La franchise de Wellington pointe à la dernière place du classement du Super Rugby Aotearoa. Les Jaune et noir souffrent d’un manque de consistance récurrent qui les a miné dans des rencontres souvent très serrées. Surtout, les Canes semblent renouer avec un vilain défaut qui les a longtemps pénalisés : une défense trop friable.
Une longue période de disette avant une courte gloire
Fondée en 1996, l’équipe des Hurricanes n’a pas réussi, et ce pendant de longues années, à s’imposer dans le haut du classement du Super Rugby de manière régulière. Elle reste capable de quelques coups d’éclats, comme en 2006 avec une défaite en finale contre les Crusaders. Cependant, elle ne parvient à mettre la main sur son premier trophée qu’en 2016 en disposant assez facilement de l’équipe sud-africaine des Lions. Les années 2015-2016 sont une période où l’équipe aux couleurs jaune et noire atteint son meilleur niveau, au sommet du super rugby avec un effectif constellée de stars.
Leur identité de jeu est largement tournée vers l’offensive, avec une contre attaque qui fut très performante, couplée pendant longtemps à de profondes lacunes défensives. Historiquement leur défense n’est pas performante, cependant si les années 2015-2016 se sont traduites par des résultats très probants, c’est d’abord grâce aux travaux réalisés sur la défense de l’équipe. Les joueurs parviennent alors à dresser un véritable mur jaune leur permettant de décrocher leur premier titre.
Les années 2018 et 2019, si elles ne se traduisent pas par des titres, restent de très bonnes années pour les Hurricanes qui talonnent de peu les Crusaders dans le classement des franchises néo-zélandaises.
Départ des joueurs cadres
La franchise s’est retrouvée considérablement affaiblie par le départ de joueurs cadres dans l’effectif à partir de 2019 et en 2020. Dès 2019, c’est le maître à jouer de l’équipe qui s’en va. Beauden Barrett, le joueur star des All blacks et rouage important de l’équipe quitte ses coéquipiers aux blues d’Auckland, une franchise rivale. Premier départ de marque qui signe le déclin relatif de l’équipe de Wellington.
L’année suivante, ce sont deux joueurs qui quittent l’effectif, Ben Lam, l’ailier serial scoreur de l’équipe, souvent dans les meilleurs marqueurs du super rugby et TJ Perenara, le demi de mêlée fantasque au jeu débridé. Ben Lam décide de s’exiler en France à Bordeaux-Bègles quand TJ Perenara a pris la destination du Japon chez les Red Hurricanes.
En deux ans, la franchise perd ainsi la charnière qui avait fait ses belles années et qui constituait un véritable moteur de l’équipe. L’e XV de Wellington pâtit aujourd’hui largement de cette incapacité à conserver ses éléments les plus performants. Des pièces clés qui n’ont à ce jour pas trouvé de successeurs à leur taille.
En effet, une des sources de leurs lacunes actuelles réside dans une certaine absence de préparation de leurs joueurs les plus jeunes. Les jeunes n’ont pas assez joué pour se montrer performants au plus haut niveau.
Les années 2020-2021 : entre ombre et lumière
Les deux dernières années de la franchise dans le championnat de Super Rugby Aotearoa sont divergentes en termes de résultats. Une troisième place glanée en 2020 derrière les deux franchises en vogue les Blues et les Crusaders puis cette dernière place en 2021. La performance de 2020 est plutôt satisfaisante, puisque l’équipe comptait à la fin de la saison 5 victoires pour 3 défaites. Les Canes ont eu davantage de mal cette saison avec une seule victoire en 7 matchs avant la rencontre qui les opposera aux Highlanders vendredi matin. Ils ont notamment rencontré des difficultés à mettre de la vitesse dans leur jeu, ce qui faisait leur force.
Loin d’être ridicules, ils ont pourtant rivalisé avec les autres franchises néo-zélandaises mais ont souvent lâché sur la fin de match, comme contre les Crusaders (J7), match perdu au golden point lors des prolongations. Le manque de leadership se fait particulièrement sentir, et Jordie Barrett paraît parfois bien seul. Autre habituel leader de jeu, Dan Coles a été moins décisif. Quant à Ardie Savea, bien qu’il apporte énormément dans le jeu, ill a été beaucoup pénalisé avec deux cartons jaunes reçus. De plus, ce dernier s’est blessé contre les Crusaders et sera indisponible pendant encore 4 à 6 semaines.
De manière générale l’équipe est bien trop pénalisée, elle a reçu 7 cartons jaunes en autant de match. Cela mine la franchise qui ne parvient plus à faire basculer les rencontres serrées de son côté.
Effectif et futur
Bien que l’équipe pêche parfois d’un manque de rigeur collective, on peut souligner dans l’effectif des Canes des individualités brillantes qui amènent énormément au jeu des Jaune et noir.
D’abord, Jordie Barrett est devenu le nouveau maître à jouer de la franchise après le départ de son frère. Il porte véritablement l’équipe, que ce soit par son talent et sa fiabilité au but ou par ses courses dans le bon tempo. Il amène désormais beaucoup dans le jeu courant, se positionnant souvent en demi d’ouverture. Nul doute qu’il fera partie des candidats crédibles au poste d’arrière, un des postes les plus disputés en ce moment en Nouvelle-Zélande (avec McKenzie, Will Jordan et Beauden Barrett). Derrière on peut également citer Lomape, le centre extrêmement puissant qui casse les défenses avec une facilité déconcertante. Puis l’espoir Umaga-jensen, qui n’a pas encore véritablement confirmé au plus haut niveau mais s’impose déjà par ses capacités en défense. Billy Proctor, jeune trois quart polyvalent de 21 ans est également très prometteur.
Concernant le pack de cette équipe, les avants ne sont pas conquérants et dominateurs, ils semblent subir les confrontations et ce malgré du talent à certains postes. On peut déjà évoquer la qualité des deux talonneurs : l’inoxydable Dan Coles et le très puissant Aumua. La troisième ligne souffre de la comparaison avec les autres franchises néo-zélandaises. Exceptés Ardie Savea et les espoirs placés en Kirifi (le jeune troisième ligne n’a pas encore confirmé au plus haut niveau), l’équipe semble assez mal équipée.
La franchise s’appuie cette saison sur un jeune demi-d’ouverture de 19 ans, Ruben Love, très prometteur qui découvre cette année le Super Rugby. Propulsé par les blessures des deux autres demis d’ouverture de l’effectif, le jeune joueur s’est retrouvé directement aux avants postes, avec parfois des difficultés liées à son inexpérience.
La prochaine échéance, vendredi matin à 9h contre les Highlanders, si elle ne changera rien au classement, pourrait bien être révélatrice du véritable niveau de cette équipe. Car au-delà de la méforme actuellement visible au classement, les rencontres se sont toutes jouées à quelques points, des détails qui font pencher la balance en leur défaveur. La confiance qui s’effrite peu à peu pourrait revenir aussitôt par un déclic.
Les rencontres annoncées, avec le retour d’un Super Rugby international, le Super rugby Trans-Tasman (Néo-zélandais et Australiens) pourraient agir en faveur des Hurricanes qui se rassureront peut-être face à des équipes australiennes un peu en deçà du niveau des franchises néo-zélandaises.
Ce championnat débutera dès le 14 mai et les hommes de Wellington seront, d’abord, confrontés aux cinq franchises australiennes.