À peine arrivé dans le monde pro qu’il a déjà connu la comparaison avec Messi et CR7. Amad Diallo, né en 2002, est arrivé à Manchester United en janvier dernier. Sur la pointe des pieds, mais des pieds d’éléphants. En raison de son prix, déjà, qui a fait grincer des dents outre-Manche. Mais en raison de son adaptation, aussi : déjà buteur en Europa League, impressionnant avec l’équipe réserve, félicité par son coach… Ça tombe bien, les Éléphants, c’est son truc : l’Ivoirien tentera d’emmener son pays vers le titre aux Jeux olympiques. Premier volet d’une série en 5 épisodes concentrés sur autant de talents qui peuvent briller durant ces JO. Et dans la décennie à venir, accessoirement.
Dans ce que l’on appelle la poule de la mort, la Côte d’Ivoire aura besoin du Mancunien. Accompagné de l’Allemagne, du Brésil et de l’Arabie Saoudite, le principal danger des hommes d’Haidara Soualiho viendra de l’aile droite. Malgré un faible temps de jeu chez les pros jusqu’ici, personne ne dénie le talent de Diallo. Dans une jolie sélection d’une des deux sélections africaines, le joueur d’à peine 19 ans (il vient de les fêter le 11) vient dans l’espoir de se révéler aux yeux du monde, et par ce biais gagner du crédit afin d’obtenir plus de temps de jeu en club.
“Drop the shoulder”
Avant de rentrer dans les détails techniques du joueur, il convient de s’adapter sur ses aptitudes physiques. Petit gabarit (1m73), Diallo est pourtant un monstre physique. Sans être large d’épaules ni même développé sur le haut du corps, son équilibre, son agilité et sa souplesse lui permettent de résister aux chocs. Cette souplesse lui permet aussi d’être très vif dans ses changements de direction, d’être capable d’avoir ces moments de “rupture” qui trompent le défenseur. Puisque quoi qu’on en dise, le football reste un sport d’évitement.
Surtout, l’ailier droit a ce que les anglais appellent la capacité à “drop the shoulder”, soit envoyer l’épaule avant son adversaire pour protéger son ballon. Une qualité que l’on peut par exemple observer chez Jack Grealish, et qui permet de conserver de l’avance et d’obtenir des fautes. L’Ivoirien a sûrement du travailler cette facette de son jeu en raison de son surclassement permanent dans les équipes de jeunes de l’Atalanta, ou il a été repéré par les scouts des Red Devils : « Il était sur les radars du club depuis 2016, quand il avait été observé chez les U15, et le club a suivi ses progrès depuis », a même déclaré le club lors de l’officialisation du transfert.
Enfin, pour compléter son profil athlétique, il convient évidemment de souligner sa vitesse, mais son accélération bien plus encore. Son démarrage sur les 5 premiers mètres est assez hallucinant, et son alliage d’explosivité et de technique est assez dévastateur. L’ancien Bergamasque possède, en ce sens, une coordination assez intéressante, ne commettant que très peu d’erreurs techniques lui faisant perdre la balle, et en gardant toujours à l’esprit de regarder autour de lui afin de comprendre ce qu’il se passe et agir en conséquence. Mais son profil athlétique, aussi complet soit-il, est loin de définir le joueur qu’il est.
Profil adaptable et adapté
Avant de disputer il y a quelques semaines son premier match avec la Côte d’Ivoire, l’Italie faisait les yeux doux au petit ailier. Arrivé en Italie en 2014, les dirigeants de la Nazionale se voyaient bien profiter de son talent. Et cela en raison, notamment, de son profil. Un profil adapté au football moderne, et adaptable à tous les plans de jeu. Sa formation à l’Atalanta lui a permis d’aiguiser son sens tactique, notamment au niveau de la libération des espaces pour un coéquipier, des permutations/compensations et du replacement défensif.
ESPN a notamment publié un article regroupant l’avis de scouts de clubs tout autour de la planète l’ayant suivi pendant des années, et tous soulignaient son apport défensif. Ce qui, d’ailleurs, colle bien avec l’une de ses forces : les transitions. Excellent pour mener les contres, ou tout du moins y participer, il aime participer au contre-pressing à la perte de balle. Fort sur transitions, fort en contre, Diallo pourrait aussi exceller dans un jeu de position. En étant l’étincelle capable d’éliminer et de créer l’exploit, mais aussi en étant capable de combiner comme sur l’extrait ci-dessous.
Cette capacité à briller dans différents plans de jeu lui permettra sûrement de se révéler cet été avec les Eléphants. Car s’il n’a pas encore beaucoup joué en pro, il impressionne partout où il passe. Papu Gomez disait même à son propos en janvier 2020 : « C’est une future star, croyez-moi. Pendant l’entraînement, on dirait Messi ! Tu ne peux pas l’arrêter. » Si la comparaison avec Messi semble un peu exagérée, il possède aussi cette qualité propre aux excellents dribbleurs de toujours garder le ballon éloigné de l’adversaire.
Fin dribbleur, parfois un peu fantasque dans ces gestes, sa capacité d’appuis couplée à sa conduite de balle avec le bout du pied démontre une palette technique très étendue. Sa très bonne première touche lui permet souvent de se mettre dans le sens du jeu, ou du moins dans une bonne position afin de trouver ses partenaires. Mais si son avance technique lui a jusqu’ici permis de se détacher des autres jeunes, certains aspects de son jeu peuvent encore être retravaillés.
Problèmes de jeunesse
Si Giovanni Galli, ancien international Italien, voit en lui un potentiel candidat au Ballon d’or dans les 5 prochaines années, Amad devra encore travailler. Notamment sur son jeu long, qui se montre intéressant mais sous-exploité. Pourtant, en décrochant souvent pour se retrouver sur la même ligne que ses milieux de terrain, cette qualité lui permettant de renverser le jeu ou de trouver des partenaires lancés dans la profondeur pourrait lui faire franchir encore un pallier. Dans la même veine, Diallo tire beaucoup, et si ses xG prouvent qu’il est un plutôt bon finisseur jusqu’ici, il démontre quand même une certaine difficulté sur les tirs de loin.

Le dernier petit point sur lequel l’Ivoirien peut travailler est la prise de profondeur. S’il veut devenir plus complet, plus imprévisible, il doit être capable d’être celui qui peut apporter de la profondeur à son équipe par des courses dans le dos de la défense qu’il a encore du mal à faire pour le moment. Qu’importe, pour le moment, Diallo doit se concentrer sur ces Jeux olympiques, briller pour rendre fier son pays.
Les scouts d’ESPN le voyaient à un potentiel 7,5/10 (Messi était à 9 lorsqu’il était jeune). À vous de vous faire un avis, et voilà une bonne raison de suivre le tournoi olympique de football. On revient très vite vous en donner 4 autres !