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Comment Conte a changé Lukaku ?

Il y a quelques jours, Antonio Conte a quitté l’Inter Milan. L’occasion pour ses joueurs, champions d’Italie avec lui cette saison, de le remercier. Parmi tous les témoignages, l’un des plus importants reste celui de son buteur Belge, Romelu Lukaku. La relation entre les deux hommes, connue de tous, a changé l’ex-attaquant de Manchester United. Mais comment ?

Si l’on s’en tient bêtement aux stats, Lukaku a signé, cette saison, d’immenses performances. Alors qu’il n’avait jamais dépassé les 1 buts ou passes décisives/90 minutes, il en est à 1.09. Bien mieux que ses deux dernières saisons à Manchester United, ou il tournait à 0.72 puis 0.56. Mais s’arrêter seulement à ces chiffres serait une véritable erreur : la progression dans le jeu et le profil idoine du Belge dans le système de Conte sont un véritable objet d’étude, qui ne peut s’arrêter aux simples contributions de buts et de passes décisives.

Préparation mentale et compréhension mutuelle

C’est l’un des axes évoqués par Lukaku au moment du message destiné à son coach : “Je garderai vos principes pour le reste de ma carrière (préparation physique, mentale et juste la volonté de gagner…).” Cette préparation mentale a été l’un des principes que Conte a cherché à développer chez son joueur. Parlant de lui comme d’un “diamant à polir“, il décelait chez lui une véritable intelligence qui, mise dans le bon sens, pourrait le rendre irrésistible. Cette intelligence avait attaqué sa confiance en lui lors de son passage chez les Red Devils, alors qu’elle devait être son atout.

Sur le terrain, ce nouveau pan de la préparation lui permettait, dans un premier temps, de ne jamais douter. Mais aussi et surtout, par ce biais, de ne pas s’éparpiller. En ayant une position plus définie qu’auparavant, il a réduit son champ d’action ce qui l’aide à ne pas perdre en lucidité, et à rester plus concentré que jamais, plus au fait de ce qu’il se passe autour de lui. Lukaku le confirme : “ Grâce au coach, j’ai compris qui j’étais. C’est la première chose à savoir.D’ailleurs, cette fraîcheur mentale est forcément corrélée au plaisir pris par l’attaquant : “C’était un plaisir de jouer pour vous !” écrit-il dans sa lettre d’adieu. Et ce plaisir est notamment dû à la connexion entre les deux hommes.

Se connaissant depuis 2014, les deux ont énormément discuté, majoritairement sur le volet tactique du football. Lors du passage de l’Italien a Chelsea, de nombreux dîners ont été partagés, laissant place à d’immenses discussions. Deux hommes férus de foot, véritables amoureux de ce sport, sachant tous deux qu’ils se correspondraient afin de répondre aux besoins de l’autre. Pour Conte, un véritable target man en version améliorée, pour Lukaku, un cadre collectif au sein duquel il est l’un des membres les plus importants.

Au cœur du projet de jeu

Si Lukaku reste le wagon le plus avancé du train, il en est, pour autant, le moteur. Essentiel à la relance par sa force dos au but ou sa prise de profondeur, il l’est aussi lors des contres par un placement sur les côtés afin d’avoir le temps et l’espace de pouvoir enclencher le contre sans être sous la pression adverse. Même sur attaque placée, les remises et les déplacements du Belge, combinés aux mouvements de ses coéquipiers, permettent souvent de distendre le bloc adverse.

S’il faut retenir une information de cette infographie très complète, c’est le champ d’action de Lukaku. Beaucoup plus haut comme en attestent son nombre de ballons touchés dans la surface en augmentation, mais aussi la baisse drastique de ses passes vers l’avant (dus aussi à son jeu en pivot en augmentation). (Crédits : smarterscout.com)

Comme souligné auparavant, Lukaku a réduit son champ d’action : le buteur tire plus, est meilleur dans les airs, et couvre aussi moins de terrain puisqu’évoluant à deux devant. Mais ce n’est pas tout : le coach de l’Inter a aussi taillé des entraînements sur mesure afin de gommer les défauts de son n°9. Des entraînements qui ont, en tout cas, beaucoup plu à Lukaku, comme le démontre le tweet ci-dessous.

Progression sur mesure

L’un des premières améliorations visibles dès les premiers mois de Lukaku en Italie était sa perte de poids. Non pas que le Belge était gras, loin de là, mais son haut du corps trop musclé nuisait à son jeu. L’ex-coach intériste réduit alors les séances musculation pour son attaquant, et lui concocte à la place un spécifique dos au but. Durant ses 3 premiers mois à l’Inter, chaque entraînement se termine en 1 contre 1 dos au but face à Andrea Ranocchia. Si Lukaku perd son duel : l’exercice reprend du début. Le résultat est clair : le Belge progresse dans ses remises, mais surtout dans ses contrôles sous pression. Et cela lui plaît : “Conte m’as amélioré dans tous les domaines. Je savais qui lui et l’Inter étaient la bonne décision dès le premier entraînement.”

Rage. (Crédits : Sportsmediaset)

La perte de poids de Lukaku lui permet aussi de devenir plus dangereux. Plus rapide sur les premiers mètres, mais aussi plus agile, plus difficilement attrapable. Combiner ces deux qualités physiques lui accorde aussi une meilleure capacité de dribbles. Son nombre de dribbles/90 minutes augmente (à l’inverse de la réussite de ses dribbles), ce qui prouve une meilleure confiance en sa capacité est une prise de risques augmentée. L’impression visuelle ne s’y trompe pas : ses changements de direction sont plus tranchants, son jeu de corps et plus déroutant.

A l’aube d’un Euro 2020 ou Lukaku figure parmi les favoris au titre de meilleur buteur, les Belges peuvent remercier Antonio Conte. D’ailleurs, l’attaquant nerrazzuri est devenu le 4e plus jeune joueur Européen de l’Histoire à atteindre 60 buts en séléction. Devant lui ? Kocsis, Puskas et Gerd Muller, excusez du peu. L’expression “esprit sain dans un corps sain” est peut-être atteinte aujourd’hui par Romelu.

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