Même si cet été fut bien chargé, notamment en terme de football et de tennis, c’est loin d’être fini avec l’évènement qui réunit le monde entier, dans toutes les disciplines possibles : les Jeux Olympiques. Reportés une première fois à cause du COVID puis encore discutés au cours de cette année, ils sont maintenus et débuteront dès vendredi à Tokyo, avec une contrainte et pas des moindres, l’absence de public étranger. Afin de combler cette tristesse, nous allons nous plonger dans les moments d’anthologie des cérémonies d’ouvertures, bien caractéristiques des pays hôtes.
1. Tokyo 1964 : la paix en maître mot

Cette cérémonie emblématique s’est déroulée dans la capitale nippone comme ceux qui débuteront dès vendredi. Premiers Jeux en Asie, premiers Jeux retransmis dans le monde entier, il fallait que le Japon marque le coup. Le pays du Soleil Levant devait les organiser en 1940 mais la 2ème Guerre Mondiale a contrecarré les plans et ce n’est que 20 ans plus tard que cet évènement voit le jour. Et dans cet après-midi festif, les hôtes avaient une idée bien précise en tête : montrer que le Japon rentre dans une nouvelle ère et ne veut plus regarder en arrière, n’est plus le même pays que celui qui a participé à la guerre.
En symbole, Yoshinori Sakai (photo ci-dessus), 19 ans à l’époque, qui allume le chaudron olympique. L’athlète japonais, qui n’a pas concouru durant les JO, est né à Hiroshima le 6 août 1945, soit le jour des bombardements nucléaires. Une belle cérémonie qui marque la résilience et la volonté de paix du peuple nippon.
2. Atlanta 1996 : foutue poussière dans l’oeil…

Pour fêter le centenaire des Jeux Olympiques modernes, l’édition de 1996 se déroule à Atlanta en Géorgie. C’est la quatrième fois que les Jeux se déroulent sur les terres américaines. A l’affiche, des reprises musicales superbes (notamment celle de Gladys Knight qui reprend l’hymne de la Géorgie, “Georgia on my Mind”), des spectacles mettant en valeur la richesse culturelle du Sud des États-Unis mais aussi l’histoire des JO, depuis leur création.
Mais le moment le plus marquant est sans l’ombre d’un doute l’apparition de l’homme qui allume le chaudron, l’illustre Mohamed Ali. Le plus grand boxeur de l’histoire fait son apparition, flamme olympique en main, et surtout tremblant à cause de la maladie de Parkinson qu’on lui a diagnostiqué 12 ans plus tôt. Devant les 3 milliards de téléspectateurs et 80 000 spectateurs, son état est révélé au public et tout le monde est partagé entre la joie de le revoir, et la peine de l’état dans lequel la maladie l’a rendu. C’est durant cette cérémonie qu’on lui rend la médaille d’or qu’il avait remportée en 1960 et qu’il aurait jeté dans l’eau, après avoir été refusé dans un restaurant à cause de sa couleur (selon la légende). En tout cas, c’est un moment qui a marqué les esprits et 25 ans plus tard, tout le monde s’en souvient.
3. Londres 2012 : La masterclass de Danny Boyle

Pour la troisième organisation des JO à Londres, après 1908 et 1948, il fallait en mettre plein la vue au monde entier. Ainsi, qui de mieux que Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionnaire) pour gérer tout ça? Le réalisateur britannique avait comme défi de se démarquer des Chinois et de leur cérémonie XXL avec un budget bien moindre et en s’appuyant sur l’humour “british”. S’assistant de Stephen Daldry, ils réaliseront un spectacle de plus de trois heures qui a totalement rempli ses missions.
Parmi les moments forts : on peut parler du mini-film qui met en scène Daniel Craig, dernier James Bond en date, et Elizabeth II herself! C’est sa première apparition dans un film d’action. Mais on apercevra aussi Rowan Atkinson, “Mr. Bean”, au cours de la cérémonie, dans un hommage qui retranscrira finalement l’histoire de la Grande-Bretagne et des grandes fiertés.
4. Sydney 2000 : à bas le racisme!

Entrée dans un nouveau millénaire et deuxième organisation des Jeux pour les australiens, 44 ans après ceux de Melbourne. Dans une cérémonie axée sur l’histoire de l’Australie, avec la participation de nombreux symboles du pays (Kylie Minogue, INXS, Olivia Newton-John pour ne citer qu’eux), le but était de réunir les populations, en faisant défiler les deux Corée sous le même drapeau et les mêmes tenues par exemple. Mais le message le plus important est celui passé par Cathy Freeman, championne du monde du 400m et athlète australienne aborigène. Le choix est fort et symbolique : on met en valeur les Aborigènes, les natifs de ce pays sans pour autant discréditer les colons européens et le message final est l’union entre les deux ethnies. Il faut savoir qu’à l’époque, le racisme en Australie était encore un sujet très sensible et cette image a permis de rassembler les Australiens derrière une même cause.
Cathy Freeman a appuyé le symbole en s’imposant lors de la finale du 400m, arborant lors de son tour d’honneur ses deux drapeaux, celui de l’Australie et celui des Aborigènes. Porter deux drapeaux, qui peut souvent soulever des problèmes politiques ou ethniques, est habituellement interdit par le Comité Olympique. Pour cette fois, Freeman n’a subi aucune réprimande.
5. Rio 2016 : Do Brasil!

Dernière cérémonie d’ouverture en date, pas la plus marquante certes, mais l’une des plus colorées et surtout la dernière qu’on ait eu la chance de voir. Que c’était beau, ce public, ce stade plein, cette ambiance… il faudra attendre au moins 2024 et l’organisation des Jeux à Paris pour revoir d’aussi belles images (et encore…). Cette cérémonie a rendu hommage à la nature et notamment à l’Amazonie, le “poumon vert de la planète”, en appuyant le trait sur les dommages de la pollution et du réchauffement climatique.
Les autres sujets abordés furent en premier lieu les créations urbaines des architectes brésiliens, comme par exemple le 14-bis créé par Santos-Dumont, mais aussi l’importance des favelas, ces quartiers que tout le monde craint mais d’où sont nées les plus grandes fêtes brésiliennes.
Dans cet objectif de sensibiliser au changement climatique, le chaudron olympique a été modifié de sorte à ce que la flamme soit moins intense, tout comme ses émissions. On avait pressenti Pelé pour allumer le chaudron, mais ses problèmes de santé l’en ont empêché. C’est finalement le légendaire marathonien Vanderlei Cordeiro de Lima qui pris la torche en dernier.
Toutes ces images fortes, si différentes d’une compétition à l’autre et qui ont donné des moments d’anthologie… Ce qui est certain, c’est que ces Jeux auront aussi leur part d’originalité avec l’absence de public étranger et donc une affluence relativement restreinte. Mais à l’image des Jeux de Londres, ou de ceux de Pékin, on imagine que les Japonais auront envie d’en mettre plein les yeux, surtout aux milliards de téléspectateurs répartis dans les quatre coins du monde.