De nombreux combattants ont créé la surprise dans l’histoire de l’UFC. Après vous avoir présenté le sacre éphémère du newyorkais Matt Serra face au grand Georges Saint-Pierre, nous faisons un très léger bond de quelques semaines, plus précisément le 21 avril 2007. Le Café Crème Sport vous raconte l’histoire de Mirko Cro Cop, l’une des plus grandes figures du kickboxing, face au brésilien Gabriel Gonzaga, combattant complet.
Un duel décisif
Revenons un peu en arrière. Mirko Cro Cop, le croate, vient de rejoindre l’UFC. Après avoir dominé le PRIDE, remportant des titres et des victoires sur de futures légendes de l’UFC (Wanderlei Silva, Kevin Randleman), il effectue son arrivée en grandes pompes en battant Eddie Sanchez (un homonyme, ne vous inquiétez pas) dans le premier round. Mirko Filipovic, qu’on surnomme “Cro Cop” en raison de son emploi dans l’unité anti-terroriste de la police croate, est surtout réputé pour ses coups de pied dévastateurs, possédant le record de victoires par KO sur des coups de pied à l’UFC et au PRIDE. C’est une vraie graine de champion et le titre lui semble à portée de main.
C’est justement dans une demi-finale qui offrira un combat pour le titre au vainqueur, que sur sa route se dressera Gabriel Gonzaga-Nogueira, plus jeune et moins expérimenté, mais bien plus lourd. Le brésilien a un parcours bien plus simple et bien moins fourni mais avec un certain avantage : il a déjà combattu à trois reprises à l’UFC, finissant les trois adversaires par soumission ou par KO.
On a donc une opposition relativement intéressante, entre un champion confirmé et un excellent combattant qui a déjà pris ses marques dans la division. L’un aime frapper mais se trouve être un excellent lutteur, l’autre étant un véritable tueur en pieds-poings.
Un combat expéditif
Les deux hommes arrivent dans l’octogone, concentrés et prêts à en découdre. Les deux se respectent, savent que la moindre imprudence leur coûterait sans nul doute la défaite, en quelques secondes. Le croate semble apprécié par le public, avec une communauté croate présente dans le public. Le brésilien est aussi soutenu, mais en provoque pas la même réaction du public. Herb Dean donne les dernières règles, et le combat débute. Le ton est vite donné : les deux hommes n’iront pas au sol. Gonzaga est très agressif, il n’hésite pas à continuellement presser son adversaire et contrôle le centre de la cage, mais Cro Cop n’est pas en danger et anticipe la plupart des attaques du pratiquant de jiu-jitsu.
C’est au bout d’1min30 de combat que les choses évoluent. Mirko Filipovic place un coup de pied vicieux dans les côtes de Gonzaga, mais ce dernier obtient le takedown et prend la position dominante. S’en suivront 3 minutes de ground and pound plutôt efficace puisque “Napao” (“gros nez” en portugais) épuise son adversaire, garde le contrôle du sol et ouvre le front du croate. Herb Dean décide de relever les combattants et de leur faire continuer le combat debout, ce qui étonne un peu les fans et les commentateurs, qui le font savoir. Gonzaga semblait dominer et finalement, cela permet à Cro Cop de revenir sur son terrain de prédilection et de récupérer un peu…
Et quinze secondes plus tard, bam. Gabriel Gonzaga envoie un coup de pied dans la tempe de Mirko, et l’endort sur le coup. Il envoie quelques coups à Cro Cop pour s’assurer la victoire mais il n’y a plus aucun doute, le champion de K1 est complètement inconscient, étendu les yeux ouverts dans le centre de l’octogone. La foule est en délire, c’est un véritable raz de marée.
Et alors?
En plus de cet exploit que vient de réaliser le natif de Rio de Janeiro, qui est de vaincre le favori et d’accéder au title shot, c’est aussi la manière qui est notable. Personne ne prévoyait un KO aussi rapide, et surtout pas sur le coup favori du croate! L’outsider l’avait promis, il comptait choquer le monde entier. On pensait la tâche impossible, Matt Serra venait de créer l’impensable et ce type d’évènements n’est censé arriver qu’une fois par décennie… mais il l’a pourtant fait, venant à bout de l’un des meilleurs dans ce domaine alors que le brésilien n’est même pas un spécialiste du kickboxing. En deux events, les classements des lourds et des moyens venaient d’être renversés, la hiérarchie n’était plus stable.
Après ce combat, qui marquait la première défaite de l’ex champion du PRIDE par head kick, il n’a jamais vraiment eu l’occasion de caresser le titre d’aussi près que lors de ce combat. Vieillissant et avec un palmarès moyen à l’UFC, il quitte la fédération quelques temps avant de revenir, et de refaire le même parcours moyen. Il prendra néanmoins sa revanche quasiment huit ans jour pour jour plus tard, en finissant Gonzaga dans le troisième round d’un combat qui leur a valu le titre de “performance de la soirée”.
L’heureux participant à cette finale combattra donc comme convenu pour le titre des poids lourds face à Randy Couture, mais perdra par TKO. Cela dit, il ne déméritera pas et obtiendra également la bourse relative au “combat de la soirée”. De plus, Randy Couture était déjà hall of famer et du haut de ses 44 ans, il possédait un véritable lien avec l’octogone et n’avait plus vraiment de pression. Il aura droit à deux chances à l’UFC, qui ne seront finalement pas concluantes et en 2016, il prend sa retraite du MMA. Il s’essaiera plus tard à la boxe professionnelle et remportera son seul et unique combat par décision majoritaire en 2017, puis fera un combat au BKFC (combats à mains nues) qu’il remportera également, mais par KO dans le second round.
L’atout principal du MMA est, comme son nom peut l’indiquer, sa diversité. Des poids mouches aux poids lourds, en passant par les femmes, les grands combattants américains et les plus petits qui peuvent venir de Guam (par exemple), tout le monde peut tirer son épingle du jeu. Il suffit d’un coup, d’un takedown, et tout s’illumine, ou tout s’effondre selon le point de vue. Ce combat en est la parfaite illustration, où Gonzaga a non seulement signé l’une de ses plus grosses victoires, mais a aussi dominé son adversaire dans son domaine de prédilection. Et voici comment se façonnent les plus belles histoires de l’UFC: elles ne s’éternisent pas dans le temps, mais la minute de gloire, elle, est éternelle.