À l’instar du Top 14, le championnat anglais entre dans sa période de playoffs avec les demi-finales ce week-end. Après une saison pleine de promesses, quatre équipes se sont qualifiés. On retrouve les deux favoris avec les Bears et les Chiefs accompagnés de deux épouvantails avec les Sharks et les Quins. Malgré des pronostics en faveur des premiers, rien ne semble joué au regard des confrontations directes. La rédaction vous propose un avant-goût des playoffs de Premiership.
Bristol Bears / Harlequins : l’armada de Bristol contre l’insouciance londonienne
Si la présence de Bristol ne surprend personne au regard des différents pronostics du début de saison et de la forme de cette équipe, la qualification des Quins est plus surprenante. Équipe encore très jeune et en difficulté en début de saison, ils ont réussi à trouver une dynamique victorieuse depuis le changement d’entraîneur sous l’impulsion de leur charnière Care-Smith. Le duo a été le grand artisan de cette qualification. À leurs côtés, les jeunes Dombrandt, Evans, Marchant, Green ont tous participé à cette formidable saison. Une équipe très joueuse, prônant un jeu d’attaque au détriment de la défense. Il faut s’attendre à voir des gros scores lors des matchs des Quins, la preuve avec leurs 703 points inscrits cette saison, le plus gros total en Premiership.
L’équipe londonienne se porte particulièrement vers un jeu offensif avec la volonté de jouer rapidement grâce à sa charnière capable de casser la ligne. Ils peuvent s’appuyer sur des arrières rapides qui profitent du moindre espace dans leur couloir pour accélérer et aller marquer dans l’en-but adverse. On pourrait même dire qu’offensivement, les Quins n’ont pas grand-chose à envier aux Bears. Derrière Sam Simmonds au classement des marqueurs d’essais, on retrouve Danny Care et ses 12 essais, suivi d’Alex Dombrandt et Marcus Smith qui cumulent 17 essais. Joe Marchant n’est pas loin avec 7 unités. Le pack des Quins fait lui preuve d’une grande solidité avec une parfaite alchimie entre l’expérience et la jeunesse. Ils sont précieux pour permettre à leurs arrières de jouer rapidement et n’hésitent pas à se proposer dans le jeu pour créer de l’espace et joue rapidement : « Cela me facilite la vie, Danny (Care) et le reste des arrières, donc un énorme crédit doit aller aux attaquants, et nous sommes revenus à notre ADN en termes d’offloads et de maintien du ballon en vie, ce que je suppose arrête complètement le ruck, ce qui a été un énorme avantage pour nous » (Marcus Smith).
Si l’attaque est impressionnante, la défense reste le point à améliorer pour les Quins. À force d’être porté trop souvent vers l’attaque, ils en oublient la rigueur défensive et les replis comme le montre les 77 essais encaissés, le deuxième pire total en Premiership derrière les Warriors de Worcester. Encore trop friable au niveau de leur ligne défensive, il faudra faire attention contre les Bears. En effet, face à eux, se dresse probablement la meilleure équipe d’Angleterre cette saison. Depuis leur remontée en Premiership, les Bears réalisent un parcours admirable, progressant d’année en année. Après la déception de l’année dernière avec une élimination en demi contre les Wasps, l’équipe de Pat Lam espère enfin passer le cap pour remporter le titre. Solide des deux côtés du terrain, les Bears ne possèdent pas beaucoup de faiblesses.
Que ce soit du côté des arrières avec des joueurs capables d’actions individuelles de grande classe à l’image de Semi Radradra, Luke Morahan ou encore Charles Piutau, l’équipe de Bristol se montre particulièrement dangereuse à la relance et à la récupération du ballon grâce à leur vitesse. Avec 10 486 mètres gagnés et 533 défenseurs battus, les Bears dominent ces deux lignes statistiques. Pour les Quins, il faudra resserrer les lignes sous peine de sanction. Mais ce qui fait la force des Bears, c’est de pouvoir compter sur un pack solide. Avec l’arrivée d’un des meilleurs piliers du monde en la personne de Kyle Sinckler, ils font preuve d’une puissance impressionnante pouvant enfoncer n’importe quelle défense. Ils sont très dangereux sur les mauls et les mêlées.
Sur les autres lignes, ils peuvent compter sur des joueurs puissants mais à l’aise dans le jeu comme Nathan Hughes, Dan Thomas ou encore Ben Earl. Derrière tous ces joueurs de classe mondiale, il ne faut pas oublier Callum Sheedy, le buteur de cette équipe. L’international gallois est très précieux dans le jeu de son équipe et fait preuve d’une fiabilité au pied pour aider son équipe pour prendre le large. On pourrait aussi parler de Piers O’Conor, probablement le 3/4 qui a fait la plus forte impression cette saison. Épargné par les blessures contrairement à ses compagnons des lignes arrières, il termine la saison avec 6 essais, 876 mètres gagnés et 50 défenseurs battus. Un joueur à surveiller dans ce match. Une Plus expérimentés et complet que les Quins en défense, ils apparaissent clairement comme les favoris de ce match. Mais attention au piège pour cette équipe.

Lors de leur dernière confrontation, les Quins et les Bears se sont livrés une belle bataille offensive remportée par les seconds. Pourtant, à 6 minutes de la fin du match, l’équipe londonienne était encore devant 33 à 21. S’en sont suivis deux essais sur des ballons portés dont celui de Sinckler à la 80ème. Une défaite amère pour les jeunes Quins manquant de solidité mais qui montre clairement les capacités de cette équipe à pouvoir faire déjouer les Bears.
Malgré les blessures rencontrées cette saison, les Bears devraient pouvoir compter sur la majorité de leurs cadres comme le capitaine Steve Luatua ou encore Harry Randall, tous deux remis de blessures. Du côté des Quins, il faudra faire sans Will Evans, leader du classement des ballons récupérés en Premiership et particulièrement précieux défensivement. Un autre absent de marque est à noter avec Mike Brown, suspendu six semaines pour un mauvais geste sur Tommy Taylor. Une fin de carrière chez les Quins ternie mais les joueurs feront tout pour lui offrir la victoire avant de rejoindre les Falcons. On aura des effectifs quasiment au complet et qui risquent de nous proposer un formidable spectacle offensif.
Exeter / Sharks : un gros combat physique en perspective
Les champions en titre continuent à impressionner dans le championnat anglais, écrasant tout sur leur passage. Néanmoins, cette saison, ils n’ont pas réussi à faire mieux que deuxième à trois points des Bears. Pourtant dans le jeu, ils continuent à être dangereux avec un des effectifs les plus équilibrés. Les hommes de Rob Baxter sont impressionnants offensivement avec des joueurs polyvalents dans le jeu. Emmenés par un Sam Simmonds historique avec 20 essais inscrits, les Chiefs sont la deuxième meilleure attaque de premiership. Sur l’ensemble de la saison, ils ont inscrit 93 essais, le total le plus important dans le championnat. Avec l’une des lignes arrières les plus fortes du monde composées de joueurs comme Stuart Hogg, Henry Slade, Ollie Devoto, Joe Simmonds ou encore Alex Cuthbert.
Mais le joueur à surveiller chez l’équipe d’Exeter est probablement l’ailier Tom O’Flaherty. Le joueur anglais domine les catégories statistiques du championnat avec 1253 mètres gagnés et 75 défenseurs battus, largement devant Zach Mercer et ses 61 unités. Intelligent dans le jeu, il est souvent imbattable lorsqu’il a de l’espace devant lui. Il profite aussi des magnifiques jeux au pied de son équipe pour se montrer dangereux. Dans le pack d’Exeter, on retrouve de nombreux internationaux avec des joueurs comme Alec Hepburn, Tomas Francis, Luke Cowan-Dickie, le duo des Jonny Gray et Hill ou encore le meilleur joueur de la saison Sam Simmonds. Des joueurs importants dans le système de Rob Baxter qui sont puissants et peuvent franchir tous les défenses.
Impressionnant offensivement mais aussi défensivement, ils n’ont encaissé que 40 essais cette saison, le meilleur total en Premiership. Ils sont difficilement prenables et sont très réactifs pour contester les ruck. Équipe phare avec les Saracens lors de la dernière décennie, les hommes de Rob Baxter comptent bien conserver le titre et cela passera pas une victoire contre les redoutables Sharks dont la puissance et la solidité peuvent inquiéter cette équipe. En effet, l’équipe de Sale s’appuie sur un jeu basé sur la puissance et sa colonie sud-africaine. De retour en playoffs après 15 ans d’absence les Sharks espèrent faire bonne impression. Depuis l’arrivée d’Alex Sanderson en remplacement de Steve Diamond à la fin de l’année 2020, l’équipe a retrouvé des couleurs même si le jeu produit est loin d’être le plus beau. Pourtant, ils ont réussi à se qualifier pour les playoffs grâce à leur efficacité. Avec seulement 64 essais inscrits et 5 bonus offensifs, ils sont de loin l’équipe la moins bonne offensivement parmi celles qualifiées. Ils doivent s’en remettre à leur ouvreur AJ MacGinty, auteur de 188 points cette saison.
Pour Exeter, il faudra parvenir à bloquer le pack des Sharks pour l’emporter. Avec des joueurs comme les frères Du Preez ou les frères Curry, Sale ne manque pas de joueurs prêts à se sacrifier dans un match. Sur les lignes arrières, ils possèdent de véritables finisseurs comme Marland Yarde ou encore les frères James. Des joueurs à qui il ne faut pas laisser d’espace sous peine de se faire sanctionner. Il ne faut pas oublier Manu Tuilagi fraichement de retour en cette fin de saison pour aider les Sharks à se hisser en finale.

Un duel qui s’annonce très serré entre ces deux équipes à l’image du dernier match la semaine dernière avec une victoire arrachée par Exeter. Malgré 55 premières minutes convaincantes avec 16 points d’avance et un carton rouge contre les Chiefs, les Sharks ont craqué et s’inclinent 20 à 19. Une grosse déception pour Sale qui a l’occasion de se rattraper dès cette semaine et ainsi prendre leur revanche. Ils peuvent entrevoir l’espoir de se qualifier en gardant la même efficacité que lors des 50 premières minutes du match. Néanmoins, ils devront faire sans leur ouvreur vedette blessé lors du dernier match. Principal artisan de cette qualification, il va beaucoup manquer dans la création à cette équipe: « AJ a été absolument lunatique, il a été brillant pour nous. Il a joué surement l’un de ses meilleurs rugby, et il nous manquera beaucoup » (Alex Sanderson).
Il n’est pas le seul à avoir rejoint l’infirmerie du club du nord de l’Angleterre à l’issue de ce match puisque Akker van der Merwe et Cameron Neild seront eux aussi absents. Du côté d’Exeter, Sam Skinner et Dave Ewers ont été suspendus 4 matchs pour plaquage haut et seront donc absent pour les playoffs. Deux grosses pertes dans le pack de Rob Baxter mais l’entraineur anglais pourra compter sur le retour de Jonny Gray ainsi que celui de Cannes Kirsten. Jack Nowell est lui aussi prêt pour ce week-end et peut espérer jouer ce week-end. Une infirmerie qui s’agrandit d’un côté tandis que l’autre se réduit. Deux dynamiques différentes mais qui nous promettent un beau match. Avec la blessure de MacGinty, les Sharks vont devoir encore plus jouer sur leur puissance pour espérer l’emporter. Ils peuvent se rappeler que la dernière fois qu’ils ont gouter aux playoffs, les Sharks ont remporté le titre.
Ces demi-finales s’annoncent passionnantes et le duel attendu en début de saison entre les Bears et les Chiefs n’est pas encore assuré. Les deux équipes devront batailler face à deux concurrents qui leur ont donné du fil à retordre cette saison. Ils devront être dans une grande forme pour se qualifier en finale au risque de vivre une déconvenue par une élimination prématurée.