Ligue Europa Conference

Une soirée en Rouge et Noir, en plein cœur du Roazhon Celtic Kop

Y a-t-il plus beau sentiment que de vivre une soirée européenne de son équipe ? Pour la quatrième saison consécutive, les supporters rennais ont cette chance. Et ce jeudi 16 septembre, c’est un match de gala qui s’offre à eux. Le Tottenham de Nuno Espírito Santo. Reportage au cœur du Roazhon Celtic Kop.

Hors de question de stresser dans les bouchons. L’arrivée au stade se fait presque quatre heures avant le coup d’envoi. Je m’installe au MEM, une petite guinguette se trouvant à quelques centaines de mètres du stade, sur les bords de la Vilaine, pour prendre ma première pinte. À mes côtés Lucas et Damien. Le premier est abonné depuis six ans. Le second porte un maillot des 120 ans sur les épaules. On discute du match, de la saison pour l’instant en dents de scie, du mercato. Contrairement à moi, eux étaient au match contre Reims. « Pathétique », me disent-ils. Ce soir, ils attendent « un sursaut d’orgueil ». « C’est l’envie qui va faire la différence. On l’a bien vu dimanche. Les pertes de balles dès les premières minutes ont été révélatrices de la suite du match. Il n’y avait aucune envie. C’est ça qui va être la clef du match ce soir. S’ils ont envie, on sait très bien que le Stade Rennais peut faire quelque chose contre Tottenham, qu’ils peuvent faire quelque chose dans cette compétition », avancent-ils. 

Devant le lokal du Roazhon Celtic Kop.
Le lokal du RCK a fait le plein (Crédit : Café Crème Sport).

Ricard, fumigènes et cordes vocales

Je termine ma bière et me dirige vers le stade. En chemin, je passe à côté d’un groupe de supporters assis sur l’herbe, en plein apéritif. Je les entends faire des pronostics. « On va faire un bon match, mais je vois Tottenham au-dessus malheureusement », avance Louise. Lucas, Mathieu, Clément ne sont pas d’accord. « Ça dépendra du niveau de notre milieu de terrain. Si on a un Tait, un Bourigeaud, un Santamaria en forme, on va aller les bousculer pour remporter cette rencontre. » 

À l’instar de la terrasse du MEM, le parking se remplit vite. J’emprunte donc le chemin longeant la Vilaine pour rejoindre ceux avec qui je partagerai le match. Le lokal du Roazhon Celtic Kop fait le plein. Pour attendre les joueurs, le bar est d’une aide précieuse. Mais les fûts n’arrivent pas à suivre la cadence. « Il n’y a plus de bière, il ne reste que de l’alcool fort », annoncent les supporters en charge de la buvette. Ça sera donc un Ricard. Dans un verre plus écologique qu’efficace, l’eau commençant à le transpercer. Je bois donc de longues lampées. 

Trois supporters, maillots floqués Terrier, Laborde et Badé.
Erwan, Giovanni et James, avant le match (Crédit : Café Crème Sport)

Marc tient son fils, Joan, dans une main, son téléphone dans l’autre. « C’est la première fois que je l’emmène au stade, que l’on peut voir les joueurs arriver », avance le fier paternel, qui laisse rapidement place au supporter. « Sur le terrain, on s’attend à une opposition de taille, mais ils ont pas mal d’absents, alors il y aura des espaces. Et ces espaces, il va falloir les exploiter. » La tension monte aux abords du stade lorsque le car des joueurs arrive. Les premiers fumigènes sont craqués. Marc préfère s’éloigner, craignant pour son fiston, que la fumée n’arrive sur lui. Avec les maillots de Terrier, Laborde et Badé, Erwan, Giovanni et James, eux, sont restés. « Confiant, c’est un grand mot. Après, on connaît le potentiel du Stade Rennais, quand ce sont des matchs importants, ils répondent présent. » Pour eux, c’est le secteur défensif qui fera la différence. Malgré ses erreurs contre le SCO, « Badé est un pilier, il sécurise la défense et son retour va faire du bien. Il faut qu’il travaille sa complémentarité avec Aguerd, mais ça viendra avec le temps. »

18 h 15, il est temps de se diriger vers la porte 3, où convergent tous ceux peuplant la Mordelles Bas, la tribune du Roazhon Celtic Kop. Elle affiche quasiment complet. On trouve malgré tout une place, en bas. Le Bro gozh ma zadoù résonne. On commence à sentir cette ferveur. Les joueurs entrent sur la pelouse et le tifo est déployé. « Are you ready to fight ? ». Les chevilles ouvrières du kop annoncent la couleur. 
L’ouverture du score de Badé, contre son camp, ne refroidit pas les ardeurs du stade, malgré la pointe de déception ressentie dans les travées. Le match, qui semble pour le moment contrôlé, débute mal. Auteur d’un gros match, c’est Flavien Tait qui permet au SRFC de revenir dans la rencontre, grâce à une frappe enroulée qui vient flirter avec le poteau de Gollini. Quelques minutes plus tard, Bergwijn reste au sol après un contact. Nuno Espíritu Santo est obligé de faire son premier changement. Hojbjerg rentre. Le stade sent que les choses tournent en leur faveur. 

À 20 minutes d’une soirée parfaite

19 h 30, Halis Özkahya renvoie les deux équipes aux vestiaires. C’est l’heure de recharger les batteries. La galette-saucisse fait du bien. C’est aussi l’occasion de faire reposer les cordes vocales. Un moindre mal après trois-quarts d’heure à les user. 

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La seconde période repart sur des bonnes bases. Nuno fait rapidement sa deuxième session de changements. Dans les tribunes, la confiance monte. À raison. À 20 minutes du terme, Laborde fait trembler les filets. Le stade explose. Dans les travées, les souvenirs d’un certain 7 mars 2019 reviennent. Ce match contre Arsenal qui a fait chavirer le cœur de bon nombre de Rennais. « Bien sûr qu’on y a pensé. Un match de Coupe d’Europe face à un club Londonien. On se retrouve mené, mais on arrive à renverser la situation, poursuivent Lucas et Damien au sortir du match. On a l’impression que l’on peut revivre ce moment qui a été l’une des plus belles ambiances que l’on a pu connaître au Roazhon Park. » Et ce, malgré la politique tarifaire appliquée par le stade, qui en a refroidi plus d’un.

Le Roazhon Celtic Kop en action.
Le kop du RCK (Crédit : Stade Rennais FC).

Le Roazhon Celtic Kop fait de plus en plus de bruit, les latérales sont debout, ce qui est assez rare. Mais la joie sera de courte durée. Quatre petites minutes après, Hojbjerg n’a plus, lui aussi, qu’à pousser le ballon au fond après un contre malheureux de Tait. Quelques secondes d’incompréhension, puis le stade se remet à chanter. Les 20 dernières minutes sont électriques. On sent que cela peut basculer d’un côté comme de l’autre. Il n’en sera rien. « Un match nul face à Tottenham, c’est bien. Frustrant, vu le scénario du match, mais on a montré que l’on est capable de les regarder droit dans les yeux. On a montré que l’on est capable d’aller faire un résultat là-bas », exulte Marc. 

La soirée aurait été presque parfaite et a sûrement fait tomber amoureux Joan. Dans quelques années, il chantera peut-être « Un jour il y a longtemps – Je suis tombé fou de toi – Ne m’demande pas comment – C’est arrivé comme ça ». C’est peut-être arrivé comme ça, un jeudi 16 septembre au soir. Car quand elle donne des émotions comme celles-ci, la Conference League n’a rien d’une Coupe d’Europa au rabais. 

(Crédit image mise en avant : Stade Rennais FC).

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