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Flashback : il y a 20 ans, Toulouse et Clermont s’affrontaient en finale

Ce samedi, Toulousains et Clermontois vont s’affronter dans le cadre de la 25e journée de Top 14. Le Stade toulousain voudra valider sa place en demie, tandis que Montferrand doit batailler pour une place de barragiste avant de viser plus haut. Ces deux équipes se connaissent et nous offrent souvent des grands matchs. Clermont-Toulouse c’était même l’affiche de la finale du Championnat de France en 2001, il y a vingt ans presque jour pour jour. (Crédit photo : archives du Stade toulousain)

Montferrand favori ?

En 2001 le championnat de France est toujours partagé en deux poules, Montferrand et Toulouse se retrouvent tous deux dans le même groupe. Lors des deux rencontres, à domicile et à l’extérieur, l’ASM va l’emporter. Cela permet aux hommes de Tim Lane de terminer la saison régulière en tête de leur poule, juste devant le Stade toulousain. Les Jaunards se défont d’Agen en quart puis de Biarritz en demi-finale, tandis que les Rouge et Noir de Guy Novès ont dû vaincre l’USAP puis le Castres olympique avant d’atteindre la finale. Montferrand déjà battu deux fois en finale par Toulouse, en 1994 et 1999, peut espérer prendre sa revanche après avoir battu deux fois les Haut-Garonnais au cours de la saison. Mais sur le papier la compo toulousaine fait quand même peur et l’expérience de toutes ces finales déjà remportées pourrait peser dans la balance.

France 2 ne savait pas encore écrire Poitrenaud en 2001.

On retrouve dans ce XV de départ quinze joueurs français en finale du championnat de France, cela peut paraître incroyable vingt ans plus tard. Et parmi ces joueurs tous ont porté ou porteront le maillot du XV de France, c’est dire la qualité de cette équipe. De la qualité on en retrouve aussi sur le banc avec des Soulette, Belot, Dispagne, Lacroix, Cazalbou, Ougier ou encore Penaud. Mais Montferrand a aussi des atouts à faire valoir et n’a pas à rougir au moment de se présenter sur la pelouse du Stade de France.

Abraham Tolofua, pilier gauche, est l’oncle de Selevasio et Christopher Tolofua.

La compo montferrandaise fait peut-être moins peur que celle de Toulouse, avec un cinq de devant qui ne connait pas le niveau international. Mais cette équipe reste malgré tout séduisante notamment grâce à sa troisième ligne, sa charnière, et son triangle arrière. Avant la rencontre les joueurs sont présentés au président de la République de l’époque, Jacques Chirac. Ce-dernier va se permettre un petit pronostic.

Le chef d’état, supporter du CA Brive, ne pronostique pas le vainqueur du match mais mise sur une future très grande carrière de Frédéric Michalak alors âgé de 18 ans. Les mauvaises langues diront qu’il n’a pas pris de risque, en tout cas cette finale pourrait déjà apporter un élément de réponse.

Le pragmatisme toulousain

L’entame de match est à l’avantage des Jaunards, Merceron manque un drop après moins de deux minutes de jeu, et loupe ensuite une pénalité obtenue sur mêlée quelques secondes plus tard. Les joueurs du Puy de Dôme sont mieux rentrés dans cette rencontre. Après dix minutes de jeu le Stade toulousain rentre peu à peu lui aussi dans son match. Mais les joueurs sont tendus et une échauffourée éclate dans les 22 mètres montferrandais. Mr. Borreani prévient Califano qui a agressé Barrier et lui dit qu’il a grillé son « joker », à la prochaine faute du genre il sera exclu. Les Clermontois ne profitent pas des erreurs toulousaines, le Stade quant à lui est bien plus pragmatique et ouvre le score grâce à un drop de Delaigue à la 14e minute de jeu. Dix minutes plus tard c’est le jeune Michalak qui punit Montferrand à nouveau.

Une charnière Michalak-Delaigue, c’est de la jeunesse, de l’expérience, mais surtout beaucoup de talent. (images Canal +)

Malgré son jeune âge Fred Michalak ne tremble pas des cinquante mètres. L’expérimenté Yann Delaigue passe ensuite son second drop de la partie, cinq minutes plus tard, les Rouge et Noir sont en train de donner une leçon d’efficacité aux Montferrandais en menant 9-0.

Le match s’emballe

Après deux échecs au pied, Merceron passe enfin les trois premiers points de son équipe à la demi-heure de jeu, après un hors-jeu toulousain. Les Montferrandais reprennent confiance et vont emballer ce match. Marlu et Troncon vont prendre des initiatives qui vont enfin payer.

Les initiatives clermontoises sont enfin récompensées. (images Canal +)

Jimmy Marlu initie une relance pour l’ASM, il joue au pied et lutte avec Clément Poitrenaud pour récupérer le ballon. Le trois-quarts centre toulousain expédie volontairement le ballon hors des limites du terrain avec sa main, et concède logiquement une pénalité. Le demi de mêlée international italien Alessandro Troncon joue vite pour l’ASM, et envoie Alexandre Audebert dans l’en-but. Montferrand vire en tête 10-9 avec la transformation de Merceron, mais les Toulousains poussent pour reprendre l’avantage avant la mi-temps.

Un exploit MAJUSCULE de Michel Marfaing, qui savoure. (images Canal +)

Dans une action un peu confuse, où les Toulousains se montrent maladroits, Nicolas Jeanjean parvient à décaler Michel Marfaing dans un couloir d’un mètre. Les éducateurs ont coutume de dire aux ailiers : « vise le poteau de touche pour aller marquer ». Cela tombe bien, puisqu’en 2001 Marfaing est éducateur au Stade toulousain. Mais l’ancien narbonnais fait finalement le choix de crocheter par deux fois à l’intérieur les deux derniers défenseurs clermontois pour aller marquer. Cela lui permet également de se faciliter la tâche pour transformer Près de de vingt ans plus tard, il se souvient encore avoir savouré dans l’en-but après avoir inscrit cet essai légendaire. Merceron rajoute une pénalité juste avant la pause, un moindre mal pour Montferrand qui est mené 16-13.

« On va en chier toute la deuxième mi-temps »

Interrogé par Jean Abeilhou au micro de France 2 à la pause, le marqueur d’essai Michel Marfaing prévient : « il n’y a que trois points d’avance, on va faire un gros effort en début de deuxième mi-temps parce qu’on va en chier toute la deuxième mi-temps ». L’ailier Rouge et Noir ne croit pas si bien dire et concrétise l’effort de ses coéquipiers par deux pénalités à la 47e puis à la 53e minute de jeu. Gérald Merceron qui avait connu trois échecs en première période retrouve du poil de la bête et répond à Marfaing avec deux nouvelles pénalités. A l’heure de jeu le score est de 22-19 pour Toulouse, cette finale reste indécise. Michalak passe ensuite sa seconde pénalité lointaine de la soirée et Yann Delaigue son troisième drop, un hat-trick sous les yeux d’Aimé Jacquet, qui apprécie. Une nouvelle pénalité de Merceron permet aux Jaunards de continuer à y croire, le tournant du match intervient finalement à la 70e minute de jeu.

Une finale ça se joue sur des petits détails, et à la fin c’est Toulouse qui gagne. (images France 2)

Montferrand est revenu à six points de Toulouse, une pénalité peut permettre aux Jaunards de réinvestir les 22 mètres adverses et pourquoi pas de marquer un essai transformé pour repasser devant. Mais l’arrière toulousain Nicolas Jeanjean effectue un superbe sauvetage sur la pénaltouche et monte une chandelle. A la retombée, Olivier Magne commet un en-avant, repris devant par son coéquipier Alexandre Audebert. Le Stade obtient une pénalité à 45 mètres des perches, et Michalak réussit son 3/3 longue distance. Mais il ne s’arrête pas là, avec 80 minutes de jeu dans les jambes, il passe une dernière pénalité de 50 mètres et scelle définitivement le sort du match. Toulouse l’emporte 34-22 et soulève le 16e bouclier de Brennus de son histoire. Montferrandais et Toulousains se retrouveront ensuite par deux fois en finale du Top 14 en 2008 et 2019, deux finales qui verront les Rouge et Noir l’emporter à chaque fois.

Depuis vingt ans, le Stade toulousain et l’ASM nous ont habitués à nous offrir des grands matchs de rugby, notamment en finale du championnat de France. Les deux équipes s’affronteront à nouveau samedi soir à 21h05 dans le cadre de la 25e journée. Les deux équipes sont encore une fois dans la course pour remporter un Brennus cette année. Les Toulousains ont dans leur viseur une qualification directe en demi-finale, tandis que les Montferrandais veulent avant tout valider leur place en barrages. L’enjeu sera présent, maintenant place au jeu messieurs !

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