MMA

Gane, la manière pour remporter plus qu’une victoire

Face à Alexander Volkov, en main-event de l’UFC Fight Night 30, le français Ciryl Gane a un nouveau rendez-vous avec son destin. Après avoir remporté 8 combats de MMA en autant de participations, le Bon Gamin espère connaître un nouveau scénario dans la cage : dominer toujours, mais avec moins d’aisance. Le paradoxe est tel qu’il peut surprendre, tant l’envie d’être poussé dans ses retranchements interpelle, mais il est bien réel.

La dernière prestation du Bon Gamin face à Jairzinho Rozenstruik a crée, ou renforcé pour certains, le clivage Ciryl Gane. Deux écoles s’opposent. La première, celle portée par le boss de l’UFC Dana White, tend à dire que le français n’est pas spectaculaire et préfère gérer pour gagner plutôt que de chercher à marquer les esprits à coups de K.O fracassants. L’autre école tempère ces propos, et juge les performances du français dans l’octogone avec bien plus de bienveillance, voire même de l’admiration. Après tout, sa polyvalence parle pour lui. Son profil tranche tellement des profils conventionnels des heavyweight, rappelant les profils en boxe anglaise, où la puissance fait foi. La recherche quasi-obsessionnelle du K.O par l’attaque en ligne, en crochet ou par la défense en contre, méthode choisie par Rozenstruik lors du dernier combat de Ciryl Gane… Sans succès.

En effet, Gane vaut mieux que ça. Son profil ultra-complet, ultra-dominant dans la cage, justifie ces analyses diamétralement opposées. Ceci dit, comment peut-on critiquer un combattant issu du muay-thaï et qui remporte trois de ses cinq premiers combats par soumission (guillotine, arm-triangle choke puis heel hook, la clé de talon), après avoir à peine commencé la pratique du MMA ? Ciryl Gane est un meilleur combattant qu’hier et sa marge de progression force à avoir de la mesure quant à ses derniers combats. Les adverses qu’il a affronté, également.

Un Ciryl Gane 3.0, l’absolue nécessité ?

Contre Alexander Volkov, Ciryl Gane voit un adversaire au profil jusqu’ici inexploré. Le russe n’a pas la puissance de K.O d’un Rozenstruik, pas l’obsolescence programmée de Junior dos Santos. C’est sans aucun doute le défi le plus complexe pour le Bon Gamin, qui semble prêt à franchir une marche de plus dans l’octogone.

La communication autour du combat, au sens large, que ce soit par l’UFC comme pour Ciryl Gane lui-même, s’articule autour d’un cap à passer. Oui, les accomplissements passés sont encourageants puisque les dégâts sont minimes, puisque la domination est écrasante et puisque le panel technique est unanimement salué. Que manque t-il à Gane pour être un contender véritable et encore plus déconcertant pour la concurrence ? Son entraîneur Fernand Lopez, avec qui la symbiose opère de manière quasi filiale, Gane lui-même et les observateurs le savent, c’est le scénario. Un storytelling, une émotion graduelle. Il faut un scénario différent avec une domination technique conservée – comment peut-il en être autrement ? – mais avec des variations dans cette domination. Que le combat soit une sinusoïde plutôt qu’un encéphalogramme plat. Volkov, qui est sur la pente ascendante après des victoires très convaincantes face à Alistair Overeem, Walt Harris ou Fabricio Werdum pour remonter plus loin dans le temps, peut proposer une adversité différente, quasi parfaite pour Gane.

“Drago” est ceinture noire de Tsu Shin Gen (une variante du karaté), ceinture marron de Karaté Kyokushin et ceinture marron de Jiu-Jitsu brésilien. Lui-aussi propose donc une palette technique de haut niveau, en attaque comme en défense, ses qualités au sol ayant été assez remarquables contre Curtis Blaydes. Son travail de kick est un vrai problème, qu’un Walt Harris n’a jamais réussi à résoudre. Le TKO infligé par le russe étant la preuve irréfutable de cette maîtrise des coups de pied, un coup enfonçant les orteils dans la ceinture abdominale adverse. Le geste technique réalisé au bon endroit au bon moment, et Harris n’a rien pu faire d’autre que gémir et déposer les armes. Son pouvoir de K.O a aussi augmenté, comme il l’a prouvé face à la légende (vieillissante) Alistair Overeem. Ciryl Gane va affronter samedi soir, selon toute vraisemblance, l’adversaire le plus complet de sa carrière en MMA.

Alors Ciryl Gane peut-il mêler l’utile à l’agréable ? Rajouter la manière à la victoire ? Il est possible que, pour une fois, Gane n’ait pas toujours le momentum. Viendra donc une phase jusqu’à lors inconnue, l’adaptabilité du français en plein combat s’il est mis à mal. Arrivera t-il à conserver sa fraîcheur mentale pour continuer de laisser parler ses instincts, installera t-il du clinch contre la cage pour réduire la distance ? Une chose est sûre, c’est que ce combat n’est pris à la légère par personne. Vivement samedi soir.

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