EURO 2020 Sélections nationales

Euro 1968 : Italie-URSS, un match à pile ou face

En 1968, les Français sont dans la rue au mois de mai, les Beatles sont en tête du hit-parade et Manchester United vient de remporter la Coupe d’Europe des clubs champions. Surtout, l’Europe est prête à vibrer au rythme de l’Euro. Après deux premières éditions marquées par des conflits politiques, la troisième doit être la bonne. 31 équipes contre 29 auparavant, dont les nations britanniques, l’Italie et la RFA, longtemps réfractaires à l’Europe des sélections. Récit d’une demi-finale et d’un Euro complètement fous. (image : givemesport)

P****n la route est longue de Naples à Rome

L’URSS est habituée à écrire l’histoire de la Coupe d’Europe des nations. En 1960, pour sa première édition, la sélection soviétique était au centre d’un conflit alimenté par Franco. Battue à la loyale par l’Espagne en finale de l’Euro 1964 et demi-finaliste du Mondial 1966, la Sbornaïa s’avançait vers l’Euro 1968 dans la peau d’un favori. Les nouveautés ? Le tour préliminaire voit la mise en place d’un système de groupes et les huitièmes de finale disparaissent. La phase à élimination directe débute en quarts. 31 nations sont réparties en 8 groupes, dont un 100 % anglo-saxon composé de l’Angleterre, de l’Écosse, du pays de Galles et de l’Irlande du Nord, emmenée par George Best. L’affrontement anglo-écossais accouchera par ailleurs du record d’affluence pour un match de l’Euro, avec 130 711 spectateurs à Hampden Park.

Les premiers de chaque groupe sont qualifiés pour un quart de finale aller-retour, dont le vainqueur rejoint le tournoi final, organisé en Italie. On y retrouve l’Angleterre de Bobby Charlton et Bobby Moore, la redoutable Yougoslavie, tombeuse de la France en quarts, et donc l’URSS ainsi que la Squadra Azzurra. Le mercredi 5 juin, la sélection yougoslave se défait des Three Lions sur la plus petite des marges (1-0) à Florence et accède à la finale. Plus tôt dans la soirée, c’est à Naples que se décidait l’identité de l’autre prétendant au titre. 68 582 personnes étaient massées dans les tribunes d’un stade San Paolo acquis à la cause de la Nazionale.

À pile ou face, dans un léger flou

Après cinq minutes de jeu, cette dernière est réduite à dix. Le maestro Gianni Rivera, à la suite d’un choc avec Valentin Afonin, souffre de la cuisse et doit quitter ses partenaires. Aucun remplacement en cours de match n’est alors permis. Dino Zoff est héroïque sur sa ligne. Le gardien du Napoli repousse les assauts soviétiques un à un et soulage sa défense, qui parvient à emmener l’URSS jusqu’aux prolongations. La rencontre, âpre, met les organismes à rude épreuve et Gianluca Bercellino est le deuxième italien à se blesser. Rien n’y fait. Les Soviétiques ne trouvent pas la faille. L’arbitre ouest-allemand Kurt Tschenscher donne trois coups de sifflet (0-0) et enjoint les deux capitaines de le suivre. Les tirs au but n’existent pas encore. Le sort de l’Italie et de l’URSS va se jouer à la pièce.

La situation est inédite. Elle n’avait tout simplement pas été prévue par les instances. Alors M. Tschenscher a pris ses responsabilités. L’homme en noir avait soumis l’idée d’effectuer le tirage au sort au centre du terrain, ce sont les dirigeants des deux fédérations qui l’en ont dissuadé, privilégiant un lieu isolé du brouhaha émanant des travées. Seuls l’arbitre et les capitaines Giacinto Facchetti et Albert Chesternev savent ce qui s’est passé dans le vestiaire du premier. Plusieurs légendes courent toujours quant au scénario de ce toss fatidique. Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’il fut à l’avantage de Facchetti et de l’Italie. L’arrière gauche azzurro a fait son retour sur la pelouse les poings levés vers le ciel, victorieux.

Ce jour-là, le hasard a tracé le chemin du premier et jusque-là seul titre continental de l’Italie. Vainqueurs de la Yougoslavie en finale, les hommes de Ferruccio Valcareggi ont encore dû passer par diverses émotions. Incapables de se départager à l’issue des prolongations, les deux équipes ont cette fois été invitées à rejouer la partie. L’Euro 1968, définitivement fou.

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