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EURO 2020 : Finlande, un peuple heureux plein de footeux !

Le 15 Novembre 2019, à la faveur d’une ultime victoire face au Liechtenstein, la Finlande du foot a réalisé son plus bel exploit en se qualifiant pour l’Euro 2020, qui sera la toute première compétition internationale de son histoire. Après être plusieurs fois passé près d’une qualification, le peuple finlandais est maintenant prêt à hisser le football au sommet de sa culture sportive, déjà très riche et qui fait la part belle à la neige. Zoom sur le pays le plus heureux du monde avec l’aide de Nordisk Finlande du média Nordisk Football.

Un pays de sports d’hiver

Si vous voyagez en terres finlandaises, la première chose que vous verrez ne sera sûrement pas un ballon de foot, mais plutôt de vastes étendues verdoyantes ou enneigées, selon l’époque. Si vous arrivez à briser la glace avec ses habitants, vous risquez également de rencontrer de nombreux sourires car la Finlande a été élue pays le plus heureux du monde en 2021, pour la quatrième année consécutive. Très réputé pour son système scolaire, le peuple finlandais se distingue également par sa passion pour le sport. Logiquement, les sports d’hiver ont la part belle dans le cœur des habitants, à commencer par le hockey et on les comprend.

En 2021, comme les 3 années précédentes, la Finlande est le pays le plus heureux du monde d’après le World Happyness Report (Crédit : worldhappiness.report)

Pourtant il n’a pas toujours été le sport numéro 1 en Finlande. Il faut attendre les années 90’ pour voir le peuple finlandais tomber amoureux du hockey. La raison est simple et elle prend place de l’autre-côté de l’Atlantique. A cette époque, la NHL est dominée par les Oilers d’Edmonton et le meilleur joueur de tous les temps : Wayne Gretzky. Et devinez quoi ? Le Great One partage sa ligne avec deux attaquants finlandais : Esa Tikkanen et surtout Jari Kurri. Ensemble ils remportent pas moins de 4 Coupe Stanley ! La passion pour le hockey ne quittera plus la Finlande.

Les Leijonat sont champions du monde en titre de hockey sur glace (Crédit : Ski-nordique.net)

Aujourd’hui, le hockey sur glace est le sport qui réalise les meilleures audiences télévisuelles. Meilleure nation européenne, les Leijonat (Lions) n’ont plus quitté le top 4 du classement mondial depuis 2005, où ils ne sont aujourd’hui devancés que par les États-Unis et le Canada.  Ils ont remporté 3 championnats du monde, le dernier en 2019, et 6 médailles olympiques. L’équipe féminine est considérée comme l’une des seules sélections capables de rivaliser avec les nord-américaines. Pays formateur par excellence, la Finlande est une véritable pouponnière à talents pour la NHL.

Les Finlandais sont également très adroits sur les skis, bien qu’à l’instar des Suédois, ils sont quelque peu éclipsés par les Norvégiens. On compte bon nombre de finlandais ayant tutoyés les sommets, tels que Matti Nykänen en saut à skis (champion olympique en 1984 et 1988), Kaisa Mäkäräinen en biathlon (championne du monde de poursuite en 2011 et 3 gros globes de la coupe du monde) ou encore Iivo Niskanen (champion olympique en 2018 en ski de fond). On connaît aussi et surtout la Finlande pour ses étapes de coupe du monde : les tremplins de Kussamo, Lahti et Kuopio, la piste de Kontiolahti en biathlon ou encore la piste de ski de fond à Lahti.

Kaisa Mäkäräinen a écrit l’histoire de son pays et du biathlon (Crédit : Orange Sports)

La Finlande est également un vaste pays aux paysages qui varient avec la durée du jour, terrain de jeu magnifique pour les sports mécaniques tels que le Rallye ou la Formule 1. Pour comprendre la place des sports mécaniques en Finlande, quelques noms valent mieux que mille mots : Hannu Mikkola, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Jari-Matti Latvala en Rallye et Keke Rosberg, Mika Häkkinen, Kimi Raïkkönen, Valteri Bottas en Formule 1.

Kimi Raïkonnen (à gauche) et Valteris Bottas (à droite) sont les deux figures finlandaises actuelles de la Formule 1 (Crédit : YLE)

Enfin, la Finlande c’est aussi un sport national créé dans les années 1910 : le Pesäpallo. Aujourd’hui pratiqué chez les voisins et dans plusieurs pays du monde, c’est un sport très proche du baseball qui y associe des règles de jeux d’équipes traditionnels du pays. La différence la plus importante vient du lancer de la balle, qui est vertical, à la différence du baseball où le lancer est horizontal. On comptait plus de 6000 équipes au début du siècle et on pouvait même parier sur les rencontres dans les années 90, avant qu’un énorme scandale de matches truqués n’éclate en 1998. Réintroduits en 2005, les paris sont définitivement bannis de ce sport en 2009.

Des finlandais en pleine partie de pesäpallo (Crédit : HONUS)

Le ballon rond a trouvé sa place

Et le football dans tout ça ? Bien qu’il ne soit pas le sport avec le plus de succès dans le pays, il a le vent en poupe. On comptait par exemple 140 000 licenciés en 2016 contre 75 000 pour le hockey sur glace, sport majeur du pays mais assez onéreux. Le nombre de licenciés croît de 10% chaque année, faisant potentiellement du football le sport numéro 1 du pays. Alors encore membre de l’Empire russe, l’association finlandaise de football est fondée en 1907 et rejoint la FIFA en 1908. Son premier tournoi est une réussite puisque les Bleus et Blancs terminent 4ème aux JOs de Stockholm en 1912. Depuis, le football en Finlande, c’est une histoire de rendez-vous manqués qui a trop duré.

En 1980, les finlandais ratent la qualification pour l’Euro pour seulement 1 point. En 1986, ils ratent la qualification pour la coupe du monde de 2 points cette fois. Mais le traumatisme footballistique des Finlandais intervient une décennie plus tard, le 11 octobre 1997. Lors du dernier match de qualification pour la coupe du monde 98 en France, la Finlande, alors 3ème de son groupe, reçoit la Hongrie, 2ème. Une victoire suffit et le chemin se dégage suite à l’ouverture du score rapide des Scandinaves. Mais à la 91ème minute le drame se produit : un improbable CSC brise les rêves finlandais et envoie la Hongrie en barrages… En Finlande, ce match est l’équivalent de notre France Bulgarie 1993 et a profondément marqué les fans.

Ce Finlande – Hongrie en 1997 hante encore bon nombre de finlandais… (Crédit : Youtube – sp1873)

Depuis ce traumatisme, la Finlande a toujours été placée en phases de qualifications, sans décrocher ce fameux billet, jusqu’en 2019. Faisant suite à une belle campagne de Ligue des Nations (vainqueur de son groupe en ligue C), la Finlande remporte 6 de ses 10 matches et se qualifie pour l’Euro 2020 à l’avant-dernière journée devant un peuple finlandais acquis à sa cause.

La qualification de la Finlande pour l’Euro 2020 a provoqué une joie incroyable au peuple bleu et blanc (Crédit : Youtube)

Si la Finlande a pu développer son football avec ses conditions météorologiques si difficiles, c’est en partie à la faveur de gros investissements, notamment dans les années 1970, pour construire des terrains de football couverts. A cela s’ajoute l’expérience des meilleurs joueurs dans des clubs étrangers (Jari Litmanen, Sami Hyypiä et Mikael Forssell entre autres) mais aussi la multiplication des matches internationaux et la montée en puissance, petit à petit, de son championnat national.

En interne, la souveraineté de la capitale

Parlons du championnat justement, dont la 122ème édition a débuté il y a peu. Helsinki y occupe une place prépondérante, puisque son club phare, le HJK Helsinki, l’a remporté à 30 reprises. Le club ne laisse d’ailleurs que des miettes dernièrement avec 9 titres sur les 13 dernières éditions. Parmi les autres clubs à succès, on compte le HPS Helsinki et le FC Haka avec 9 titres, le TPS Turku avec 8 titres et enfin le rival HIFK avec 7 titres.

Néanmoins, on peut nuancer l’influence de la capitale dans football finlandais, qui ne possède que 2 clubs sur 12 en première division en 2021, le HJK et le HIFK. On peut en revanche noter que la plupart des clubs évoluant en division 1 sont situés au Sud de la Finlande. L’AC Oulu est le club le plus au Nord de la Veikkausliiga. Cette première division vaut d’ailleurs le détour rien que pour son format. Disputé d’avril à Novembre pour profiter de conditions météos clémentes, le championnat se déroule en 2 phases. Lors de la première phase, chaque équipe rencontre deux fois les autres pour un total de 22 matches et un premier classement est établi, qui servira de base à la seconde phase. Ainsi, les 6 premiers intègrent la « poule championnat » et se battront (en phases aller-retour) pour le titre et 3 places européennes. Les 6 derniers intègrent la « poule relégation » et essayeront de ne pas terminer aux deux dernières places, respectivement synonymes de relégation et de barrage de relégation. Enfin, les deux premiers de la poule relégation et les trois derniers de la poule championnat s’affrontent en barrages éliminatoires pour la dernière place européenne du pays.

Les clubs finlandais s’exportent en revanche mal à l’international. Contrairement aux voisins suédois et norvégien qui envoient régulièrement un club en phase de groupe de Ligue des Champions, il faut remonter à la saison 1998-1999 pour trouver trace d’un club finlandais dans la plus grande des compétitions européennes, et c’était déjà le HJK Helsinki.

Le derby d’Helsinki comme principale attraction

Le derby majeur du pays a plus de 110 ans, et c’est le derby de Helsinki, ou encore the Stadin Derby. Il oppose depuis 1909 le HIFK (pour Idrottsföreningen Kamraterna Helsingfors : bon courage pour la prononciation) au HJK (pour Helsingin Jalkapalloklubi) pour des causes comme souvent sociales, ici linguistiques. Le HIFK était le club de la classe moyenne parlant suédois, alors que le HJK était celui de la classe moyenne parlant finnois. Autre particularité, depuis leur 1er affrontement au sommet de la hiérarchie finlandaise, cette rencontre se déroule au Sonera Stadium, qui est le stade domicile des deux clubs !

Le Stadin Derby est le plus grand derby du pays (Crédit : Ultras-Tifo)

Au tableau des scores c’est aujourd’hui très serré puisqu’en 150 derbys, on compte 60 victoires du HJK, 58 du HIFK et 32 matches nuls. Plus important, chaque année se joue le « Stadin herruus » ou la maîtrise d’Helsinki. On somme les résultats des différents derbys HJK – HIFK ayant eu lieu dans l’année (coupe comprise) et l’équipe gagnante remporte le trophée Stadin herruus. Le derby d’Helsinki, c’est aussi une des rares opportunités de voir de l’hooliganisme en Finlande, pays relativement calme au niveau de ses supporters.

Les ultras du HIFK savent mettre l’ambiance (Crédit : Flickr)

Ce derby a d’ailleurs sérieusement repris du poil de la bête depuis 2015, année de la remontée du HIFK en Veikkausliiga, après 43 ans de disette. Il faut dire que le dernier titre du HIFK remonte à 1961, époque où les deux se battaient pour le titre. Une comparaison audacieuse pourrait se faire entre le derby d’Helsinki et celui de Barcelone, où l’Espanyol comme le HIFK joue une partie importante de leur saison face aux ogres du Barca et du HJK. En tout cas, ce derby est un vrai rendez-vous pour les fans de foot finlandais, qui ont longtemps attendu de retrouver cette rivalité.

Le derby de Laponie pour un voyage atypique

Vous connaissez forcément la Laponie pour ses paysages magnifiques et ses randonnées sous les aurores boréales. Et bien figurez vous que vous avez raté le meilleur : le derby de Laponie, qui pour le coup, n’existe plus. Pendant 4 ans, deux des équipes les plus au Nord de l’Europe se sont affrontées dans des conditions climatiques le plus souvent chaotiques : le RoPS Rovaniemi et le Kemi City Football Club (anciennement Palloseura Kemi Kings), distants de 100 kilomètres (en Finlande c’est l’équivalent d’un Lyon – Saint-Étienne).

C’est dans ce cadre atypique que se déroulaient l’un des derbys les plus au Nord de l’Europe (Crédit : Nordisk Football)

Le RoPS Rovaniemi est un club fondé en 1950 qui a longtemps fait partie de l’élite du championnat, remportant 2 coupes de Finlande et se qualifiant plusieurs fois pour des joutes européennes. Il vient néanmoins de descendre en division 2 à cause d’une mauvaise saison 2020. Quant au Kemi City Football Club, il est créé sous le nom de Palloseura Kemi Kings en 1999. Longtemps bloqué en divisions inférieures, le club réalise une ascension fulgurante en 2 ans de la D3 jusqu’en D1 en 2015. Après 3 belles années dans l’élite, le club subit une crise financière qui le force à renoncer à la saison 2019 et à former un nouveau club, le Kemi City FC, qui repart en D3.

En dehors des affrontements en coupe de Finlande, le derby de Laponie aura eu lieu à 12 reprises en championnat, pour 6 victoires du RoPS, 3 matches nuls et 3 victoires du Kemi City FC. Pour avoir une idée de comment est vécu ce derby, on vous propose un article de Nordisk Finlande.

La Finlande, c’est certes beaucoup de neige et de saunas. C’est surtout le pays le plus heureux du monde depuis 4 ans, avec si peu de soleil, c’est un véritable exploit. C’est enfin une superbe terre de sports, avec de brillants résultats compte tenu de la population et des conditions météo. Le football ne fait pas exception, où sa culture s’est développée depuis bien longtemps, avec des clubs centenaires et des derbys atypiques. Après de nombreux échecs, c’est tout un pays qui va suivre sa sélection pour sa première compétition internationale sans complexe, dans un groupe où tout est possible face à la Belgique et surtout au Danemark et à la Russie. Et peu importe le résultat, le pari sera déjà réussi.

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