Le recrutement bordelais s’est montré, cette année, plus sobre qu’à l’accoutumée. Peu de recrues, mais beaucoup de jeunesse rejoint l’UBB dans sa quête de titre. Parmi les nouveaux venus, un joueur attire particulièrement l’attention, zoom sur Federico Mori.
Cette saison, le rugby français risque d’avoir un petit accent italien. L’Hexagone accueille, lors de l’annuel mercato (marché en italien), plusieurs talents Azzuri. Regardez Michele Campagnaro, nouveau joueur de Colomiers, en Pro D2, qui est parti rejoindre son compère Edoardo Gori, déjà à l’USC depuis 2019. Regardez aussi le prometteur ouvreur de la Squadra Azzura, Paolo Garbisi. Ce dernier a fait, le choix de poser ses bagages à Montpellier après une saison éclatante avec Trevise. Regardez enfin un autre grand espoir du rugby italien, Federico Gori, nouveau membre de l’Union Bordeaux-Bègles pour au moins deux saisons. Un beau pari de la part du club, mais aussi du joueur pour montrer tout son potentiel dans un championnat de plus en plus compétitif.
Une ascension éclair
Né en 2000 dans la ville de Cecina, Federico Mori commence à jouer au rugby du côté de Livourne. Dès neuf ans, il se passionne pour le jeu dans son club du Rugby Livorno jusqu’à ses 16 ans. Il file ensuite à Parme, au Granducato Rugby, où il dispute deux finales nationales, en U16 et en U18. En 2018, il passe une année avec l’Académie italienne avant de poursuivre sa formation au rugby Calvisano, en Eccellenza. Après une saison, il a l’occasion de débuter certains matchs avec les Zebres en Pro 14 et saisit sa chance. « Chico », comme il est appelé, marque dès sa première apparition sous le maillot parmesan, face à Edimbourg. Cette saison, il rejoint donc la Gironde, conscient qu’il s’agit une fois de plus d’une étape supplémentaire dans son ascension éclair : « J’ai dit au staff des Zèbres et aussi à mes coéquipiers que pour moi, c’était une famille. Même Calvisano, malgré la brièveté de l’expérience due au Covid, était important. Il reste des étapes fondamentales dans ma carrière ». (Propos rapportés à la Gazzetta dello sport)
Celui qui a donc rapidement gravi les échelons en club, l’a aussi fait en sélection. Appelé plusieurs fois en jeune, il dispute le Tournoi des 6 Nations U20 2019 avec l’Italie, ainsi que le championnat du monde 2019. La Squadra termine dernière de son groupe malgré un essai de Mori, et la présence de certaines pépites comme Paolo Garbisi, Stephen Varney ou Ange Capuozzo. Promu titulaire avec les Zebre en 2020, Federico Mori est appelé par Franco Smith pour disputer le grand Tournoi des 6 Nations. Ainsi, il fête sa première sélection le 24 octobre 2020, onze jours après son anniversaire, dans un Tournoi chamboulé. Présent lors de la Coupe d’Automne des Nations, le centre a donc aussi affronté les Bleus, le 28 novembre dernier. Aujourd’hui, il incarne l’avenir de la sélection au sein d’une génération italienne réputée douée et supérieure à ses prédécesseurs.
Un Lamerat bis ?
Neveu de Fabrizio Mori, ancien champion du Monde de 400m, Federico possède des qualités physiques indéniables malgré son jeune âge. Du haut de ses 188 centimètres et fort de 106 kilos de muscle, il se présente comme un centre robuste disposant tout de même d’une certaine qualité de vitesse et d’une aisance balle en main. Ces qualités, très importantes pour un joueur de rugby, font de lui un joueur puissant, qui avance quasi-systématiquement au contact. « Chico » possède toutes les armes pour s’imposer à Bordeaux, dans un style de jeu, semble-t-il, semblable à celui de Remi Lamerat.
Lors du premier match de préparation, face à Biarritz, Mori a été titularisé en tant que premier centre dans la formation bordelaise. Résultat : il a multiplié les charges dans un rôle de premier attaquant qui lui va à merveille. Souvent sollicité directement après les phases de conquête, il a permis à son équipe de gagner du terrain, mais aussi de créer des points de fixation en mobilisant au moins deux défenseurs. Et lorsque la défense basque ne lui assignait qu’un joueur, Mori se faisait un plaisir d’imposer son physique et sa vitesse pour casser le plaquage et franchir. C’est d’ailleurs son initiative qui amène le deuxième essai bordelais. Intéressant, il semblait avoir déjà perçu son rôle au sein du collectif. « C’est un super mec qui s’est très vite intégré. Un bon jeune qui va nous faire du bien », confiait Nans Ducuing à Rugbyrama.
C’est donc à la manière d’un Remi Lamerat, si performant et important dans le système de Christophe Urios, que Mori s’est détaché. Peut-être est-il la relève de l’ancien clermontois, qui s’il n’est clairement pas fini, doit composer avec les plusieurs blessures qui le freinent depuis quelques années. Mori en Lamerat bis, pourquoi pas ? En plus, ce n’est pas un secret, la concurrence est rude au poste de centre à Bordeaux. Entre Lamerat donc mais aussi Moefana, Uberti, Dubié, Seuteni (voir Trinh-Duc qui occupait le poste de premier centre au Racing 92), il y a du beau monde.
C’est d’ailleurs pourquoi l’Italien a confié être polyvalent. Bordeaux, à l’image d’un Moefana l’année dernière, va l’utiliser au poste de centre et d’ailier. Ses qualités font de lui un profil différent de ceux de Ben Lam, Santi Cordero, Nathanaël Hulleu ou autre Geoffrey Cros. Polyvalent, Mori a aussi joué plusieurs fois à VII avec la sélection italienne. De quoi garnir encore un peu plus son CV déjà bien étoffé à son âge.
Dans une équipe de l’UBB toujours plus ambitieuse, Mori ne fait en tout cas pas tâche. Comme son nouveau club, il est en pleine progression et cherche à s’imposer au plus vite. C’est d’ailleurs une des raisons de sa venue en France, lui qui trouve le Top 14 « fascinant ». Grand espoir de la Squaddra Azzura, il pourrait en tout cas être une des très bonne surprises cette saison, dans un championnat qui déborde de talent. Alors l’Italien va-t-il conquérir la France ?
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