Comme tous les ans à l’approche de la quinzaine parisienne, une question revient sans cesse : Rafael Nadal va-t-il ajouter un trophée de plus à sa vitrine déjà bien garnie ? Maître de la terre battue, l’Espagnol vient à Paris pour glaner un quatorzième Roland-Garros, une performance hors du commun qu’il aura fini par banaliser, une fois le record de Borg dépassé. Si Novak Djokovic a fait figure d’ultime opposant au Majorquin, si Dominic Thiem a laissé penser qu’il pourrait contrecarrer Rafa, si Roger a livré de belles oppositions en finale, rien n’y fait, Nadal est encore le roi. Mais pourra-t-il une fois de plus écœurer tous ses adversaires ?
Dès ce dimanche, la plus belle des quinzaines de l’année démarre à Paris. Si le premier Grand Chelem de l’année a vu triompher Novak Djokovic à Melbourne, la suite de la saison a été un peu moins tranquille pour le numéro 1 à l’ATP. Contesté à Belgrade, vaincu à Rome, le Serbe doit se méfier de ses rivaux. Rafa quant à lui est monté en puissance sur terre, à Barcelone puis à Rome, tandis qu’Alexander Zverev a confirmé ses bonnes dispositions à Madrid. Enfin, Stefanos Tsitsipas a glané son premier Masters 1000 en principauté monégasque. Mais à l’approche de Roland-Garros, beaucoup de cartes sont rebattues. Qui tirera son épingle du jeu ?
Des favoris vraiment au top ?
Que dire au sujet de Rafael Nadal à Roland-Garros ? S’il y a bien un joueur qui connait les moindres recoins du Court Central, c’est bien lui ! Depuis 2005, il n’a laissé que trois éditions des Internationaux de France à ses concurrents (2009, 2015, 2016), et n’a connu que deux fois la défaite – il avait déclaré forfait en 2016 en 1/16ème de finale. Cette année encore, il fait figure d’immense favori pour triompher porte d’Auteuil. Depuis l’Open d’Australie, où il avait été battu par Stefanos Tsitsipas en quart de finale, l’Espagnol s’est engagé sur quatre tournois, et en a remporté deux : l’ATP 500 de Barcelone, où il a pris sa revanche sur le Grec en finale, et le Masters 1000 de Rome, où il a vaincu le numéro 1 mondial Novak Djokovic. Ses défaites contre Rublev et Zverev à Monte-Carlo et à Madrid ne doivent pas être prises à la légère, mais elles ne sont pas alarmantes non plus. En difficulté sur son service au début de la saison sur terre, Rafa tend à corriger le tir. Toujours aussi agressif depuis son fond de court, l’Espagnol est sûr de sa force et sait qu’il dispose de toutes les armes pour triompher à Paris. Mais cette année, les prétendants sont affamés, et plus nombreux que par le passé.

Sur sa route, il retrouvera évidemment le Serbe Novak Djokovic. Maître quasi-incontesté du circuit ATP depuis des années, Novak n’a qu’une idée en tête : dépasser, au moins statistiquement, les deux monstres sacrés du tennis que sont Nadal et Federer. En remportant l’Open d’Australie en début d’année, il s’est rapproché à deux longueurs du duo infernal, mais s’il ne veut pas voir l’Espagnol s’échapper, il doit s’employer dès ce mois de juin. S’il a déjà connu le succès à Roland-Garros, en 2016, il y a surtout vécu des désillusions avec quatre défaites en finale. Et le moins que l’on puisse dire c’est que sa préparation pour ce Grand Chelem n’a pas été idéale : battu par Dan Evans à Monte-Carlo, par Aslan Karatsev à Belgrade, par Rafa à Rome, le numéro 1 mondial est de retour dans sa capitale nationale pour enfin retrouver le goût du succès sur ocre avant de se lancer à Roland. Toujours aussi endurant et difficile à manœuvrer, le Serbe n’en est pas moins friable lorsqu’il fait face à une opposition physique de haut niveau. Toutefois, il faudra être au top de sa forme pour éliminer le Serbe.
Le principal outsider s’appelle-t-il alors Stefanos Tsitsipas. Le Grec est-il d’ailleurs vraiment un outsider ? Lorsque l’on est engagé en même temps que Nadal à Roland, oui, on est surement plus outsider que favori, mais le Grec a livré une belle opposition au Majorquin en ce début de saison. Après un match épique sur dur à l’Open d’Australie, que Tsitsipas avait remporté après avoir concédé les deux premiers sets, les deux hommes se sont recroisés à Barcelone, en finale de l’ATP 500 catalan. Et la victoire de Rafa ne fut pas une partie de plaisir. Stefanos Tsitsipas s’est affirmé comme une valeur sure sur terre cette année, et peut nourrir des ambitions élevées après sa demi-finale de l’an passé. Eliminé par Djokovic en près de 4 heures, et 5 manches disputées en 2020, Tsitsipas pourra jouir cette année d’une partie de tableau sans Nadal, Djokovic ni Federer, tous trois inscrits dans la moitié supérieure. De plus, son succès à Monte-Carlo lui donne enfin un succès de prestige à faire valoir. Sa route en finale est-elle alors toute tracée ?

Une surprise plutôt que la logique ?
Si Novak Djokovic marche encore sur des œufs, il en est de même pour Dominic Thiem. A 27 ans, le dernier vainqueur de l’US Open, son seul titre du Grand Chelem, peine à retrouver un niveau digne de lui en cette saison 2021. Après son élimination à Melbourne, l’Autrichien a assumé un certain spleen lié à sa victoire américaine. En manque de repère et de confiance, il n’a pas connu le succès en finale d’un tournoi depuis. Ni Madrid ni Rome ne lui auront permis de retrouver le goût de la victoire. Même à Lyon, il n’a pas su se défaire de Cameron Norrie pour son entrée en lice. S’il a connu par deux fois une finale à Roland, il a surtout vu deux fois l’ouragan Nadal le dominer, ne lui laissant qu’une manche sur l’ensemble des deux finales. En 2021, oui, voir Dominic Thiem s’imposer à Roland serait une surprise. Mais elle est crédible.
Pour parvenir en finale, Stefanos Tsitsipas devra surement se défaire d’Alexander Zverev en demi-finale. C’est en tout cas ce que le tirage au sort suggère. S’il a souvent brillé par son irrégularité, l’Allemand peut tout de même nourrir de belles ambitions cette année. Vainqueur du Masters de Madrid, Zverev a retrouvé de la confiance. Suffisamment pour se hisser jusqu’en finale d’un Grand Chelem ? Il l’a déjà fait, à l’US Open l’an dernier, mais à Roland tout est différent. La surprise s’appellera-t-elle alors Andrey Rublev ? Si la route du Russe parait dégagée jusqu’en 1/8ème de finale, où il retrouverait en théorie Schwartzman ou Karatsev, la suite s’annonce plus compliquée… Nadal en quarts, puis Djokovic, voire Federer. Autant de grands noms qui feraient suer n’importe quel joueur du circuit. Si Rublev n’a peur de rien, sa capacité à enchaîner les efforts et à maintenir un niveau mental idoine sur quinze jours interrogent.

Tournons-nous alors du côté des grosses cotes. Matteo Berrettini peut légitimement rêver aux quarts de finale : avec Felix Auger-Aliassime et Roger Federer potentiellement sur sa route, l’Italien a montré plus de garanties que ces deux opposants. Toujours aussi puissant, et remis de ses pépins physiques, Berrettini est un adversaire crédible. Mais en quart de finale face à Djoko… Tout se complique. Peut-être faut-il laisser la place au rêve. Mais dans ce cas, comment ne pas penser à Roger Federer ? La cote est énorme, et l’espoir peut paraître déraisonnable. Il l’est surement. Mais personne ne peut enterrer la légende suisse. Le Big Three étant dans la même partie de tableau, tous les espoirs sont permis : le public réclame des matchs épiques. Un Djoko-Federer en quart, et une demi-finale face à Rafa pour le vainqueur de ce duel.
Les pronos de la rédac :
JB : Comme l’année dernière on peut se dire qu’il y a une place pour contrer Rafa porte d’Auteuil et mettre fin à son règne. Mais le Majorquin se connaît par cœur. Ses tournois de préparation lui ont permis de faire ses réglages et de monter progressivement en puissance, alors je vous promets qu’on verra un tout autre Nadal à Roland-Garros. Sachant que c’est son objectif et qu’à chaque Roland il arrive plus déterminé que jamais, je pense qu’il remportera son 14ème Roland le 13 juin prochain, sûrement avec moins de facilité que celui d’octobre dernier.
Max : Même si l’envie de proposer un vainqueur surprise est forte, je ne vois personne capable de contrecarrer les ambitions de Rafael Nadal cette année encore, excepté peut-être un Stefanos Tsitsipas dans une moitié de tableau plus abordable. Bien que la préparation de l’Espagnol ne fut pas un récital, il a montré qu’il était au rendez-vous, et il voudra une fois de plus faire parler la poudre à Roland.
Robin : Certes Rafael Nadal n’a jamais semblé aussi « fébrile » avant Roland-Garros que cette année. Mais justement le joueur revanchard qu’il est ne voudra pas laisser la jeune génération ou Djokovic s’imposer dans son jardin. En plus de cela quand une statue en votre honneur est instaurée au sein de Roland Garros il faut le fêter avec une victoire.
Ronan : Rafael Nadal me paraît encore une fois intouchable à Roland cette année. Seul Novak Djokovic me semble armé pour le détrôner, surtout si ces deux-là se rencontrent dès les demis.
Tim : Stefanos Tsitsipas. Le joueur grec semble avoir atteint la maturité cette année sur cette surface, auteur de solides prestations et notamment un match en finale contre Nadal contre lequel il avait obtenu une balle de match, ce pourrait être l’outsider du tournoi. Il avait fini par craquer contre Djokovic en 5 sets l’an dernier, mais le capital confiance acquis cette année et son niveau de jeu très solide, et ce rôle d’outsider qui pourrait lui ôter de la pression pourrait le transcender tout au long du tournoi… Puis Djokovic et Nadal pourraient s’affronter en demie finale… Une aubaine pour rallier la finale et qui sait, rafler son premier GC…
Titouan : Nadal…Qui d’autre. Lorsqu’un homme affiche un bilan de 100 victoires pour 2 défaites dans un tournoi, il est compliqué de ne pas en faire le favori. Si Tsitsipas est en forme, le défi physique proposé par Nadal sur 4 ou 5 sets me semble très compliqué pour lui. Excepté un Djokovic dans la forme de sa vie, je ne vois personne réussir à embêter l’Espagnol.
Presque à l’unanimité, Rafael Nadal récolte les votes de la rédac du CCS. Une fois encore, il apparaît comme le grand favori de cette édition de Roland-Garros, mais sa quête pourrait bien être plus compliquée que l’an passé. Si Tsitsipas semble avoir un chemin tracé jusqu’en finale, l’Espagnol pourrait perdre des forces dès les quarts et les demis. Et pour vous, qui triomphera au terme de ces deux semaines de bonheur ?