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Preview – le Gratin du Dauphiné

Alors que le Giro va à peine s’achever dans les rues milanaises, le Critérium du Dauphiné débute à Issoire dès aujourd’hui, année olympique oblige. Fort comme chaque année d’un tracé vallonné et montagneux qui devrait exclure d’emblée tous les purs sprinteurs ; en témoigne la start-list, la 73ème édition s’annonce ouverte et palpitante… si l’on fait fi de l’équipe Ineos. Effectuons ensemble une revue des forces en présence sur la course de huit jours, dernière ligne droite traditionnelle avant le Tour.

Des certitudes et formes du moment

Ancien vainqueur de la course en 2018 avant sa victoire finale sur le Tour, Geraint Thomas fait figure de grandissime favori. Entouré de toute l’armada skyneos dont le fidèle Richie Porte, il tentera d’enchainer après le doublé réalisé avec son collègue australien lors du dernier Tour de Romandie il y a moins d’un mois.

Il faudra être très très costaud pour espérer faire chuter Geraint Thomas et le collectif Ineos Grenadier (Photo: lenouvelliste.ch)

Derrière le gallois, la discussion semble assez ouverte avec en premier lieu le jeune danois de l’équipe Jumbo-Visma Jonas Vingegaard, impressionnant sur les routes basques début avril, se payant même le luxe de finir deuxième derrière son leader Roglic et devant le prodige Tadej Pogacar.

De son côté, Guillaume Martin, beau 3ème l’an dernier, devra comme à son habitude se débrouiller seul même si son coéquipier allemand Simon Geschke pourrait être à un poil de barbe de le suivre dans certaines ascensions. Sixième de Paris-Nice cette année et vainqueur sans conteste de la première édition de la Mercan’tour Classic Alpes-Maritimes en ce dernier lundi de Pentecôte devant un plateau modeste, le leader de la Cofidis aura sans doute son mot à dire dans la lutte pour le podium.

Autre coureur en forme, Miguel Angel Lopez devrait lui aussi pouvoir truster une place sur la boîte au général. Inexistant sur le Tour de Romandie pour sa reprise, le colombien a vite rectifié le tir au sein de sa nouvelle formation avec une victoire toute fraîche sur le Tour d’Andalousie la semaine dernière ; succès logique tant le plateau était peu relevé. Le quadragénaire Alejandro Valverde, double vainqueur de l’épreuve à la fin des années 2010, sera aux côtés de “Superman” Lopez dans l’équipe Movistar, lui qui peut toujours prétendre à une bonne place au général. L’équipe espagnole pourrait même faire office de monstre à trois têtes avec la présence d’Enric Mas, même si le majorquin vit une saison en dent de scie pour le moment.

1ère victoire de Miguel Angel Lopez avec Movistar sur le Tour d’Andalousie (Photo: AFP)

Un autre colombien fait également partie des favoris, et non des moindres en la personne du petit par la taille mais grand par le palmarès Nairo Quintana. S’il ne fait pas une saison tonitruante pour l’instant, “Nairoman” pourrait se réveiller dans des Alpes qu’il apprécie tant avec des ascensions avoisinant voire dépassant la barre des 2000 mètres, notamment l’arrivée à La Plagne lors de l’avant-dernière étape. Il sera épaulé dans sa tâche par son compatriote Winner Anacona et notre Warren Barguil national, qui lui seront d’une aide précieuse s’ils sont en forme.

Enfin, au rayon des français, David Gaudu ne devrait pas trop être mal non plus pour l’équipe Groupama-FDJ. Vainqueur d’étape sur le dernier Tour du Pays Basque début avril et auteur d’une très belle campagne ardennaise avec en point d’orgue sa belle troisième place sur Liège-Bastogne-Liège, le breton sera à surveiller même si sa récente chute lors d’un stage de préparation aux Canaries a retardé sa rentrée estivale.

Quelques interrogations

Tout d’abord, le batave Wilco Kelderman, 4ème de Tirreno et surtout 3ème du Giro l’an dernier, n’a pas réellement confirmé cette année avec sa nouvelle équipe, la Bora-Hansgrohe. Si sur le papier son top 5 sur Tirreno fin mars derrière le triplé Ineos et le vétéran Valverde est plus que correct, son petit top 10 sur le dernier Tour de Romandie confirme l’impression que laisse ce coureur depuis de nombreuses années. Régulier, il arrive souvent à suivre les meilleurs mais jamais à rivaliser avec eux ou à réaliser des coups d’éclat. De plus, il arrive souvent qu’il ait du mal à gérer ses quelques jours sans.

Du côté de chez Jumbo, si Vingegaard semble marcher sur l’eau, c’est tout l’inverse pour Sepp Kuss. L’américain, d’ordinaire si impressionnant dès que la route s’élève lorsqu’il s’agit d’aider ses coéquipiers, a du mal à endosser pleinement le statut de leader, en témoigne ses absences de top 10 sur les 3 courses d’une semaine qu’il a disputé cette année, courses au cours desquelles il partageait souvent ce statut avec un Steven Kruijswijk nettement en retrait cette année. Le néerlandais sera d’ailleurs lui aussi l’une des grandes interrogations de ce Critérium du Dauphiné. Une course qui s’annonce donc assez floue pour la Jumbo : Visma vie sans Roglic mais avec Vingegaard.

Pour finir dans les inconnues, très discret sur ce début de saison où il compte tout de même déjà 27 jours de course, l’italien Fabio Aru semble toujours avoir du mal à trouver la solution pour revenir sur le devant de la scène malgré son changement d’équipe. S’il ne réagit pas sur ce Dauphiné clés du camion Qhubeka-Assos en main, la participation au Tour 2021 du vainqueur à Tournon de la troisième étape du Critérium 2016 pourrait tourner court.

Si Ineos et des favoris comme Jonas Vingegaard, Guillaume Martin ou Miguel Angel Lopez arrivent plein de confiance et libérés sur ce Dauphiné, d’autres leaders se doivent de lancer ou relancer des saisons parfois bien mal embarquées. Heureusement pour eux, la réalité du début de saison n’est guère souvent similaire à celle de juin ; à voir s’il en sera de même au cours de cette 73ème édition.

Crédit photo couverture @DauphinéLibéré

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