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TNF Review: Que retenir de l’affrontement entre deux franchises que tout oppose?

Le Thursday Night Football, le petit plaisir du jeudi soir. Au moment où l’excitation du weekend est bien retombée, une oasis de fraîcheur, un nouvel affrontement pour mettre en valeur deux franchises différentes chaque semaine. L’occasion de découvrir, en prime time, les joueurs et équipes dont les performances nous auraient échappé le dimanche après-midi. Le football du soir, le football à enjeu, le football intense. Même quand l’affiche est un triste Panthers-Texans qui se termine en un 24-9? Eh oui, le football est toujours riche en enseignement en ce début de saison, surtout pour deux franchises aux coaching staff jeunes et plein de nouveaux visages. Retour sur un match des plus intéressants de ce point de vue là.

Sam Darnold en progrès mais toujours trop indécis dans la poche

La défense des Texans est une expérience incroyable, un pur concentré de “Oh, ils ont ce mec?” ou “Tiens, il est encore dans la ligue, lui?”. Quand le coordinateur défensif de cette unité d’Expendables est le démodé Lovie Smith, le résultat est tout simplement mauvais. A tel point qu’il est difficile de proprement évaluer un QB face à cette défense ultra lisible et dépourvue de talent. Mais on va quand même le faire.

La défense des Texans joue majoritairement en Cover 2 avec quelques variations en Cover 3 et en Cover 1. C’est à dire beaucoup de zone et un schéma très statique quoi qu’il arrive. Ne surtout pas surprendre l’adversaire. Dans ce contexte et face à un pass rush quasi inexistant, Darnold doit briller. Avec une fiche de 23/34 pour 67.65% de complétion, 304 yards 8.94 yards par tentative et un passer rating de 95.7, les fans de Carolina peuvent être relativement satisfaits, mais il y a aussi eu du déchet.

Le point noir de cette soirée pour le jeune lanceur reste son manque de sérénité dans la poche. Prenons cette action dans le premier quart-temps:

En défense, Houston est bien dans une habituelle Cover 2. En observant Darnold sortir de sa poche au bout de plusieurs secondes, on pourrait penser que ses receveurs sont couverts. Ce n’est pas le cas. L’action appelée par Joe Brady donne une répartition des tracés comme ceci:

Vous pouvez appeler ce concept et ces tracés comme vous voulez, je ne suis honnêtement pas sûr de ce que c’est. L’important, c’est de voir à quel point cet appel est efficace contre ce genre de schéma défensif. En haut, les tracés de DJ Moore et Christian McCaffrey mettent le CB en conflit puisqu’il sera seul pour défendre ces deux receveurs qui étirent sa zone au maximum. En bas, le tracé de Dan Arnold permet d’attaquer le “seam”, cette zone entre les deux S en profondeur, une zone privilégiée pour attaquer un schéma de Cover 2. Au bout de quelques secondes, voici la situation pour Darnold:

En haut, Vernon Hargreaves s’est fait complètement aspirer par la route de McCaffrey, laissant Moore seul au monde pour un gain potentiel de 20 yards. Comme prévu en bas, Dan Arnold se retrouve complètement ouvert en profondeur entre les Safeties. Cerise sur le gateau, les LB font absolument n’importe quoi (veuillez passer outre la qualité rédactionnelle, les mots me manquent à ce niveau-là) et laissent une énorme fenêtre pour trouver Robby Anderson. Trois cibles potentielles, la balle doit partir à ce moment-là. Mais Darnold hésite, prend peur et finit par s’évader de la poche.

Il tente ensuite de trouver DJ Moore, mais sa passe compliquée n’est pas captée par ce dernier et c’est une grosse opportunité manquée pour les Panthers. Les capacités de scramble de Darnold ont permis de faire briller Moore pendant ce match, mais sa tendance à trop y recourir gâche une performance qui aurait pu être bien meilleure.

Malgré la défaite, Davis Mills prometteur…

Le score de 24 à 9 en faveur des visiteurs mène à penser que les débuts ont été raté pour le rookie Davis Mills. La réalité est pourtant beaucoup plus rassurante pour le jeune Texan. Avec 19/28 passes réussies (67.86%) et un rating de 95.5 il rend une copie aussi bonne que son aîné et adversaire du soir, Sam Darnold. La différence entre les deux se situent dans les yards par tentatives: un bon 8.94 Y/A pour Darnold, un faible 6 Y/A pour Mills. Le résultat d’un jeu plus sécurisé mais aussi d’une opposition défensive bien plus étoffée pour le débutant.

Dans un rôle de distributeur, les débuts de Mills m’ont personnellement impressionné sur le plan de la gestion. Il y a peu d’actions spectaculaires à retenir, mais la capacité du rookie à effectuer les bonnes lectures et à enchaîner les passes précises est plaisante. Surtout, elle est rare pour un jeune. Lorsque les autres QB de première années peinent à se montrer, à l’image des 4 interceptions de Wilson, Mills a montré un jeu maîtrisé et un QI football déjà bien étoffé.

Sur ce “rollout” prévu pour échapper à la pression des Panthers, le ballon doit partir vite car les Texans jouent sur le côté fermé du terrain. Mills dispose de deux cibles et choisit vite la première, Brandin Cooks sur une hitch route à l’extérieur. Cooks est bien couvert par Donte Jackson et la marge d’erreur est donc faible. Mills commence son lancer avant même que Cooks enclanche son tracé et ce dernier reçoit ainsi le ballon à peine sorti de son cut. Le timing est parfait, la passe précise et la défense ne peut rien faire. Un exemple typique d’un QB en rythme qui joue dans la structure de l’action et exécute ce qu’on attend de lui efficacement.

Autre exemple, cette simple passe de 10 yards:

L’action est un “Stick” concept, c’est à dire une combinaison d’une “stick route” par le receveur dans le slot (Anthony Miller) et une flat route par le TE. On pourrait dire que c’est cette dernière qui semble la plus ouverte, mais la décision de Mills est prise rapidement et son lancer est propre, directement en sortie de son 3-step drop. Encore une fois, le timing est excellent et la défense n’a pas le temps d’interférer avec la passe, permettant ensuite à Miller d’engranger des yards après réception. Les Texans ont poncé ce concept contre les Panthers car il permet une lecture simple pour le rookie et le lancer rapide est une arme très efficace contre le pass rush agressif des Panthers. Mills a endossé efficacement le rôle de game manager, et c’est déjà très bien pour une première performance lorsqu’on est un rookie drafté au 3ème tour.

… Mais désarmé face au blitz des Panther

La vraie star de cette affrontement entre les Panthers et les Texans a bien été l’unité défensive de Carolina. Véritable révélation de ce début de saison , le groupe coaché par Phil Snow se caractérise par son agressivité dans les tranchées. A la course et malgré une bonne ligne offensive, Houston termine la soirée avec un misérable 37 yards sur 15 courses, soit 2.5 yards par tentative. Pas idéal pour aider un jeune QB qui a du porter l’attaque à lui seul. Une aubaine pour une défense aussi menaçante et inventive que celle de Carolina. Car c’est bien là la marque de fabrique de Snow: des blitz très créatifs.

Pré snap, difficile de dire qui va rusher et qui va rester en couverture, avec 5 joueurs sur la ligne d’engagement. Sur les 5, le DE gauche (Haason Reddick) et le LB aligné face au centre (Jermaine Carter) sont les seuls à revenir en couverture. En revanche, l’autre LB (Shaq Thompson) rush d’une position plus reculée. Seulement 4 joueurs sont donc alloués au pass rush, mais 3 sur le même côté de la ligne offensive. Ainsi, le LT Laremy Tunsil se retrouve isolé entre Shaq Thompson et Brian Burns et ne peut plus protéger le côté aveugle de son QB. Mills le voit arriver trop tard et n’a pas le temps de trouver une solution: sack pour Carolina. La ligne offensive s’est faite déborder et pourtant les Panthers n’ont envoyé que 4 joueurs mettre la pression, le résultat d’un schéma inventif et imprévisible.

Les Panthers montrent 6 joueurs en face de la ligne offensive. Au final parmi ces 6 joueurs (2 DLinemen et un LB) ne rushent pas et couvrent les zones courtes du terrain. En revanche, le slot CB vient participer à la fête et mettre la pression depuis une position extérieure à la ligne. Si aucun des 4 joueurs n’arrive à attraper Mills, la pression qu’il sent dans son dos et la très bonne couverture sur ses receveurs le forcent à quitter la poche et tenter de gagner le 1st down avec ses jambes. En vain, 4th down et punt pour les Texans.

Avec un schéma en zone bien exécuté, des joueurs très propres au plaquage et un schéma de blitz ultra efficaces, les Panthers étaient la pire opposition possible pour une attaque misant sur un rookie QB et sans jeu de course. Les Texans ont eu le mérite de ne pas commettre de turnover mais l’opposition a clairement été trop forte pour les hommes de David Culley.

Loin d’être l’affiche la plus intéressante au premier abord, le TNF nous aura apporté de nombreux enseignements sur deux équipes aux trajectoires opposées. Les Panthers en ressortent avec un bilan de 3-0 pour débuter la saison, confirmation d’une équipe bien coachée et de plus en plus talentueuse. Les Texans, eux, continuent de naviguer en 2021 sans réel but si ce n’est trouver des piliers pour la reconstruction à venir. Parmi eux, les performances de Davis Mills méritent un minimum d’attention.

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