Ce samedi s’élance la 104e édition du Tour d’Italie du côté de la ville de Turin. Cette année, le Giro semble très ouvert pour la course à la victoire finale. Entre coureurs qui sortent d’une saison décevante, revanchards qui veulent rattraper le temps perdu et jeunes pousses qui ont les crocs, la bataille pour la tunique rose s’annonce palpitante. Présentation des prétendants au classement général.
Les favoris
Egan Bernal
On avait quitté l’an dernier Egan Bernal en perdition dans le col du Grand Colombier. Quelques mois plus tard, la forme semble de retour pour le Colombien de la formation Ineos Grenadiers. Le grimpeur de 24 ans s’est rassuré avec un début de saison honorable, jonglant entre courses à étapes (3e Tour de la Provence, 4e Tirreno Adriatico) et classique d’un jour (2e Trofeo Laigueglia, 3e Strade Bianche).

Des épreuves où il a à chaque fois été un grand acteur de la course sans toutefois parvenir à lever les bras. Après Tirreno Adriatico, Bernal est allé se préparer dans sa terre natale colombienne. Malgré sa stature, il n’a qu’une seule solide référence en grand tour : sa victoire sur le Tour de France 2019. Néanmoins, son talent exceptionnel et sa capacité à enchaîner les efforts en font naturellement l’un des favoris de ce Giro 2021.
Simon Yates
Simon Yates et le Giro, c’est une histoire d’amour qui semble partie pour durer. Après une septième place sur le Tour de France 2017, le Britannique privilégie désormais la course italienne comme grand objectif de sa saison. Et entre Simon et le Giro, c’est un peu “je t’aime moins non plus”.
En trois participations, il a survolé l’édition 2018 puis complétement explosé, finit huitième de l’édition 2019 alors qu’il avait déclaré avant le départ que ses rivaux devaient “avoir peur et se chier dessus” avant le départ de la course (pour finir à une décevante huitième place) et a abandonné l’édition 2020 en positif à la Covid-19.

Cette année, Yates est monté en puissance. Il a terminé dixième de Tirreno Adriatico, neuvième du Tour de Catalogne et a récemment survolé le Tour des Alpes. Le principal questionnement autour de Simon Yates se situe au niveau de sa constance. Le britannique est capable du meilleur comme du pire.
Le meilleur, quand il finit à quelques secondes de Pogacar sur la grande étape de montagne de Tirreno Adriatico. Le pire, quand les autres jours, il subit la course. Dans cette catégorie, l’étape 19 du Giro 2018 où il a complétement craqué dans le Col du Finestre reste un spectre qui plane au dessus de sa carrière.
Mikel Landa
Comme toujours, le coureur basque est à citer parmi les potentiels candidats au podium (ou plus ?) sur une course de trois semaines. Cette saison, il a terminé à une très belle troisième place sur Tirreno Adriatico et huitième du Tour du Pays Basque. Mikel Landa, c’est une valeur sûre dans les courses de trois semaines. Il sort d’un très bon Tour de France où il a terminé quatrième.

Dans le passé, Landa a prouvé qu’il savait être constant, sans grandes défaillances. Néanmoins, cela fait quelques années qu’il n’a pas montré qu’il pouvait être un cran au dessus de ses adversaires en remportant une victoire à la pédale face aux meilleurs. Le basque n’a plus goûté aux joies d’un podium de grand tour depuis 2015…sur le Giro.
Les outsiders
Hugh Carthy
Le Britannique Hugh Carthy a été l’une des révélations de la saison dernière. Il a pour la première fois jouer la gagne sur une épreuve de trois semaines en terminant sur le podium de la Vuelta. Une performance auquel il faut ajouter une victoire de prestige au sommet du terrifiant Alto de l’Angliru.
Ce Tour d’Italie doit être le grand tour de la confirmation pour le coureur d’EF Education-Nippo. Il sort d’une cinquième place satisfaisante sur le Tour des Alpes. Le tempérament d’attaquant de Hugh Carthy devrait animer la course.
Joao Almeida
Longtemps porteur du maillot rose l’an dernier, le Portuguais Joao Almeida avait fini par craquer lors des ultimes étapes montagnardes pour terminer quatrième du classement général. Cette année, il arrive avec un nouveau statut.
Son début de saison a été très bon en étant parmi les meilleurs dans les différentes courses à étapes auxquelles il a pris part (3e UAE Tour, 6e Tirreno Adriatico, 7e Tour de Catalogne). A seulement 22 ans, cet excellent rouleur va chercher à améliorer sa performance de l’an passé pour décrocher le premier podium de sa carrière en grand tour.
Remco Evenepoel
Co-équipier de Joao Almeida, Remco Evenepoel est de retour à la compétition après sa grave blessure sur le Tour de Lombardie 2020. Le grand prodige du cyclisme mondial arrive avec beaucoup d’interrogations sur son niveau. Officiellement, il vient sur le Giro pour acquérir de l’expérience et aider Almeida… Mais le Belge peut-il encore nous surprendre ?
Aleksandr Vlasov
Avec le départ de Miguel Angel Lopez chez Movistar et un Jakob Fuglsang vieillissant, le jeune russe Aleksandr Vlasov voit cette année son statut progresser au sein de la formation Astana. Deuxième de Paris-Nice, troisième du Tour des Alpes, le Russe est en grande forme. Cette saison doit être celle de la progression, lui qui sort d’une encourageante onzième place sur la dernière Vuelta. Un bon classement général et une victoire d’étape serait satisfaisant pour le jeune grimpeur russe.
A ne pas sous-estimer
Durant cette 104e édition du Tour d’Italie, d’autres coureurs seront à surveiller. Chez Ineos Grenadiers, on peut compter sur les lieutenants Pavel Sivakov (9e du Giro 2019 et 6e du Tour des Alpes cette année) et Daniel Martinez (vainqueur l’an dernier du Critérium du Dauphiné) pour jouer les équipiers de luxe du Colombien Bernal.
Emanuel Buchmann, quatrième du Tour de France 2019, sort d’une saison 2020 compliquée à cause d’une chute sur le Dauphiné. Il a fait cette année du Giro son objectif de la saison pour relancer sa carrière. Second l’an dernier, Jai Hindley réalise un début de saison qui laisse perplexe. Dix-huitième de Paris-Nice, abandons sur le Tour des Alpes et le Tour de Catalogne, sa forme pose question.
A 30 ans, le Français Romain Bardet va découvrir la course italienne. Neuvième du Tour des Alpes, huitième de Tirreno – Adriatico, son début de saison est plus que correct avec sa nouvelle équipe Team DSM. Suivant la forme de Jai Hindley, le Français pourrait bénéficier du leadership. Ancien co-équipier de Bardet, Domenico Pozzovivo, 38 ans, est également présent.
Du côté de la Trek-Segafredo, Bauke Mollema – cinquième de l’édition 2019 – participe au Giro avant d’aller sur les routes du Tour de France. Longtemps incertain après sa chute lors d’un entraînement (fracture du poignet), le double vainqueur Vincenzo Nibali est présent. Autre coureur transalpin à suivre, Fausto Masnada, neuvième du Giro l’an dernier et qui sort d’un très bon Tour de Romandie (3e du classement général).
Chez Jumbo-Visma, c’est le huitième de l’édition 2018 George Bennett qui bénéficie du leadership. Après avoir joué l’équipier modèle pour Roglic et Kruijswijk durant ces dernières saisons, le Néo-zélandais a une chance à saisir sur ce Giro 2021. Il sera accompagné par Tobias Foss, vainqueur du Tour de l’avenir 2019 et 15e du dernier Tirreno Adriatico. Il avait dû quitter la course prématurément l’an dernier sur son premier grand tour après le retrait de son équipe.
Dan Martin, quatrième de la Vuelta 2020, fait partie des hommes à suivre. Le cinquième du dernier Tour d’Italie Pello Bilbao est en grande forme. Il vient de terminer deuxième du Tour des Alpes. Un beau grégario pour Landa. Ou plus ? Parmi les Espagnols, Marc Soler va découvrir le rôle de leader sur une course de trois semaines. Il a montré sur le Tour de Romandie qu’il avait les cannes pour aller chercher un top 10.
Des cadors historiques, des trentenaires revanchards, des novices, des néo-leaders et des jeunes minots déjà morts de faim. Le casting de ce Tour d’Italie a de quoi nous faire se lécher les babines ! Rendez vous le 8 mai pour le grand départ de ce 104e Giro. Amore Infinito !