Le mois de Juin cette année est un mois merveilleux pour le fan de foot. Si les matches de l’Euro ne vous suffisaient pas de 15h à 23h depuis le 11 Juin, vous pouvez enchaîner avec la Copa America depuis le 13 Juin pendant la nuit. Hasard du calendrier, l’Euro 2021 a débuté au lendemain d’une compétition qui, pour le coup, fait beaucoup moins parler d’elle : la Baltic Cup ou Coupe des Baltiques.
C’est quoi les baltiques ?
Les baltiques, ou pays baltes, sont les trois petits pays que peu de gens connaissent à l’Est de la mer du même nom, à savoir la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. Cette distinction est plus géographique que culturelle. En effet, si la Lituanie et la Lettonie sont assez proches, leur langue respective étant balte, l’Estonie est plus proche de la Finlande que de ses deux voisins. L’estonien est d’ailleurs une langue finno-ougrienne.
Du point de vue historique, on distingue d’un côté l’Estonie et la Lettonie et de l’autre la Lituanie. Cette dernière a connu plusieurs périodes d’indépendances entrecoupées de période de domination étrangères, alors que l’Estonie et la Lettonie n’ont connu leur première indépendance qu’en 1918, passant avant sous influence de l’ordre Teutonique, du Danemark, de la Suède, de la Pologne et de la Russie.
Les trois pays sont bien sûr passés sous le giron soviétique entre 1940 et 1990 et sont donc à nouveau indépendants depuis la fin du siècle dernier.
Une compétition presque centenaire
La statistique peut surprendre, mais cette compétition existe depuis 1928, elle a été créée avant la coupe du monde du monde ou encore l’Euro ! Son origine vient de l’Estonie, qui s’était déclarée championne officieuse des baltiques entre 1925 et 1927 suite à des matches joués contre la Finlande, la Lituanie, la Lettonie ou encore la Pologne. De fait, il est décidé en 1928 de créer une compétition officielle. Si la Pologne et la Finlande étaient initialement invitées, la compétition n’a finalement opposé que les trois pays des baltiques. Ironie du sort, l’Estonie s’incline contre la Lettonie qui remporte la première édition.
La Coupe des Baltiques devait initialement avoir lieu chaque année et son format était simple : chaque équipe rencontrait les deux autres sur une semaine dans l’un des trois pays et un classement était ensuite établi. Un format très court qui ne laissait pas la place à la défaite. De 1928 à 1940, on ne note que deux éditions annulées, la première en 1934 du fait de désaccords suite à l’édition 1933, et la seconde en 1939 suite à des tensions entre lettons et lituaniens.
Il n’y a pas d’éditions de la Baltic Cup de 1940 à 1990, période où les trois pays appartiennent à l’URSS, bien qu’une compétition équivalente ait lieu entre 1940 et 1976. La compétition reprend donc en 1991 avec une victoire de la Lituanie, et a lieu chaque année jusqu’en 1998. Ensuite, les éditions sont plus écartées dans le temps avant qu’en 2008, il ne soit décidé de jouer la Baltic Cup tous les deux ans.
La Lettonie, meilleure nation baltique
La Baltic Cup a beau être presque centenaire, on ne compte donc que 28 éditions pour le moment. Et la moitié ont été remportées par la Lettonie, qui est d’ailleurs la seule nation des 3 à avoir la phase finale d’une compétition internationale, avec l’Euro 2004. Derrière on retrouve la Lituanie avec 10 victoires et l’Estonie avec 4 victoires.
Durant la période soviétique, de 1940 à 1976, il semble que 20 éditions d’une compétition équivalente ait eu lieu, où la Biélorussie était parfois invitée. Cette fois encore, c’est la Lettonie (ou République Socialiste Soviétique de Lettonie) qui a dominé les pays baltes avec 9 victoires, devant les République Socialiste Soviétique de Lituanie (6) et d’Estonie (5).
Durant les éditions de 2012 et 2014, le format a évolué avec l’invitation d’un autre pays qu’on pourrait considérer dans les Baltiques : la Finlande. Pour ces éditions, la phase de groupes à 3 est remplacée par un tournoi à élimination avec demi-finales, petite finale et grande finale. La Finlande y obtient des résultats plus honorables, terminant 3ème de l’édition 2012 et ne perdant qu’aux tirs au buts face à la Lettonie en finale en 2014.
Cette édition 2014 est également l’occasion de dire au revoir à Maris Verpakovskis, l’un si ce n’est le plus grand joueur de l’histoire de la Lettonie. C’est notamment lui qui avait inscrit contre la République Tchèque le seul et unique but letton en phases finales d’une compétition, à l’Euro 2004. Il jouait à l’époque pour le Dynamo Kiev. Pour comprendre le folklore qui peut entourer cette compétition, voici un article de Footballski racontant la Baltic Cup de 2014.
L’Estonie, enfin vainqueur en 2021
Suite à la crise du covid, l’édition 2020 a été reportée à début Juin 2021, juste avant l’Euro, auquel ne participent pas les pays baltes. Et c’est l’Estonie qui l’a emporté à la faveur de victoires 1-0 contre la Lituanie et 2-1 contre la Lettonie. Cette dernière a sauvé l’honneur en battant 3-1 la Lituanie.
Pour l’Estonie, c’est la fin d’une très longue attente : leur dernière victoire en Coupe des Baltiques remontait à 1938 ! Pour les passionnés en recherche de jeunes joueurs à suivre, on pourra noter le doublé de Mattias Käit, jeune milieu offensif de 22 ans, formé Fulham appartenant à Domzale en Slovénie et international estonien depuis 2016.
Une compétition également au féminin
La Baltic Cup a ouvert une version féminine depuis 1996. Le format est identique : les trois équipes s’affrontent une fois chacune sur une semaine et un classement est établi. Pour le coup, le palmarès est opposé à celui des garçons puisque c’est l’Estonie qui a remporté le plus de titres, 10 sur les 21 éditions. La Lituanie et la Lettonie comptent chacune 5 victoires.
Le titre manquant, datant de 2016, a été décerné… aux Iles Féroé, qui était invité pour la première fois. Si l’invitation de la Finlande avait du sens du point de vue géographique, celle des Iles Féroé est plus étonnante vu la distance mais augmente le nombre de matches et donc l’enjeu de la compétition.
Cette année, c’est la Lituanie qui s’est imposée devant les Iles Féroé, dans un format bien folklorique lui aussi : une phase de groupe à 4 où chaque équipe affrontait deux des trois autres, sans raison apparente.
Bien évidemment, la Baltic Cup n’a pas déchaîné les passions et ne le fera sûrement jamais au delà de la mer baltique. Pour cela, il faudrait déjà qu’elle soit connue du grand public, qui n’a d’yeux que pour l’Euro, et c’est bien normal vu la présence de leur pays. Mais cet article, c’est aussi et surtout l’occasion de sortir des sentiers battus, du centre du football qu’est l’Europe de l’Ouest et d’aller explorer sa périphérie, pleine de compétitions atypiques telles que cette Coupe des Baltiques.