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Paul George, le mal aimé

Jun 24, 2021; Los Angeles, California, USA; LA Clippers guard Paul George (13) encourages the crowd after a slam dunk in the second quarter of game three of the Western Conference Finals for the 2021 NBA Playoffs against the Phoenix Suns at Staples Center. Mandatory Credit: Robert Hanashiro-USA TODAY Sports/Sipa USA Photo by Icon Sport - Paul GEORGE - Staples Center - Los Angeles (Etats Unis)

Très (trop) souvent critiqué ces dernières années, l’ailier star des Los Angeles Clippers tient pour la nouvelle génération une réputation de joueur arrogant, incapable de faire gagner son équipe. Faire ce constat, c’est pourtant oublier quel merveilleux joueur est PG. Un leader important, doté de qualités physiques exceptionnelles. En somme, un athlète de grande classe.

Tout, ou presque, a commencé en 2018. Paul George rejoignait OKC après sept saisons passées à Indiana, pour rejoindre son ami Russell Westbrook. Si les débuts n’étaient pas tonitruants, le Thunder parvenait à se qualifier aisément en Playoffs, et affrontait le Jazz au premier tour. Face à Utah, Oklahoma City était largement favori. Russell Westbrook demeurait MVP en titre, Paul George montait en puissance et Utah avait comme principale arme un rookie du nom de Donovan Mitchell.

Pourtant, rien ne se passait comme prévu et à l’issue d’une série riche en « trash talk » et en tension, ce sont bien Rudy Gobert and co qui décrochaient la timbale, au bout de six matchs. Dans cette dernière rencontre décisive justement, Paul George fait partie des joueurs vivement critiqués, et à juste titre, pour son médiocre 2/16 au tir durant ses 45 minutes passées sur le terrain.

Moqué malgré les performances

Vexé, PG13 décidait alors de passer à la vitesse supérieure l’année suivante. Désormais sans Carmelo Anthony, mais toujours entouré par Westbrook, l’ailier laissait exploser son talent et le fruit de son travail acharné durant toute la saison. Ses stats ? 28 point par matchs, accompagnés de 8,2 rebonds, 4,1 passes et 2,2 interceptions. Il s’agit d’ailleurs de ses meilleurs chiffres en carrière dans chacune de ces catégories, excepté les passes décisives. Sur une autre planète, George fait partie des favoris au titre de MVP. Mais il échouera sur le podium, derrière Giannis et Harden.

N’empêche que PG gardait en tête son objectif ultime : celui d’aller chercher une bague. Et c’est, une nouvelle fois, sur le ton du « trash-talk » et du chambrage sur les réseaux sociaux que la série du premier tour face aux Blazers de Damian Lillard se déroulait. Et si ce que tout le monde retiendra de cette série est le buzzer beater légendaire du meneur des Blazers sur la tête de George, beaucoup de monde oublie que l’ailier réalise une superbe série, à base de 28,6 points et 8,6 rebonds. Mais l’ego de PG a parlé, et le fantasque sera moqué pour ses déclarations d’après-match, où il assénait un aussi mythique que regrettable : « C’était un mauvais shoot » en conférence de presse. Sûrement pas le meilleur de ses moves.

Cette attitude lui a valu beaucoup de moqueries et a même déclenché chez certains une vague anti-PG. D’autant plus que, désormais catalogué comme un mauvais perdant, George rejoignait directement Kawhi Leonard pour former un duo de feu aux Clippers. Un changement d’équipe qui n’arrangeait pas sa réputation. Après une saison marquée par l’apparition du coronavirus, Blazers et Clippers se retrouvaient dans la bulle d’Orlando. Les Angelinos l’emportaient grâce à deux lancers manqués de Lillard en fin de match. George, accompagné par Beverley et Morris, se « vengeait » alors de la saison précédente, en se moquant du meneur, sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Le clash repartait de plus belle sur Instagram.

Paul George, Damian Lillard et Patrick Beverley se disputent sur Instagram

Il n’y a aucun doute face au fait que ce beef entre George et Lillard a définitivement dégradé la perception de George par les fans NBA. Ces derniers préféraient se ranger du côté du Blazer, fidèle à sa franchise et qui donne l’impression de la porter, plutôt que du côté du Clipper, qui venait de rejoindre une nouvelle équipe pour former une superteam. Passé du côté des méchants, George n’avait alors aucune chance d’éviter les moqueries dès qu’il manquait quelque chose. Et ces Playoffs 2020 n’allaient rien arranger. 

La parfaite victime

Favoris pour une finale en forme de derby contre les Lakers, les Clippers devaient passer par la case Nuggets avant de se rendre chez l’ennemi. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Alors qu’ils menaient 3-1 dans la série et 80-67 à la fin du troisième quart-temps du Game 5, Kawhi Leonard et les siens ont incroyablement choke et laissé passer la série. Un scénario fou, que les fans n’ont bien sûr pas tardé à utiliser comme nouveau prétexte pour moquer Paul George. Il faut dire que l’ailier a réalisé une de ses pires séries en post-season et a marqué l’auditoire par ce shoot du corner qui n’attrapait que la planche. Le cruel karma ultime a été celui de son surnom. Lui qui s’était surnommé Playoffs P en 2018, avant la série face au Jazz, en subissait maintenant les conséquences. Playoffs P devenait ainsi Pandemic P ou « Playoffs Pi » pour son 3/14 au shoot dans le Game 4.

Ce qui poussait les fans à le chambrer, c’est qu’en plus, PG13 a du répondant et possède lui-même un ADN de trash-talker et de flambeur. C’est un bon client pour les moqueries, tout simplement parce qu’il réagit. Au contraire d’un Kawhi Leonard par exemple, qui ne se laisse transpercer par aucune émotion. Il n’empêche que si la saison 2020-21 était charnière pour l’avenir des Clippers, l’impopularité de Paul George devenait de plus en plus forte. Critiqué pour son load management, ou pour certains matchs manqués, l’ailier ne se laissait tout de même pas faire et alignait une belle saison. En Playoffs, malgré les nombreuses difficultés, il parvient à mener son équipe en finale de conférence, aux côtés de Kawhi, pour la première fois de l’histoire de la franchise. Mais Leonard se blesse au genou et déclare forfait pour la série face aux Suns.

C’est alors à PG d’endosser seul le rôle de leader de l’équipe. Et il le fait plutôt très bien. Lui qui réalise sur le papier une excellente campagne de post-season continue de montrer l’exemple sur le terrain. Mais malgré ses très belles performances (28,7 points, 10,5 rebonds et 5,5 passes de moyenne sur la série) et plusieurs actions de classe (cassage de cheville sur Chris Paul), il est accusé de ne pas être clutch et de s’effacer dans les derniers quarts-temps. Les Clippers s’inclinent sans démériter, mais Paul George reste critiqué et demeure le super-méchant, dont tout le monde aime moquer les moindres faits et gestes.  

De super-héros à super-méchant

En être arrivé là, c’est oublier qu’avant d’être ce supposé super-méchant, Paul George était un super-héros. Avant de porter OKC, comme en 2019 ou de porter les Clippers en finale de conférence en 2021, le septuple All-Star, l’avait déjà fait avec Indiana, il y a plus de cinq ans. Et à l’époque, le regard des gens était tout autre. Jeune et rempli de talent, George était celui qui brillait pour amener sa franchise loin en Playoffs. Déjà, il faut expliquer quel genre de joueur il était et reste aujourd’hui.

Un véritable fantasque. Ultra athlétique du long de ses 203cm, Young Trece est un dunkeur spectaculaire. Le genre de gars à faire lever les foules en réussissant en plein match un 360. Excellent scoreur, il shoote aussi beaucoup derrière l’arc. Et pour pimenter le tout, il peut même le faire du logo, alors qu’il reste 24 secondes sur l’horloge. Le tout chewing-gum en bouche et en faisant le geste « calma » avant de tirer.  Cette attitude lui serait aujourd’hui peut-être reprochée, mais à l’époque, elle l’élevait au rang de superstar pleine d’insouciance. Enfin, adepte de la grosse défense, il était adoré pour son hustle et sa combativité sur le terrain.

Sous le maillot des Pacers, et au-delà de ses gestes fantastiques, Paul George obtenait des résultats sur le terrain. Il était LE franchise player qui amenait Indiana jusqu’en finale de conférence, où elle a fait douter le grand Heat du trio James-Wade-Bosh. D’ailleurs, le fait que George, le héros de tout un état, combattait Lebron James, alors vu comme un super-vilain après avoir rejoint Miami, participait à le rendre populaire.

2014, année charnière

Après un premier échec en 2012 contre la superteam avec un Paul George qui apprenait encore, les Pacers retrouvaient Miami en 2013. Désigné MIP de la saison, PG, qui portait à l’époque le numéro 24, s’offrait alors un duel avec Lebron. En finale de conférence, il a fallu sept matchs pour départager les deux franchises, alors même que le Heat était à son prime. Clutch au Game 3 et très bon sur l’ensemble de la série, George continuait de progresser malgré l’échec.

Il est alors revenu encore plus fort en 2014, une nouvelle fois en finale de conférence face au Heat. Et cette fois, George s’est offert une série épique, avec en point d’orgue ce Game 5 incroyable où, en feu, il plantait 37 points et portait à lui seul sa franchise. Auteur de plusieurs actions mémorables, il laissait alors en vie son équipe, menée 3-1. Mais une nouvelle fois, Miami était trop fort et accède pour la quatrième année de suite en finale NBA.

L’été qui suit cette amène défaite, et alors qu’il était une superstar adorée par les fans NBA, George participait à la préparation des États-Unis pour la Coupe du Monde. Malheureusement, à l’entraînement, il se fracturait violemment le tibia et péroné de sa jambe droite. Et alors que beaucoup l’annonçaient perdu pour le haut-niveau, il parvenait à revenir en avril 2015 et impressionnait quant à ses performances. Son éthique de travail est alors reconnue et PG est adoré.

Plusieurs saisons passent et malgré certaines grosses performances, George sentait qu’il lui fallait sortir de sa zone de confiance et quitter Indiana pour accrocher une bague. C’est ainsi qu’il rejoignait OKC, et que son image changeait aux yeux des fans.

Anciennement adoré par tout l’auditoire NBA, Paul George est maintenant un joueur souvent moqué sur les réseaux sociaux. Joueur fantasque, qui fait partie de ceux qui donnent envie de se lever la nuit pour regarder un match de basket, il a vu son image radicalement changer au fil de sa carrière. À l’image d’un Lebron James, héros à Cleveland, devenu vilain à Miami, puis redevenu icône par la suite, ou de Kevin Durant plus récemment, PG parviendra-t-il à redevenir cette superstar adorée et respectée ? Peut-être après la bague, qui sait…

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