentage de victoires (66,7 %), la plus petite moyenne de buts encaissés par match (0,9), le plus grand nombre d’arrêts par rencontre (3,5) et le plus haut pourcentage d’arrêts (79,8 %). Seul Areola lui chipe la pole pour le nombre d’arrêts par 90 (4,5 contre 4,1) lors des matchs à élimination directe. Navas est donc le meilleur, mais l’un des plus exposés aussi : il subit 5,3 tirs cadrés par match lors de la phase à élimination directe. Recruté pour 13M€, il a déjà amorti ce montant par ses exploits.
Quelques mois après un premier échec en finale de Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain rêve toujours de décrocher une première étoile et n’est plus qu’à 3 matchs d’y parvenir. Face aux Anglais de Manchester City, les Parisiens devront cependant faire face à l’équipe qui presse le plus dans le dernier tiers adverse, 46 fois en moyenne par match, un scénario que n’aime guère les hommes de la capitale. Qu’importe, ils pourront quoi qu’il arrive compter sur leur ange gardien pour les sauver le cas échéant.