C’est la grosse perte du côté de Brive lors de ce mercato estival. Le demi de mêlée Julien Blanc a décidé de quitter la Corrèze pour poser ses valises du côté de la Méditerranée, à Toulon.
Une éclosion tardive
Il était l’attraction de l’équipe du CAB lors des deux dernières saison. Qu’il soit à l’origine ou à la conclusion des actions, Julien Blanc à souvent fait lever les supporters brivistes, même devant leurs postes de télévision, quand les matchs se déroulaient à huis-clos. En l’absence de Baptiste Serin et de Louis Carbonel lors des périodes de matchs internationaux, le RCT a eu du mal à trouver des solutions à la charnière. Si c’est surtout au niveau du poste d’ouvreur que Patrice Collazo a dû bricoler, l’arrivée de Julien Blanc permettra sans doute d’apporter quelques solutions à ses problèmes lors des doublons (et plus si affinités…).
Peut-être que vous ne connaissez pas Julien Blanc, tout comme le CM du RCT qui a préféré l’appeler Jules, mais ne vous en faites pas, nous allons vous le présenter. Il faut savoir tout d’abord que le demi de mêlée de 28 ans n’est autre que le fils d’Eric Blanc, alias “Rico Blanco de la Plata”. Ancien trois-quarts centre du Racing Club de France, il a aussi porté les couleurs de Narbonne et… Brive durant une saison. Passé d’abord par les Crabos du Racing 92, c’est à Brive que Julien Blanc intègre le centre de formation. En 2015, il quitte Brive pour rejoindre Oyonnax en Top 14. Il ne restera qu’un an dans l’Ain, c’est finalement à Béziers en Pro D2 qu’il va pouvoir enchaîner les rencontres durant deux saisons, bien que souvent remplaçant derrière l’international australien Josh Valentine.
En 2018, Julien Blanc retente sa chance en Top 14 et s’engage pour trois saisons à Pau. Il est peu utilisé, troisième dans la hiérarchie derrière Thibault Daubagna et Clovis Le Bail. Il en profite donc pour intégrer l’équipe de France de rugby à 7 et participer à quelques tournois. La Section paloise décide finalement après une saison seulement, de procéder à un échange de numéro 9 avec le CAB. Samuel Marques rejoint le Club béarnais, tandis que Julien Blanc retourne à Brive dans son club formateur. Cela en dit long sur l’estime que lui portait les dirigeants palois à cet instant. Si ce choix peut s’avérer regrettable deux ans plus tard du côté de Pau, nous pouvons dire que le second passage du numéro neuf en Corrèze a été une franche réussite. Durant les deux dernières saisons, il a pu exposer tout son talent aux nombreux observateurs du Top 14, au point d’intéresser le Rugby Club Toulonnais.
Coucou Coujou !
C’est donc du côté de Brive que Julien Blanc a commencé à enflammer les pelouses du Top 14, et à 26 ans il était grand temps pour lui de pouvoir montrer toute l’étendue de son talent. Dès le début de la saison 2018/2019, il prend rapidement ses marques, et il est en feu comme son équipe. Son match référence c’est celui face à l’UBB sans doute. Il est à la conclusion d’un essai après avoir très bien suivi son trois-quarts centre Nico Lee, mais il est surtout l’auteur d’une superbe passe décisive au pied pour son arrière Joris Jurand.
Le CAB s’impose avec le bonus offensif 30-9 face à l’UBB, deux semaines après avoir vaincu le Stade toulousain, notamment grâce au doublé de Julien Blanc. Brive avait alors obtenu à ce moment de la saison de précieux succès grâce à son numéro 9, déchaîné face aux cadors du championnat privés de leurs internationaux qui participaient à la Coupe du monde au Japon. La belle saison des Brivistes et de leur demi de mêlée avait malheureusement était écourtée pour cause de pandémie mondiale. Lors de la dernière saison qui vient de s’écouler, Julien Blanc a continué de créer des brèches dans les défenses adverses mais Vasil Lobzhanidze lui a souvent été préféré pour débuter les rencontres.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix. Tout d’abord nous pouvons parler de deux profils différents. Dynamiteur, Julien Blanc a d’autant plus d’impact sur des défenses fatiguées, il a le profil parfait d’impact player. Son départ cet été a peut-être aussi incité ses coachs à préparer la saison prochaine en accordant plus de confiance et de temps de jeu à son concurrent géorgien. Mais finalement le jeu au pied plus précis de Lobzhanidze a probablement poussé également Jean-Baptiste Péjoine à laisser Julien Blanc sur le banc. Le futur toulonnais préfère utiliser son pied pour jouer des bons coups, et non pas pour occuper le terrain. Il a aussi tendance à porter le ballon autour des rucks, prêt à profiter de la moindre faille dans les défenses adverses. Quand le break est fait et qu’il sait que son équipe est dans un temps fort, il n’hésite pas à éjecter les ballons le plus rapidement possible, pour appuyer là où ça fait mal.
Quel rôle à Toulon ?
Le RCT entamera sa prochaine saison avec quatre numéros 9. A ce poste on retrouve Baptiste Serin et Tane Takulua comme l’an passé, et à cela s’ajoute l’arrivée de Jules Danglot le jeune montpelliérain de 19 ans et celle de Julien Blanc. Sur le papier, l’option qui semble la plus envisageable est celle de mettre Julien Blanc sur le banc derrière Baptiste Serin. Il pourrait alors apporter un second souffle à l’équipe et amener ce petit supplément d’âme qu’il a parfois manqué au RCT la saison passée pour l’emporter en fin de rencontre. Mais nous avons appris le mois dernier qu’une blessure à l’épaule allait éloigner Baptiste Serin cinq à six mois des terrains de rugby. Ce début de saison sera donc le moment idéal pour chaque demi de mêlée de se mettre en évidence. Si Serin vient à être appelé durant le prochain tournoi, ce sera aussi une nouvelle opportunité d’obtenir du temps de jeu.
Mais en l’absence du demi de mêlées des Bleus en début de saison, qui va assurer l’intérim ? Les performances de Takulua ont été décevantes lors de l’exercice précédent mais il reste le plus expérimenté devant Jules Danglot et Julien Blanc. Le Tongien et l’ancien briviste devraient se disputer la place de titulaire, Danglot manque encore de référence au plus haut niveau pour postuler tout de suite. Plus gestionnaire, avec un jeu au pied correct, Takulua pourrait en profiter pour démarrer. La complémentarité avec Louis Carbonel aura aussi son importance, si une osmose se crée entre Julien Blanc et le demi d’ouverture toulonnais, les cartes pourraient être rebattues. Les plus optimistes vont même jusqu’à pronostiquer la future prise de pouvoir de Julien Blanc devant Serin. Pendant que certains supporters varois sont déçus de voir que le RCT recrute du côté de Brive.Quelques d’observateurs ont quant à eux été étonnés de ne pas voir le néo-toulonnais appelé avec le XV de France pour la tournée en Australie, à la place de Clovis Le Bail ou Teddy Iribaren.
Mais attention tout de même à la mauvaise surprise pour l’ancien demi de mêlée du CAB. Il n’est pas à l’abri d’une adaptation difficile ou d’une explosion du jeune Danglot. Le demi de mêlée de 19 ans a parfois étonné sous les couleurs du MHR. Décomplexé avec d’autres jeunes espoirs du club, il a tenu la barraque lorsque Philippe Saint-André a fait appel à lui, pour cause de blessures et de calendrier infernal. Entré très tôt en jeu, il avait largement contribué à la victoire surprise de son équipe sur la pelouse Ernest-Wallon du Stade toulousain.
Julien Blanc n’est pas la recrue phare du mercato toulonnais, mais peut-être deviendra-t-il la bonne surprise du côté de la Rade. Difficile de se risquer à un pronostic sur la saison qui l’attend. Il a eu du mal à lancer sa carrière en Top 14, et lorsqu’il a semblé enfin épanoui et performant, il fait le choix de se lancer un nouveau défi en signant au RCT. Seul l’avenir nous dira si ce choix était le bon.
Épisode précédent :
Paolo Garbisi, néo-fuoriclasse de Montpellier
Très bel article sur Julien Blanc. Du journalisme sportif comme on l’aime, apportant beaucoup d’informations, de la sensibilité et une touche d’humour. Bienvenu à Toulon Julien, les toulonnais sont très contents de t’accueillir. Et merci à cafecremesport.com