Ces demies finales furent une sorte d’opposé entre le tableau hommes, assuré par 4 des 6 premières têtes de série et un tableau femmes plus ouvert que jamais, mettant en lumière des joueuses classées au-delà de la 17eme place mondiale.
La première demie finale femme mettait aux prises la revenante Pavlyuchenkova, de retour 10 ans après son dernier quart de finale et pour son premier dernier carré en Grand Chelem, face à la surprise Slovène Tamara Zidansek.
Un match qui s’est traduit par un match globalement maîtrisé par la Russe, davantage expérimentée. Un premier set accroché 7/5 en faveur de la joueuse classée à la 31ème place mondiale, puis un second set mené d’une main de maître 6/3 avec un break réalisé suffisamment tôt pour rester sereine afin de conclure ensuite logiquement sur son service.
Un match légèrement décevant, où la Slovène n’est jamais vraiment apparue en totale maîtrise de son tennis, parsemé de fautes directes et de gros coups gagnants côté coup droit. La Russe, a tout simplement été plus résiliente, plus confiante dans son plan de jeu et s’est montré décisive sur les points importants. Une victoire dans l’ensemble méritée, et qui aura mis en scène pour la première fois de l’histoire du tennis slovène une joueuse dans le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem.

La deuxième demi-finale non moins surprenante opposait la tornade Grecque Maria Sakkari, victorieuse de l’ultra favorite et tenante du titre Iga Swiatek au tour précédent (6/4, 6/4) face à la joueuse Tchèque Barbara Krejcikova.
Un match qui aura d’abord été décevant d’un point de vue tennistique et qualité de jeu dans le premier set, ponctué de nombreuses fautes directes de la joueuse Grecque, qui s’incline dans un premier set accroché 7/5. Un second set davantage maîtrisé où Sakkari aura même mené 4/0 avant de finalement remporter le second 6/4 logiquement. Le troisième set aura alors été spectaculaire et à rallonge ! Plus d’une heure de set, où les deux joueuses auront chacune eu la possibilité de rallier la finale de Roland Garros. Mais au jeu de la force mentale et de la patience, c’est bien la joueuse Tchèque qui se sera montré supérieure, en sauvant une balle de match importantissime avant de convertir sa première balle de match à 8/7 dans le troisième pour une victoire finale 9/7. Probablement pas le match le plus beau de la quinzaine, mais certainement le plus indécis et tendu du tournoi.
Nous aurons donc droit samedi à une finale inédite entre Krejcikova et Palvyuchenkova, et bien malin qui pourra pronostiquer la vainqueur de ce match bien indécis…
Chez les hommes, des affrontements plus attendus se sont déroulés vendredi, avec une opposition devenue régulière entre Stefanos Tsitsipas et Alexander Zverev, et de l’autre côté le plus grand classique de l’histoire du tennis avec la 58ème opposition entre Rafael Nadal et Novak Djokovic.
La première demi-finale aura tenu toutes ses promesses, et c’est le moins que l’on puisse dire. Alors que Stefanos Tsitsipas concluait sereinement les deux premiers sets 6/3 6/3, avec une sérénité apparente, on pensait se diriger vers une correction infligée par le Grec et pourtant… L’Allemand s’est rebiffé dans le troisième set, frappant plus fort, tenant bien la diagonale de revers et mettant à mal le joueur Grec loin derrière sa ligne.
Un tout autre match a alors pris place sur le court Central, avec une vraie opposition et un match de combattants terriens affirmés. Une opposition de style aussi, où l’on aura vu de nombreuses montées au filet des deux côtés, des points spectaculaires, des grosses frappes de balle, des moments intenses et tendus… Bref, un vrai match top niveau. C’est peu dire d’affirmer que ces deux joueurs là sont performants et à l’aise sur terre, la qualité de jeu et l’intensité des frappes de balle l’a de fort belle manière démontré. Finalement, Zverev réussissait à recoller à deux sets partout, tous deux conclus 6/4, 6/4 et assez logiquement d’ailleurs.
Nous avions alors le plaisir d’assister à un cinquième set de tous les dangers. Stefanos Tsitsipas réalisait le break ultra décisif à 3/1 dans le cinquième pour confirmer et mener ainsi 5/2 derrière. On pensait alors le match plié, surtout quand Tsitsipas obtenait sa première balle de match à 5/2 sur le service de l’Allemand. Mais ce match était bien dans une autre dimension, celle-là même qui place ce genre de match dans la catégorie des grands matchs de l’histoire du tennis. Zverev sauvait ainsi trois balles de match, remportait son jeu de service et forçait ainsi Tsitsipas à servir pour le match. Mais le Grec très solide mentalement ne tremblait pas derrière et concluait ce match de titans après 3h36 de jeu… Synonyme d’accession pour la finale d’un tournoi du Grand Chelem, une vraie progression dans la carrière du joueur Grec, lui qui venait d’enchaîner trois demies consécutives sur ses trois dernières participations en Grand Chelem.

Après cet interminable match, les spectateurs trépignaient d’impatience pour voir les deux légendes, les deux têtes d’affiche Djokovic et Nadal sur le court central…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le public n’aura pas été déçu… Un combat titanesque de 4h13 sur le Court Central où il se sera absolument tout passé ! Rebondissements sur le terrain comme en tribunes, spectacle, intensité, combat, des rallyes ponctués de points venus d’ailleurs dont les deux joueurs ont le secret, les chanceux spectateurs auront eu leur lot de satisfaction pour ce qui constitue d’ores et déjà l’un des plus grands matchs de l’histoire de Roland Garros.
Leur affrontement en 2013 avait duré 4h37 et donné lieu à 5 sets monumentaux, ce match hier en demi-finale est du même acabit et il n’a même pas fallu 5 sets pour assister à un match aussi long que spectaculaire. Alors que Rafael Nadal prenait allègrement le premier set 6/3 non sans avoir laminé Djokovic pendant une bonne demi-heure et mené 5/0, avant un petit sursaut d’orgueil de Djokovic pour resserer le jeu à 5/3 qui laissait entrevoir une suite de match des plus prometteuses…
Le second set sera tout autre, et Novak Djokovic réglait la mire, pour commettre moins d’erreurs après des échanges longs, jouer plus juste, se montre tacticien lorsque nécessaire et décisif lors des points importants. Un deuxième set de plus d’une heure pour recoller à un set partout. Le troisième set appartient déjà à l’histoire, tant celui-ci fut rempli d’intensité, d’abnégation de la part des deux joueurs et surtout d’un niveau de jeu que les Dieux du Tennis n’auraient pas renié. Il est de ces matchs qui feront partie du panthéon tennistique tant la qualité de jeu était au rendez-vous, avec des points tous plus incroyables les uns que les autres. Mais comment diable ces deux légendes peuvent encore jouer à un tel niveau ? Djokovic n’avait peut-être pas tort lorsqu’il prétendait que la Next Gen avait encore un long chemin à parcourir pour se rapprocher des trois monstres, on a pu apercevoir le gouffre qui séparait encore les jeunes joueurs de la Next Gen avec un écart évident entre la qualité de jeu de Zverev-Tsitsipas et le match opposant Nadal à Djokovic.
Ce troisième set fut finalement remporté 7/6 par Djokovic qui faisait alors basculer le match dans l’irrationnel… Nadal n’a tout simplement à cet instant jamais perdu un match à Roland Garros en empochant la première manche, et le voilà mené 2 sets à 1 par Djokovic. Le public était contre toute attente autorisé à rester après une dérogation préfectorale pour assister à la suite du match. La meilleure nouvelle de la journée. Il aurait été odieux de voir le public laisser les deux gladiateurs se livrer cette bataille féroce dans une arène vide dont le seul bruit des balles aurait résonné. La raison et la passion l’ont emporté sur le protocole sanitaire, et c’était déjà une victoire de prestige pour le public de Roland Garros.
On attendait la réaction du grand champion qu’est Rafael Nadal, qui ne tarda puisqu’il réalisait le break d’entrée pour mener 2/0 et mettre la pression sur le serbe. Mais ce dernier n’en a que faire et se montra d’une solidité implacable. Jouant les lignes, repoussant coûte que coûte les assauts de l’Espagnol et lui assénant les coup de massue aux moments opportuns. Le Serbe remportait alors six jeux d’affilée pour remporter ce 58ème duel de légendes, pour une victoire finale 3/6, 6/3, 7/6, 6/2… Rafael Nadal semblait plus qu’émoussé à la fin de la partie et cédait finalement logiquement devant son plus grand rival.

Djokovic est à ce jour le seul à avoir battu deux fois Rafael Nadal à Roland Garros, et pourrait dimanche devenir le premier joueur de l’ère Open à remporter chacun des 4 tournois du Grand Chelem au moins deux fois… Il retrouvera Tsitsipas en finale qui n’aura rien à perdre et qu’il l’avait déjà fait douter à la dernière édition après un match disputé en cinq manches. Une chose est sûre, Stefanos Tsitsipas devra jouer son meilleur tennis pour résister au Serbe et pouvoir espérer l’emporter, car lorsque Djokovic joue son meilleur tennis, rien ni personne ne semble l’arrêter…