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La Copa America sur la pointe des pieds

L’engouement autour de l’Euro en ferait presque oublier que de l’autre côté de l’Océan Atlantique, une autre compétition continentale majeure débute ce soir à 23h (heure française) : la Copa America 2021 avec Brésil – Venezuela. Une compétition qui a dernièrement fait plus de bruit pour son organisation que pour les joueurs ou sélectionneurs. Deux ans après la dernière édition, la Copa va donc évoluer dans l’ombre de l’Euro, dans un format inédit, mais n’en reste pas moins intéressant du point de vue footballistique. Petites présentations.

Devinette : où se jouera la Copa ?

C’est finalement l’actualité récente la plus chaude pour la compétition : son lieu d’accueil. Dans un premier temps, Alejandro Domingues, le président de la CONMEBOL, envisageait d’organiser la Copa America hors de l’Amérique du Sud, comme en 2016 lors du centenaire de la compétition. C’est finalement une double candidature qui est retenue en 2019 : la Colombie et l’Argentine.

Alejandro Domingues , le président de la CONMEBOL, a dû s’adapter en urgence pour maintenit la Copa America (Crédit : Wikipédia)

Reportée à 2021 suite à la pandémie, la compétition devait se dérouler dans ces deux-dits pays. Mais les manifestations importantes en Colombie depuis plusieurs mois et la crise sanitaire que connaît l’Argentine ont obligé la CONMEBOL à déplacer le lieu de la Copa fin Mai. Les 10 pays participants joueront donc au Brésil.

Un format peu attractif

La nouvelle mode pour la Copa, c’était l’invitation de deux pays hors de la zone AmSud pour étoffer la compétition. Cette année, le Qatar et l’Australie devaient se joindre aux 10 équipes de la zone AmSud. Mais les deux pays se désistent finalement en février. Le problème, c’est que la compétition était taillée pour 12 équipes, et non 10.

Les 10 équipes sont réparties en deux poules de 5 (Crédit : Shutterstock)

Ainsi, les équipes vont être réparties dans deux groupes de cinq, où après quatre matches, les quatre premiers seront qualifiés pour les quarts de finale. Autant dire que cette phase de poule n’a quasiment rien d’attrayant, si ce n’est éliminer deux équipes sur dix. La compétition démarrera donc réellement lors de la phase éliminatoire.

Même à douze équipes, ce format était critiqué, pour son nombre de matches (trop) importants jusqu’à la victoire : huit. L’attractivité de la phase de groupes était notamment évoquée. L’argument est malheureusement massue : qui dit plus de matches dit plus de revenus liés aux droits télés.

Le Brésil est le tenant du titre de la compétition (Crédit : l’Observateur du Maroc)

Enfin, si l’Euro ait une raison suffisante pour justifier le manque d’engouement en Europe pour la Copa America, on ne peut s’empêcher de penser que la périodicité de cette dernière (une édition tous les deux ans) enlève le côté “unique” de la compétition. La dernière Copa date de 2019, le dernier Euro de 2016. C’est un élément à garder en tête lorsqu’on réfléchit à passer à un Euro voire une Coupe du Monde tous les deux ans…

Le favori : le Brésil

Mais alors, si on parle foot, que savons-nous sur cette Copa America 2021 ? En Europe, il est difficile d’analyser les matches de préparation à l’Euro, qui étaient amicaux. En Amérique du Sud, la situation est toute autre : chaque participant a joué deux matches de qualification pour la Coupe du Monde 2022. L’enjeu était donc présent et les enseignements également.

Neymar et Paqueta sont en forme avant d’aborder la Copa America (Crédit : SO FOOT.com)

La grand favori de la compétition semble bien être le pays hôte et tenant du titre, le Brésil de Neymar. La sélection de Tite, qui laissait récemment planer le doute sur sa présence sur le banc de la Seleção, est impériale depuis des mois, survolant les éliminatoires de la CdM 2022 avec 6 victoires en 6 matches, 16 buts marqués, 2 encaissés, malgré quelques critiques sur la qualité de jeu affichée.

Dans un groupe B abordable, les brésiliens compteront notamment sur leur profondeur de banc pour aller chercher la première place. Pouvant jouer aussi bien en 4-3-3 qu’en 4-4-2, Tite devrait faire quelques choix forts. Qui d’Ederson ou Alisson gardien les buts ? Devant Casemiro, qui de Fred, Paqueta, Fabinho ou encore Douglas Luis se chargeront de l’animation offensive ?
Les certitudes son plutôt en défense, emmenée par T. Silva et Marquinhos, ainsi que devant, où Neymar et Gabriel Jesus pourraient partager l’espace avec Firmino ou Richarlison. Finalement, Tite aura un problème de riches : gérer un groupe au talent fou mais où seuls 11 joueurs peuvent être alignés simultanément, après une saison déjà très éprouvante physiquement.*

Le rival : Messi enfin titré ?

La question a le mérite de se poser. Deux fois finaliste en 2015 et 2016, troisième en 2019, l’Argentine s’avance en 2021 en outsider principal, malgré deux nuls en préparation. Le dernier pose d’ailleurs question : largement dominateurs face à la Colombie, menant 2-0, les argentins ont laissés les colombiens revenir à 2-2 dans le temps additionnel.

Avec des buts de Romero (sur la photo en1er plan) et Paredes, l’Argentine pensait avoir fait le plus du (Crédit : Ebène Sport)

Longtemps décriée pour son manque de collectif, reposant sur ses individualités, l’Argentine aborde néanmoins la Copa avec de nouvelles certitudes. Dans un 4-3-3 où la défense est son principal défaut, l‘Albiceleste a de nouvelles forces : Emiliano Martinez, le gardien d’AstonVilla, a passé un cap et le milieu à trois Lo Celso-Paredes-De Paul fait saliver, aussi bien techniquement que physiquement. Devant, Di Maria, Messi et Lautaro devront faire preuve de complicité.
Les inquiétudes sont finalement sur le banc, moins fourni que celui du Brésil, et sur la gestion mentale de la compétition, tant l’Argentine est sur courant alternatif d’un moment à l’autre. Dans un groupe A un plus difficile que le B, il faudra assurer les victoires pour s’éviter un quart de finale piégeux.*

Trois outsiders : la Colombie, l’Uruguay et le Chili

Même si leurs dernières sorties laissent planer quelques doutes, l’Uruguay, le Chili et la Colombie seront les trois autres outsiders qui viseront au moins le dernier carré.

Commençons par l’un des pays qui aurait dû accueillir la compétition : la Colombie. Les Cafeteros posent le pied au Brésil sans grande certitude. Dans un contexte social difficile au pays, ils devront se passer de leurs deux stars de la dernière décennie : James Rodriguez et Radamel Facao, blessés. Néanmoins, l’équipe convoquée a une belle allure, notamment en attaque, où Zapata, Cuadrado ou encore le supersub Luis Muriel seront les principales menaces. Le nul obtenu contre l’Argentine montre la force mentale des colombiens, qui viseront la deuxième place du Groupe B.

La Colombie devra faire sans ses 2 starts cette année (Crédit : SO FOOT.com)

L’Uruguay fait quant à elle figure d’épouvantail. La Celeste se présente avec une équipe très expérimentée, portée par son duo magique Cavani-Suarèz, rayonnants en fin de saison. Portés par une défense de vieux briscards, Godin et Giménez en tête, les Charruas tenteront de renouer avec la victoire, dix ans avec leur dernière Copa en 2011. Oscar Tabarez et ses hommes devront élever leur niveau de jeu, puisqu’ils restent sur deux nuls 0-0 contre des sélections à priori plus faibles : le Paraguay et le Venezuela .

La Celestre est en plein doute mais reste un des outsiders de la compétition (Crédit Ebène Sport)

On se doit également de citer le Chili, qui compte aussi son duo de joueurs en Europe très expérimentés : Arturo Vidal et Alexis Sanchez. Néanmoins, les derniers résultats ne poussent pas à l’optimisme, avec deux nuls et une défaite sur les trois derniers matches, notamment contre le Venezuela et la Bolivie. Néanmoins, le Chili semble avoir le profil d’une équipe de tournoi, qui peut se targuer d’avoir remporter deux des trois dernières éditions avec sa génération dorée, même si cela remonte à 2015 et 2016.

Le Chili est également dans le doute mais peut compter sur Arturo Vidal (Crédit : Franceinfo)

Une surprise parmi les 5 autres équipes ?

La question a le mérite de se poser. Rappelons que le Pérou est le dernier finaliste de la Copa en 2019 et que le Paraguay avait atteint le dernier carré en 2015. On peut d’autant plus se la poser au vu du début des éliminatoires pour la coupe du monde, où en dehors du Brésil et de l’Argentine (dans une moindre mesure), aucune autre équipe n’a vraiment de certitude. L’absence de joueurs cadres en début d’année, bloqués par leur club du fait du covid, a permis un resserrement du niveau des matches, mais qui ne devrait pas perdurer lors de cette Copa.

Le début des éliminatoires pouvait même laisser penser que l’Équateur avait franchi un cap, avec trois victoires en quatre matches dont un retentissant 6-1 contre la Colombie. Mais les deux dernières défaites face au Brésil et surtout le Pérou risquent de calmer les ardeurs de l’Équateur, qui se satisfera d’un quart de finale lors de cette Copa, visant la 3ème place du groupe B.

L’Equateur ou le Préou pourront-ils créer la surprise ? (Crédit : La Republica)

Derrière, le Paraguay semble le mieux armé face à la Bolivie pour aller chercher le dernier billet pour les quarts dans le groupe A, alors que le Pérou et le Venezuela se disputeront ce précieux sésame dans le groupe B. C’est bien l’un des seuls enjeux de cette phase de groupes.

Plus généralement, la gestion des effectifs et de la fraîcheur des cadres de chaque sélection sera très certainement un facteur clé, dans une saison à rallonge du fait de la crise du covid. On peut notamment penser aux joueurs évoluant en Premier League, quand on voit l’hécatombe de joueurs issus de ce championnat à l’Euro. Sans oublier la menace des cas de covid, avec un premier rappel dès ce soir : certains joueurs vénézueliens étaient annoncés positifs ce matin…

Pendant que l’Euro déchaîne les passions depuis le 11 Juin, l’Amérique du Sud se prépare également à vibrer autour du ballon avec Brésil-Venezuela en inauguration ce soir, dans un contexte différent. Tensions sociales pour les uns, crise du covid pour les autres. A cela s’ajoute un format peu intéressant, avec une longue phase de groupes qui manque d’enjeux, alors que le nombre de matches de cette saison est toujours plus critiqué. L’énorme avance que semble posséder le Brésil n’aide pas non plus, là où en Europe les prétendants à la victoire sont légions. Mais en Copa tout peut arriver, et les équipes de Messi, Suarèz, Vidal ou encore Cuadrado comptent bien amener du suspense à une compétition qui aura le mérite d’être diffusée en clair sur l’Equipe. Alors au travail messieurs, et que le meilleur gagne.

*Les images des 11 type sont tirées du site des Derniers Défenseurs. Vous pouvez retrouver l’analyse plus détaillée des équipes sur leur site.

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