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Arthur Rinderknech : l’heure de briller

Son nom ne vous évoque peut-être pas grand chose, et pourtant il fait partie de cette génération de jeunes français qui progressent à vitesse grand V. À l’image de Benjamin Bonzi, Hugo Gaston, Antoine Hoang ou Enzo Couacaud, Arthur Rinderknech fait partie de ces tricolores qui performent en circuit Challenger et commencent à pointer le bout de leur nez sur le circuit principal. Deuxième Français à la Race en 2021, Rinderknech est actuellement aux portes du top 100, au 109 ème rang mondial. Alors qu’il vient de se qualifier brillamment pour le tableau principal de Wimbledon, le Varois d’origine a une belle carte à jouer pour continuer sur sa lancée et franchir un cap. Une entrée dans le top 100 serait une juste récompense pour cet acharné de travail. Coup de projecteur sur un joueur au parcours pas aussi linéaire que les autres jeunes talents du circuit.

Une formation loin de l’Hexagone

Maniant la raquette depuis son plus jeune âge, c’est au tennis club des Loges à Saint-Germain-en-Laye que le petit Arthur tape ses premières balles. Tombé dans le bain, il continue à pratiquer son sport durant toute sa jeunesse et ses entraineurs de l’époque remarquent très vite de vraies qualités tennistiques. Il gravit avec brio les échelons en catégorie jeune et est classé -15 à 18 ans. Quart de finaliste du Championnat de France juniors, le jeune joueur va alors prendre une décision décisive pour la suite de sa carrière: il poursuit sa formation aux Etats-Unis, direction le Texas et l’université Texas A&M. En plus de continuer les cours, Rinderknech découvre un cadre propice à son développement, avec une structure quasi-professionnelle qui lui permet de se mesurer aux meilleurs joueurs universitaires au pays de l’Oncle Sam, comme l’américain Mackenzie McDonald, récent huitième de finaliste à l’Open d’Australie.

 » À l’époque j’étais cinq ou septième français… et la Fédération aide principalement les deux-trois meilleurs d’où mon choix de partir aux Etats-Unis »

Arthur Rinderknech lors d’une interview accordée à RMC.

5 heures 30 d’entraînement par jour, des tournois en simples au niveau relevé et des compétitions par équipes qui suscite beaucoup d’engouement: là-bas il développe son jeu mais se forge aussi un caractère. Une exigence sans aucun doute bénéfique aujourd’hui pour le joueur, qui étonne par son calme et sa lucidité même durant des matchs accrochés. Quatre ans plus tard, Rinderknech est âgé de 22 ans et se sent prêt à lancer véritablement sa carrière. Cela tombien, la FFT qui a suivi ses résultats outre-Atlantique lui propose de l’entraîner. Au cours de cet été 2018, le joueur passe professionnel en remportant deux tournois Futures et grimpant de la 1000 ème à la 400 ème place mondiale en trois mois. L’accompagnement fédéral se termine en janvier 2019 où il choisit de s’entraîner au tennis club de Saint-Grégoire en Bretagne. Il s’y entraîne toujours au quotidien, couvé par son entraîneur Sébastien Vilette.

Une formation texane qui a forgé le tempérament d’Arthur Rinderknech. ( Source: My Aggie Nation)

2020, l’année de l’explosion

C’est donc lors de la saison dernière que le jeune tricolore prend son envol. Comme un symbole, il impressionne sur un circuit particulièrement homogène et relevé: le circuit Challenger. Entre janvier et mars 2020, il affiche un niveau de jeu épatant et s’adjuge ses deux premiers tournois : il domine James Ward en finale du Challenger de Rennes dans une ambiance de feu, lui rappelant sûrement l’atmosphère des rencontres universitaires américaines. Il est alors 329 ème mondial et devient le vainqueur le moins bien classé de l’histoire du tournoi. Quelques jours plus tard, il remporte au forceps le Challenger de Calgary au Canada face au franco-américain Maxime Cressy. Le joueur semble alors en totale confiance avec son tennis. Il revient en jambes en fin d’année malgré la coupure, manquant de peu la qualification pour l’Open d’Australie. Début 2021, il remporte un nouveau Challenger, celui d’Istanbul. Voulant alors capitaliser sur cette belle dynamique, il décide avec son coach de se mesurer au top 100 en alternant les Challengers et les qualifications de tournois 250 sur le circuit principal. Là encore, il répond présent: un quart de finale à Marseille où il bat Davidovich Fokina, rebelote à Belgrade toujours en 250, sur terre, où il sort encore une fois des qualifications et s’incline en huitièmes contre Kecmanovic. À Lyon, juste avant Roland-Garros, il est lucky looser et obtient la plus belle victoire de sa carrière face à Jannik Sinner. Le phénomène Rinderknech est plus que jamais en marche , et Wimbledon désormais lui servir de tremplin pour entrer dans les 100 meilleurs joueurs du monde. Arriver au deuxième voir troisième tour serait ainsi une belle performance. Et au vu de son rythme de progression, on le voit bien continuer à enchaîner aussi sur dur après Wimbledon, pour continuer sa vertigineuse ascension.

Une régularité impressionnante.

Un joueur complet

À 25 ans, Arthur Rinderknech possède un physique plutôt longiligne du haut de son mètre 95. Forcément, cela lui permet de s’appuyer sur un service fiable et varié, en plus d’une belle maîtrise au filet. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Rinderknech est aussi un joueur très mobile pour son gabarit et capable de répéter les efforts. Le Français possède une palette assez complète puisqu’il est aussi à l’aise quand il dicte le jeu, avec un coup droit puissant capable de trouver les bonnes zones pour mettre en difficulté son adversaire. Capable de tenir de longs échanges, même si les surfaces rapides lui permettent de pleinement s’exprimer sur des filières plus courtes, comme en qualifications à Wimbledon ou à Halle récemment. Mais Rinderknech est un joueur polyvalent, et aime aussi développer son jeu offensif sur terre. Là encore, sa formation au Texas lui a été bénéfique puisqu’il avait souvent l’habitude de jouer sur cette surface. Lors du Roland de cette année, la marche était encore un peu haute contre Marin Cilic, bien que le Français se soit montré agressif dans la première manche, avant de plier face à l’expérience de son adversaire (défaite 7-6 6-1 6-2). Il a l’occasion cette semaine à Wimbledon de continuer à perfectionner son tennis et de gagner en confiance. Avec un tirage plutôt clément au premier tour face à l’Allemand Oscar Otte, un autre qualifié, le Français à l’occasion de s’offrir un bel affrontement au tour suivant, face au double champion olympique Andy Murray ou le numéro 28 mondial, Nikoloz Basilahvili. Vu sa forme actuelle, Rinderkech peut se donner le droit de nourrir de vraies ambitions, pour continuer à franchir les paliers restants qui le séparent encore du top niveau mondial: à lui de briller.

« Arthur ? Un joueur assez beau à voir, qui frappe fort des deux côtés et difficile à manœuvrer « 

Grégoire Barrère au sujet d’Arthur Rinderknech, lors d’une interview accordée au CCS.
La joie du Français lors de sa victoire au Challenger de Calgary.

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