Évènements indissociables des sports aux États-Unis, les drafts sont le moteur du renouvellement perpétuel des grandes ligues sportives nord-américaines. Coup de théâtre, coup du destin, déceptions, interrogations… Les drafts sont des éléments essentiels de la culture sportive américaine. Après une March Madness qui a, comme à son habitude, réservée son lot de surprise, la draft NBA 2021 est la nouvelle date importante pour les prospects NCAA et FIBA. L’occasion pour le CCS de se mobiliser pour vous proposer un profil détaillé des meilleurs prospects. Sans hiérarchie particulière, vous trouverez ici toutes les informations nécessaires pour connaître les futurs rookies, voire même les futures stars de la NBA.
DAVION MITCHELL

Date de naissance : 5 septembre 1998 – Classe : Junior
Université : Baylor Bears (Big 12) – Bilan 2020/2021 : 28v/2d
Poste : Combo-guard (#45)
Mensurations
Taille : 185 cm – Poids : 92 kg – Envergure : 198 cm
Statistiques saison
30 matchs joués // 14 pts // 2,7 reb // 5,5 ast // 1,9 stl // 0,4 blk
33 minutes joués/match // 51,1% FG // 44,7% 3pts // 64,1% FT // 2,4 Tov // 2,4 PF
PROFIL
CONTEXTE PERSONNEL & COLLECTIF
Davion Mitchell est probablement le nom qui a le plus grimpé dans les mock drafts cette saison. Si ses performances au cours de l’exercice 2020-21 ont été très enthousiasmantes, il est bon de s’interroger sur sa légitimité à être candidat au top 10 de la prochaine draft comme le suggèrent certains médias américains (#8 chez Bleacher Repport – #6 chez NBCSports – Top 10 chez CBSSports). Davion Mitchell est un très bon exemple pour illustrer la différence entre une mock draft et un big board.
Pour commencer, remontons à ses années de high school. Davion Mitchell fait son cursus complet dans le lycée de Liberty County situé dans sa ville natale de Hinesville en Géorgie. Dans son année junior, il affiche des moyennes de 24,2 points, 7,1 passes et 2,9 interceptions pour emmener son équipe vers son premier titre d’État. Avec des statistiques similaires lors de sa dernière saison, Mitchell obtient le statut de recrue 4 étoiles par consensus et de nombreuses offres universitaires. 247sports le classe au 33ème rang des recrues de la classe 2017 lorsqu’il décide de s’engager avec les Tigers d’Auburn.
Davion Mitchell arrive en compagnie de Chuma Okeke chez les Tigers mais doit se contenter d’une place de remplaçant derrière le meneur sophomore Jared Harper qui dispose de 30,5min/match lors de cette saison 2017-18. Mitchell ne démarre aucune rencontre et tourne à seulement 3,7 points par match pour environ 17min de temps de jeu dans une équipe qui remporte le tournoi de la SEC. Au printemps 2018, il est transféré chez les Bears de Baylor. Pour répondre aux règles des transferts en NCAA, Davion Mitchell est positionné en red shirt pour la saison 2018-2019. Selon Jean Werner pour Waco Tribune-Herald, Mitchell passe sa saison à étudier les vidéos de Kyle Lowry et le tout fraîchement champion NCAA, Jalen Brunson.
Sous les ordres de l’expérimenté Scott Drew, Davion Mitchell est titulaire pour la saison 2019-20. Le coach des Bears a entraîné d’excellents meneurs défensifs comme Tweety Carter ou AJ Walton et compte bien faire de Mitchell sa nouvelle arme en défense. Baylor réalise une saison impressionnante avec 26 victoires pour seulement 4 défaites. Après avoir débuté au 24ème rang du classement AP, les Bears terminent la saison comme #5 avant l’arrêt de la saison en raison de la pandémie. Davion Mitchell est nommé Newcomer of the Year et dans l’équipe All-Defensive de la Big 12.
Les Bears poursuivent leur belle dynamique pour la saison 2020-21 en s’appuyant sur des cadres comme Jared Butler et évidemment, Davion Mitchell. Derrière l’ogre Gonzaga, c’est bien Baylor qui effraye les programmes. Les Bears écrasent la Big 12 avec 21 victoires pour 1 défaites et un magnifique 13-1 au sein de la conférence. La défaite en demi-finales du tournoi de conférence face aux Cowboys de Cade Cunningham n’empêche pas Baylor d’être l’un des favoris au titre. Passant les tours du tournoi NCAA avec une grande facilité, les Bears se retrouvent face à Gonzaga en finale. Si Jared Butler crève l’écran, Davion Mitchell est au rendez-vous avec 15pts/6reb/5pad. Avec une victoire 86-70, les Bears remportent le premier championnat universitaire de leur histoire. De quoi booster la cote de ses joueurs en vue de la draft NBA 2021.
DESCRIPTION DU JOUEUR
Davion Mitchell est le genre de joueur qui apporte un supplément d’âme à votre équipe, une énergie et un sens du sacrifice qui vous rassure lorsqu’il faut partir à la guerre. Commençons par LA qualité du guard des Bears, une qualité qui se transposera sans aucun doute au niveau supérieur. Davion Mitchell est un excellent défenseur en 1v1, probablement le meilleur de cette draft sur les extérieurs. Les trophées parlent pour lui : Mitchell est élu meilleur défenseur de la Big 12 et meilleur défenseur de l’année par les coachs. Si le joueur de Baylor ne mesure qu’1 mètre 85 (avec chaussures selon le dernier draft combine), et nous reparlerons de cette taille, il compense par une grande force physique, un niveau athlétique impressionnant et une mobilité latérale élite. Avec de tels attributs, Mitchell possède un mental et une détermination exceptionnelle qui font de lui un vrai cauchemar pour les porteurs de balle adverses. Toujours actif, il est très dur à décrocher sur un dribble ou de scorer en isolation sur lui. Cette saison, Davion Mitchell n’a accordé que 0,56 points par possession en situation de pick and roll et 0,76 points sur isolation. Grâce à une grosse discipline, Mitchell est capable de faire des actions défensives déterminantes comme dans le money time comme face à West Virginia en mars dernier. Avec un cadre puissant rempli de 92 kilos, il absorbe très bien le contact des guards et aime provoquer des passages en force. Davion Mitchell sera un défenseur d’impact en NBA, il y a peu de doute là-dessus.
La raison pour laquelle Davion Mitchell est passé du top 30 ou 40 au top 10 de certaines mock drafts réside dans sa folle progression en attaque cette saison. Au cours de ses précédentes années universitaires, Mitchell nous a montré de belles choses au playmaking et dans ses drives avec une belle agressivité vers le cercle. Il utilise très bien son corps compact pour se frayer un chemin vers l’arceau. Mitchell transperce les défenses grâce l’un des premiers pas les plus explosifs de la Division I du CBA. Avec son centre de gravité très bas, il utilise un handle dur (mais perfectible), une grosse fréquence, une belle gestion des décélérations et des changements de direction. Le joueur de Baylor s’est révélé comme une véritable option offensive cette saison en inscrivant 14 points en moyenne, soit +4,1 par rapport à la saison précédente et surtout un passage de 32,4% à 44,7% de réussite à 3pts ! 40% de ses tirs longue distance sont sans assistance, témoignant d’un véritable potentiel dans la création de son propre tir. Mitchell termine d’ailleurs la saison avec un très séduisant 43,6% de réussite sur ses 3pts en sortie de dribbles, soit le 3ème plus haut taux de réussite dans ce secteur sur 100 possessions en NCAA. D’excellentes statistiques, des flashes dans certains domaines, et une progression offensive globale qui séduit une bonne partie des scouts.
Mais attention. Et c’est probablement là que nous allons refroidir les ardeurs de ceux qui placent très haut Davion Mitchell dans leurs mock drafts. Le jeu offensif du joueur des Bears nécessite encore des améliorations. Son jeu sur pénétration est prévisible. Davion Mitchell use et abuse d’une conduite lente main droite puis un engagement brutal vers la gauche pour dépasser son adversaire. Certes, il est difficile de rester face à lui dans ces conditions. Mais hors de ce schéma, Mitchell manque de solutions. Sa palette de dribbles est peu développée et son handle n’est pas assez sécurisé pour proposer autre chose. En plus de cela, Mitchell peine à terminer main gauche quitte à refuser des spots ouverts. Voilà un constat qui en appel un autre : Davion Mitchell joue offensivement comme un poste 2. Il peut être un second porteur de balle, mais son playmaking n’est pas dans les meilleurs de cette cuvée tout comme sa conduite de balle. Mitchell profite de sa capacité à driver pour ensuite pouvoir ressortir la balle vers les extérieurs, mais sur pick and roll ou en création pure pour les autres, il manque de vision globale. Un défaut loin d’être rédhibitoire qui s’illustre aussi dans sa fâcheuse tendance à prendre beaucoup de temps à lire les défenses adverses. Sa prise de décision lorsqu’il est à l’initiative est trop longue et peine à créer des solutions. Mitchell manque d’altruisme par moment, s’enfonce dans un tunnel à d’autres. Enfin, nous sommes en mesure d’émettre de sérieux doutes sur cette saison ahurissante en termes de pourcentage. Il a progressé, c’est une certitude. Sa mécanique est bonne, toujours en équilibre, bien droit, mais est-ce que cette saison n’est tout simplement pas un one-shot ? Durant ses saisons précédentes, Mitchell a eu une réussite en-dessous de la moyenne (Fr : 28,8% / So : 32,4% / Jr : 44,7%). Est-ce une simple anomalie ? Les lancers francs sont un bon indicateur pour anticiper le développement d’un tireur, et là, Mitchell ne progresse pas, au contraire : 66,3% l’année dernière et 64,1% cette saison. Nous n’avons aucun doute sur le fait qu’il puisse avoisiner les 33% longue distance sur les années à venir mais il sera probablement difficile de le voir réitérer à tel exploit. En revanche, il faut souligner de Davion Mitchell nous a paru plus convaincant en spot-up shooter avec ses 43,5% en catch-and-shoot.
Enfin, il faut parler de cette taille problématique pour son style de jeu. Davion Mitchell a déjà 22 ans, de la classe des DeAndre Ayton et Trae Young, et ne devrait plus grandir. Si beaucoup de meneurs avoisinant le mètre 90 ont trouvé comment exister en NBA, la réussite de Mitchell en NBA dépendra avant tout du développement de son tir extérieur. En défense, difficile pour lui de changer sur des ailiers ou des arrières de grande taille ou longiligne qui peuvent facilement scorer au-dessus de lui. Demandez à Cade Cunningham. En attaque, ses drives sont très souvent arrêtés par des adversaires plus grands ou plus longs. Le très faible, voir trop faible au vue de son style de jeu, nombre de lancers par match indique que Mitchell peine à obtenir des fautes et s’approcher du cercle face à une défense imposante. Avec un tir à 3 points fiable et menaçant, Davion Mitchell pourra obtenir davantage d’espace pour exploiter son explosivité.
✔️ FORCES
- Défense sur l’homme.
- Mobilité latérale.
- Premier pas.
- Intensité défensive.
- Mentalité.
- Athlétisme.
- Création pour lui-même.
- Actions défensives décisives.
- Jeu en transition.
❌ FAIBLESSES
- Taille.
- Âge.
- Tunnel vision.
- Lancers franc.
- Diversité de la palette de dribbles.
- Diversité de la palette de finition près du cercle.
- Playmaking pour un meneur.
- Tir ?
- Potentiel.
PRÉDICTION DRAFT 2021
Fin de premier tour / Début de second tour (places 15-25)
Equipes potentiellement intéressées : Golden State Warriors (#14) – Houston Rockets (#23) – Brooklyn Nets (#27)
Dans les big boards de nos rédacteurs, c’est-à-dire les classements basés uniquement sur nos appréciations du potentiel de chaque prospect, Davion Mitchell fleurte avec le milieu du second tour d’une draft hypothétique. Mais nous sous-estimons probablement l’impact d’une March Madness réussite. Mitchell s’est montré excellent dans les grands moments en plus de proposer une assurance défensive. Si les franchises font abstractions de sa taille, son âge et son manque de polyvalence offensive tout en cherchant un meneur d’hommes, se battant sur chaque ballon, Davion Mitchell est le prospect de la situation. En sortie de banc, derrière un Steph Curry, Golden State peut craquer avec son 14ème choix. Mais globalement, nous relativisons sa hype en le plaçant aux alentours de 25ème place. Dynamisme et défense en sortie de banc, les Nets et les Rockets peuvent être clients.
TIER DU CCS : Tier « Rotation importante »
Défenseur sur l’homme exceptionnel, Davion Mitchell sort d’une saison historique avec Baylor qui a remporter son premier championnat universitaire. Visage et âme de l’équipe, Mitchell est le genre de gars qui peut s’adapter à n’importe quelle franchise et séduire n’importe quel vestiaire en NBA. Si sa progression fût bluffante cette année, Mitchell affiche encore des limites offensives assez contraignantes qui se marient mal avec une limite naturelle inamovible : sa taille. Nous aimons ce garçon qui se bat comme peu le font, mais top 10 ou lottery, ce serait probablement un erreur.
*Tiers du CCS, explications. Il est très difficile d’estimer le devenir d’un prospect. Pour embrasser au mieux le potentiel de ces jeunes joueurs, le CCS vous propose une hiérarchisation par « tiers », ou « groupes à potentiel ».
Groupe 1 : Tier « Superstar » ou l’équivalent d’un talent générationnel capable de changer le destin d’une franchise, voir de la ligue.
Groupe 2 : Tier « All-Star », facile à deviner, le prospect à le potentiel pour devenir un franchise player.
Groupe 3 : Tier « Starter ++ », le joueur peut très bien devenir la deuxième ou la troisième option de sa franchise.
Groupe 4 : Tier « Starter/6ème homme », rôle player important ou leader de la second unit.
Groupe 5 : Tier « Rotation importante », 8ème ou 9ème, toujours précieux avec un rôle définit.
Groupe 6 : Tier « Fin de rotation », 10ème ou 12ème homme avec peu de minutes, un plafond limité mais pouvant rendre de précieux services.
Groupe 7 : Tier « G-League/2Way », pour eux, il faudra se battre pour espérer avoir un avenir en NBA, mais tout reste possible pour les éclosions tardives.
Retrouvez tous nos profils de la Draft NBA 2021 ici !
Tier « Superstar »
Tier « All-Star »
Evan Mobley – Scottie Barnes – Jalen Suggs – Jonathan Kuminga –Jalen Green
Tier « Starter ++ »
Jalen Johnson – Isaiah Jackson – Keon Johnson – Alperen Sengun – Ziaire Williams – Brandon Boston Jr
Tier « Starter/6ème homme »
Kai Jones – Moses Moody – Sharife Cooper – Corey Kispert – Franz Wagner – Cameron Thomas – Jaden Springer– Usman Garuba – Tre Mann – Chris Duarte – Josh Christopher
Tier « Rotation importante »
Miles McBride – Yves Pons – Jeremiah Robinson-Earl – Greg Brown – Julian Champagnie – Charles Bassey – Jared Butler
Tier « Fin de rotation »
Daishen Nix – Herbert Jones – Oshai Agbaji – Ayo Dosunmu – Isaiah Todd – Joe Wieskamp – Marcus Garrett – Aaron Henry – Jason Preston – Joël Ayayi
Tier « G-League/2Way »