Samedi à 21h05, sept arbitres donneront le coup d’envoi des sept derniers matchs de la saison régulière de Top 14. C’est ici que tout peut se gagner ou que tous les efforts d’une saison peuvent être réduits à néant. Qui va se qualifier directement en demi-finale ? Qui va accrocher une place dans les 6 ? Et qui va se maintenir ? Le CCS vous présente les enjeux de cette dernière journée de Top 14 d’un point de vue collectif, mais aussi individuel. (Crédit photo : Laurent Theillet)
Le classement
Petit rappel pour les non-initiés, une victoire rapporte 4 points, un match nul 2 points, et une défaite zéro point. Mais une défaite par moins de 6 points d’écart au tableau d’affichage rapporte 1 point au perdant grâce au bonus défensif. Dernier cas particulier, si une équipe termine le match en ayant inscrit trois essais de plus que son adversaire elle empoche un bonus offensif et donc 1 point de plus au classement.

Avant de présenter les enjeux de cette dernière journée, match par match et équipe par équipe, une petite précision du règlement est nécessaire. Comme vous l’aurez remarqué, le classement est serré à tous les étages, dans ce cas comment départage-t-on des équipes qui ont le même nombre de points au classement ? Le premier facteur à prendre en considération c’est les points terrains (victoire = 4 pts, match nul = 2 pts…) obtenus lors des confrontations directes entre les équipes concernées. Si cela ne suffit pas pour départager les équipes, on prendra ensuite en compte le goal-average sur l’ensemble du Top 14. C’est suffisant normalement pour désigner une équipe, mais si un cas exceptionnel se présente il existe encore d’autres facteurs qui permettraient de juger quelle équipe doit finir devant les autres. Voici ci-dessous l’ensemble des facteurs à prendre en considération en cas d’égalité.

Lyon-Agen : un match sans enjeu ?
Ce qui est sur c’est que ce match ne représente aucun intérêt d’un point de vue mathématique au classement. Le LOU ne peut plus se finir dans les six premiers pour se qualifier, et Agen est officiellement relégué en Pro D2 depuis belle lurette. Mais ce match présente malgré tout plusieurs enjeux. C’est la dernière chance pour le SUA de remporter un match cette saison et de limiter les dégâts pour ne pas présenter le plus faible total de points de l’histoire du championnat. Contre une équipe du LOU qui n’a plus rien à jouer et qui avait longtemps douté à Armandie (16-19), Agen peut espérer faire bonne figure comme lors de la seconde mi-temps face au Racing 92 le week-end passé. Ce match sera peut-être aussi le dernier de la carrière de Julien Jané et l’occasion de dire au revoir à des joueurs qui auront beaucoup donné jusqu’au bout pour le club comme Paul Abadie ou Romain Briatte.
Côté lyonnais, on a dû dire adieu aux phases finales le week-end dernier. Quel enjeu alors pour les Lyonnais ? Josua Tuisova aura comme à son habitude envie d’écraser ses adversaires. Cela pourrait lui permettre de prendre la tête du classement des meilleurs marqueurs d’essais. Avant cette journée il est premier ex-aequo avec Mathis Lebel, ils en sont à 13 réalisations chacun. Ce sera aussi l’occasion de finir en beauté pour dire au revoir à Jonathan Wisniewski qui prendra sa retraite à l’issue de ce match. Il a porté pendant trois ans les couleurs du LOU et restera comme un joueur emblématique du Top 14 des années 2010, il aura terminé à deux reprises meilleur réalisateur de ce championnat en 2011 et 2015.
Bayonne-Stade français : les Basques pourront-ils stopper les Parisiens ?
Le Stade français poursuit sa remontée folle et vient à Bayonne pour remporter un sixième succès de rang et espérer accrocher une place qualificative dans les six premiers. Pour cela il faut obtenir un meilleur résultat que Toulon sans se faire dépasser par Castres. Ou bien dépasser Clermont et Toulon au classement sans se préoccuper du résultat de Castres. Sachant que le RCT et le CO vont s’affronter les calculs ne sont pas compliqués, il faut gagner et on fera les comptes à la fin. Nul doute que ce ne sera pas son objectif principal, mais Joris Segonds ne compte que quatre points d’avance sur Benjamin Urdapilleta au classement des meilleurs réalisateurs, rien n’est joué.
Les Basques ont eux aussi besoin d’une victoire lors de cette 26e journée. Contrairement aux Parisiens ils ont leur destin entre leurs mains. Avec quatre points d’avance sur Pau, un match nul ou une victoire permettrait aux Bayonnais de valider leur maintien dans l’élite sans se préoccuper du résultat des Béarnais. En sachant que Pau reçoit un MHR qui n’a plus rien à jouer, les Bleu et Blanc partent avec une longueur d’avance, mais rien n’est joué en ce qui concerne la place de 13e, synonyme de barrage face au perdant de la finale de Pro D2.
Pau-Montpellier : la Section d’assaut
Le MHR a enfin terminé son marathon du mois de mai, sa saison est désormais sauvée avec un titre remporté en Challenge Cup, et le maintien en Top 14 assuré la semaine passée. Nous avons vu durant ce mois de mai que le MHR n’a pas hésité à lancer ses jeunes pour faire reposer les cadres, mais aussi par obligation puisque l’infirmerie s’est remplie. Les Danglot, Vallée, Macurdy ou encore Bevia ont montré des choses intéressantes, et auront peut-être la chance d’acquérir encore un peu d’expérience en plus dès samedi prochain du côté de Pau. Ce sera sans doute le seul enjeu pour un MHR qui a semblé émoussé lors de la dernière journée face à Bayonne. L’enchainement des matchs du mois de mai et le long week-end de fête après le titre européen ont pesé dans les jambes.
Du côté de Pau, la tête n’est pas encore aux grillades et aux tournois de beach rugby. Il y a encore un maintien à aller chercher pour la Section paloise. Il faut récupérer quatre points sur Bayonne pour cela. La victoire est essentielle quoiqu’il arrive, mais dans le même temps il faudra espérer une défaite à domicile des Basques face au Stade français. Si l’Aviron s’incline avec le bonus défensif, les Palois devront alors s’imposer quant à eux avec le bonus offensif. Les Vert et Blanc seraient donc bien inspirés de s’imposer avec un bonus offensif pour mettre toutes les chances de leur côté. Cela offrirait une belle porte de sortie à leur joueur emblématique Julien Fumat, futur retraité à l’issue de la saison après 16 ans passés au club.
Racing 92-Brive : objectif cinq points
La défaite de Pau à La Rochelle la semaine dernière a permis au CA Brive d’assurer le maintien pour cette saison. Les Coujoux arriveront donc à l’Arena plutôt décomplexés avec aucune ambition particulière, si ce n’est de produire du jeu et de s’amuser ensemble sur le terrain comme ils l’ont fait tout au long de la saison. Nul doute que le demi de mêlée Julien Blanc voudra dynamiter la rencontre, s’il est aligné pour sous dernier match sous les couleurs brivistes avant de partir du côté de Toulon.

Côté Racing 92, l’enjeu sera bien présent. Comme à Agen le week-end passé, l’objectif sera d’écraser l’adversaire le plus rapidement possible pour s’assurer une victoire bonifiée. Les Racingmen sont déjà assurés de disputer un barrage à domicile, mais en cas de faux-pas toulousain à Bordeaux ou d’une défaite rochelaise à Clermont, le Racing pourrait finir dans les deux premiers au classement et obtenir son ticket direct pour les demi-finales du Top 14. Les Racingmen ont à priori le meilleur adversaire possible, une équipe de bas de classement qui a déjà assuré son maintien. Mais ils n’ont pas leur destin entre leurs mains et devront espérer une défaite de leurs adversaires directs.
Castres-Toulon : un véritable 8e de finale
Après sa victoire à Brive le week-end dernier, le Castres olympique peut encore rêver de phases finales. Pour cela il faudra battre le RCT 6e, à domicile. Dans le même temps il faudra espérer un match nul ou une défaite du Stade français à Bayonne. Le CO devra sinon marquer 4 points de plus que l’ASM qui reçoit La Rochelle (victoire du CO et défaite de Clermont, ou bien victoire bonifiée du CO et défaite avec bonus défensif de Clermont). Les Tarnais pourront compter sur la réussite au pied de leur buteur argentin Benjamin Urdapilleta. En cas de victoire et de qualification en barrages, le Puma pourrait passer en tête du classement des meilleurs buteurs et rattraper le Parisien Joris Segonds. Le joueur du Stade français a inscrit 299 points cette saison contre 295 pour Urdapilleta.
Le RCT se déplace à Castres dans la peau de barragiste en occupant la sixième place du classement. Les Toulonnais sont à égalité de points avec le Stade français (et devant eux au classement à la faveur des points terrain sur les confrontations directes) et comptent deux points d’avance sur Castres. Il leur faudra donc espérer faire aussi bien que le Stade français sans perdre contre Castres. Un match nul pourrait suffire si Paris fait moins bien ou aussi bien, mais une défaite éjecterait Toulon du Top 6 quoiqu’il arrive. Le pire des scénarios serait de réussir à s’imposer à Castres mais être éliminé à cause d’une victoire bonifiée parisienne. Ce qui est sur c’est que le staff varois a déjà préparé les calculatrices, et gardera un œil attentif sur la rencontre Bayonne-Stade français.
Clermont-La Rochelle : avoir son destin entre ses mains
Après avoir connu un calendrier compliqué sur cette fin de saison, les Clermontois ont quasiment fait le plus dur avant d’entamer cette dernière journée. Pour assurer la place de barragiste il suffit de l’emporter face à La Rochelle, ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Si les Jaunards s’inclinent sans bonus offensif, que le Stade français l’emporte et que le match Castres-Toulon désigne un vainqueur, l’ASM passe à la trappe. En revanche, une défaite avec bonus défensif ou un match nul des Clermontois, couplé à une victoire non bonifiée de Castres qualifierait l’ASM. Il n’y a pas de calcul à faire pour les hommes de Franck Azéma, il faudra seulement l’emporter pour ne pas se faire de frayeur, et éviter une terrible désillusion.
Même constat côté rochelais, si on veut éviter de sortir les calculatrices et regarder ce qu’il se passe du côté de l’Arena, il suffit de ne pas perdre. Un match nul ou une victoire assurerait une place dans les deux premiers au classement et donc un accès direct aux demi-finales. Une défaite avec bonus défensif devrait également permettre aux Rochelais de s’assurer la seconde place à la faveur du goal-average, à moins que le Racing s’impose avec le bonus offensif et près de 150 points d’avance sur le CA Brive, ce qui est peu probable pour ne pas dire impossible. Dernier scénario pour se qualifier, La Rochelle ne ramène aucun point de Clermont, et le Racing 92 s’incline, fait match nul ou l’emporte sans bonus offensif face aux Corréziens. Dans ce cas le goal-average devrait là aussi permettre aux hommes de Jono Gibbes de se qualifier. Une qualification directe en demi-finale offrirait un week-end de repos en plus aux Rochelais, leur permettrait d’égaler leur meilleur résultat en Top 14, mais les priverait de Lepani Botia pour la finale en cas de qualification.
UBB-Toulouse : une rivalité naissante
Il y a presque trente ans jour pour jour, Bègles remportait le Brennus en s’imposant face au Stade toulousain en finale. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts de la Garonne et désormais c’est l’UBB le club phare de Gironde. Le club girondin semble avoir trouvé un nouveau rival numéro 1, ce n’est plus le RCT comme en 1991 mais un autre club en rouge et noir, le Stade toulousain. C’est ce que laissent penser en tout cas les déclarations des entraîneurs Ugo Mola et Christophe Urios. En s’imposant avec le bonus offensif sans laisser de bonus défensif aux Haut-Garonnais, l’UBB pourrait passer devant eux au classement. Mais il faudra compter dans le même temps sur un match nul ou une défaite du Racing, et un point pris par le Stade rochelais pour éviter une égalité à trois ou quatre au classement. Sinon, le Stade toulousain sera devant à la faveur des points terrain sur les confrontations directes. En clair, il sera très compliqué pour les Bordelo-Béglais de finir dans les deux premiers et donc de se qualifier directement pour les demies, ils sont assurés en revanche de recevoir pour les barrages.
Côté toulousain, vous l’aurez compris, il existe peu de scénarios selon lesquel les hommes d’Ugo Mola se retrouveraient barragistes à l’issue de la 26e journée. Le scénario le plus probable serait une défaite à 0 point pour le Stade à Bordeaux, une victoire bonifiée du Racing 92 dans le même temps, et 1 point pris au minimum par le Stade rochelais à Clermont. L’objectif premier des Stadistes sera donc de ramener au moins 1 point de Gironde pour s’assurer une place en demi-finale. Les Rouge et Noir pourront compter sur leur ouvreur Romain Ntamack qui retrouve son meilleur niveau, il semble s’être remis complètement de sa fracture de la mâchoire subie face à … l’UBB en décembre dernier.
Il voudra sans doute faire un gros match puisqu’il aura pour vis-à-vis un certain Matthieu Jalibert, avec qui il est concurrence en équipe de France. Comme son coéquipier Romain Ntamack, Mathis Lebel aura à cœur de briller lui aussi pour aider son équipe, mais le finisseur voudra aussi défendre sa place au classement des meilleurs marqueurs d’essais, il est premier ex-aequo avec Josua Tuisova.
Mola VS Urios et Ntamack VS Jalibert (malgré eux), ce sont les deux duels qui imagent bien cette toute nouvelle rivalité qui est en train de naître entre le Stade toulousain et l’UBB. Peut-être parlerons-nous du Garonnico dans trente ans lorsque ces deux équipes s’affronteront.
Après une saison particulièrement longue du fait du contexte sanitaire et de l’enchaînement des matchs, les écarts sont faibles que ce soit en haut ou en bas au classement. Le CCS a donc essayé de vous détailler au mieux les différents enjeux et scénarios probables pour cette 26e et dernière journée de la saison 2020/2021 de Top 14. Préparez vos calculatrices, on se donne rendez-vous samedi à 21h05 sur Canal +.