Un an après une opposition qui avait tourné, à la surprise générale, en faveur des hommes d’Erik Spoelstra, le match entre Bucks et Heat apparaissait prometteur. La première rencontre de la série a été décevante en terme de qualité mais les deux équipes s’étaient rendus coup pour coup jusqu’à ce que Milwaukee l’emporte. C’est donc avec un esprit revanchard et l’envie d’en découdre que nous attendions Miami. Néanmoins, les Bucks ont totalement dominé la rencontre se rendant les choses faciles dès l’entre-deux initial pour conclure sur une victoire 132-98. Nous allons tenter de décrypter les ingrédients qui ont permis ce blow out.
La gestion du tempo
Nous vous en parlions lors de la preview de cette série, le contrôle du rythme était une des clés de l’opposition entre Bucks et Heat. En effet, Milwaukee possède la seconde PACE de NBA et Miami l’avant dernière. Cette gestion du tempo était donc un facteur déterminant. Au cours de la première rencontre, le Heat avait réussi à limiter les transitions adverses sans se faire embarquer dans un jeu d’attaque-défense. Lors de ce match 2, Milwaukee a totalement repris la main et a imposé sa loi. Des transitions par dizaines et 25 points glanés sur attaque rapide. C’est bien trop quand on connaît la facilité avec laquelle Giannis Antetokounmpo gère le coast to coast. Les hommes de Mike Budenholzer ont également pris l’initiative de tenter des shoots rapides. La consigne semblait claire. Lorsqu’un joueur quel qu’il soit était en situation de prendre un tir, il ne devait pas le refuser. C’est ce qui s’est passé d’entrée de match avec un tir du parking du grec, suivi de près par Di Vincenzo ou Middleton. Vous l’aurez compris, chaque joueur des Bucks foulant le parquet a été impliqué et responsabilisé. La balle a circulé à la perfection et Jrue Holiday en a été le grand artisan concluant la rencontre avec 15 passes décisives. Mais, d’autres joueurs se sont montrés et ont prouvé que leur place dans le roster d’un prétendant au titre n’était pas galvaudée. Les hommes de Mike Budenholzer ont au passage réalisé un record de franchise avec pas moins de 78 points en première période.
Des rôle players au rendez-vous
Nous connaissons l’impact des franchise players ou des lieutenants qui les accompagnent. Toutefois, pour remporter des matchs et plus globalement des titres, il vous faut des rôle players et un banc au niveau des attentes. Sur le papier, le banc des Bucks paraissaient bien mieux armé que celui du Heat. Il ne fut donc pas surprenant de voir Milwaukee performer qu’importe les joueurs sur le terrain. L’ancien des Spurs Bryn Forbes en est le parfait exemple. L’arrière a complètement pris feu et a inscrit 19 de ses 22 points en première mi-temps. L’essentiel de ceux-là a d’ailleurs été marqué de loin et en série. L’intelligence des Bucks a été de le servir lorsqu’il avait la main chaude. Le résultat fut sans appel. Six joueurs termineront la partie à plus de 10 points pour Milwaukee et Bud a pu ouvrir son banc afin de laisser au repos ses titulaires durant de longues minutes. Côté Heat, Goran Dragic et Dewayne Dedmon ont tenté de mener la révolte mais ils semblaient trop esseulés pour parvenir à quoi que ce soit. Le manque d’adresse de Miami a été un vrai facteur aggravant de leur défaite. Celle des Bucks a, en revanche, été idéale et leur a permis d’être serein et parfaitement en confiance.

L’efficacité de retour
Visuellement, les Bucks ont tout simplement étouffé le Heat. Statistiquement, c’est bien pire. La franchise du Wisconsin termine le match avec 48.9% de réussite au tir dont un excellent 41.5% à 3 points et un exceptionnel 90% aux lancers-francs. En comparaison, lors du premier affrontement de la série, Milwaukee n’avait converti que 60.9% de ses tentatives aux lancers pour un volume similaire. Giannis Antetokounmpo est le parfait symbole de cette embellie. Le Greek Freak a réussi 6 de ses 7 tentatives. Comme quoi, son adresse dans ce secteur de jeu sera déterminante dans la quête de titre des Bucks. Sur l’ensemble du match, les hommes de Budenholzer ont pris le pari de cibler deux zones fortes pour shooter. La première se situe dans la raquette proche du cercle. Si Giannis excelle dans l’exercice de par sa puissance et son envergure, Jrue Holiday a lui aussi réussi à cibler cette zone du terrain alors qu’il n’était pas en veine longue distance. Au total, sur 25 shoots tentés proche du cercle, les Bucks en ont converti 18. La seconde se situe à trois points à 45 degrés. Cette zone, souvent privilégié par les shooteurs, leur a permis de creuser l’écart car l’efficacité était au rendez-vous. A contrario, ils ont totalement délaissé le tir mi-distance, comme il est souvent le cas en NBA désormais et ont très peu eu recours au shoot dans le corner. La tactique des Bucks était donc établie en amont et elle s’est avérée payante d’entrée. De son côté, Miami n’est pas parvenu à rentrer ses shoots extérieurs qui sont une de ses grandes forces. Lors du troisième quart-temps, ils n’ont d’ailleurs tenté qu’un seul tir longue distance privilégiant le mid range à outrance. Cette adaptation probablement volontaire s’explique par l’agressivité dont Milwaukee a fait preuve tout au long du match.
Agressifs et déterminés
Si nous avons choisis ces deux adjectifs pour définir la rencontre des Bucks ce n’est pas anodin. En effet, Brook Lopez et consorts sont apparus morts de faim et prêts à en découdre. Mike Budenholzer avait clairement choisi de ne pas sortir trop haut sur Bam Adebayo et de l’attendre dans la raquette proche du cercle. Cela a évité des cut back door et des paniers faciles près du cercle. Sur les lignes extérieurs, Milwaukee a switché assez souvent. Ces changements de vis-à-vis direct s’explique par la capacité aux trois défenseurs extérieurs de s’adapter à différents profils. Jrue Holiday est un défenseur très physique reconnu par ses pairs, Khris Middleton est un excellent two way player capable de gêner par ses longs bras et son QI basket, quant à Di Vincenzo, il est très rapide sur ses appuis et est très à l’aise lorsqu’il s’agit de venir en aide. Cette complémentarité a complétement désorganisé le Heat et a permis aux Bucks de prendre l’ascendant très tôt dans le match. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que cette application des deux côtés du terrain a perduré au fil de la rencontre sans s’amenuiser. Symbole de cette sur-domination, le nombre de rebonds captés. Milwaukee a tout simplement éteint le Heat dans ce secteur.
La surdomination au rebond
61 rebonds à 36 en faveur des Bucks. Si la statistique mérite d’être développée, le différentiel pose question et peut provoquer des maux de crâne. L’absence de grand dans le roster de Miami paraît handicapant. Seul Bam Adebayo semble pouvoir rivaliser avec Brook Lopez ou Giannis Antetokounmpo. Mais le rebond c’est aussi une question d’envie. Miami n’a pas fait en sorte de mettre ses intérieurs dans de bonnes conditions pour capter les ballons. Pas d’écrans libérant un joueur, pas de box out, en bref trop peu d’ingrédients permettant de dominer cet aspect si important du basket. Pire, les hommes d’Erik Spoelstra ont laissé les Bucks capter bon nombre de rebonds offensifs leur donnant des secondes chances. A la fin de la première mi-temps, Milwaukee avait capté 50% de rebonds offensifs. Une anomalie qui reflète pleinement le manque d’implication du Heat sur ce match. Milwaukee conclura même la rencontre avec 21 rebonds offensifs au compteur. Nul doute que le coach de Miami saura trouver des parades afin de ne plus subir autant mais les joueurs devront se montrer plus déterminés au risque de voir leur séjour en Playoffs tourner court.
Si lors de la bulle d’Orlando, Miami avait créé l’exploit de sortir Milwaukee, cette année les choses semblent plus compliquées. Le roster paraît moins performant et les joueurs sont clairement en manque de confiance. Cette dernière qui faisait leur force l’an passé… Miami va devoir se faire violence et tenter de trouver les solutions afin de survivre dans cette série. Le match 3 s’annonce déjà décisif en Floride.
Photo : AP file Photo/Morry Gash