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Grand Prix de France de F1 – 70 ans d’histoire

A 15h ce dimanche, sera donné le départ du Grand Prix de France sur le circuit Paul Ricard au Castellet. Mais l’histoire de la France en F1 ne n’inscrit pas uniquement sur le tracé varois, loin de là ! Entre 1950, date de création du championnat du monde de Formule 1, et aujourd’hui, la course française s’est tenue sur 7 tracés différents à travers l’hexagone. De la genèse à Reims, aux exploits de Michael Schumacher à Magny-Cours, en passant par Dijon ou encore Charade, retour sur plus de 70 ans d’une histoire atypique entre la F1 et notre pays…

Bien avant la F1 et sa création, des Grand Prix se tiennent à partir de 1906, et sont organisés par l’automobile club de France. Déjà à cette époque, la course ne se trouve pas de place et migre d’année en année, entre Le Mans, Amiens, Lyon, Dieppe… En 1925, sous l’impulsion de l’Angleterre et des Etats-Unis, avec les constructions respectives des circuits de Brooklands et d’Indianapolis, la France se forge son premier circuit permanent, l’Autodrome de Linas-Montlhéry. La première édition est marquée par le décès d’Antonio Ascari, père du futur double champion du monde de F1 Alberto, qui donnera son nom au célèbre enchainement de virage sur le circuit de Monza.

Après des piges sur le circuit triangulaire de Pau, les GP s’installent à Reims-Gueux dans les années 30, tracé qui sera le théâtre du premier Grand Prix de France de Formule 1. Par la suite, le GP de France, surnommé « le nomade » en raison de ses changements permanent de localisation, va se déplacer à travers le pays. C’est une des raisons qui empêche le Grand Prix de France d’être véritablement considéré comme une pièce maîtresse du calendrier, comme Monaco, Silverstone, Monza ou Spa…

Son histoire n’en est pas moins riche, c’est pour cela que nous allons essayer de revivre un Grand Prix marquant, sur chaque tracé ayant accueilli la Formule 1 au cours de ces sept dernières décennies.

 1 – Reims-Gueux – 1ere édition du GP de France – 1950

Sur un tracé de 7815m, composé de seulement trois virages (Gueux, La Garenne et La Bonne Rencontre), ce sont les Alfa Romeo et Juan Manuel Fangio qui décrochent la pole, avec près de deux secondes d’avance sur son premier coéquipier. A cette époque, l’argentin boucle son tour en 2min30 à plus de 185 km/h de moyenne, une véritable prouesse pour l’époque ! En course, les Alfa dominent mais connaissent des fortunes diverses au moment des ravitaillements. Fangio, qui ne connait aucun ennui mécanique, profite du long arrêt de son coéquipier Farina pour reprendre la tête et s’imposer. Après près de 3h de course et 500 km parcouru, l’argentin Juan Manuel Fangio, futur quintuple champion du monde, est déclaré vainqueur du premier Grand Prix de France de F1 !

Fangio en tête de course - Grand prix de France 1950 - Photo et Tableau -  Editions Limitées - Achat / Vente
Juan Manuel Fangio en tête du Grand prix de France

2 – Rouen-Les-Essarts – 7e édition du GP de France – 1957

Après 1952 et la victoire d’Alberto Ascari, la F1 se rend à nouveau à Rouen, sur le circuit des Essarts, jugé rapidement comme un des plus beaux d’Europe. Un tracé de 6,5 km aux courbes très rapides, il est surnommé le « petit Spa ». Même s’il ne fait que découvrir le circuit, car il avait dû déclarer forfait en 1952 après un gros accident à Monza, Juan Manuel Fangio, désormais quadruple champion du monde, fait figure de favori. L’argentin assume son statut et signe la pole sur sa Maserati. Après un départ prudent, il remonte et reprend rapidement la tête, avant de creuser un écart de près de 40 secondes. Même si elle était moindre qu’à l’époque actuelle, l’usure des pneus était tout de même à surveiller. Et au 40e tour, c’est l’équipe Maserati qui fait signe à son pilote de lever un peu le pied afin de préserver la gomme jusqu’au bout. Avec son immense expérience, Fangio gère à la perfection et offre une leçon de pilotage pour décrocher sa 4e victoire en France. Il déclara à la fin de la course que ce pneu tout lisse lui offrait une glisse parfaite dans les virages…

3 – Le Mans – 17e édition du GP de France –-1967

Le Mans, capitale mondiale de l’endurance, reconnu par tous les passionnés comme ville hôte de la plus grande course du monde, les 24h du Mans, s’est mué une seule et unique fois en scène pour la Formule 1, sur le circuit Bugatti. Aujourd’hui pierre angulaire du calendrier du championnat du monde moto, les 4185m n’avaient clairement pas fait l’unanimité au près des pilotes de F1 en 1967. Jack Brabham, triple champion du monde australien, remporte cette édition au volant de la voiture de sa propre écurie, avec 50 secondes d’avance sur son coéquipier Denny Hulme, et Jacky Stewart. Avec seulement six concurrents à l’arrivée, ce week-end dans la Sarthe ne restera pas gravé dans les mémoires, et la F1 ne retourna jamais plus sur ces terres…

1967 French Grand Prix race report: Brabham conquers Le Mans - Motor Sport  Magazine
Brabham seul et unique vainqueur en F1 sur le circuit Bugatti du Mans

4 – Charade – 21e édition du GP de France – 1972

La région Auvergne-Rhône-Alpes accueille cette année là un Grand Prix de Formule 1 pour la quatrième fois, sur le circuit de Charade. Un tracé escarpé de 8km dans les montagnes et la forêt du Puy-de-Dôme. Les F1, devenues beaucoup plus rapides, ne correspondent plus à ce type de circuit dont la sécurité ne peut plus être pleinement assurée. On note notamment la présence de roche en bord de piste. Cette dernière édition à Charade est marquée par l’accident d’Helmut Marko, désormais figure emblématique de RedBull. Alors qu’il suivait le brésilien Emerson Fittipladi, une pierre est projetée à son visage, il perdra la vue un œil. Cet événement sonnera définitivement le glas de l’avenir de Charade au calendrier. Jacky Stewart, triple champion du monde, et déjà vainqueur en 1969, récidive, au volant de sa Tyrrell.

5 – Dijon-Prenois – 28e édition du GP de France – 1979

Il y a des Grand Prix que l’on oublie, et d’autres qui marquent l’histoire. C’est précisément le cas de cette édition qui se déroule sur les 3800m du tracé de Dijon-Prenois. Dès les qualifications, le Français Jean-Pierre Jabouille place sa Renault à turbocompressé en pole position, avec un tour à plus de 200km/h de moyenne. Un week-end historique pour le français et la marque française, et un tournant pour la F1 avec la première victoire pour une monoplace équipée de ce style de technologie. Même si l’on retient la victoire de Renault et de Jabouille, c’est bien le duel pour la deuxième place qui attire encore notre attention aujourd’hui. Un duel tout simplement épique entre Gilles Villeneuve (Ferrari) et René Arnoux (Renault) dans les derniers tours. Des dépassements en cascade, des enchaînements de virages roues contre roues, et finalement le canadien qui prive les français d’un doublé, un moment d’histoire …

Duel mémorable au Grand Prix de France de Formule 1 entre René Arnoux et  Gilles Villeneuve
Jean-Pierre Jabouille, Gilles Villeneuve et René Arnoux sur le podium

6 – Paul Ricard – 38e édition du GP de France – 1989

Fabriquée en 300 jours sous les conseils avisés de nombreux pilotes français, cette piste de 5800m voit le jour en 1970. En 1982, 1983 et 1988, elle est déjà le théâtre de triomphes français, par René Arnoux, et surtout Alain Prost. Ce dernier qui arrive en 1989 dans une situation très délicate dans son écurie. Sa rivalité avec Senna devenue trop forte, le français annonce son départ de McLaren le vendredi matin, avec la mine des mauvais jours. Survolté, il décroche la pole devant le maître en la matière, Senna. En course, après un énorme accident au départ impliquant de nombreux pilotes, Prost gère et remporte son troisième Grand Prix de France, un succès qui lui permettra de décrocher un nouveau titre de champion du monde à la fin de cette saison 1989. Cette course a également fait éclore au grand jour un certain Jean Alesi, qui pour sa première course en F1, ira décrocher une magnifique 4e place !

7 – Magny-Cours – 53e édition du GP de France – 2004

Magny-Cours, ou la deuxième maison de Michael Schumacher ! Huit fois vainqueur à Nevers, il est incontestablement le maître des lieux, et en 2004, il nous offre une leçon de stratégie avec Ferrari et Ross Brawn. Alonso en pole position sur sa Renault, donne du fil à retordre à l’allemand. Brawn comprend alors qu’il sera difficile de doubler à la régulière et décide de faire passer son pilote sur une stratégie à 4 arrêts, un pari très osé. Schumacher, avec des gommes fraiches la majorité de la course doit imposer un énorme rythme afin de compenser l’arrêt supplémentaire par rapport à Alonso. Une stratégie payante puisque Schumacher parvient à ressortir devant l’espagnol, et remporte ce nouveau Grand Prix de France !

Stage Coaching & Maitrise Circuit de Nevers Magny-Cours – 6 & 7 octobre  2020 | R-ace INSIDE
La joie de Michael Schumacher après son incroyable succès en terre française

Après près de 10 ans d’absence au calendrier entre 2009 et 2017, la F1 est de retour en France sur un circuit Paul Ricard refait à neuf ! Lewis Hamilton a remporté les deux dernières éditions (2018-2019), parviendra-t-il à conserver son trophée ? Un français peut-il monter sur le podium ? L’histoire du Grand Prix de France va continuer de s’écrire sous nos yeux …

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